FKA Twigs EUSEXUA
FKA Twigs EUSEXUA

FKA Twigs exorcise ses démons sur le dancefloor avec “EUSEXUA”

L’année vient à peine de commencer que FKA Twigs nous livre un des albums indispensables de 2025. Après le BRAT Summer, place à l’expérience EUSEXUA !

Il s’est fait attendre mais il n’a pas déçu : cela faisait depuis 2019 et l’excellent MAGDALENE que FKA Twigs n’avait pas publié d’album. Après avoir fait l’unanimité avec l’album qui lui a valu une nomination aux Brit Awards ainsi que la première place de la liste des albums de l’année du Time Magazine, l’avant-gardiste artiste anglaise s’est illustrée à travers des rôles dans des films ou encore à travers sa mixtape CAPRISONGS. Ce projet, qui contenait des collaborations avec la crème de la crème de la nouvelle vague pop comme Shygirl, Jorja Smith et Rema, avait même bénéficié d’un single aux côtés de The Weeknd, intitulé “tears in the club”. Ce projet, qui la voyait renouer avec les sonorités urbaines qu’elle avait quelque peu délaissées auparavant, n’a pas connu le succès estompé, et c’est ainsi que l’attente pour ce nouveau projet était extrême

Le déclic Tchèque

FKA Twigs a longtemps teasé ce nouveau projet, et nous avions même pu avoir un petit avant-goût du projet fin 2023 : alors que la chanteuse se produisait lors du défilé Printemps 2024 de Valentino, elle nous a fait cadeau de trois inédits. Seule une chanson de ce live se verra offrir une place sur la version finale de l’album – il s’agit de la chanson-titre – mais cela annonçait la couleur. D’autres morceaux ont également été teasés, comme « Girl Feels Good » dans la bande-originale du jeu « EA Sports FC 25 ».

Mais du coup, qu’est-ce que ça veut dire, EUSEXUA ? Selon FKA Twigs, il s’agit d’un état : c’est le fait de s’abandonner sur la piste de danse, ce qui revient selon elle au “summum de l’expérience humaine”. C’est lors d’un tournage à Prague qu’elle tombe amoureuse de la culture locale, et surtout de la scène dance, très différente de celle parisienne ou anglaise, qu’elle avait déjà explorée.

Elle confie ainsi à NUMÉRO : “C’est une scène qui m’a semblé complètement intacte, très différente, brute et tout sauf artificielle et consciente d’elle-même. Et tous ceux qui sortaient, des nerds de la techno, avaient l’air tellement cool sans essayer de l’être. Je me suis dit, wow. Il y a, là-bas, une approche très utilitaire de la danse, de la communauté, de la musique. Cela m’a fait penser à ceux qui font du surf. Je ne surfe pas car je n’aime pas les eaux profondes, mais il y a une étiquette pour surfer. La façon dont vous surfez sur les vagues, en harmonie les uns avec les autres, avec quelqu’un qui passe en premier et un autre qui passe en second… J’ai vécu la même sensation avec la techno et la scène rave d’Europe de l’Est.” Grossièrement, le concept d’EUSEXUA, c’est d’utiliser la danse comme un outil d’exorcisation des souffrances – une euphorie qui transcende la forme humaine.

Une proposition intéressante mais manquant d’audace

Danser pour oublier est un concept très populaire depuis la pandémie de 2020, alors FKA Twigs a-t-elle réussi à innover ? Pour ce faire, elle s’est entourée des meilleurs : Marius de Vries (Bjork, Madonna), Jeff Bhasker (Jay-Z, Bruno Mars), Dylan Brady (du duo 100 Gecs) ou encore Stargate (Beyoncé, Rihanna) sont venus apporter leur petite touche personnelle à EUSEXUA. En résulte un mélange de sous-genres de la dance anglaise, un peu de techno européenne, mais aussi de la trance, du breakbeat et même de la J-Pop sur “Childlike Things”.

D’ailleurs, ce duo avec l’aînée de Kanye West vient à point dans le projet, afin de rompre un moment de plat après “Keep It, Hold It”. Car, en effet, en dépit d’une production intéressante et des qualités vocales indéniables de FKA Twigs, EUSEXUA contient des moments d’ennui – très courts, certes – mais qui rendent l’écoute plus longue. Individuellement, chaque titre a ses qualités, seulement lorsqu’on écoute l’album d’un trait on se rend compte qu’il manque un petit quelque chose, un petit climax qui aide le projet à décoller jusqu’à finir en apothéose. En 45 minutes, cet album un peu trop minimaliste peine à nous transposer dans une boîte de nuit comme elle le promettait, car ça manque d’intensité.

La qualité de EUSEXUA reste tout de même indéniable, et FKA Twigs réussit une fois encore à nous emmener dans son univers étrange et hypnotique avec sa musique suprasensorielle. On saluera également la subtilité de ses textes, sa féminité totalement assumée sans tomber dans un cliché exacerbé, ainsi que son érotisme dépourvu de vulgarité. Et l’approche de FKA Twigs avec les univers de la danse ainsi que de la mode permettent à EUSEXUA de briller visuellement, en témoigne le clip de “Drums of Death”.

FKA Twigs sera d’ailleurs en concert au Zénith de Paris en mars, et reviendra en juin dans le cadre du festival We Love Green.

Découvrez EUSEXUA, le nouvel album de FKA Twigs :

Lire Aussi : Ava Max : sulfureusement pop avec son nouvel album ‘Dancefloors & Diamonds’

FKA Twigs - EUSEXUA
Verdict
Un album inachevé, qui ne tient pas ses promesses, mais tout de même agréable à écouter.
3