Burna Boy et Wizkid - Amapiano - DR
Burna Boy et Wizkid - Amapiano - DR

L’Amapiano, ce genre musical qui séduit le monde entier

La musique se renouvelle, se réinvente à travers les époques et traverse les continents. Nous l’avons remarqué avec l’arrivée brutale de la drill il y a deux ans, ou jadis l’émancipation du jazz à travers le monde, venu tout droit du sud des Etats-Unis. Certains styles perdurent incontestablement dans le temps : le Rock, la Pop. D’autres se découvrent une deuxième jeunesse : le Rap. Certains excellent dans leur pays puis se développent une décennie plus tard à travers le monde. Et c’est notamment le cas de l’Amapiano. Ce genre musical facilement identifiable à l’oreille et au succès retentissant est à découvrir sur aficia.

Les origines de l’Amapiano

Depuis deux ans, les passionnés de musique électronique mais aussi urbaine en France, et en Angleterre principalement, ne cesse de s’ambiancer sur un style « nouveau », il s’agit de l’Amapiano.

Ce doux nom ne vous dit rien ? Et pourtant… difficile de croire que vous soyez passé à côté de ce genre musical qui redonne vit aux clubs après cette pandémie. Ce genre si chaleureux, ô combien envoûtant, aux rythmiques atypiques et aux pas chaloupés.

Mais alors … d’où provient ce genre musical ?

L’Amapiano puise ses origines dans les townships (qui se définit comme un quartier pauvre et sous-équipé réservé aux non-Blancs) d’Afrique du Sud, dans la région du Cauteng. Comme pour la majorité des genres musicaux, les plus grandes villes du pays se disputent le titre officiel de « berceau du genre musical ». Entre Pretoria et Johannesburg, nous ne saurons dire où a été créée la première note d’Amapiano. Une certitude persiste, le style a été créé par un bedroom producers* africain (*en d’autres termes : un producteur travaillant directement de chez lui, sur FL Studio).

Aux influences multiples, l’Amapiano n’existerait cependant pas sans le Kwaito (dérivé de « kwaai » qui signifie « soit chaud », « soit en colère », en afrikaans), un genre musical provenant de Soweto, à la suite de la libération de Nelson Mandela en 1990. Le Kwaito, vous l’aurez compris, trouve racine dans le sentiment de révolte des populations noires, victimes de la politique ségrégationniste de l’époque.

En 1992, deux DJ de Johannesburg, Oskido et Christos, souvent présentés comme les créateurs du mouvement, fondent le label Kalawa Jazmee. Ce dernier participera grandement à sa diffusion, jusqu’à éveiller l’intérêt de Mandela. L’homme politique invitera même certains artistes du Kwaito à se produire lors de ses meetings.

Musicalement, le Kwaito repose sur un principe : le ralentissement. Il se définit comme de la House au ralentie, s’entremêlant au monde Hip-hop avec une légère touche de Disco. De ce grand frère musical, l’Amapiano a gardé la lenteur des instrumentales et ses côtés jazz et soul. Mais le style a beaucoup évolué depuis.

Porté par un véritable mélange des influences

L’Amapiano s’apparentait, autrefois, à de la dance music, de l’électro sans paroles. On comprend alors très rapidement que le style va évoluer en profondeur, au début des années 2010. Fait pour danser, le genre musical bascule vers une tout autre dimension.

RECETTE : Pour de l’Amapiano il vous faut avant tout régler votre BPM à 110-115, contre un morceau de House classique qui tourne habituellement à 130-140. Il faut vous munir également de « log drum » (un style de tambour) version électronique, mélangé à des tambours africains. Sans ça, je vous assure, vous ne ferez pas de l’Amapiano ! Vous ajoutez à cela des lignes de basse sombres et craquelantes, des percussions saccadées et entrainantes (que l’on ADORE) et des boucles de synthétiseurs envoûtantes et à contre temps – souvent un saxophone – et vous aurez une production sublime.

Mais toujours sans paroles ! C’est alors que, peu à peu, bon nombre de chanteurs et de rappeurs trouvent inspiration dans ce genre musical et s’emparent des beats de l’Amapiano. Du Rap vient alors s’y mêler, après le Disco, la House, le Chant et l’Afro. L’Amapiano est un véritable mélange des styles, raison pour laquelle il est parfois surnommé « le genre métissé ».

Dans les années 2010, ce dernier tient ses premiers tubes en Afrique, rappés par les plus grands artistes du continent. Et après avoir séduit la scène hip-hop sud-africaine, le style conquit l’un des plus grands bastions du Rap en Afrique : le Nigéria. Porté par ses superstars : Burna Boy et Wizkid.

2020 : La consécration et le succès fou de l’Amapiano

Grâce notamment aux deux artistes au rayonnement planétaire cités précédemment (Burna Boy et Wizkid), l’Amapiano tend toujours plus à s’étendre hors des frontières d’Afrique du Sud.

Jusqu’à la véritable consécration en 2020, avec le hit de Master KG « Jerusalema » qui comptabilise plus de 500 millions de vues sur YouTube et des milliards d’écoutes cumulés sur les différentes plateformes de streaming.

Puis la danse de l’Amapiano se fait également connaître. Des pas simples mais techniques, à réaliser en groupe ou en solo, il n’en fallait pas plus aux utilisateurs de TikTok des quatre coins du monde pour s’emparer du style à l’été 2021. En effet, l’Amapiano figure rapidement parmi les tendances les plus visionnées de la plateforme américaine et propulse considérablement le style avec des « trends » et des « remix ».

Aujourd’hui, cela ne fait plus l’ombre d’un seul doute : l’Amapiano résonne et s’est installé dans nos mœurs. Omniprésente dans les fameuses playlists des différentes plateformes de streaming, l’Amapiano, ce genre musical provenant d’Afrique du Sud est désormais dans les mains du monde entier. Pour la durée ou non ? Il sera intéressant d’analyser la manière avec laquelle le genre tentera de se réinventer pour perdurer. Mais entremêlé à une multitudes de styles et à une multitude d’inspirations, il n’est pas difficile à parier que l’Amapiano trouvera de quoi ne pas « périmer ».

(Re)découvrez des incontournables de l’Amapiano à ajouter dans votre playlist :