Mado - © Signature Music
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Mado en interview ‘Flash’ : “J’aime tendre vers de l’intimité“

En prélude à la parution d’un EP, Mado donne de la voix sur le projet collectif Molitor 3 mis à l’honneur cette semaine sur aficia. Pour l’occasion, elle a répondu à nos questions !

C’est en 2019 que commençait à s’écrire la belle histoire musicale de Molitor. À travers un concept ambitieux de création artistique, le projet met exclusivement en lumière des artistes féminines émergentes de la scène musicale française. Un troisième chapitre a été dévoilé en 2022, révélant ainsi la talentueuse Mado dont la sensibilité artistique donne à apprécier une interprétation aussi puissante que sensible.

Jouant malicieusement avec le sens des mots qu’elle incarne à la perfection, Mado s’est confiée à aficia sur son univers artistique, son travail d’auteure-compositrice et interprète, sa participation à Molitor 3 ou encore ses futurs projets.

Mado, l’interview ‘Flash’ :

1 Pour débuter cette interview, je te propose un exercice plutôt difficile. Si nous devions écrire une définition de l’identité artistique de Mado, que souhaiterais-tu y lire ?

C’est un exercice difficile de parler de soi. Je pense que mon identité artistique est tout d’abord très proche de qui je suis. Mado c’est un nom de scène, mais qui fait également partie de mon identité civile.

Je pense que ma musique se lit à travers plusieurs prismes que nous pouvons retrouver dans mon travail de composition, comme dans mes textes. Il y a d’abord la poésie, que je lis depuis petite et que je retrouve chez Brassens, Gainsbourg, Michel Legrand mais aussi Edith Piaf. Aussi, la question de la sensibilité, que j’aime contrebalancer avec de la force, du mystère, des états un petit peu plus bruts et accessibles. Mais globalement j’aime tendre vers de l’intimité. Pour l’anecdote, lors de chaque concert que j’ai eu l’habitude de faire, je disposais le fauteuil de mon salon sur la scène. En plus de rendre dingue ma mère, c’était très important pour moi de pouvoir créer cette connexion et cette proximité entre le public et ma musique.

2 Dans tes interprétations, tu dévoiles une voix suave qui sublime des textes poétiques teintés d’une part de mystère. Pourrais-tu nous parler de tes inspirations musicales et du processus de création de tes chansons ?

Mes inspirations musicales se sont forgées au cours de périodes assez segmentées. Petite, j’ai découvert la chanson française par le biais de mes parents, de ma mère principalement. Adolescente, j’écoutais davantage du rap, du RnB, de la soul, la musique que j’entendais dans mes premières soirées, mais également dans la rue en fait. En grandissant, et encore à l’heure actuelle, je pense que j’écoute beaucoup de disco, de city pop japonaise et d’électro avec tout le bagage musical que je garde aujourd’hui.

Je dirais que mes inspirations principales sont L’impératrice, Billie Eilish, Janie, Orelsan, Mae Muller, beaucoup d’artistes de la scène belge actuelle. Le processus de création de mes chansons se fait principalement avec Xavier de Maere, beat makeur et ingénieur du son belge. On travaille généralement la composition ensemble, puis je suis assez indépendante par la suite sur tout ce qui concerne la topline, l’écriture. J’ai besoin de beaucoup de solitude pour travailler. Pour le moment, Xavier est le seul avec qui j’apprécie de collaborer quotidiennement parce que je lui fais confiance. On se retrouve assez bien dans cette énergie de travail.

Découvrez “Billy“ (Remix) de Mado :

3 Tu donnes de la voix sur la compilation Molitor 3. Comment s’est présentée l’opportunité de participer à ce projet résolument féminin et qu’est-ce qui t’a séduit dans le concept ? Était-ce important pour toi que le disque donne la parole à des artistes féminines ?

Assez par hasard, j’avais rencontré Hugo Fargette du label Signature Music il y a presque un an. Quelques mois plus tard, il m’a invité à participer au projet. J’ai évidemment accepté parce que je connais de cette rencontre beaucoup de bienveillance. Le projet et le concept sont très originaux et surtout, féminin. Travailler avec des femmes est hyper important pour moi. Nous évoluons dans un milieu majoritairement masculin. Notre place en tant que femme y est compliqué à faire, donc arriver avec une compilation 100% féminine, c’est une occasion à ne pas laisser passer. On a beaucoup de choses à dire en tant que femme et nous restons énormément stigmatisées.

Pour le moment j’ai eu la chance de travailler musicalement dans un environnement assez féminin, et je pense que ça m’aide beaucoup à m’assumer et à faire les bons choix. Que ce soit auprès de mon entourage avec Inès Sifon-Catala, une amie principalement, et makeup artist ou Anne Cibron, ma manageuse géniale. Je me retrouve très vite dans une sphère ou je me sens en confiance avec des femmes, et j’ai conscience du fait que ça soit rare.

4 Le titre “Dessus-dessous“ a était choisi pour porter le projet. Peut-on y retrouver quelques clins d’œil à la chanson “Pull Marine“ d’Isabelle Adjani ? Peux-tu nous expliquer la genèse de cette chanson et revenir sur le tournage de son clip vintage ?

Déjà d’avoir été choisie pour porter visuellement le projet a été une surprise immense parce que cet album est composé d’artistes très talentueuses. En fait, je suis super surprise que tu aies trouvé la référence et j’en ai caché plein d’autres, mais oui, évidemment que la femme bleue marine est une référence à la musique d’Isabelle Adjani.

Quand Hugo m’a appelé pour participer au projet, il m’a expliqué le concept d’une musique écrite en une journée donc j’ai tenté de respecter le deal au maximum et c’est de cette manière que le morceau est né. On a travaillé avec Stan Neff autour de l’univers que je voulais donner à cette musique. Un pont entre une une symphonie hyper vintage et un chanté beaucoup plus pop.
Pour le clip, on a travaillé avec Rafi El Watik qui a écrit ce petit film. Mais l’univers qu’on voulait retranscrire était assez clair. Il s’agissait de parler d’une rencontre, d’amour, de sensualité, et surtout d’aller à fond dans l’esthétique dynamique vintage des années 70 qui fait autant écho à l’Hôtel Molitor qu’au morceau. Ce qui me plaît dans les clips, c’est de pouvoir porter le costume des gens qui résident dans mes textes. Et d’y aller à fond.

Visionnez le clip de “Dessus-dessous“ :

5 Quels sont tes projets pour 2022 ? Est-ce qu’un album est en préparation ?

Et oui ! Je vais sortir un EP d’environ 7 à 9 morceaux courant octobre. Pour l’instant je reste une artiste indépendante, mais qui sait si les choses évolueront bientôt.

Pour le reste, je suis un petit peu une acharnée du travail donc je ne m’arrête pas de composer, de faire un maximum de scènes. J’espère que j’aurais bientôt l’occasion de me retrouver sur d’autres projets aussi intenses que celui de Molitor !

Question bonus…

Enfin, que retrouve-t-on dans ta playlist de l’été ?

Ma sainte trinité cet été, c’est l’album Tako Tsubo de l’Impératrice que je saigne depuis sa sortie, Mara parce qu’il nous faut de la “Bad Betch“ attitude et du Noga Erez. D’ailleurs Tako Tsubo c’était le nom que je voulais donner à mon futur projet avant que celui-ci ne sorte. Too late !

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