Olivia Ruiz - ©️ Delphine Pincet
Olivia Ruiz - ©️ Delphine Pincet

Olivia Ruiz en interview : “Mes héros sont souvent des héroïnes”

À l’occasion de la sortie de son nouveau single “La Réplique”, Olivia Ruiz s’est confiée sur son retour en musique. Découvrez ses confidences pour aficia !

Sept années se sont écoulées depuis la parution du merveilleux “À nos corps aimants”, le cinquième et dernier opus en date d’Olivia Ruiz, un recueil aussi féminin qu’espiègle et sensible. Mais pour autant, l’artiste aux quelques millions de disques écoulés ne s’est pas reposée sur ses lauriers, fourmillant de projets entre la publication de deux romans dévorés par plus d’un million de lecteurs et le spectacle ‘Bouches cousues’ joué à guichet fermé dans les théâtres en 2021 et 2022.

Comme un signe, l’artiste lance ce jour les réjouissances de son grand retour discographique vingt ans après la parution de son premier disque intitulé J’aime pas l’amour. Et en deux décennies d’une brillante carrière, Olivia Ruiz s’est illustrée comme l’une des références féminines sur la scène musicale française, traversant les années avec une liberté de ton et une fougue à nulles autres pareilles. L’artiste se joue des codes, surprend et cultive une créativité débordante. Elle le prouve une nouvelle fois sur “La Réplique”, son tout nouveau single désormais disponible sur toutes les plateformes digitales.

Entre deux séances d’enregistrement, l’interprète de “La femme chocolat” a accepté de revenir pour aficia sur la genèse de ce titre, premier extrait d’un sixième opus à paraître au printemps 2024. Il s’en suivra également une grande tournée ! Découvrez les confidences d’Olivia Ruiz dans notre interview Sans Filtre.

L’interview Sans Filtre d’Olivia Ruiz

Vous êtes de retour avec le titre “La Réplique”. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Ressentez-vous de l’appréhension ?

J’imagine un petit peu comme tous les artistes lors de la sortie d’une nouvelle chanson : un mélange de fébrilité et d’excitation. J’ai à la fois un désir profond que les gens aiment ce qu’on va leur partager mais aussi une forte envie de jouer le morceau en live, d’en être déjà six mois plus tard pour travailler la création visuelle de la tournée… Voilà, beaucoup d’impatience et d’excitation donc !

Cette année est d’autant plus importante puisque nous célébrons les 20 ans de la parution de votre premier disque J’aime pas l’amour. Comment analysez-vous cette longévité et le soutien du public au fil des années ?

Alors je n’y avais même pas pensé dis-donc ! Mais en plus l’album était sorti à cette même période, en octobre. Merci de me le rappeler, ça fera une bonne excuse pour faire de la scène ! Je n’ai pas d’explication à tout ça, à part de penser que lorsque l’on fait les choses avec sincérité et engagement mais aussi en essayant d’aller toujours plus loin pour ne pas tomber dans la facilité, on est récompensé.

Sept années se sont écoulées depuis votre dernier album mais vous n’avez pas quitté la scène médiatique pour autant. Est-ce que l’écriture de romans vous a apporté de nouvelles inspirations pour l’écriture de chansons ?

Alors, je pense que ça a forcément apporté de nouvelles inspirations même si ce n’est pas vraiment concret. Il y a quelque chose de très nourrissant. Mais de toute façon, lorsque l’on fait quelque chose de nouveau, cet apprentissage et cette ouverture à une nouvelle création nourrissent les autres projets. À chaque fois que j’ai pu réaliser un film, ça a nourri mon jeu sur scène. Récemment, lorsque j’ai écrit une courte pièce, ça a inspiré une de mes nouvelles chansons. Je trouve qu’il y a un principe de vases communicants dans la création qui fait que, même si nous touchons à divers domaines, chaque travail nourrit l’autre sans même que l’on puisse s’en rendre compte finalement.

Je ne pense pas à une carrière, je préfère faire les choses à l’instinct, je me jette et je fais de mon mieux surtout !

Olivia Ruiz

Votre retour s’accompagne de changements, d’abord de maison de disque mais vous vous êtes également entourée d’une nouvelle équipe artistique. Ressentiez-vous le besoin de prendre une nouvelle direction, d’explorer de nouvelles sonorités après plus de 20 ans de carrière ?

Moi je ne me pose pas vraiment ce genre de questions. J’ai fait des chansons de la manière que j’avais envie de les entendre, pour qu’elles me plaisent avant tout. Et ensuite, je me dis toujours que si je vibre sur quelque chose, il y aura bien un autre être humain qui vibrera également. Les seules choses auxquelles je pense quand je vais créer une chanson, ce sont les sensations. Si ça me donne envie de bouger, si ça me donne le sourire ou si ça me donne envie de pleurer, c’est que je suis au bon endroit. Si je ressens des émotions alors forcément, quelqu’un d’autre les ressentira aussi.

Et c’est exactement la même chose quand j’écris des livres, je ne pense pas à ce que j’ai pu faire avant, à ce que je vais faire après et ce que les gens vont penser. Sinon, je pense que je ne serais plus du tout créative. Je ne pense pas à une carrière, je préfère faire les choses à l’instinct, je me jette et je fais de mon mieux surtout ! Aussi, je m’engage pleinement à chaque fois que je démarre un projet. Comme je suis curieuse, cela me permet de ne pas être dans une forme de redit de manière tout à fait naturelle. Parce que je cherche, je voyage, je rencontre des gens… Je suis bien connectée à mon monde mais aussi au monde autour je crois !

C’est donc davantage le fruit de nouvelles rencontres, notamment avec Nino Vella et Vincha…

Tout à fait et avec Vincha, c’est particulièrement étonnant d’ailleurs. C’es quelqu’un avec qui j’ai collaboré pour les albums de mon frère, le rappeur TOAN. Mais je n’avais jamais pensé à une collaboration avec lui pour l’un de mes projets. En réalité, c’est une idée de mon manager et j’étais assez dubitative au début. Mais finalement, Vincha est un grand songwriter et lui aussi a des oreilles bien ouvertes sur le monde autour. Quand nous avons travaillé ensemble sur la première chanson et que je lui ai précisé mes souhaits en termes de sons, c’est quelqu’un d’une grande intelligence qui sait se mettre au service de l’autre. La connexion a été immédiate, c’était une évidence.

Justement, votre nouveau single “La Réplique” va surprendre. On y retrouve vos racines hispaniques qui se mêlent à une production très moderne avec des touches d’électro. Pouvez-vous me parler du processus de création de ce morceau ?

J’ai composé la majeure partie de l’album à deux avec Vincha et une autre partie de l’album à deux avec Nino Vella. J’ai écrit tous les textes des chansons mais ce qui est joli pour l’histoire de ce titre, c’est qu’il est le seul où nous nous sommes retrouvés tous les trois pour la composition. Donc voilà, je suis arrivée en studio avec un petit bout de couplet et j’avais envie de quelque chose de minimaliste mais aussi à mi-chemin entre le reggaeton et quelque chose de très dansant mais aussi de sensuel. Et puis très vite, Nino a trouvé la mélodie du couplet. Vincha a trouvé la mélodie du pré-refrain et moi de celle du refrain. La chanson est née très rapidement.

Visionnez “La Réplique”, le nouveau clip d’Olivia Ruiz :

Le texte célèbre une quête de liberté, d’affirmation de soi sans jamais céder aux diktats. Quel regard portez-vous sur notre société hyper connectée ?

Alors je ne vais pas vous dire que je suis contre tous les réseaux et la connexion. Bien-sûr, comme toutes les formes de progrès, ça a son lot de vices et de perversions mais moi je me sens plutôt à l’aise dans mon monde. Je suis très inspirée par la parité qui commence tout doucement à s’installer. C’est plaisant de voir que certains combats commencent à être présentés au grand jour. Aujourd’hui, je me sens plutôt bien malgré les dérives et le fait que je sois chaque jour heurtée par l’actualité mondiale. Mais j’ai pleinement conscience de faire partie des privilégiés. Du coup, j’essaye de mettre de la joie, du positif et de l’énergie dans le petit monde qui est le mien. Encore une fois, on sait que c’est à coup de grains de sable qu’on peut former une plage entière.

Pensez-vous justement que c’est le rôle de la musique d’injecter de la positivité et de la légèreté dans notre quotidien ?

Je n’ai pas vraiment d’avis parce que je pense que chaque artiste a une façon de créer qui lui est propre. Je peux autant admirer un chanteur extrêmement engagé qu’une chanteuse qui propose un pur divertissement. Ou l’inverse ! Donc je crois qu’il est important d’être en accord avec soi surtout. J’ai été très blessée par l’actualité autour des problèmes de l’immigration et c’est la raison pour laquelle j’ai écrit un spectacle pour mettre à l’honneur le résilient et le migrant afin d’expliquer les difficultés affrontées. Je ne le fais pas d’une manière politique mais poétique, sans imposer un discours et en laissant les gens se forger leur propre réflexion sur la base des outils poétiques que je donne pour apprendre à aimer l’autre. C’état tout le sujet de ce spectacle de rappeler aux gens que l’autre est aussi soi.

On est sur une base un petit peu plus électronique que sur les albums précédents

Olivia Ruiz

“La Réplique” annonce la préparation d’un sixième album attendu en 2024. Quels sont les thèmes que vous avez envie d’aborder ?

Je me suis récemment rendue compte que beaucoup de mes chansons s’adressaient à des femmes et mettaient en scène des femmes. Vraiment, je n’en démords pas ! Mes héros sont souvent des héroïnes, aussi bien dans mes livres que dans mes chansons, et cela souvent sur des thématiques qui ne sont pas forcément joyeuses mais pour lesquelles on essaye de faire ressortir tout l’espoir justement. C’est un album qui s’annonce assez énergique et dansant. Mais aussi libre, comme toujours, avec des sons très différents. J’ai apporté un grand soin à la construction des titres.

C’est donc un voyage avec un départ et une fin, et encore une fois un thème principal autour du rapport à l’autre et son lien par le biais d’une histoire d’amitié ou d’amour. Qu’elle soit malsaine ou au contraire magnifique. Je pense également à une chanson qui a été inspirée par une femme qui a vécu une tragédie… C’est un album qui est vaste j’ai envie de dire. Il y a beaucoup de thématiques abordées et des sons différents même si on est sur une base un petit peu plus électronique que sur les albums précédents. Peu de batteries sont jouées par exemple, ce sont plutôt des beatmakers qui ont travaillé sur les rythmiques à ma demande.

C’est un album qui sera défendu sur scène en 2024. On peut donc s’attendre à faire la fête en festivals et dans les salles à vos côtés ?

Oui absolument, ça c’es certain ! Pour l’instant, deux dates ont été annoncées mais il y aura évidemment d’autres festivals et concerts. Je vous avoue que nous démarrerons les répétitions début mars et j’ai déjà la plupart des techniciens et des musiciens qui seront à mes côtés. C’est une jolie histoire parce que j’ai cette chance d’avoir une équipe qui est une famille depuis bien longtemps. Je suis chanceuse d’avoir de l’expérience et de la bouteille et c’est comme ça que l’on parvient à se constituer un cocon. Et c’est vrai que j’y suis bien dans ce cocon ! Nous ne serons peut-être pas sur cinq concerts par semaine comme j’ai pu le faire auparavant parce que je dois laisser un petit peu de place à mon job de maman qui reste mon préféré parmi tous mais bien-sûr, il y aura une belle tournée.

Est-ce une tournée qui, à l’image de l’Olympia, sera plutôt intimiste ou est-ce qu’il y aura également des Zéniths ?

Dis-donc, l’Olympia c’est intimiste pour vous ? 3000 places, je n’appelle pas ça intimiste !

Effectivement, alors dirons-nous des salles plus chaleureuses que les Zéniths…

Nous sommes actuellement en pleine construction de la tournée donc nous ne savons pas encore. Comme vous le savez, la taille des salles dépend également du succès du disque. Dieu seul le sait j’ai envie de vous dire. Sur le spectacle ‘Bouches cousues’, nous étions sur des salles de 2000/3000 spectateurs sans support et ça s’est très bien passé. C’était une tournée à guichet fermé donc j’ose espérer au moins ça pour cette nouvelle tournée.

La nouvelle saison de la Star Academy a débuté. Est-ce que nous aurons la chance de vous voir interpréter votre nouveau single sur le plateau ?

J’en ai pas la moindre idée ! Nous avons vraiment les mains dans le cambouis, en pleine élaboration des plannings de promotion. Pour le moment, c’est peut-être un petit peu tôt pour répondre à cette question.

Chez aficia, nous aimons bien conclure nos entrevues par des recommandations musicales. Qu’est ce qu’écoute Olivia Ruiz en ce moment ?

Je vous recommande d’écouter “En El Cielo” de Judeline, “todomeparece RIDÍCULO” de Baby Volcano et enfin le duo Karol G et Niki Minaj sur “Tusa”. J’ai récemment remis ce titre dans une playlist et qu’il est bon !