Barbara Pravi - © Nicolas and Siermond
Barbara Pravi - © Nicolas and Siermond

Barbara Pravi en interview : « Je suis tranquillement en train de gravir les échelons »

Exclusivité aficia

Depuis cet été, Barbara Pravi a dévoilé deux singles en prélude à son premier album studio Deda, Sarah et les autres, attendu dans les bacs au début de l’année prochaine. Elle s’est confiée à aficia pour parler musique !

Révélée par l’interprétation de la B.O. du film « Heidi » d’Alain Gospner en 2015, Barbara Pravi a ensuite occupé un grand rôle dans la comédie musicale « Un été 44 ». Depuis, la chanteuse a dévoilé deux premiers singles intitulés « Pas grandir » et « Deda », lesquels figureront sur son premier opus que nous découvrirons début 2018. aficia est parti à la rencontre de Barbara, une artiste prometteuse !

L’interview de Barbara Pravi

Tu définis ton style musical par de la « pop à texte ». Tu écris tes chansons, est-ce un appel lancé aux autres artistes ? 

Je ne l’avais jamais vu comme ça, mais je pense que ce sont des choses qui se font et se feront naturellement. J’écris déjà pour d’autres artistes. Pas forcément connus, mais ça m’arrive souvent. C’est un milieu assez restreint mais quoi qu’il arrive, si tes chansons plaisent, les gens viennent à toi. J’aime tout simplement écrire.

Est-ce qu’il y a un artiste pour qui tu aimerais écrire en particulier ?                  

Je ne crois pas, mais ce qui compte c’est la rencontre. Je verrai quand l’occasion se présentera et qu’on me dira par exemple : « Tiens, Vianney aimerait te rencontrer pour que vous écriviez ensemble », j’adorerais le faire ! Mais là, comme ça, écrire sans rencontrer la personne, c’est un peu dommage.

L’occasion de faire un album est un énorme accomplissement

Ton premier album intitulé Déda, Sarah et les Autres sortira au début de l’année prochaine. Quelles sont les thématiques que tu y abordes ?

Il y en a beaucoup parce que c’est un album hyper éclectique. C’est très autobiographique, donc ça parle de moi et de mes expériences. Ça parle très peu d’amour, j’étais serveuse pendant cinq ans, donc une chanson aborde cette expérience professionnelle. Je parle aussi de mon grand-père dans une chanson qui s’appelle « Deda ».

Justement, je voulais parler de ce nouveau single, pourquoi tenais-tu à rendre hommage à ton grand-père ?

Parce qu’on a une relation très pudique, on s’aime profondément mais on a beaucoup de mal à se le dire. Ça n’a jamais été dans notre éducation et j’avais l’occasion de faire un album, c’est un énorme accomplissement pour moi et j’avais envie qu’il en fasse partie. Ça relevait de la normalité de faire une chanson pour lui. Mon grand-père est tellement important dans ma vie que je ne voyais pas comment faire un album autobiographique sans parler de lui.

Redécouvrez la version acoustique du titre « Deda » : 

Penses-tu que c’est plus simple de s’exprimer en musique ?  

Un oui gigantesque ! (Rires) Je suis assez handicapée à l’oral d’ailleurs, mais je commence à réussir à parler un peu mieux avec mes mes amis, quand j’ai quelque chose à dire. En fait, je dis les choses, mais quand il s’agit d’avoir des élans d’amour, j’ai vraiment du mal ! Par contre, j’ai aucun mal à écrire. Je communique beaucoup par écrit.

Quand on est enfant, on n’a pas conscience de la valeur du travail.

J’aimerais revenir à ton album, est-ce qu’il y aura des surprises comme des duos par exemple ?

Ce n’est pas prévu mais comme il sort dans six mois, on est pas à l’abri de l’enregistrement nouvelles chansons. Il est terminé, mais il est possible que je rajoute d’autres titres. Il vaut mieux plus que pas assez, n’est-ce pas ? (Sourire)

Tu travailles avec Jules Jaconelli, comment s’organise votre binôme ? Qu’est-ce qu’il t’apporte ?

Il a tout apporté parce que je n’aurais jamais réalisé ce projet qui était de l’ordre du rêve sans ma rencontre avec lui. J’ai écrit et chanté, tandis que Jules s’est occupé de la réalisation et de la composition de l’album. Si tu veux, quand tu chantes, tu n’as pas conscience de ce que tu dégages… Je savais ce que je ne voulais pas sur cet album, mais je ne savais pas vraiment ce dont j’avais envie en termes de couleurs musicales. Jules me connaît très bien, il a eu ce regard extérieur pour proposer ce qui me correspondait. On a tout fait ensemble, mais il a eu l’œil de directeur artistique dont on a tous besoin.

Parlons de ton premier single « Pas grandir », dévoilé cet été. Tu y abordes l’insouciance de l’enfance avec nostalgie, mais aussi les inégalités entre les hommes et les femmes. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’écrire sur ce sujet ?

Ça faisait un moment que ça mûrissait en moi, mais je n’avais pas les mots pour l’exprimer. J’ai l’impression que plus je grandis, plus je fais face à des situations délicates. Et quand on est enfant, on n’a pas conscience de la valeur du travail, de la valeur des choses positives comme par exemple l’importance de la bienveillance et de la politesse, qui sont des choses fondamentales pour vivre en société. Quand on est enfant, tout est simple au fond de soi-même et plus tu grandis, plus tu es face à des situations où tu te dis : « Mais c’est quoi ce délire ? Si on m’avait prévenu je n’aurais pas signé pour ça ». C’est vraiment ça qu’elle veut dire cette chanson. On peut y voir un côté un peu féministe, mais pour moi ce n’est pas du féminisme, c’est une réalité. Ça reste dans le même thème de la désillusion !

Réécoutez « Pas grandir », le premier single Barbara Pravi : 

Concernant la comédie musicale « Un été 44 » dans laquelle tu occupais le rôle d’une jeune résistante Solange Duhamel. Comment as-tu vécu cette aventure ?

Je l’ai très bien vécu, c’était une expérience vraiment enrichissante sur plein de points. C’était la première fois que je faisais de la scène, on a fait presque 80 dates, c’est pas rien ! Sur le plan humain, j’ai rencontré les personnes avec qui je travaille aujourd’hui comme notamment Valéry Zeitoun, mon manager. J’ai vraiment eu le sentiment d’être passée du stade amateur à professionnel.

J’imagine aussi que la rencontre du public doit être impressionnante au début, non ?

C’est incroyable et très particulier parce que je suis arrivée peu connue dans cette comédie musicale et d’un coup les projecteurs sont arrivés sur moi. Quand c’est quelque chose dont tu as toujours rêvé, c’est presque irréel le jour où ça arrive !

Comment as-tu réagi à l’annonce de l’annulation de la tournée ? 

J’étais déçue et triste parce qu’on a appris tardivement l’arrêt du spectacle. Maintenant, je pense que ce sont des problèmes d’organisation qui ne dépendent pas de nous. C’est une organisation monstrueuse pour monter un spectacle comme ça et, déjà, on a eu de la chance d’avoir pu jouer autant de temps. Le spectacle a été prolongé au Comedia à Paris avec une équipe vraiment au petit soin donc, je pense que ce serait injuste de leur en vouloir parce qu’ils ont tout fait pour nous porter. On ne peut en vouloir à personne, c’est la vie d’un projet ! Ça peut ou non fonctionner, il y a une part de chance. Donc j’étais triste, mais je pense que de toute manière il faut avancer.

J’adorerais écrire pour Florent Pagny, mais il faut d’abord faire ses preuves

Tu assures les premières parties de Florent Pagny cet automne, est-ce que tu es en contact avec lui ?

Alors, on ne s’envoie pas de messages, on ne tchat pas sur Facebook ! (Rires) Mais je l’ai rencontré deux ou trois fois et c’est quelqu’un de très gentil. On ne s’est pas vu longtemps, mais il connaissait mon prénom, il m’a posé plein de questions. Il est très souriant et s’intéresse vraiment aux gens. C’est hyper cool parce qu’on va quand même partager une bonne dizaine de concerts ensemble.

Pour son nouvel album Le présent d’abord, on retrouve aux crédits des talents de la nouvelle génération comme Maître Gims ou Slimane. Tu pourrais tout à fait être le genre d’artistes sollicité pour lui écrire des textes…

Jules a également composé une musique pour Florent Pagny ! J’adorerais, mais je pense qu’avant de pouvoir écrire pour des pointures comme Florent Pagny et même pour n’importe qui d’ailleurs, il faut d’abord avoir fait ses preuves. Moi si tu veux, je me suis prouvée ce que que j’avais à me prouver avec la réalisation de mon album dont je suis très fière. Maintenant, si les gens entendent cet album, ça donnera peut-être envie à d’autres artistes de vouloir travailler avec moi. Finalement c’est comme tout, tu ne peux pas arriver dans une boîte en étant stagiaire puis vouloir être le patron le lendemain ! Je suis tranquillement en train de gravir les échelons et puis on verra. En tout cas, j’adore écrire pour les autres. Il y a une part de psychologie parce que tu écris en pensant à une personne donc tu t’appropries les choses qu’elle a envie de dire.