Du rock, du rap et de la guitare, c’est ce que proposent Waxx et C.Cole à travers le projet concept Lithium dont ils nous parlent en interview ‘Sans filtre’ sur aficia !
D’un côté, Benjamin, plus connu sous le pseudo de Waxx. Il a collaboré avec un bon nombre d’artistes comme Ben l’Oncle Soul, LEJ, Georgio ou Pomme. De l’autre, son ami de longues dates Christopher (aka C.Cole). Tous deux sont guitaristes, voire multi-instrumentistes, et producteur et surtout… très talentueux. C’est ensemble qu’ils ont monté le projet “Fanzine”, une sorte d’émission musicale en interaction avec les artistes !
Nouveau projet en date pour ces deux génies : LITHIUM ! Pour eux, c’est un maillage entre tout ce qu’ils savent faire, la fusion de deux styles prédominants (rap & rock). On entend des inspirations “nirvanaises”, grunge et pop aussi. Un album complètement insolite et surprenant sur lequel se sont invités Adé, Hatik, Georgio, ou encore Le Juiice et Chilla. Un album très actuel dont il nous parlent sur aficia…
L’interview ‘sans filtre’ de Waxx et C.Cole :
Bonjour Christophe et Benjamin ! Cela fait un moment que vous réfléchissiez à ce projet baptisé LITHIUM ?
C.Cole : En soit, cela fait deux ans et demi qu’on est dessus. En créant Fanzine, on avait cette envie de mélanger les styles musicaux que sont le rock et rap, et plein d’autres aussi. Cela a trotté dans le coin de la tête pour former ce mélange musical. On voulait en faire des compositions et non plus des reprises comme on les fait dans ‘Fanzine’. C’est quelque chose qui a toujours été un peu là. Ça doit faire 4 ou 5 ans qu’on rêve de passer à des compositions.
Est-ce qu’il n’était grand temps, finalement ?
C.Cole : Oui, carrément. En fait, ‘Fanzine’ nous a permis de rencontrer pas mal d’artistes différents qui nous ont aiguillé à travers cette tracklist pour ce projet, ceux qui étaient ouverts à tous les styles. Il y avait quelque chose de logique dans la continuité, autant pour nous que pour les artistes avec qui on a fait ce projet.
Nous sommes hypers contents d’avoir pu le croiser et d’avoir fait de la musique. On a perdu un futur grand de la musique en France.
Lithium pour aficia.
Pourquoi avoir choisi le rap et le rock comme styles prédominants ?
Waxx : Ce sont les deux styles qu’on écoute énormément, depuis l’enfance. Moi personnellement, j’ai écouté du rap avant d’écouter du rock. Le rap est arrivé juste après. Quand j’étais plus jeune, on écoutait ou du rap, ou du rock. C’était scindé en deux. Ça, c’était des trucs assez clanique, alors qu’au final, l’énergie du rock et du rap sont extrêmement connexes. Par le passé, il y a eu de grands morceaux qui ont mélangé les deux et ça m’a touché.
Est-ce qu’à titre personnel, cela vous procurer quelque chose de particulier ?
Waxx : Ça m’a permis d’avoir mes deux kiffs, l’un avec l’autre et effectivement, quand l’occasion s‘est trouvé de faire cette émission ‘Fanzine’, d’avoir des rappeurs et de mettre des guitares par dessus, ça fonctionnait très bien ! Et quand on avait des chanteuses de pop et mis des sonorités hip-hop par dessus, ça marchait aussi ! Tout était question d’énergie, et d’esthétique aussi, mais globalement, l’idée de mélanger les deux, c’est avant tout notre passion par les deux courants. On est aussi très passionnés par la folk !
C.Cole : Et il y en a aussi d’ailleurs ! Si l’on grossit vraiment le trait, c’est vraiment un mélange de rock et rap, mais en réalité il y a deux balades, une avec Georgio / Adé, et une autre avec Hatik. Il y a des morceaux de grunge, d’autres métal… Au-delà du rock/rap, c’est juste un dosage de tout ce qu’on aime et qu’on a mis ensemble.
Espérez vous sortir du lot avec ce projet détonant ?
Waxx : Ce n’est pas sortir du lot le terme exact. On a fait un projet de cœur, on avait pas du tout besoin de faire ce projet, c’est juste une envie qu’on a eu. Il se trouve que les timings sont plutôt bons puisqu’on a lancé ce projet pendant le confinement. Le rock est revenu très fort en trois ans. Beaucoup de guitares reviennent… Après, sortir notre épingle du jeu, ce n’est vraiment pas l’esprit du projet. On voulait surtout faire un projet qui nous plaît avant tout. Mais on a aucune attente vis-vis des chiffres. Si ca vient, ce sera exceptionnel, mais ce qu’on voulait, c’était vraiment cette musique là !
Je trouve que cette collaboration avec Sopico est un excellent reflet de votre travail sur ce projet. C’est exact ?
C.Cole : Pour moi, c’est un des morceaux qui reflètent l’ADN grunge de l’album, car beaucoup d’aspects de ce projet sont dans ce morceau. Mais c’est vrai que le morceau avec Le Juiice qui s’appelle “Rock” est peut-être le plus représentatif dans la cession. Elle ne fait que de la trap-mama. Elle est arrivée sur un riff de métal, et elle a dit “allez, let’s go, on y va!” et on fait un morceau réellement hybride. Sopico, avait déjà ça un peu dans son ADN. Il y avait moins cette surprise qu’il pose là-dessus. Le Juiice est à la frontière des deux mondes !
Découvrez “Rock” , le dernier clip du projet Lithium :
Alors justement ce morceau “Rock” est incroyable ! J’en ai extrait une citation : “Là, c’est du rock c’est pas d’la pop” Est-ce que dans l’intention, elle a raison ?
C.Cole : Disons que le gimmick est fort et pourrait être le slogan de l’album !
Waxx : C’est vrai que ça reflète bien ce qu’on a fait dans l’album ! Il y a une envie un peu politique dans cet album aussi, de faire comprendre aux auditeurs qui ne seraient pas avertis de ça, que le rap est extrêmement pluriel. Avec ce projet, on invente rien de spécial. Comme tu disais tout à l’heure, Sopico faisait déjà ça, et depuis longtemps. Nous, on adore faire ça, mais on est pas du tout des pionniers.
Il y a une sorte de revendications si je comprends bien ?
Waxx : On en a un peu marre des étiquettes qui sont collées et toutes faites dans le milieu du rap, car dans le rock, il y a 1.000 étiquettes. Elle, ce qu’elle dit dans le refrain là, c’est qu’effectivement, quand quelqu’un fait un style de musique quel qu’il soit, et puis quand ça marche, on dit qu’il fait de la pop. Parce que c’est populaire. Il n’y a pas vraiment de style musical pop. C’est ce qu’elle dit en filigrane, “Là, c’est de l’underground !”.
Découvrez le clip “Y A R” de Lithium avec Sopico :
Dans quelles mesure vos expériences personnelles et professionnelles vous ont servies pour ce projet ?
C.Cole : Dans toutes les mesures je crois !
Waxx : Au-delà de l’aspect technique, il y a tout l’aspect humain, les rapports que nous avons avec les artistes. On s’est rendu compte que l’ouverture d’esprit en France est moindre par rapport aux États-Unis par exemple. Finalement, on a lancé l’émission, et en réalité pas du tout ! On leur offre peut-être pas ces options là en France, il y a peut-être pas assez d’accès pour aller chercher d’autres gens, mais du moment que tu leur proposes d’aller dans d’autres styles, à reprendre des choses d’autres générations, il y carrément cette ouverture d’esprit. Nous avons pris conscience et cela nous a permis de savoir amener les artistes là où est-ce qu’on a envie de les amener ! Et puis après, nous deux, il y a aussi ce truc musical. ‘Fanzine’ c’est une formation pour nous.
Dans quel sens ?
Waxx : A chaque émission, on prépare 4 versions de morceaux dans des styles différents. On peaufine notre son à chaque fois qu’on fait des ‘fanzines’ ou des sessions studios, car à côté, on ne fait pas que ça. On bosse aussi pour d’autres projets. C’est un espèce d’accomplissement de tout ça qui fait que nous arrivons avec cet album et que tout semble assez fluide.
Georgio a flashé directement sur ce titre (…) Le soir même, il a écrit le texte puis il nous l’a envoyé un mémo !
Waxx pour aficia.
Dans ce projet LITHIUM, est-ce qu’il y a eu un moment où vous avez douté du potentiel de fabrication d’un titre ?
Waxx : Honnêtement, c’était très très fluide. Est-ce parce que la sélection des artistes s’est faite très naturellement ? Quand tu proposes un concept un peu particulier à quelqu’un, du moment qu’il accepte c’est qu’il s’en sent capable et qu’il y a une envie. Cela a été un 100% de réussite. Pas un seul a bégayé en studio, ça a été hyper fluide. Et puis, il y avait une envie qui était commune à nous trois. On avait envie. Des fois on faisait du sur-mesure, des fois on avait des trucs déjà travaillés. On a eu que des belles surprises !
Et la collaboration la plus compliquée à avoir ?
Waxx : C’est compliqué à répondre car les artistes les plus gros sont des amis, c’est le cas de Georgio. Les artistes les moins connus sont des artistes qu’on connaissait moins. Moji Sboy par exemple, on ne les connaissait pas, c’était vraiment un coup de cœur. Ils habitent en Belgique, ils sont loin, donc effectivement, du fait de la distance, c’était peut-être un peu plus compliqué de trouver une date. Et encore. Mais sinon, ça a vraiment glissé !
Autre titre phare, celui en collaboration avec Georgio et Adé. Pouvez-vous m‘en parler ?
Waxx : Avec Georgio, on a un gros passé. J’ai bossé avec lui sur Hera, son premier album qui fut récompensé par un disque d’or. On a fait deux ans de tournée ensemble. Après, on a retravaillé ensemble sur plein d’occasions. C’est vraiment quelqu’un qui fait partie de la famille en studio. Il passe souvent nous faire écouter ses nouveaux sons, on se parle tout le temps. Quand on a eu l’idée de faire ce projet là, Georgio était le bienvenu pour poser sa voix. On voulait vraiment faire un truc avec lui. Il est venu en studio, et je crois qu’il a fait qu’une seule prise.
C.Cole : En fait, ce qu’il s’est passé c’est qu’on lui avait fait écouter quelques morceaux. Sur celui-là, il a flashé directement. Du coup il a dit “vous me l’envoyiez”. Le soir même, il a écrit le texte, et peu de temps après, il a envoyé un mémo pour envoyer le truc. C’était pendant les fêtes de Noël je crois. Et là, on s’est dit qu’il fallait l’élever encore plus, parce qu’il a quelque chose de planant le morceau.
Waxx : on avait croisé Adé lors d’un ‘Fanzine’ justement. Moi j’avais deux trois connexions sur des trucs qu’on voulait faire ensemble. Pendant le confinement, on a grave parlé. Elle est passée au studio, elle a chanté le refrain hyper naturellement. On adore ce morceau !
Au-delà d’être un disque hommage aux registres rap/ et rock, c’est aussi un hommage à Luv Resval également. Pouvez-vous m’en dire quelques mots ?
Waxx : C’est une histoire un peu plus triste. On s’est rencontré en vrai pour faire ce morceau avec lui. C’était vraiment une journée hyper cool d’ailleurs. On a vraiment rencontré un artiste hyper fort. On était tous les deux sur le cul. Il était vraiment, vraiment doué. Après, on parlait beaucoup sur Instagram, parce qu’on avait pas trop l’occasion de se voir trop. Il était trop content d’avoir posé son flow sur le morceau et de faire partie du projet. On était aux Etats-Unis lorsqu’on a appris la triste nouvelle. C’était un vrai choc. Je suis hyper content d’avoir pu le croiser et d’avoir fait de la musique. On a perdu un futur grand de la musique en France.
Est-ce qu’il y a un morceau dont vous êtes le plus fiers ?
C.Cole : Je suis assez fier d’avoir réussi avec Le Juiice quelque chose de métal. Je suis fier d’avoir réussi à l’amener autre part. Après, c’est trop dur de dire un morceau. L’idée de l’album c’était d’avoir un modèle des années 90, avec des ballades, des morceaux plus extrêmes, d’avoir des reliefs. On voulait une cohérence globale. Dans l’album, il y a des morceaux calmes, des moments plus énervés, des moments entre deux, et plein de genres qui se confondent finalement.
Waxx : C’est très personnel comme réponse. Je ne peux pas répondre à ça. Je n’ai jamais réussi à y répondre. C’est un peu comme choisir entre ses deux enfants, c’est complexe ! Je ne peux vraiment pas répondre !
Vous êtes devenus des incontournables dans le paysage musical en devenant de vrais multi-casquettes. Est-ce que vous vous en rendez compte au quotidien ?
Waxx : On avait quand même en tête de créer quelque chose entre ce côté média, et ce côté vraiment studio. La multi casquette dont tu parles, c’est quelque chose qu’on avait vraiment envie de développer. On aime la musique, on aime les gens, on aime parler… Après, je ne sais pas le statut ni l’échelle dans laquelle on est…
Pour autant, vos noms ne sont pas encore connus auprès du grand public, comment l’expliquez-vous ?
Waxx : Je pense que ce qu’il ne faut absolument pas faire, c’est justement de se poser cette question parce qu’on fait un truc animé par une passion et à une réaction de quelque chose qui n’existe pas déjà. Le but étant de rester à la place à laquelle nous sommes, c’est-à-dire on aime faire de la musique, on aime être au service des artistes et faire plaisir à un public de mélomane, curieux et de faire découvrir des choses. Effectivement, être plus connu, qu’est-ce que ça veut dire ? Faire un talk show à la télé avec quelqu’un qui fait des blagues, un groupe qui est derrière et qui joue un petit peu ? C’est vraiment pas ça le projet, ce n’est pas nous. J’estime qu’on est super bien là où on en est.
A quoi aspirez-vous alors ?
Waxx : Ce qui compte, et c’est vraiment une chance, c’est de gagner notre vie avec ce qu’on aime, en faisant ce que nous faisons ! C’est incroyable. Moi j’ai commencé à me professionnaliser en 2006 et j’en suis là. C’est ça pour moi le secret en fait ! Je suis toujours là, je fais ce qu’il me plait, je n’ai besoin à aucun moment, de trouver un métier alimentaire à côté. Certes on est fatigués parce qu’on fait plein de choses, mais quelle chance nous avons !
Découvrez l’intégralité de l’album de Lithium :