Gaby - © Maude Roudier
Gaby - © Maude Roudier

Gaby en interview : “Pendant le confinement, j’avais vraiment envie de recommencer et de faire quelque chose de beaucoup plus concret”

Exclusivité aficia

Fin septembre, Gaby dévoilait Cache Cœur, son premier EP porté par les titres “Le Hic” et “Sucré Salé”. Pour l’occasion, nous avons posé quelques questions à l’artiste… Interview sur aficia !

Au cours des derniers mois, nous avons plusieurs fois eu l’opportunité de vous parler de la douce Gaby : d’abord en avril dernier puisque c’est à ce moment qu’elle marquait, officiellement, le début de son nouveau projet. En effet, Gaby présentait son premier single, Le Hic”. C’est ensuite en juin que l’artiste lyonnaise nous ouvrait un peu plus les portes de sa vie avec Sucré Salé”. Plus récemment, la chanteuse nous livrait l’intégralité de son projet, l’EP Cache Cœur, que nous avions également eu l’occasion de vous présenter…

Désormais, Gaby apparait sur nos pages dans une interview où elle évoque la création de ce projet, la sensation libératrice que lui a procuré cet EP, son groupe de rock…

Gaby : l’interview…

Pour nos lecteurs qui ne te connaissent peut-être pas encore, peux-tu te présenter ?

Je suis Gabrielle aka Gaby, je travaille sur un projet musical depuis 3, 4 ans et là j’ai officiellement sorti mon premier EP avec ce personnage de Gaby en septembre. C’est un EP qui s’appelle Cache cœur et on y retrouve de la chanson pop française.

Justement. C’est le 24 septembre que tu as dévoilé l’entièreté de Cache Coeur dans lequel on y découvre des textes qui semblent vraiment très personnels. Est-ce que, au final, on pourrait qualifier ce projet comme une autobiographie ?

Oui, exactement. On ne peut pas mieux définir le projet que par ce mot. J’avais vraiment des choses à évacuer, un besoin d’écrire et de chanter. Du coup j’ai écrit des textes qui sont hyper personnels. Ce n’est pas forcément facile parce que ce ne sont pas des choses que je confie dans la vie de tous les jours, ni à mes amis, à ma famille, à mes proches… Alors c’est un peu la découverte de qui je suis et ce que je vis pour mes proches et les gens qui me suivent. Mais je suis contente d’avoir fait la démarche parce que c’est très libérateur.

C’est aussi pour cette raison que tu as choisi de changer de nom d’artiste et opté pour Gaby, qui est en réalité ton surnom, donc encore une fois quelque chose de personnel ?

C’est complètement pour ça, oui. Je me suis cherchée pendant des années avec mon précédent projet, j’avais mon nom en entier, Gabrielle Grau. Pendant le confinement, j’avais vraiment envie de recommencer et de faire quelque chose de beaucoup plus concret, plus construit, plus joli. Donc je me suis dit qu’il fallait trouver un nom de scène et vraiment, je suis passée par tous les noms possibles. Au final, j’ai trouvé que Gaby était le plus cohérent avec le projet parce que, effectivement, c’est mon surnom, on ne peut pas faire plus intime et plus simple. C’était évident. 

Je suis très heureuse de ma communauté et de sa bienveillance…

Gaby

Parmi ces titres intimistes, on retrouve notamment “Sucré Salé”, sorti le 4 juin dernier. À travers cette chanson, tu évoques les troubles du comportement alimentaire dont tu es victime. Quel a été le déclic pour mettre en musique ces moments de vie compliqués ?

J’ai toujours eu envie de faire une chanson qui parle de mon rapport à la nourriture, pas forcément parler de trouble alimentaire parce que, encore une fois, c’était une démarche compliquée à faire pour moi. Et finalement quand j’ai voulu écrire cette chanson qui aurait juste parlé de moi qui mangeais basiquement, j’ai essayé de trouver des inspirations et des chansons qui parlaient de ça, de nourriture, de trouble alimentaire mais je n’en ai pas trouvé. Donc je me suis dit que c’était le moment, qu’il y a des tas de gens qui le vivent et qui auraient peut-être envie d’entendre des choses à ce sujet. Il n’y a pas eu de gros déclic, juste un moment où je me suis dis ‘pourquoi ne pas faire une chanson là dessus‘ !

C’est un peu comme une thérapie pour toi au final ?

Oui. Ce n’est pas facile, encore une fois, parce que je n’en parle vraiment pas autour de moi. Je l’ai un peu vécu comme une forme de coming-out. C’était vraiment difficile de dire ‘voilà, moi j’ai ça’. J’ai eu peur de recevoir des critiques ou des gens qui ne comprennent pas, mais en fait j’ai eu des supers retours donc je suis très heureuse de ma communauté et de sa bienveillance. Je suis très contente de l’avoir fait.

D’ailleurs, c’est un sujet très peu mis en musique comme tu le disais. D’autres personnes peuvent peut-être se retrouver dans tes mots, c’était l’un des objectifs que tu avais également en dévoilant ce titre ainsi que le documentaire et clip ? 

Carrément. J’avais vraiment envie que ça puisse parler à tout le monde. Que les gens qui le vivent puissent se reconnaître mais que les gens qui ne connaissent pas ces pathologies là puissent aussi comprendre et appréhender ce trouble. J’ai eu beaucoup de retours de personnes qui m’ont dit ‘tu viens de mettre des mots sur ce que je vis et ce que je ressens’. Étonnamment, je m’attendais à ce que ce soit beaucoup de femmes et au final il y a pas mal d’hommes qui m’ont écrit pour me le dire. Le but c’était vraiment de sensibiliser et moi-même de le dire, de me libérer. Le documentaire était là aussi pour justifier le titre, expliquer et encore une fois sensibiliser. J’ai d’ailleurs failli ne rien poster car vraiment, ça me tétanisait !

Je pense que je parlerais toujours des mêmes choses parce qu’elles me touchent et que j’ai envie de partager ça !

Gaby

J’aimerais aussi évoquer avec toi l’aspect visuel du projet Cache Cœur. La direction image est très travaillée et soignée, chaque single se différencie par une couleur en particulier… Est-ce que tu aurais pu proposer un visuel plus simple, ou pour toi, c’est indispensable d’accorder une importance au visuel presque aussi forte qu’à la musique ?

Je suis très attachée au visuel, que ce soit photo ou clip. C’est un art que j’aime faire aussi, que j’aime regarder. Ce n’était pas concevable pour moi de dissocier les deux. Je trouve que le visuel s’allie tellement bien à la musique et j’avais très envie d’avoir quelque chose de beau, d’esthétique. Je suis très contente d’avoir trouvé Maude Roudier, une photographe à qui j’ai envoyé un moodboard de ce que j’aimais. Elle m’a dit ‘oui je vois très bien, on va faire des tableaux de toutes les couleurs, te mettre dans un univers, te coiffer un peu bizarrement..’.. Elle a tout de suite compris et je suis très heureuse d’être tombée sur elle.

Pareil pour le clip, je voulais quelque chose de très soigné, notamment pour “Sucré salé” où j’aimais bien le contraste entre le côté très propre et le côté perte de contrôle du trouble alimentaire. 

Comment est née cette collaboration avec Maude justement ?

J’ai cherché pendant longtemps un ou une photographe et je suis tombée sur Maude. J’aimais beaucoup son travail donc je lui ai demandé et elle a tout de suite accroché au projet. Ça a été la première photographe que j’ai démarché et ça a tout de suite fonctionné, c’est une vrai chance.

On parle de ton EP dans lequel figure notamment “Le Hic”, une chanson d’amour, mais tu joues aussi dans un groupe de rock, Send me love letters. Une fois encore, on retrouve cette notion d’amour. Malgré la différence de ces projets, c’est quelque chose qui semble être au cœur de ton processus de création et de tes inspirations non ?!

Définitivement oui. Que ce soit dans mon projet ‘Gaby’ ou dans mon projet ‘Send me love letters’, je suis très attachée à l’authenticité et à mettre en musique mes failles et les failles en général. L’amour est un thème récurrent et c’est important d’en parler. On parle de l’amour mais c’est beaucoup plus vaste, les formes d’amour sont multiples et comme je disais tout à l’heure, au delà du style musical, ce qui m’intéresse vraiment c’est le message et ce qu’on essaie de faire passer comme idée dans ce qu’on fait. Que ce soit en chanson française, en rock, en pop, en reggae, je pense que je parlerais toujours des mêmes choses parce qu’elles me touchent et que j’ai envie de partager ça !

C’est beaucoup plus facile de raconter mes propres histoires…

Gaby

Tu parles de tes failles et des failles des autres, ça laisse penser que tu t’inspires aussi des histoires des autres ?

Oui, il m’est déjà arrivé de m’inspirer des histoires des autres. Aussi, j’aime bien parfois inventer des personnages et raconter des histoires de gens qui n’existent pas. Par exemple, j’ai une chanson qui s’appelle “Mamie” et qui parle de la maladie d’Alzheimer. Tout le monde pense que je l’ai écrite pour ma mamie mais pas du tout. C’était vraiment une envie de célébrer les personnes qui ont vécu ça. J’aime bien célébrer les autres aussi !

Tu ressens plus une facilité pour raconter tes propres histoires ou plutôt de les inventer comme pour “Mamie” ?

C’est beaucoup plus facile de raconter mes propres histoires, ça sort beaucoup plus vite et comme je l’ai vécu, c’est encore plus sincère.

Gaby : de la chanson pop française au rock…

Revenons maintenant à ton groupe, ‘Send me love letters’. Peux-tu nous parler de son histoire ?

C’est un groupe que l’on a formé avec 4 musiciens en janvier 2020. C’est un groupe de rock en anglais avec beaucoup d’inspirations britanniques, comme par exemple Arctic Monkeys, beaucoup de ce style là. Ça s’est un peu fait par hasard parce qu’une fois, un gars qui venait de s’installer dans mon immeuble a sonné chez moi pour avoir un code wifi et en fait, il a vu la guitare dans mon salon, on a commencé à échanger, il m’a dit qu’il était ingénieur du son, et moi je lui ai dit que j’étais musicienne. C’est comme ça que l’histoire a commencé, on a travaillé un peu ensemble puis on a monté ce projet. 

Depuis deux ans on travaille dessus, on fait quelques concerts mais le projet n’est pas encore officiellement sorti parce qu’on a pas encore de single ni d’EP. Ça arrivera normalement début décembre. Je suis contente de pouvoir être dans ces deux projets !

Une fois que je suis sur scène tout s’efface, il y a l’adrénaline qui est là donc c’est juste de l’éclate…

Gaby

Avec le groupe, tu as remporté le tremplin ‘Smart Music Tour’. J’imagine que de nouveaux horizons vont s’ouvrir à vous ? 

On a remporté un prix qui nous offre une petite tournée de 4 dates, tout payé, en France. Donc il y aura Chambéry, Besançon, Strasbourg et Paris. C’est une chance incroyable pour nous de pouvoir se déplacer dans la France, de faire découvrir notre musique. Le truc le plus fort pour nous, c’est la reconnaissance de notre travail car on travaille énormément sur ce projet et c’est juste plaisant, on est fier de se dire qu’on a bossé, que ça avance !

Au moment où on réalise cette interview, il reste quelques heures avant l’un de tes concerts avec le groupe, comment tu te sens ?

Je suis stressée. Par exemple, là il est 15h, mais je suis déjà prête, habillée, maquillée et j’attends, jusqu’à 20h30. Juste j’attends. Je vais stresser jusqu’au début et après ça ira mieux. Une fois que je suis sur scène tout s’efface, il y a l’adrénaline qui est là donc c’est juste de l’éclate mais c’est vrai que je suis vraiment de nature anxieuse.