C’est avec un album dépouillé de superflu que Cali fait son retour. Faut-il écouter cet effort ? Réponse avec aficia !
À cinquante ans Cali semble avoir la capacité de nous surprendre, encore. Le rockeur de la chanson française fait en effet un retour sous forme d’hommage, saluant un poète, un homme, une œuvre.
Cali c’est une fougue, celle de la vie et de la musique. Une passion dévorante, une voix profonde et grave. C’est une carrière, riche, offrant des albums comme L’amour parfait (2003), L’Espoir (2008) ou encore Les choses défendues (2016), son dernier effort en date.
Mais son retour en 2018 est un bon dans le passé. Un retour aux choses simples avec la reprise du répertoire de Léo Ferré. C’est un beau un cadeau que Cali se fait à lui-même avant de le partager avec son public…
Sobriété…
Quand Cali chante Léo Ferré c’est dans un premier temps le mot sobriété qui s’impose. Un dépouillement qui s’écrit avec la présence de Steve Nieve (David Bowie, Mick Jagger, Sting, Bono…) et son piano omniprésent dans l’opus. Une présence qui se confronte à la guitare de François Poggio (Etienne Daho, Lou Doillon…).
Reste à mettre la touche de Félix Remy au mixage et nous voilà avec un opus sobre, certes, mais riche dans l’intention et dans l’interprétation. Un album ou l’on se laisse porter par les belles mélodies et la voix douce de Cali.
Poétique…
Enregistré en cinq jours dans le Studio Pigalle, lieu même ou Léo Ferré avait déjà enregistré, que Cali a fait un exercice un peu fou de mettre sur bande 16 titres. Un enregistrement sous l’œil bienveillant de Mathieu Ferré, fils du poète. 16 titres, uniquement des titres signés par Léo en personne, Cali ayant fait l’impasse sur les titres d’autres artistes que Léo Ferré avait l’occasion de chanter.
De « C’est extra » à « Ils ont voté » en passant par « Avec le temps » ou encore « Thank You Satan », Cali livre un album parfois un peu long mais pourtant agréable. On découvre, ou redécouvre, le travail de Léo Ferré, on se laisse porter par la douceur, l’amour, la poésie… Mais la révolte se cache aussi parfois, que cela soit dans les mots, la voix ou les arrangements. Après tout, Cali c’est rock aussi…
Étrangement on retrouve ici un appel au moderne, au temps présent. Quand Cali nous parle des choix avec « Ils ont voté » ou quand il porte un regard sur « Les étrangers ». Un pont entre hier et aujourd’hui alors que Léo Ferré est mort il y a 25 ans… et pourtant ses mots résonnent toujours avec autant de justesse. Cette justesse se retrouve aussi chez Cali qui n’en fait jamais trop et respecte, parfaitement, l’œuvre originale tout en y ajoutant son ADN et une pointe de modernité dans l’intention, la production.
Découvrez Cali chante Léo Ferré de Cali :
Cali chante Léo Ferré a deux avantages : inutile d’aimer Cali, inutile d’aimer Léo Ferré pour apprécier l’opus. En effet, ce nouvel opus de Cali semble avoir donné naissance à un nouvel artiste. Cali restant à sa juste place, offrant une voix sensible enrobé d’une magnifique orchestration pourtant très sobre.
On regrette juste les effets de longueur… Parfois l’ennui s’installe. Pourtant le plaisir signe son retour quand on revient sur l’opus après une petite pause. On garde en mémoire les instrumentations légères qui portent les mots de Léo Ferré sous une nouvelle lumière.