©Arnaud Juherian
©Arnaud Juherian

Superbus en interview ‘sans filtre’ : “On a repris les influences de nos premiers albums”

Il vient tout juste de dévoiler son nouveau single “Aseptisé” annonciateur d’un septième opus en 2024. Superbus prépare un retour fracassant et se confie sur aficia dans cette interview ‘sans filtre’.

Le groupe des années 2000 signe son grand retour avec un prochain disque annoncé pour l’année prochaine. Superbus a proposé le titre “Aseptisé” le 20 octobre dernier. Ce dernier est accompagné d’un clip réalisé par des images générées par une intelligence artificielle. Un morceau aux accents pop funk et aux sonorités de guitares puissantes. Jennifer Ayache, la chanteuse du groupe ainsi que Patrice le guitariste, nous donnent le secret de leur longévité et nous plongent dans les coulisses de l’album à venir.

Superbus, l’interview ‘sans filtre’ :

Pourriez vous vous présenter, notamment pour les plus jeunes d’entre nous, qui n’ont pas eu la chance de grandir avec “Lola” ou “Butterfly” dans les oreilles ? 

(Jennifer) : Nous sommes Superbus, un groupe qui existe depuis 2000 à peu près. On a fait six albums et le septième arrive très prochainement !

Vous avez fêté vos 20 ans de carrière l’année dernière avec une grande tournée et la participation à plusieurs festivals. Pensiez-vous, il y a 21 ans, que vous seriez encore ensemble en 2023 ?

(Jennifer) : Non, déjà on est encore en vies [rires] ! Nous sommes fiers de pouvoir continuer comme ça surtout que c’est compliqué d’être un groupe. 

(Patrice) : C’est-à-dire qu’au-delà du deuxième album, on a commencé à considérer ça comme du rab. 

(Jennifer) : On ne pensait pas que ça allait durer aussi longtemps, donc on se rend compte que c’est une chance et à la fois une fierté parce que l’on travaille pour ! 

(Patrice) : Oui, on n’imaginait pas aussi l’investissement et le travail que ça nécessiterait d’être là pendant aussi longtemps. 

On a quand même beaucoup perdu cet ADN et tout le challenge pour nous était de le retrouver !

Patrice, superbus, exclusivité aficia

Comment réussissez vous à garder cet ADN Superbus depuis toutes ces années ?

(Jennifer) : On sait faire la musique d’une certaine manière, la guitare de Patrice, ma voix, la basse de François puis la batterie. C’est notre façon à nous de faire des chansons donc c’est pour cette raison que l’on a notre son et notre identité propre. 

(Patrice) : On s’en est quand même énormément éloignés pour essayer d’autres choses. On a quand même beaucoup perdu cet ADN et tout le challenge pour nous était de le retrouver. On se rend compte que c’est vraiment difficile de durer, de rester intéressant et créatif. Vouloir se détourner de ce que l’on est réellement est souvent une erreur. 

Je pense que l’on a accumulé tous les clichés d’un groupe qui a la chance de faire des disques et des tournées. On a fait des bonnes et des mauvaises choses, on a pris des mauvaises décisions et on a eu la chance d’avoir de très bons moments. Les mauvaises décisions nous ont éloignées de ce que nous étions et je pense que l’on a réussi à redevenir un peu ce que nous étions avant. 

Vous faites votre grand retour avec le single « Aseptisé ». Pourquoi le choix de ce titre et qu’avez-vous voulu raconter ?

(Patrice) : Jennifer qui est l’auteur de ce titre, nous propose une vision tout à fait lucide sur le monde dans lequel nous vivons actuellement. Un monde où les gens utilisent des filtres pour se voir beaux, des logiciels pour écrire des textes qu’ils ne seraient écrire, ne disposant pas de la langue française nécessaire afin de faire des phrases suffisamment belles et longues pour reproduire le fond de leur pensée.

Jennifer, chanteuse du groupe Superbus ©Arnaud Juherian

Pour ce faire, nous avons fait un clip dans lequel nous utilisons justement des images générées à partir d’une intelligence artificielle que nous dénonçons. D’une certaine manière nous trouvons que c’est formidable mais dans le même temps nous sommes un peu effrayés par l’avenir. Que nous réserve l’avenir ? On se demande comment l’humanité va utiliser ces nouveaux outils. Dans notre petit monde de musicien, le fait de savoir qu’un ordinateur peut réaliser entièrement une musique, ça nous chamboule un petit peu quand même.  

Je ne sais pas si vous connaissez la série Black Mirror mais je trouve que le clip ressemble vraiment à l’univers de cette série, était ce le but ? 

(Jennifer) : J’ai adoré Black Mirror ! C’était voulu même si on s’est dit que l’on pouvait encore mieux faire. Cette série est très en avance sur tout ce qui se passe en ce moment. On a voulu reprendre quelques codes qu’ils avaient déjà utilisés. Nous sommes les pionniers mais je pense que les prochains clips utilisant l’IA vont arriver très vite car on a de moins en moins de budget pour réaliser une vidéo et c’est un outil incroyable.

Lorsque vous vous êtes vus pour la première fois dans le clip, c’était assez surprenant non ? 

(Jennifer) : L’IA nous a transformé, à certains moments en espèce de vieillards, avec des têtes qui tournent, des bras en plus. Enfin bon, il y a des trucs bizarres ! C’est vrai que dans les banques de données d’images, on avait vraiment beaucoup de choses très chelou. 

Capture YouTube « Aseptisé » de Superbus

(Patrice) : Peut-être que c’est les visions qu’ont les machines actuelles sur nous en fait. 

(Jennifer) : C’est spécial ! J’ai reçu toutes les images que l’on a monté mais on n’a pas tout utilisé car il y en avait beaucoup. On n’arrive pas à savoir ce qui est réel ou pas, c’est très bien fait. 

« Aseptisé » c’est aussi le titre annonciateur d’un septième album à venir en 2024. Qu’avez-vous voulu raconter dans cet album ? 

(Jennifer) : “Aseptisé” est l’un des titres de l’album mais après il y aura pleins d’autres choses sur le disque. 

(Patrice) : Oui tout à fait, ça donne la couleur musicale de ce septième opus. 

(Jennifer) : On a presque terminé l’album, il reste juste à mixer les titres. Là, nous sommes vraiment revenus aux bases, c’est-à-dire guitare, basse, batterie, des choses assez simples puis des morceaux un petit peu rapides comme ce que l’on faisait au début, avec des influences un peu punk mais il y a un peu de tout. On a repris les influences de nos premiers albums. Dans ce disque, j’ai beaucoup parlé des relations humaines comme à mon habitude. C’est un peu ma vision sur le monde actuel, sur l’humain. Comment rester humain dans ce monde déshumanisé ? 

(Patrice) : Comment survivre au moment où les personnes vont retirer leurs filtres Instagram et se découvrent tels qu’ils sont ? 

Cet album c’est un peu un retour aux fondamentaux du groupe, une pop-rock explosive tout sauf aseptisée finalement ? 

(Jennifer) : Ah oui complètement, tout sauf aseptisé ! J’espère que l’on va réussir à faire un album qui n’est justement pas lisse et pas plat donc oui c’est le but. Il y a beaucoup de chansons et d’ambiances différentes mais finalement comme à chaque fois dans nos opus. 

(Patrice) : Actuellement dans la musique, je trouve que l’émotion est surtout située au niveau de la punchline et du texte. De manière générale, dans ce que l’on entend, on ne ressent pas une énergie folle. L’émotion un peu plus car souvent il y a des jolies parties de piano. Mais comme la musique est beaucoup réalisée avec des ordinateurs, elle est très déshumanisée. Alors que l’on sait très bien que quand on a un groupe on peut faire passer de l’émotion ou de l’énergie avec des instruments de musique. On a un petit peu perdu ça à force d’écouter de la musique urbaine réalisée exclusivement avec des ordinateurs. 

Découvrez le clip du titre “Aseptisé” de Superbus :