Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez
Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez

Trinix en interview ‘sans filtre’ : “Collaborer avec David Guetta, ce serait énorme !”

Quelle année 2023 pour Trinix ! Avec deux hits radio en poche et après avoir écumé tous les festivals en France, le duo s’est (enfin) posé. En exclusivité pour aficia, il a tiré le bilan de son année.

Retour fin décembre 2023. En visio, nous prenons le temps de faire le bilan d’une année complètement folle pour Trinix. Avec 5 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, une collaboration avec Steve Aoki et Akon, après avoir signé deux tubes radios (“Emorio” et “Magic Key”), le duo de DJs peut se targuer d’avoir frappé un grand coup dans le paysage de musique électronique. Une année intense, très intense qui leur a permis d’exaucer à la fois leur rêve, mais aussi d’atteindre leurs limites psychologiques et se rendre compte à quel point le métier est difficile. C’est sans filtre que Trinix s’est livré sur tout ça… 

Trinix en interview sans filtre :

Bonjour les garçons, comment allez-vous ?

Josh : (il baille) On a encore du mal à digérer l’été qu’on a passé, donc je dirais fatigué, mais heureux !

Oui, l’année 2023 a été très dense. Si vous deviez résumer votre année 2023, que diriez-vous ?

Josh  : en quelques mots, je dirais surprenante, car on a tout eu. Tout nous est tombé dessus d’un coup, les réseaux qui ont explosé, les singles ont explosé, les radios ont explosé… On a eu deux hits, chose qui arrive très très rarement dans l’électro, donc oui c’était assez époustouflant. 

Je vous avais eu en interview il y a environ 6 ans, c’était vos débuts encore. Qu’est-ce qui a changé chez Trinix dans l’organisation interne par exemple ? 

Loïs : il n’y a pas d’énormes changements en réalité. On continue à faire pas mal de choses par nous-mêmes. Après heureusement, quand on doit organiser un Olympia, forcément on n’a pas les capacités ni les licences pour s’en occuper. On a des équipes avec nous, comme un tourneur, une équipe de management…

En revanche, c’est toujours vous qui êtes aux commandes des messages Instagram par exemple ?

Josh : oui c’est quelque chose qu’on a toujours adoré faire et qui fonctionne bien. Tu risques de sourire, mais ce sont souvent des boîtes de communication et de conseil qui viennent nous demander des conseils à tel point que ça marche bien pour nous. C’est fou quand même ! (Sourire)

Loïs : Mais au-delà de ça, ce côté-là fait aussi partie du processus créatif d’un artiste et du nôtre. C’est comme si on déléguait à quelqu’un pour faire notre musique. Dans le même sens, pourquoi devrions-nous déléguer pour que quelqu’un communique à notre place ?  Qui de mieux placé que nous pour communiquer sur nous ? Après, on a compris que la communication était un élément essentiel dans la carrière d’un artiste, qu’il fallait avoir cette proximité avec les gens au quotidien. 

Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez
Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez
© Guillaume Artbez
Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez

Musicalement, j’ai l’impression que votre style musical a évolué depuis que je vous connais. Du fait de votre ascension, répondez-vous aux attentes de l’industrie, ou de ce qui peut marcher ?

Josh : C’est vrai qu’au tout début de Trinix, on écoutait et on sortait pas mal de choses dans le hip-hop et la funk, de la soul dans le délire Gramatik. Je pense qu’on évolue avec le temps, les tendances que les gens ont envie d’entendre et nous aussi. Oui, ça évolue, mais on n’a pas envie de s’enterrer dans un style unique. 

C’est pour ça qu’on vous entend de passer d’un remix de “Magic Key” à “Born to Dance” qui sont deux styles très éloignés ?

Josh : carrément, avec un “Emorio » au milieu, très world music.

Loïs : oui, après ce bazar musical si je peux dire ça comme ça, c’est aussi ce qui forge notre identité musicale. On peut faire ce qu’on veut à n’importe quel moment. Ces remixes qu’on sort, on fait ça depuis 2011. Donc au final, le projet évolue mais le style est le même. Je prends un exemple, si Damso demain veut faire du reggaeton, ça va choquer parce que sa communauté ne va pas comprendre. Nous, étant assimilés DJ, on peut tout faire sans que ça choque. 

Autre changement, c’est le matraquage radios. Vous êtes à l’aise avec ça ? d’entendre 8 fois par jour votre même titre à la radio ? 

Loïs : en vrai, je n’ai pas de voiture donc je n’ai pas entendu les titres à la radio ! (rires) Je n’ai pas senti plus que ça la vague prendre. Par contre, mes potes me disaient toujours qu’ils les entendaient…

Josh : C’est vrai qu’on se déplace rarement en voiture, beaucoup en trottinette ou en vélo. Un jour, nous devions prendre la voiture pour aller en festivals parce que c’était plus pratique. Et en fait, à chaque fois qu’on changeait la station (que ce soit Fun Radio, NRJ ou une autre…), soit on tombait sur “Emorio” soit “Magic Key”. C’est vraiment là qu’on a saisi le truc. On en avait même ris en story sur Instagram où on se disait que c’était quand même abusé qu’à chaque fois qu’on allumait la radio on entendait Trinix, avec deux sons. En radio, c‘est beaucoup ! Après l’avantage, c’est que c’était deux sons totalement différents. 

On a refusé de travailler avec Don Diablo”

Trinix en exclusivité pour aficia.

“She Said (big Jet plane)” est votre plus gros succès à ce jour sur les plateformes de streaming. Vous n’étiez alors pas en radios en ce moment. C’est paradoxal cette histoire, non ? 

Josh : C’est là que tu vois la différence entre les plateformes de streaming et les radios. Tu vas avoir un son qui va faire 100 millions d’écoutes en streaming mais qui pour autant ne va pas passer en radios. Aujourd’hui “She Said (Big Jet Plane)” est un son très “flux”, qu’on va beaucoup entendre en playlists, mais qui n’est pas forcément un son qu’on assimile à Trinix. “Emorio” a ce truc d’être plus impactant en termes d’identification. C’est vrai qu’aujourd’hui, tout est multiplié avec les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. Il y a des tubes planétaires qui naissent sur TikTok et qui ne sont pas joués en radios. 

Il y a eu une collaboration avec Steve Aoki / Akon en début d’année. L’étape d’après, c’est quoi ?

Josh : Oui, là courant janvier on sort des très très grosses collabs, avec deux gros artistes français dont une qui est l’une des plus grosses artistes françaises du moment !

Il y a eu des collaborations/propositions depuis, qui tombent forcément tous les jours j’imagine ?

Loïs : Tous les jours on a des propositions oui, dont des gros DJs internationaux. C’est très flatteur mais on ne peut pas se permettre de faire des collabs avec tout le monde. Nous, ce qui nous intéresse, c’est de faire de la bonne musique. 

Josh : Là par exemple, on a refusé Don Diablo, parce que le son ne collait pas forcément à ce qu’on voulait faire. Ce n’est pas forcément le nom qui va nous faire dire oui. 80% des producteurs auraient sauté sur l’occasion, peu importe le style musical. On préfère mille fois prendre notre temps, faire quelque chose qui nous plaît vraiment que se précipiter pour avoir absolument un nom sur un morceau. Cela ne veut pas dire que ça ne se fera jamais avec Don Diablo. 

Actuellement, il y a le nouveau single “Born To Dance”. Un mot sur ce titre ? 

C’est un titre qu’on a commencé à composer pendant l’été dès qu’on avait un peu de temps entre deux festivals. Nous sommes d’abord partis sur le “La La La” du drop. Puis, on a composé une instru autour de ça. Ensuite, on a envoyé ce track à un pote à nous, chanteur, qui est Julian Perretta. Il a composé toute la topline et a chanté sur le morceau. 

Comme ce fut déjà le cas sur “Locked Up”, n’avez-vous pas peur que “Born To Dance” passe inaperçu compte tenu du succès encore actuel de “Magic Key” ? 

Le titre avec Akon et Steve Aoki, c’était presque un choix de notre part qu’il passe inaperçu car on avait déjà deux sons qui tournaient en radio, mais cela nous tenait à cœur de le sortir malgré tout, même s’il n’était pas matraqué en radio. “Born to Dance”, c’est un peu différent, car on arrive à la fin d’un cycle avec “Emorio” et “Magic Key”. On se dit que c’est le bon moment pour arriver avec du neuf.

C’est une chance que quelqu’un comme David Guetta nous ait vu et envoyé un message (…) C’est juste un honneur !

Trinix en exclusivité pour aficia.

Il y a quatre ans, vous me disiez : “Je rêverai de faire Coachella, un Olympia et un disque d’or, un Madison Square Garden à New-York aussi !”. Avez-vous d’autres rêves enfouis ?  

Josh : on a toujours d’autres rêves, mais c’est vrai qu’on a l’impression qu’on s’y rapproche chaque année. Coachella, ça peut venir très vite finalement si on continue sur cette lancée. Il y a dix ans, on t’aurait dit que c’était accessible mais qu’il y avait du chemin à faire. Il y a beaucoup de travail derrière. Mais c’est fou de se dire qu’on a atteint de beaux objectifs. Notre prochain objectif serait un autre rêve, celui de créer notre label et qu’il fonctionne. 

Si demain vous deviez faire une dinguerie pour vous faire remarquer, que feriez-vous ?

Loïs : Faire une collaboration avec David Guetta, ce serait un truc énorme pour nous ou faire un gros événement marquant comme certains l’ont fait, sur la Tour Eiffel, sur L’arc de Triomphe, ça nous ferait kiffer aussi !

D’ailleurs, David Guetta vous a suivi récemment sur Instagram j’ai vu…

Loïs : oui, c’est vrai. On a rapidement discuté. Il est super gentil. Il donne la chance aux nouveaux producteurs de la scène électronique. C’est l’un des rares de cette envergure-là à le faire d’ailleurs, à donner de la force, à donner sa chance à des artistes comme nous, malgré la notoriété qu’il a.

Vous pensez qu’il a attendu que vous soyez connus pour vous envoyer un message ?

Josh : On ne sait pas s’il a attendu qu’on soit connu pour nous suivre ou s’il nous connaissait déjà et qu’il nous a juste suivi. On ne sait pas. On a reçu pas mal de commentaires pensant qu’il se réveillait un peu tard. Mais on ne le prend pas du tout comme ça. Encore une fois, c’est une chance que quelqu’un comme David Guetta nous ait vus et envoyé un message. Il a pris le temps de le faire. C’est juste un honneur ! Pour rappel, ses contacts, c’est Rihanna, Beyoncé etc…  C’est dingue !

Côté réseaux sociaux avec vos vidéos qui marchent toujours autant, vous avez fait un gros coup avec “Beautiful Day”. Comment comptez-vous vous renouveler sans vous lasser ? 

Trinix - Born to dance © Guillaume Artbez
Trinix – Born to dance © Guillaume Artbez

Josh : on aimerait bien renouveler le concept, le dépoussiérer un peu. On a l’impression de tourner en rond. On réfléchit à d’autres concepts tout en gardant cet ADN là. Mais le but avec ces vidéos, ce n’est pas de tenter la même chose que “Beautiful Day” justement, de faire le maximum de chiffres. On s’en fout un peu. Quand on sort un single, il y a une stratégie, il faut le sortir, sur un label, le promouvoir en radios etc… sauf que quand tu fais ça, ça te laisse seulement la possibilité de sortir 3 à 4 singles par an. Mais nous, on aime bien en faire beaucoup plus. Ces vidéos nous permettent de nous défouler un peu. Dés fois, il y a des vidéos qui nous tiennent à coeur qui ne marchent pas, ça nous fend le coeur d’ailleurs (rires) !

Loïs : oui exactement, ça nous permet aussi d’explorer d’autres aspects qu’on peut pas sortir en single, un peu plus hip-hop par exemple. Ces vidéos nous permettent de pallier ces manques-là. Les gens voient une palette plus large de ce qu’on sait faire ! Finalement, les gens aiment bien donc on aime faire kiffer les gens.

Josh : ça nous ouvre aussi de belles portes artistiques comme Tom Felton, Steve Aoki, Akon, David Guetta et plein d’autres artistes qui nous découvrent avec ces vidéos. Ces gens-là sont comme nous. À 18h, ils se mettent sur leur téléphone, ils regardent ce qu’ils se passent, ils scrollent, ils scrollent… jusqu’à tomber sur des vidéos virales. Quand ils tombent sur nos vidéos, qu’ils likent, qu’ils nous envoient un petit DM, on se dit que si on faisait pas ça, on n’aurait jamais réussi à capter l’attention de ces gens-là. Le pari a fonctionné car cette viralité était l’objectif recherchée.


« Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres »


Quand on est DJ/producteur en particulier, on a généralement du mal à communiquer sur les réseaux sociaux. Tous les DJ/producteurs aujourd’hui s’amusent à faire des vidéos sur Instagram ou TikTok, derrière les platines, alors que quand on le faisait au début, les gens nous prenaient pour des extra-terrestres. 

Loïs : on nous l’a même reproché, en mode “vous êtes des influenceurs, pas des DJs, vous allez perdre les gens par rapport à votre image…

Avez-vous peur que tout s’arrête demain ? 

Josh : peur ? Non, je pense pas. Si ça doit s’arrêter, c’est qu’on n’est plus dans les tendances et que ce qu’on fait, ça ne plait pas. C’est à nous de savoir se renouveler, de prendre du temps pour nous, sortir peut-être d’un tourbillon qui te dit de “faire, faire et faire encore plus” sans finalement être qualitatif. C’est là qu’il est peut-être préférable de faire un bond en arrière et se poser les bonnes questions.

Loïs : depuis notre tournée en 2022, on a été continuellement présent. On a fait le bilan de l’année 2023. On s’est dit qu’on a eu beaucoup de succès, une énorme tournée des festivals à l’été 2023, deux succès radios, deux énormes succès quoi !

Il n’y a que David Guetta qui le fait ! 

Josh : et nous ne sommes pas David Guetta encore justement (Rires). Non, mais voilà, on aura du mal à en avoir plus, on en est conscient. Après comme on dit, on verra. Si ça arrive tant mieux, mais si cela n’arrive pas, on ne sera pas déçus parce que ça fluctue. Demain tu sors un single il va cartonner et le suivant ne pas marcher, alors que tu le pensais meilleur que le précédent. 

Loïs : nous ne sommes pas des artistes qui avons besoin de ça. Certains artistes en ont besoin pour exister. Comme on disait tout à l’heure, pas nous. Avec les réseaux sociaux et les titres qui ont trouvé leur public, et grâce à notre fanbase solide, même si demain on arrive pas à avoir à nouveau de succès, on sait qu’on va continuer à faire plein de belles choses, quoi qu’il en soit.

Dernière question, cette année 2023, n’était-elle pas l’accomplissement des années de travail ?

Loïs : l’accomplissement, je ne sais pas car il y a plein de choses à réaliser encore, comme l’Olympia prévu cette année. C’est quelque chose de très important, plus que de passer en radio en réalité. Disons qu’on a eu pas mal de récompenses qu’on attendait depuis un bon bout de temps ! On  voit que le travail paye au bout de dix ans. ça fait très plaisir.