Hugel en interview : « Il faut manger musique, boire musique, pisser musique, baiser musique… »

[dropcap]A[/dropcap]u sommet des charts en France et à l’international avec son remix de « Bella Ciao », Hugel est désormais un incontournable de la scène électro. À cette occasion aficia est parti à sa rencontre ! 

Hugel est un DJ marseillais qui est en train de percer dans le monde entier. C’est en signant des remixes pour d’autres (Kungs, J.Balvin, Charlie Puth….) qu’il s’est fait un nom. Fier de sa soudaine notoriété, David Guetta l’emmène sur sa tournée des stades dont l’AccorHotels Arena en début d’année. Visibilité garantie !

Cette belle opportunité permet à l’artiste de squatter désormais les charts en France avec le remix de « Bella Ciao », le célèbre morceau qui renaît de ses cendres grâce à la série événement ‘Casa De Papel’ (Netflix). aficia est allé à la rencontre du DJ à l’occasion de sa participation en tant que tête d’affiche à l’Arena Summer Festival qui se tenait à Istres (13) le 28 juillet dernier…

Hugel… l’interview !

Tu es aujourd’hui la tête d’affiche de l’Arena Summer Festival, la première édition d’un festival de musique électronique dans ta région. Comment te sens-tu ?

Je suis super content d’être là ! L’organisateur est un ami à moi et c’est toujours un plaisir de soutenir les événements dans la région. J’aime bien soutenir les gens qui essayent de faire bouger le monde à leur façon.

Est-ce qu’être une tête d’affiche signifie que ta carrière prend un nouveau tournant ?

Je pense oui. Je pense que depuis le « Bella Ciao », pas mal de choses ont changé, d’où le fait d’être headliner de ce festival. C’est clairement le meilleur été de ma vie professionnellement, donc je suis content.

Jamais tu n’aurais imaginé te retrouver à ce stade là 10 ans plus tôt. À l’époque, être DJ était plus un rêve qu’autre chose pour toi…

Quand j’ai commencé, il y a treize ans, mon rêve était de devenir DJ-résident. À l’époque, quand j’ai arrêté l’école, je m’étais dit que si un jour je devais être DJ résident j’aurais atteint mon rêve. Et quelques années après, je suis devenu DJ-résident.

Tu as quitté l’école et pris ton indépendance très vite. C’était une peu une prise de risque…

J’ai quitté le domicile familial à mes 17 ans, j’ai arrêté l’école dans la foulée, je n’ai aucun diplôme, je n’ai pas le Brevet des Collèges, pas de BAC. J’ai vraiment tout misé sur ça ! Mais c’était la chose que j’aimais le plus au monde. Je ne me voyais pas faire autre chose.

Est-ce qu’aujourd’hui ton objectif est amplement atteint ?

Amplement je ne sais pas, je n’ai pas encore atteint tous mes objectifs, mais j’y travaille. Mais en tout cas, je remercie tous les jours la vie de faire en sorte que je puisse m’épanouir dans la musique.

Qu’est-ce qui a tout fait basculer selon toi ?

Je pense que ce qui a tout fait basculer dans ma vie c’est véritablement mon manager. Je l’ai rencontré en 2014 à l’ADE à Amsterdam. C’est vraiment lui qui m’a ouvert les portes de l’étape d’après, qui m’a aidé à me construire doucement. Ça fait bientôt quatre ans que l’on travaille lui et moi pour passer ce fameux cap. On travaille sur tout, que ce soit la scène, en studio, les agences de booking…

Ces derniers mois, tu as également signé de gros remixes (pour Kungs, J. Balvin & Willy William, FEDER, Charlie Puth…) et collaboré avec Robin Schulz. Est-ce qu’en étant DJ, on en veut toujours plus ?

Je ne suis pas forcément à la conquête de tout ce qui est ‘vues’. Je veux juste continuer à faire ce que j’aime et faire en sorte que la musique que j’aime soit diffusée. Je ne suis pas là à me dire « On va faire 100 ou 150 millions de vues ». Par contre, j’ai plus tendance à me dire « Fais ce que tu aimes ». Quand tu fais de la musique, tu souhaites qu’elle soit écoutée ou consommée. C’est la récompense de tout musicien. Quand tu fais quelque chose, le fait que ce soit écouté, c’est ce qui va te rendre heureux.

Découvrez sa collaboration avec Robin Schulz :

Il y a quelques temps tu disais vouloir signer un gros tube pour passer à l’étape supérieure. Est-ce qu’avec le remix de « Bella Ciao », récoltant 30 millions de vues sur YouTube, tu penses avoir franchi cette étape ?

Complètement ! C’est mon premier hit à l’international. On a enregistré 35 millions de streams sur Spotify ce matin, plus de 30 millions sur YouTube, 25 millions sur Apple Music, 25 millions sur Deezer. Ça fait des millions de streams. Mon remix est également disque d’or en France, en Belgique, on est sur le point de devenir disque de platine en Allemagne… Il y a la Suisse qui arrive, la Pologne… On vient de vendre des licences aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Australie. C’était exactement l’étape que j’attendais.

Découvrez le clip de « Bella Ciao » d’Hugel :

Est ce qu’on peut dire que le succès de ton remix provient du fait que tu aies été l’un des premiers à le publier sur la toile ?

Je le pense complètement. On a surtout été les premiers à obtenir les droits du sample de « Bella Ciao », qui est un morceau partisan italien qui appartient donc au parti communiste italien. On a été les premiers à négocier avec eux et c’est ce qui nous a permis de le sortir rapidement. La conséquence est qu’on a très vite pris d’assaut les plateformes de streaming.

Il faut dire qu’il y a aujourd’hui beaucoup de concurrence sur ce titre…

Oui, surtout en France, beaucoup moins à l’international.

À ce propos, il y a eu beaucoup de critiques à propos de la version francophone de Maitre Gims, Vitaa, Dadju, Slimane et Naestro. Pourtant, il est numéro un iTunes depuis sa sortie. Qu’en penses-tu ?

J’ai peur que quelqu’un me passe devant ! HUGEL

Je pense que chaque artiste est libre de faire ce qu’il veut. On va pas se mentir, Maitre Gims est aujourd’hui le plus gros vendeur de disques en France. Si c’est le plus gros vendeur en France, c’est qu’il y a une raison. Les gens aiment sa musique. Si le gars choisit de faire ce remix là et qu’il est numéro un iTunes, il faut avoir du respect. J’ai et j’aurai toujours du respect pour ces gens qui réussissent de toute façon.

Tu as récemment sorti un morceau avec Taio Cruz passé un peu inaperçu le jour de sa sortie. Le morceau vient de faire son entrée dans la playlist de Fun Radio. Peux-tu nous parler de cette collaboration ?

Cette rencontre a été organisée par Warner Music en Allemagne, notre maison de disque commune. Il se trouve que j’ai sorti « Bella Ciao » en indépendant et non pas avec ma maison de disques. C’est le premier titre que je développe en indépendant. Mais vu que je suis en contrat avec eux, il fallait que la maison de disques ait un truc sous la dent à sortir en single pour l’été. Effectivement, « Signs » a été un peu balayé compte tenu du succès de « Bella Ciao ». Ce n’est pas un problème pour moi. L’essentiel pour moi, c’est de sortir ma musique. Je savais que ce titre était un titre que tu écouterais dans la voiture, sur une playlist Spotify, tranquillement. C’est moins dance, c’est beaucoup plus pop. Je suis content de le sortir car les gens qui me suivent aiment le morceau. On a eu que des bons retours là-dessus !

Découvrez le nouveau single d’Hugel :

D’après toi, Taio Cruz s’apprête à faire son grand retour en solo ? J’ai vu qu’il posait également sa voix sur le nouveau single de Nicky Romero…

Je ne pense pas Taio Cruz soit ici pour faire un retour officiel. D’ailleurs, il ne voulait pas forcément sortir de nouvelle musique. Il y a fallu que l’on insiste un peu, sachant pertinemment que par le passé il a signé de gros tubes (comme « Break Your Heart » ou « Dynamite », ndlr) et sorti des collaborations avec David Guetta par exemple. Il n’a vraiment plus besoin de connaître un tel succès. Mais c’est vrai que c’était un kiff d’avoir un featuring avec un mec comme ça. Signer avec des grosses marques comme Taio Cruz, ça me permet doucement franchir certaines étapes.

Trouves-tu qu’il est difficile pour un DJ de se faire une place aujourd’hui dans le paysage ?

Les vacances ? Je déteste ça ! HUGEL

Je pense que c’est très difficile. Seuls les gens qui sont prêts à ne rien lâcher peuvent y arriver. Là je m’adresse à tous à tout ceux qui hésitent à se lancer. À tous ceux qui disent qu’ils font un peu de musique et qu’à côté ils sont dans leur étude ou qu’ils ont un petit boulot à côté. Je peux vous le garantir, ça ne marchera pas ! Il faut faire de la musique tous les jours. Il faut manger musique, boire musique, pisser musique, baiser musique… C’est très dur. Il y a beaucoup de concurrence. Il y a énormément de petits producteurs qui travaillent depuis chez eux, sur leur ordinateur et qui ne s’arrêtent pas. Aujourd’hui, tu ne peux pas dormir. Personnellement, je dors rarement parce que je n’ai qu’une seule crainte, c’est que pendant mon sommeil quelqu’un puisse voler ma place. C’est très difficile.

Si tu avais un conseil à donner ?

Je pense que le plus important c’est de faire ce que l’on aime. Ne pas chercher avoir du succès pour avoir du succès car si tu cherches le succès, ça va finir par sonner faux. Une démarche non sincère ne peut pas marcher. Seule quelque chose qui est sincère peut toucher les gens. Ça, c’est le premier point. Le second est qu’il est essentiel d’avoir un très bon manager. C’est une clé essentielle. Et bien évidemment, il faut de la détermination et du courage

La suite pour toi ?

Je sortirai mon prochain single mi-septembre. J’ai très hâte de le sortir. Beaucoup, beaucoup de musique à venir. J’en ai plein en stock. Je ne fais que ça. Je ne suis pas le genre de DJ à partir en Thaïlande l’hiver pour faire le beau. Je fais beaucoup de studio. Les vacances, ça me fait chier, je n’aime pas ça ! J’aime faire de la musique tous les jours. j’essaye vraiment de trouver le croisement entre la musique house et la musique un peu plus urbaine et R&B. C’est sur ça que j’ai beaucoup travaillé cette année. J’ai vraiment hâte de sortir ces musiques là.

Tu penses que ce croisement, c’est ce qui peut marcher en France et à l’international ?

Pas forcément. Je veux juste apporter quelque chose de neuf à la musique. Je veux amener un nouveau son, faire mon truc. Je n’ai jamais cherché à vouloir sonner comme quelqu’un et je pense sincèrement que la nouvelle musique qui arrive me représente à 100 %. Ce sera le résultat de toutes les influences que j’aime.

HUGEL : découvrez sa PlayList #EXCLUSIVE :

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