Présentations effectuées avec le public, Kalika lève le voile sur Latcho Drom, un premier EP bavard et plein d’audace. aficia effeuille ce projet et livre son verdict !
Depuis son expérience au sein du télé-crochet ‘La Nouvelle Star’ où elle se sera hissée jusqu’en finale, Kalika a prouvé qu’elle n’était pas qu’une voix. En effet, son attitude extravagante inspirée de figures telles que Lady Gaga façonne d’emblée une personnalité haute en couleur. En témoigne d’ailleurs sa présence scénique, lieu d’exultation, Kalika ayant assuré les premières parties de nombreux artistes à l’instar de Suzane, Thérapie Taxi et Zazie.
Dévoilées tout au long de l’année 2021, ses premières productions mettent en lumière la direction artistique souhaitée, à savoir un registre pop-punk, tantôt lumineux, tantôt empreint de noirceur. Mais surtout, ce sont les propos crus et bruts, à la Gainsbourg, qui interpellent et nous indiquent que la jeune avignonnaise acère sa plume pour livrer des chansons engagés et corrosives.
Sa personnalité, Kalika la révèle donc davantage à travers Latcho Drom, son premier EP mis en ligne sur toutes les plateformes de téléchargement légal depuis le 4 mars 2022. Composé de sept pistes, dont quatre inédites, ce projet dessine les contours d’une carrière prometteuse et singulière.
Kalika prône le lâcher prise
L’EP s’ouvre sur le sulfureux “Olala” qui exprime sans détour le désir charnel et les expériences de sexe tumultueuses de Kalika. La voix suave de l’artiste agrémente des nappes synthétiques et expérimentales qui se révèlent addictives. La température monte d’un cran sur le très réussi “Touche-moi”, en duo avec Joanna, qui scelle la rencontre de deux harmonies se mariant à merveille. Enveloppant un phrasé d’une grande sensualité, les arrangements soignés confèrent à ce titre une ambiance hypnotique. Vous l’aurez compris, l’amour est le thème de prédilection de l’étoile montante de la scène musicale française.
Kalika conte des histoires aussi personnelles que plurielles. En effet, tout un chacun pourra aisément s’identifier au texte de “Chaudasse”. Celui-ci dénonce férocement notre société portant un regard disqualifiant et culpabilisant sur les femmes qui adopte un comportement jugé provocant et inapproprié. Kalika interroge la responsabilité des hommes et s’adresse à toutes les femmes dont le rapport à leur corps ne regarde qu’elles. Chaque mot résonne comme un uppercut voire une urgence sur cette production frénétique.
“Mais arrête donc de t’accrocher / Adieu Hector / L’été est mort” martèle-t-elle ensuite désabusée sur le refrain imparable de la piste “L’été est mort”. À travers ce titre pêchu, ce sont les thèmes du détachement et de la rupture qui sont mis en avant. C’est là tout le paradoxe de l’univers de Kalika qui invite l’auditoire à se libérer de ses peines en lâchant prise sur le dancefloor.
Le rapport à l’enfance
Au fil de l’écoute de l’EP, il se déroule un fil conducteur, témoignage de la recherche d’une véritable cohérence dans les textes et les mélodies électro-pop du projet. Mais pour autant, Kalika ne ronronne pas et livre des pistes éclatantes faisant davantage la part belle à la douceur. Les envolées vocales de “Tu partiras quand même” subliment une ode amoureuse organique. Contemplant les gens qui s’aiment, Kalika chante pour retenir l’homme dont elle est éprise. Dans “Toujours les autres”, il est question du regard des autres. La chanteuse se révèle piquante sur une mélodie chaloupée.
Latcho Drom trouve une parfaite conclusion avec “Dinosaure”, point d’orgue sans fioritures du projet évoquant le rapport à l’enfance et les violences entachant la sphère familiale. “Je me souviens encore / De mon tout petit corps / De mon gros vélo jaune / Et de mon grand trésor / Que j’appelais papa / T’es pas venu me voir / Pour me consoler / Mais pour me faire pleurer” scande avec fragilité l’artiste, tiraillée par l’amour porté à la figure paternelle et la douleur des actes de ce dernier. Un piano voix délicat témoignant du talent de Kalika à poser des mots sur les maux.
Écoutez Latcho Drom, le premier EP de Kalika :
