Caballero & Jean Jass - Oso x Hat Trick
Caballero & Jean Jass - Oso x Hat Trick

Caballero et Jean Jass : ‘Oso’ et ‘Hat Trick’, l’incroyaux double album

Le 16 avril, Caballero et Jean Jass ont libéré le projet Oso et Hat Trick. Un double album de trente-sept titres où chacun rappe son univers. Deux albums introspectifs mais aux couleurs bien distinctes, aficia te guide dans le cinquième projet du duo belge.  

Un retour fracassant, un concept album solo inédit, ne serait-ce que sur le papier, le projet Oso et Hat Trick a de quoi plaire. Dans ces trente-sept titres, le duo se dévoile seuls, aborde des thématiques très différentes. Une quête de sens pour Caballero avec Oso, un triste constat pour Jean Jass et son Hat Trick.

Le projet est dense, riche de flows et de prods. Ainsi, même pour les plus sceptiques, il sera difficile de ne pas succomber à au moins un des titres. Mais que se cache-t-il précisément derrière chaque album, que faut-il en retirer ? Chronique aficia. 

Oso : l’ours cherche son équilibre 

Oso et ses dix-neuf morceaux, dont un interlude et de deux featuring (PLK, Luv Resval), ouvrent le projet. À l’intérieur, on y découvre un Caballero sensible, en proie aux doutes et à la remise en question. Car en effet, si dans un premier temps l’on entend le rappeur que l’on connaît déjà, à la plus assassine, à l’égotrip de talent, (“Arriba”, “Altesse”, “Moi maintenant”…) apparaît rapidement le temps des introspections et des philosophies.

J’reviens de l’espace et là-haut, les météorites entre elles ne parlent que de moi

Caballero extrait du titre “Arriba” feat PLK

La coupure se fait nette autour de l’interlude, “Oso”, où l’on écoute un souvenir d’enfance du rappeur. À compter de ce titre, les prods s’adoucissent, les flows également, la voix opère une redescente, la stéréo envoûte l’auditeur. La plume prend la forme de la réflexion. “Bizarrement”, “Para Siempre”, “Ying Yang” et “Dr. Vous” tous, nous invitent aux questions, à profiter des choses essentielles. Le matérialisme affronte l’amour, la persévérance fait face à l’échec. Dans son œuvre, Caballero lance une vague sincère d’optimisme et de remerciements. À la fin du projet, l’ours a trouvé son juste milieu, un Ying Yang proche du vrai bonheur. 

On note également une influence multilingue forte dans la vie de l’artiste. Le projet ne manque pas de nous le faire remarquer avec “2.24.12” ou “Ya no sé”. La polyvalence est en premier plan, Caballero prouve son adaptabilité et scande une nouvelle fois son goût pour l’international.  

J’pense juste qu’il cherche un équilibre entre son côté obscur et son côté lumineux. Il aimerait créer son propre Yin Yang. Parce que tout existe grâce à l’équilibre..

Caballero extrait de l’interlude « Yin Yang”

Oso nous permet d’en apprendre plus sur l’homme, tout en écoutant l’artiste de talent. L’écoute est fluide, plaisante voire addictive sur certains morceaux. La musicalité est sombre, dynamique aux besoins. Les finissions d’écriture et de mixage, sont impressionnantes, Oso affiche une belle cohérence. Avec cet album, Caballero s’est livré tout en technique, pour le plus grand plaisir de nos tympans…

Découvrez OSO de Caballero :

Hat Trick : quand la réussite est éclairante 

Côté Jean Jass, Hat Trick offre 18 titres dont trois featuring (Nemir, Akhenaton et Raf). Audacieux et réel, c’est un album bilan que délivre Jean Jass. 

Politiquement d’abord, l’artiste tire sec. Écologie, racisme, abus élitistes, la plume se pare d’une critique acide et assumée. Les titres d’ouverture (“Hat Trick” et “Ovni” notamment), en donnent la couleur. Le discours est assez pessimiste, le flow grave et les prods mineures. En devenant célèbres, l’artiste a côtoyé les vices et est devenu spectateur d’une vie transformée.

Bien sûr que ça existe les ovnis, par contre la justice n’existe pas, les histoires qui durent ça n’existent pas.

Jean Jass extrait de « Ovni”

Puis, dans un deuxième temps, le bilan social établi, Jean Jass se recentre sur lui-même. Narre la conscience de ses erreurs, l’autodestruction de ses comportements, (“Mains qui prient”, “Mari de Kim”). Néanmoins c’est aussi un constat d’amour et de bonheur qui est raconté. Le rappeur dresse un bilan de vie, une croisée des chemins depuis les rêves jusqu’à l’accomplissement (“Meilleure vie”, “Classico”).

Mon coeur est froid comme Moscou, je souffre comme à la muscu. Faire de la putain de bonne musique ça m’amuse plus.

Jean Jadd, extrait de « Déconseillé”

Musicalement enfin, Hat Trick est un peu plus audacieux qu’Oso. Jean Jass n’hésite pas à poser sur des prods célèbres (“Go JJ”), complexes, ou changeantes (“Fatigué”). L’ensemble est planant, jouant d’un doux contraste avec la brutalité des textes. 

Hat Trick rejoint Oso dans la technique de sa plume, dans l’intimité qu’il présente. Jean Jass est au sommet, mais conscient de ce qui est  en dessous. Un projet éclairant, au travail indéniable…

Découvrez Hat Trick de Jean Jass :

En solo mais toujours à deux !

Caballero & Jean Jass (Leuven) ©Louis Jacques
Caballero & Jean Jass – © Louis Jacques

Si les albums ne se complètent pas, ne sont pas amenés à être écouté comme un ensemble, le duo à défendu sa sortie et promotion dans une campagne commune.

L’esthétisme sombre et personnel de Caballero, la technique et l’acidité de Jean Jass, ont tenu scène commune dans un live exclusif de présentation. Les clips ont aussi été finement soignés, leurs annonces faites en simultanées, les deux hélices restent inséparables !

Découvrez le live OSO / HAT TRICK :

Découvrez OSO / HAT TRICK de Caballero et Jean Jass :

Caballero & Jean Jass - Oso x Hat Trick
Caballero et Jean Jass - Oso / Hat Trick
Verdict

Oso / Hat Trick est une réussite. Le duo belge a profité de sa pause pour préparer un retour fracassant. Par ses thématiques, ses constructions et son énergie, ce double album offre un rendu abouti. Caballero dévoile un nouveau visage, Jean Jass une écriture plus engagée. Les deux œuvres se rejoignent dans leur maîtrise technique et sonore. Trente-sept titres de rap, trente-sept titres de passion brute. Ce projet est tout bonnement incroyaux !

4.5