Nord en interview : « La mélancolie m’inspire car je trouve en elle une certaine beauté »

Alors que son single « Elle voudrait » démarre sa carrière sur les ondes, Nord vient nous parler de ses expériences passées et de son album, à paraître. Découvrez son interview sur aficia !

À 35 ans, Xavier Feugray, plus connu sous le nom de Nord, est un nouvel artiste de la scène française… Il allie parfaitement les mélodies pop à des textes à la fois sombres et lumineux, un choix assez paradoxal qu’il explique à travers notre entretien. Nord évoque également ses expériences passées qui lui ont visiblement servis à être l’homme qu’il est aujourd’hui. Enfin, nous reviendrons sur son premier album baptisé Grand Turn Over, à paraître prochainement.

L’interview de Nord

On connaît finalement peu de choses à ton sujet. Est-ce ton tempérament d’être discret ? 

Je suis discret dans la vie de tous les jours oui, mais ça dépend aussi des situations, des moments.

J’aimerais parler de ton nom de scène, Nord. Ton pseudonyme est assez froid au premier abord. Qu’est ce qui t’a poussé à choisir ce nom ? 

Pour comprendre le nom du projet, il faut remonter au moment où j’écrivais pour mes anciens groupes. Puis, il y a eu un deuxième stade, celui de la composition, pour moi, pour mes propres chansons. J’ai rapidement perçu dans mes chansons qu’elles étaient plutôt froides, alors que les paroles, elles, étaient plutôt gaies. J’ai mélangé ça, et cela a donné quelque chose de très nordique et soudainement est sorti « Nord ». Je me suis dit que c’était la direction dans laquelle je voulais aller et que c’était vraiment pas mal. J’ai finalement gardé ce nom. (Rires)

Avant de démarrer ta carrière avec NORD, tu as eu plusieurs aventures en groupe. Pourquoi se lancer, alors que tu as 35 ans, en solitaire ? 

Avec mes groupes, il est arrivé un moment où il y a eu des discordances au niveau des choix artistiques. Mais à côté, j’avais toujours cette envie de faire de la musique pour moi et de sortir mes chansons. Donc j’ai continué et me voilà plein d’entrain avec Nord.

« J’ai démarré de rien, j’ai appris sur le tas »

Que t’ont apporté ces expériences et que regrettes-tu ?

Tu sais, je suis un autodidacte. J’ai démarré de rien. J’ai appris avec les autres, avec mes groupes. Ils m’ont montré comment faire de la musique, comment écrire et faire de la chanson. J’ai appris à faire la fête, à faire des concerts. J’ai vraiment appris sur le tas, comme on dit. Cela a été un peu mon éducation à la musique. Après les regrets, ce serait peut-être de ne pas avoir ressenti les choses plus rapidement, ou alors de ne pas avoir eu une diffusion nationale à l’époque. C’est un peu dommage, c’est sûr, mais nous n’avions pas eu les relations pour que notre projet aille plus loin. Malheureusement, on ne s’en rend compte qu’après. Je compare ça à aujourd’hui. J’ai l’impression d’avoir beaucoup plus d’horizons, de liberté quant à la prise de décision et j’ai cette sensation d’être mieux compris.

Si tu avais pu commencer plus jeune la musique en solitaire, l’aurais-tu fait ?

Très bonne question. Honnêtement, je ne sais pas. Tout dépend en réalité de ton univers à la base. En fait, je ne viens pas d’une famille de musiciens. La culture musicale n’était vraiment pas ancrée chez nous. Je me suis beaucoup cherché, mais en même temps, à l’heure d’aujourd’hui, je ne me vois pas ailleurs. C’est vraiment à l’adolescence, je pense, où il y a eu comme un déclic, où il s’est passé pas mal de choses dans ma vie. Et puis, j’ai rapidement écrit des chansons et c’est comme ça que c’est venu.

« Je suis quelqu’un qui doute beaucoup »

 À un moment donné, as-tu douté de ton potentiel ?

Toujours ! Je suis un éternel douteur ! (Rires) Ce sont même parfois des doutes existentiels qui m’ont beaucoup affecté. Je ne l’ai pas très bien vécu d’ailleurs. J’ai beaucoup de doutes, de gros doutes. Mais là, dernièrement, je suis plus positif, j’ai confiance en ma musique, et heureusement, ça va un peu mieux. (Sourire)

Justement, venons en à ta musique… Quels sont les thèmes récurrents qui reviennent dans tes chansons ?

Tu l’as remarqué par toi-même, c’est souvent le thème de l’amour que j’évoque, surtout les histoires d’amour qui finissent mal, pour être plus précis. Je cherche particulièrement la faille dans un couple. Dans notre société actuelle, beaucoup de couples se déchirent, puis se re-aiment, et enfin divorcent. Il y a tant de choses à dire à ce sujet. J’en suis-moi même partagé parfois. C’est difficile d’en parler. Mais ça reste un simple constat. Ce thème là m’inspire beaucoup effectivement, il me procure une certaine émotion.

À l’image de ton single « Elle voudrait », tu proposes un univers assez moderne, un mélange de chanson française, de pop et d’électro. N’essayerais-tu pas aussi de suivre la tendance actuelle ?

Alors, je ne suis vraiment pas dans la tendance actuelle, enfin, peut-être, je ne sais pas, mais j’ai toujours eu par cette culture, notamment par les Beatles, ce rapport là à la chanson, pop et populaire. Si ça suit les tendances actuelles, ce n’est clairement pas le but recherché. Après c’est sûr, il y a un certain habillage assez moderne. J’essaye vraiment de calculer le moins possible ce genre de choses pour que cela me fasse vibrer.

Regardez le clip du single « Elle voudrait » de Nord :

https://www.youtube.com/watch?v=flyzHj9QjYI

Où en es-tu dans la réalisation de ton premier album ? Est-ce qu’on y retrouvera cette mélancolie que tu défends dans chacune de tes chansons et ces sonorités pop?

Il y a aura toujours au fond ce côté mélancolique que je recherche perpétuellement. En revanche, il y aura également beaucoup de lumière et d’espoir à l’image du single « Elle voudrait ». Ce mélange-là, c’est vraiment ce que je recherche au plus profond de moi. Pour la sortie de l’album, on n’a pas encore de date, mais c’est très probable qu’il paraisse à la rentrée.

Qu’est-ce qui t’inspire dans la mélancolie ?

C’est drôle comme question ! (Sourire)  Ce côté, où tu ne maîtrises pas vraiment les choses qui arrivent, m’inspire énormément, me donne un tas d’idées. Mais il y a une certaine forme de beauté dans la mélancolie. C’est à la fois paradoxal mais aussi très attirant dans cet état car à un moment donné ça te tombe dessus, comme ça. C’est très intéressant de jouer avec ces traits là, en fait. C’est inspirant.

Est-ce que tu ressens aujourd’hui cette soudaine notoriété autour de toi, chose que tu n’avais pas forcément connu par le passé ? 

Oui bien sûr, je ressens un léger engouement. Après, je n’en ai pas forcément conscience au quotidien. J’essaie de me mettre dans une bulle, de faire mes chansons et de progresser à chaque fois. En revanche, je ne pourrais pas te dire d’où cela vient. Peut-être de tout ce que j’ai fait par le passé, depuis le tout premier EP notamment. Ça fait quatre ans qu’une histoire est écrite et je vois l’évolution au fil du temps. C’est beau de voir que des fans me suivent depuis tout ce temps. On avance ensemble.

À quel(s) artiste(s) souhaiterais tu être comparé ?

Je vais te sortir un vieux classique mais j’aimais beaucoup ce que disais Georges Brassens sur la chanson, en fait. Il disait notamment que « quand tu fais des chansons, tu es un peu artisan. Tu travailles le plus honnêtement tes chansons et puis après tu les livres sur un marché ». Et puis tu peux mettre un petit peu d’Alain Bashung par-dessus, ça ferait une subtile alchimie. (Rires)

Hormis Bashung et Brassens, as-tu d’autres influences ?

Il y a évidemment les Beatles. J’ai pas mal écouté du pop-rock américain, comme Eels et Beck, ainsi que Leonard Cohen. Après j’ai beaucoup plus écouté du Français comme Noir Désir, Dominique A, Mathieu Boogaerts ou encore Bertrand Betsch.

On parle beaucoup des nouveaux modes de consommation de la musique, par le biais du streaming notamment. Pour toi, qui est un artiste en développement, est-ce que le streaming te semble être une belle affaire ? 

C’est une belle affaire dans la mesure où tu peux toucher beaucoup de gens par rapport aux années en arrière où l’on avait du mal à écouter autant de choses, ou parce qu’acheter des CD était trop onéreux. Aujourd’hui, tu as accès à plein de choses. Après, il va peut-être falloir réfléchir davantage à la répartition. (Rires) Mais c’est normal, puisque, comme beaucoup de choses nouvelles, ça prend du temps à se mettre en place et que ça devienne équitable.

Dernière question, dans la vie de tous les jours, quel homme es-tu ?

Je suis quelqu’un d’assez discret en règle générale. J’aime bien faire de la musique dans mon coin, être chez moi, seul avec mon ordinateur et faire des trucs en boucle de façon enregistré. J’aime beaucoup lire des bouquins, écrire. Je suis assez curieux en principe.