Kemmler - © Fifou
Kemmler - © Fifou

Kemmler en interview : “La musique me permet d’être seul et honnête”

Le 8 janvier 2021 sortait Gris Cœur, dernière création du rappeur Kemmler. Un album de vingt et un titres faisant office de conclusion aux opus Gris et Cœur, sortis précédemment. De passage à Paris pour quelques jours de promotion, l’artiste a accepté de répondre aux questions d’aficia. L’occasion de découvrir les coulisses d’une création confidences, aussi personnelle que réfléchie.

Du collégien qui rencontre l’écriture à l’artiste dévoilant aujourd’hui son premier album, Kemmler a tout du parcours de la passion. Accompagné par Chilla, Youssoupha et Duane Charly sur cet album de vingt quatre titres, l’artiste se dévoile et souhaite porter un message d’affirmation. Quoi de mieux pour comprendre Gris Cœur si ce n’est pas les mots de son auteur, entretien exclusif !

Kemmler : l’interview…

Tout d’abord, pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas comment te présenterais-tu ? 

Eh bien moi c’est Kemmler, auteur interprète marseillais, signé chez Def Jam et je viens de sortir mon premier album Gris Cœur.

En effet l’album Gris Coeur est sorti le 8 janvier 2021, vingt et un titres rap composés de deux featuring. Il fait suite aux projets Gris et Cœur. On pourrait donc se demander si ce trio était prémédité ? Est ce que l’aventure Gris Cœur doit s’écouter sous cette forme de triptyque ? Quelles sont ses origines ? 

Kemmler - Gris Coeur

Alors Gris Cœur on l’a pensé ensemble, moi et mon équipe artistique, et il est venu à notre esprit après avoir fait un bilan : aujourd’hui, la musique se consomme ultra rapidement. Parfois, je n’ai même pas le temps de dévoiler un projet qu’on me demande des infos sur la suite. Alors à partir de ce constat et vu le contexte de la pandémie, on a voulu se concentrer sur quelque chose de cohérent et de plus long pour aboutir à ces trois tableaux. On a alors dévoilé cette aventure avec Gris, puis avec Cœur, pour enfin aboutir sur un album de conclusion complet, Gris Cœur. Donc oui, je pense que c’est mieux de l’écouter en tant qu’ensemble. On l’a vraiment souhaité comme une évolution logique qui pouvait durer. Je vois ces sorties comme un cycle inversé, où on aurait commencé par la réédition.

À l’écoute de ce projet, au visionnage des clips, l’intimité revient énormément. Que ce soit sur la musique, la famille, l’amour, ou encore la réussite, on a cette impression que l’album est un bilan. Est ce que Gris Cœur répond à un besoin d’expression, de lâché prise que tu as eu ? 

Tout d’abord, il faut savoir que je suis quelqu’un d’extrêmement pudique au quotidien. Avec l’écriture, j’ai trouvé une alternative à l’expression directe. La musique me permet d’être seul et honnête. Et je sais à quel point se reconnaître dans un texte peut faire du bien, permet de se sentir moins seul. Alors si en écrivant je peux me libérer, partager ma passion et aider des gens, c’est tout bon. J’essaye vraiment d’apporter une dimension humaine dans ma musique.

Je veux dire aux gens qu’ils peuvent s’assumer, dire « n’ayez pas peur » tout le monde mérite de se sentir bien avec lui-même.

Kemmler

Autre thème qui ressort beaucoup, c’est ce rapport aux réseaux-sociaux, aux médias, qui vont parfois te détruire, t’aider, te tromper… Tu écris notamment dans “Dis moi tout” « J’refais les mêmes speechs dans toutes mes IGTV  » ou encore « Si on te raconte des trucs sur moi, les crois pas maman, ne les crois pas« . En définitive, quel est ton rapport à ce digital omniprésent ? En tant qu’artiste, est-il plus nocif que pratique ? 

Dire qu’il n’est pas pratique ce serait mentir. Les réseaux ont bouleversé la communication avec le public. Avant, il y avait Star à Domicile qui passait à la télé, c’était incroyable. Il y avait cette dimension rare, quasi légendaire de l’artiste. Aujourd’hui avec un like, un commentaire, on est vraiment en liens direct avec notre fan. Ça apporte un plus social et une communication forte, je la trouve positive. Après, l’enfer est pavé de bonnes intentions comme on dit. Internet apporte aussi une toxicité et un rapport à l’image qui peut devenir malsain. Donc comme dans tout, c’est une question de dosage au final. Mais je veux retenir le positif, pour l’artiste c’est clair que c’est un gros plus coté communication.

Au vu du caractère intime et très honnête de ce projet, est ce qu’il n’y a pas un moment ou tu t’es dit ‘je vais peut être trop loin dans ce que je dis, j’en dévoile trop sur moi même‘ ? Quelles ont été tes méthodes pour écrire Gris Cœur ? 

Pour être honnête, au début j’ai bu. L’alcool me permettait d’entrer plus aisément dans des thèmes que je n’osais pas aborder. L’ivresse apportait une nouvelle manière de penser. Puis avec le temps et les titres, c’est devenu plus facile. Maintenant, j’arrive à écrire avec cette honnêteté sans boire. L’album a aussi eu un impact sur ma vie et mes réflexions.

Le projet adore la guitare et le piano, c’est à la fois simple et innovant dans sa manière d’aborder ces deux instruments. Comment tu as souhaité cet album musicalement ?

Tout d’abord, il faut savoir que j’ai construit Gris Cœur avec mon ami, compositeur et ingé son Duane Charly. C’est presque un album featuring que l’on propose. Je n’ai jamais ressenti une telle relation musicale avec quelqu’un pour travailler. Parfois on bosse sans parler, on se comprend hyper vite, cet album n’a pas fait exception. J’ai voulu quelque chose de très homogène, que la prod puisse parfois prendre place entière. Il ne fallait pas qu’on se dise que le texte était bon mais la prod en-dessous, ou inversement. Je pense qu’on a réussi notre pari. L’écoute se fait autant sur les mots que sur les notes.

Puis, tout simplement, qu’as tu souhaité dire avec cet album ? Si tu pouvais choisir les émotions qui y en émanent lesquelles choisirais-tu ? 

Tristesse, compassion, amour, haine et enfin acceptation je pense. J’ai vraiment voulu écrire l’acceptation. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais être moins exigeant avec soi-même peut beaucoup aider à avancer. Je veux dire aux gens qu’ils peuvent s’assumer, dire « n’ayez pas peur » tout le monde mérite de se sentir bien avec lui-même. Ce projet m’a pas mal aidé à me questionner sur ce défi là d’ailleurs.

Je vais porter Gris Cœur au maximum, il représente réellement une partie de moi.

Kemmler

Avant dernière question, on te souhaite quoi pour la suite, des projets en tête ?

Tout d’abord je vais porter Gris Cœur au maximum, il représente réellement une partie de moi. Après je veux surtout pas tourner en rond, comme dans la vie j’apprends, j’évolue. Cette année n’a pas été simple, mais elle a aussi été l’objet de belles choses pour moi. Je pense que le temps me permettra de construire et de raconter autre chose. Je ne veux pas faire de la musique par obligation. En tant qu’Homme j’évolue alors je vais continuer de travailler, essayer, m’amuser avec de nouvelles expériences !

C’est déjà la fin de cette interview, alors pour conclure et te connaitre via les notes d’un autre artiste, qui est ce que tu conseilles à l’écoute en ce moment ? 

Honnêtement je n’ai pas UN artiste à conseiller. Je suis plutôt du genre à me buter à toutes les sorties, écouter ce qui se fait de partout. Je peux aussi bien être attiré par une pochette que par quelques notes. Des sons chills, des trucs pour bouger. Je suis vraiment client de musique tout simplement. J’écoute de tout. Mais sinon, pour en citer quelques-uns, avec mon compositeur on se frappe MacMiller, et j’attends avec impatience de me faire le dernier projet d’Hamza et de Drake !

Découvrez Gris Cœur de Kemmler :