À l’occasion de la sortie du clip de “Alep – Prenons la route”, nous avons fait la rencontre du groupe bESS. Une interview à découvrir sur aficia…
bESS est un groupe bien de chez nous mais avec des inspirations Brit Pop. Un quatuor qui a déjà fait ses preuves avec de nombreux concerts et deux premiers albums salués par la critique.
Aussi, après Everybody Wants to Have a Good Life et Human, le groupe a publié son troisième opus, Metz, l’année dernière. Riche de 11 titres en français, ne trahissant pas son ADN premier et la saveur mélodique de son univers.
Sur cet opus, on retrouve le titre “Alep – Prenons la route”. Titre puissant qui s’offre une mise en images captivante. C’est essentiellement pour cela que nous avons craqué pour la formation et que nous avons souhaité en savoir plus sur bESS.
Au-delà de sa playlist idéale, la formation nous parle de son titre, son engagement, son regard sur notre monde et sa collaboration avec Abdulmonam Eassa.
bESS : l’interview…
Pour commencer, comment présenter BESS à nos lecteurs ?
bESS est un groupe Français de Perpignan, aux origines Brit pop. 3 albums à son actif. 2 en Anglais et le dernier, Metz, en Français. Plus de 300 concerts, des scènes partagées et des premières parties comme Supertramp, The Pixies, Damon Albarn, London Grammar, Shaka ponk, M, Cali, The DO….
Vous êtes actuellement dans l’actualité avec le clip de “Alep – Prenons la route”, extrait de votre dernier opus Metz. C’est un titre fort et d’actualité, pourquoi avoir fait le choix de traiter ce sujet ?
J’avais déjà traité ce sujet dans mon deuxième album Human, pendant le conflit avec la chanson « So Many Ways to Die » en 2016, suite à un article de presse qui m’avait marqué. Lorsque la jungle de Calais a été démantelé, un camps de migrants s’est installé à 100 mètres de chez moi. J’ai décidé d’aller y faire quelques concerts pour égayer un peu leurs journées, puis j’y ai donné des cours de français… Quand on partage un peu le quotidien et l’histoire de tous ces exilés, traiter ce sujet devient une évidence.
On aborde la question des frontières, du regard des autres, de la guerre, du vivre ensemble… Quel est votre regard sur notre monde moderne ?
Je suis plutôt optimiste sur le monde. Je pense que les jeunes générations se sentent concernés par ce qui se passe autour d’eux et feront bouger les choses. J’espère juste que toutes les informations qui arrivent par l’intermédiaire de leurs écrans ne seront pas juste balayées d’un revers de pouce.
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En ce moment par contre, la tendance est plutôt isolationniste, chacun se détournant de l’autre et préférant se replier sur soi. Tout ce qui est différent a toujours dérangé. rien ne change. Mais l’arrivée massive et déjà prévue de milliers de réfugiés va faire bouger les lignes. Dans quel sens? L’avenir nous le dira…
Pour le clip vous avez eu le loisir de collaborer avec Abdulmonam Eassa, photojournaliste syrien récompensé d’un prix VISA. Comment avez-vous eu cette belle opportunité ?
J’étais en train de réaliser le clip de “Alep – Prenons la route” quand je suis allé au Festival Visa pour l’image. J’ai eu la chance de voir son travail. Ses photos faisaient le lien qu’il manquait entre mes premières images filmées et l’histoire que je voulais raconter. J’ai pu le rencontrer et lui proposer cette collaboration qu’il a accepté immédiatement.
Il y a cet affrontement des mots et de l’image, comme une décharge électrique, une claque face à la réalité du monde. Mots et images étaient indispensables pour porter votre propos ?
C’est souvent le cas. Les mots se reflètent dans les images et les images expliquent les mots. Ici les images renforcent les mots. Je voulais que la poésie des images aériennes viennent se heurter aux images réelles d’Abdulmonam qu’on retrouve dans la télé. Nous sommes de simples téléspectateurs de ce qui se passe dans le monde, mais à la fin la réalité rattrape le téléspectateur que je suis…
D’après vous, la musique est-elle une arme pour faire changer le Monde ? De plus en plus d’artistes s’affichent contre l’homophobie, s’engagent dans des combats d’égalité, prennent position sur le sort des migrants…
La musique transmet des émotions, des idées dans un format court. C’est donc un moyen essentiel pour transmettre. Lorsqu’on veut transmettre une idée, l’émotion qui l’accompagne est nécessaire pour fixer cette idée chez les gens. Rien de tel qu’une chanson donc. Sans pour autant changer le monde, la musique est clairement une arme pour interpeller et éveiller quelques consciences.
Découvrez METZ, le dernier album de bESS
Au-delà de ce que peux changer la musique dans les mentalités, être en artiste engagé est-il important pour vous ?
Quand j’ai commencé la musique je ne me voyais pas comme un artiste engagé, j’avais même tendance à proclamer le contraire et c’est plutôt les gens qui me l’ont fait remarquer récemment. Ça me parait assez naturel de raconter ce que je vis ou observe, ce que je ressens quand je vois tout ce qui se passe autour de nous. Quand on a les moyens de faire entendre sa voix, même à une petite échelle, alors il me semble que c’est important de s’engager pour le bien de tous. Je ne serai jamais syndiqué ou politisé, je transmets seulement l’information et parfois la voix de ceux qui ne sont pas entendus. Mais pour ceux qui écouteront nos albums, il y a des chansons plus légères, plus joyeuses.
Si vous deviez décrire votre musique et son message, sans se focaliser sur le titre « Alep », comment le feriez vous ?
Une musique emprunte de mélancolie, pop, rock qui, je l’espère, transmets toutes les émotions de la vie.
En général un artiste est toujours influencé par d’autres artistes. Quels artistes auraient forgés votre identité artistique ?
Thom Yorke de Radiohead et Neil Hannon de The Divine Comedy principalement. Un petit peu Eddie Vedder de Pearl Jam aussi.
Si vous deviez donner envie aux gens de vous écouter en seulement trois mots…
Mélancolie, joie et énergie !
aficia aime mettre en avant de nouveaux talents… Si vous deviez offrir la possibilité à nos lecteurs de découvrir un talent, vous proposez qui ?
En ce moment j’aime beaucoup Big Thief, un groupe New-yorkais. À écouter absolument !