Celestal en interview : « Peu de monde connaît les visages de DJ Snake ou Sia, et je les envie ! »

Vous avez peut-être entendu « Old School Romance » sur les ondes sans savoir qui était son auteur original ? aficia vous propose d’en apprendre plus sur ce DJ appelé Celestal… 

À l’occasion du dernier ‘Star Live’ organisé par Radio Star, nous avons interviewé Celestal, un producteur français qui a fait ses preuves aux côtés de Black Eyed Peas ou encore Shakira. Rien que ça ! Mais après avoir travaillé dans l’ombre (ce qu’il appellera ‘ghost‘) si longtemps, il est temps pour lui de publier ses premiers morceaux. Après « Colors« , il pourrait signer l’un des tubes de l’été avec « Old School Romance« , aussi bien en France qu’à l’étranger.

Celestal : l’interview…

Et si tu commençais par te présenter ?  

Je m’appelle Celestal, je suis un artiste pas forcément connu puisque je faisais jusqu’à maintenant ce qu’on appelle de la ghost production. J’ai énormément travaillé pour des artistes assez connus par le passé en allant de Shakira à Kylie Minogue aux Black Eyed Peas. J’ai collaboré avec Britney Spears et Sophie Ellis Bextor aussi.

Dire que tu es ‘ghost producter‘ n’est-il pas un peu réducteur ?

J’ai envie de te dire que j’ai déjà la chance d’être producteur [sourire], même si tu n’es que ‘ghost’ ! C’est-à-dire que tu produis pour des gens, tu fabriques du son. Quand tu es musicien, le plus important c’est d’exister à travers la mise en lumière. Après c’est un choix. Si ta musique plait et que tu es capable de composer…

À l’heure actuelle, continues-tu à écrire pour d’autres ?

Je co-écris avec pas mal de monde. Par exemple, j’ai écrit récemment une chanson avec Pitbull, qui n’a absolument rien à voir avec Celestal, mais aussi avec l’équipe qui a écrit la chanson représentant la Chypre à l’Eurovision. Ce sont des copains que j’ai rencontrés à Dubaï il y a quelques mois où j’ai pu participer à ce qu’on appelle des ‘camp’ et des ‘sessions’ où l’on écrit tous des chansons. J’écris aussi bien du français que de la worldmusic.

Et forcément, un beau jour, on a envie de passer de l’ombre à la lumière ?

Et oui ! À un moment donné, je me suis dit qu’il était temps de se lancer. J’ai commencé à écrire et produire en voulant me mettre en avant, mais en ayant un vrai concept. Je ne voulais pas forcément mettre la personne devant, mais plutôt en ayant de belles voix. Il y a plusieurs titres qui ont commencé à exister. Le premier a été « Naturally ». Après, j’ai écrit un titre intitulé « Colors » avec un gars absolument exceptionnel, Chris Willis. Il fait partie de ses artistes d’une gentillesse, d’une générosité, incroyable, qui se comptent sur les doigts d’une main.

Découvrez « Naturally »‘ de Celestal :

Une anecdote sur cette rencontre ?

On a écrit « Colors » il y a deux ans. Tous les ans on se retrouve à l’« Amsterdam Dance Event ». On était dans un grand hôtel et je n’avais pas revu Chris depuis quasiment un an, même si on s’envoyait des messages. Aussi bizarre que cela puisse te paraître, on se retrouve dans les toilettes [ Sourire ]. On se regarde tous les deux et je lui dis « Chris ! ». Il était déjà en train de chanter « Colors » alors qu’il faisait pipi ! Après quand tu commences à connaître pas mal de monde, tu commences à faire des rencontres intéressantes. Tu évolues. C’est comme dans un couple. Quand tu composes de la musique, tu ne fais pas toujours des hits, mais tu fais de belles rencontres.

Je suppose que cette expérience t’as énormément servi aujourd’hui ?

Tout à fait ! Tu te construits par rapport à ton style musical, tu te construis parce que tu te rends compte que tu fais des choses que tu aimes et d’autres que tu kiffes moins. Mais tu dois le faire, car tu réponds à la sollicitation de la personne avec qui tu travailles. J’ai fais beaucoup d’efforts sur des choses que je n’aimais pas forcément mais aujourd’hui je ne fais aucune concession quand je travaille sur mon projet Celestal.

Justement, comment est né ce projet  ?

Disons que j’avais envie de refaire de la musique avec un sens un peu différent. On a longtemps était sur la ‘tropical house’, un mouvement qui m’intéresse depuis longtemps. Initialement, « Naturally » n’était pas du tout comme ça. C’était très très pop, avec de beaux accords. On a essayé de rajouter de la tropical house et ça m’a conforté dans le sens où cela a forgé mon style.

Qu’est-ce qui t’inspire aujourd’hui ? 

Si tu écoutes un peu ma musique, il y a toujours un point clé, c’est la personne. Je suis une personne assez joyeuse quand même, assez positive, assez exigeante aussi. Mais surtout avec moi-même, car quand il y a des choses qui ne vont pas je suis capable de me remettre en question. Ce qui me fait avancer c’est le côté un peu fun et ensoleillé, mais toujours avec une pointe de mélancolie. Dans « Naturally », il y a toujours ces petits accords un peu plus tristes. C’est comme « Old School Romance » où il y a une voix, celle de Rachelle Pearl, assez envoûtante. Mais il y a le côté avec la guitare très Baléares avec ce côté mélancolique.

Découvrez « Colors » de Celestal :

Quand on débarque dans un monde où il y a déjà une offre importante, est-ce qu’on a une stratégie établie pour tenter de se différencier ?

Je ne suis pas le DJ de 17 ans, car j’ai un passé autre que dans la musique aussi. Tu vois ? J’ai une formation classique, je suis un vrai musicien. Il n’est pas possible de se différencier des autres que par notre musique. On s’en fou que tu sois grand, petit, moche etc. Même si c’est toujours mieux que tu sois grand, bien gaulé. Ça va toujours t’aider ! Mais finalement, prenons l’exemple de Skrillex, il a débuté en faisant de la musique très pointue et s’est dirigé vers quelque chose de plus commercial et on s’en fou à quoi il ressemble. Je ne pense pas non plus qu’il y ait énormément de personnes qui savent à quoi ressemble DJ Snake. Pareil pour Stromae, au début c’était un beatmaker et il est devenu ce qu’il est devenu. Donc le projet en lui-même, c’est le fait d’exister par la musique que tu aimes et si tu peux la faire partager aux autres, tu as tout gagné. Après on s’en fou que l’artiste soit roux ou quoi.

C’est pareil pour Sia, mais ça devient très marketing aussi…

Sia, je la connaissais au temps où elle faisait de la country. Je la connais depuis 15 ans cette fille et je la connais avec le visage démasqué. C’est une stratégie commerciale, elle fait ce qu’elle aime et elle reste la même ! En faisant de la musique, tu te façonnes une personnalité. C’est une période de ta vie ! Là, je suis sur un projet assez musical, assez chantant. Le style, je l’ai trouvé je pense.

C’est important pour toi de te cacher vis-à-vis du public ?

Écoute, je ne suis pas méga fan du show system. S’il faut se montrer, je me montrerai. Je suis un bon client comme on dit. Je peux très bien parler, faire le con, je sais me marrer. Mais disons qu’honnêtement, ça m’aidera un jour, mais pour l’instant on verra.

Dans ta présentation, tu te dis être « toujours porté vers l’avant » et à la « quête d’innovation ». Cela rejoint un peu cette idée de ne pas faire tout comme tout le monde…

En ce moment, si tu regardes bien tout ce qu’il se passe, on revient un peu dans le passé. Justin Bieber recommence à chanter des vraies chansons. On revient sur de la mélodie, de beaux accords. Bien sûr, on a un mouvement français basé sur du rap qui est totalement unique par rapport à la France, tandis que Celestal, c’est une musique qui peut très bien s’exporter tu vois. On a déjà des résultats en Russie. Là, ça sort en Italie. L’Allemagne est intéressé aussi. D’autres pays vont suivre. On vend le projet et il y a déjà un succès sur ce style de musique. Ce qui n’est pas forcément évident puisqu’on est sur quelque chose d’international. On ne chante pas en français et on a de la concurrence. On essaye de se démarquer. Je pense avoir une musique atypique. Bien sûr que c’est dans l’air du temps de de tout ce qu’il se passe. Mais on est sur quelque chose de différent.

Est-ce que tu rêves d’un succès à l’international ?

Bien sûr ! Qui n’en rêve pas ? Je dis toujours qu’il faut être prophète dans son pays, donc si on a déjà un succès qui va passer par le relais des médias comme aficia ou les radios, c’est déjà bien ! Quand on regarde la playlist de Radio Star (la radio accueillant le plateau d’artistes de ce soir, ndlr), ce n’est pas une radio comme les autres ! Le programmateur a quand même la jugeote de passer certains titres. La chance est donnée à de nombreux artistes. Je trouve ça génial ! C’est Le Petit Poucé. On met des petites graines partout, et quand tu les regroupe ça fait quelque chose de beau. Aujourd’hui, Radio Star est un vrai tremplin pour moi. L’accueil est génial en plus. On a un remix de Merk & Kremont qui va arriver pour une exportation du titre en Russie, mais aussi Matthieu Koss, un Lorrain qui a fait un tube mondial aux côtés d’Alok (il s’agit de « Hear Me Now », ndlr) et un autre d’Avanae arrive ! Il m’a fait quelque chose d’assez bien, de la tropical house, on l’a écouté tout à l’heure d’ailleurs, avec un petit peu de flûte. On va avoir un joli package. D’autres choses arrivent !

Ton nouveau single « Old School Romance » est à la fois hypnotisant, énigmatique et dansant. C’est le résultat que tu voulais ?

On a deux versions du titre. Je vais te parler un peu technique. Quand tu fais de la production là-dessus, on parle toujours de bmp. On est déjà sur un rythme avoisinant les 80, 85 bpm pour la première version qui était la version initiale. Plutôt lente. Après, j’ai conçu un remix pour une version dance. On va ainsi dédoubler la vitesse de la voix pour pouvoir accélérer le tempo. Si tu écoutes la version originale, la voix de la fille est beaucoup plus rapide que le remix, par contre le tempo est beaucoup plus lent. L’impression du côté hypnotisant tu l’as davantage sur le remix que sur l’original. Il y a un côté clinquant, et aussi très sadness dedans. C’est ça qui m’a plu. Dans le remix on a ajouté une guitare qui donne quelque chose d’assez pop. C’est sans doute le côté lancinant que j’ai voulu garder qui donne cet aspect hypnotique.

Découvrez « Old School Romance » de « Celestal :

Est-ce qu’on peut dire que ta carrière est lancée ?

On ne peut pas dire qu’elle soit lancée. Il y a toujours des morceaux que je continue de produire en parallèle. Est-ce qu’on le mettra un jour sur le projet Celestal, on ne sait pas encore, mais en tout cas, il y a des remixes qui vont sortir, un autre sous le nom de Celestal pendant l’été. Quelque chose va également sortir incessamment sous peu avec Mory Kanté, quelque chose d’assez pop que j’ai produit. D’autres choses, en ghost, sortiront également. Je travaille déjà sur le prochain single. J’ai un autre single en préparation qu’il faut que je retaille dans la roche. Le mec a une voix de rockeur mais ça reste encore à peaufiner. J’ai beaucoup, beaucoup de travail… Pas mal de remixes à faire pour pas mal d’artistes. Disons que je commence à avoir un planning assez chargé ! Et il faut que je prenne du temps aussi pour produire de mon côté.

Comment vois-tu les trois prochaines années ?

Avec beaucoup de santé (Rires) ! Car je commence à avoir un rythme de malade, beaucoup de choses à l’étranger aussi. Il va falloir se concentrer sur l’essentiel et la santé c’est le plus important. Si tu n’as pas la santé, tu n’es pas créatif. Pour les trois prochaines années, on essaye toujours de viser l’international. Tu peux exploser du jour au lendemain. J’aimerais beaucoup travailler pour des artistes français. Il y a des artistes que j’adore, comme Julien Doré. Je ne te cacherai pas que si demain il m’appelle pour faire un son ensemble, je signe tout de suite !

De quoi rêve-t-on quand on est DJ ?

Alors tu sais, je suis DJ depuis très longtemps, et j’ai fait plein de choses comme organiser de gros événements sur Paris donc les rêves oui, sont là. Le métier de Deejaying a beaucoup évolué. On s’en fou de comment tu mixes aujourd’hui. C’est beaucoup de l’habillage. On est sur quelque chose de très clinquant, à la limite de la télé réalité. Il faut que l’on aime les gens, que les gens nous aiment, il faut trouver le juste milieu. Je rêve de faire une tournée des stades. Deux ans en arrière, j’ai vu le dernier concert d’Avicii qui était à Lisbonne. Tu te dis que ce n’est pas possible, avec une ambiance de folie. Le fait de retourner rien que 3.000, 4.000 personnes, tu as des frissons. Bien sûr que j’ai des rêves. Que ça marche ! Tu sais comme on dit toujours, c’est toujours mieux d’être invité en VIP que de ne pas être en VIP du tout. C’est comme la musique. C’est toujours mieux quand cela marche que quand cela ne marche pas !

Le portrait décalé de Célestal

  • Ton plat préféré ?
    • Le Navarin d’agneau
  • Si tu étais une insulte ?
    • Enc*lé !
  • Si tu étais un animal ? 
    • Un chien !
  • Une chanson qui te fait danser ? 
    • « The Locomotion » de Kylie Minogue.
  • Un artiste que tu appellerais demain pour travailler ensemble ?
    • Madonna.
  • Un livre à emporter partout avec toi… 
    • L’intégral d’Agatha Christie.
  • Ton dernier coup de cœur musical ?
    • Incognito, c’est une redécouverte ! Ça te met une claque ! Il y a des cuivres etc. C’est très fort !
  • Un DJ dont la carrière a, ou explose actuellement et qui te fait rêver ?
    • Qui ne voudrait pas suivre David Guetta ? C’est un mec gentil, humble et en plus il a tout fait ! Je le connaissais aux Bains Douches quand il était avec Cathy. Ce n’était pas le mec imbu de sa personne. Il est toujours comme ça ! Grand respect !
  • Pour mixer une soirée, Paris-Bercy ou la plus grande discothèque de la planète ?
    • Écoute, moi j’ai fait le dernier concert de la Swedish House Mafia à Bercy. Tout le monde était bourré, il n’y avait que des anglais, ça dégueulait partout. Bien sûr qu’ils ne jouent pas. Ils étaient sur la table en train de dire « Hands Up, Hands Up, Hands Up », ils étaient tous déchirés mais je peux te dire que quand tu rentrais dans la salle, tu ne pouvais pas ne pas avoir les poils qui se dressaient ! Donc Bercy pour moi !
  • Le pays de la fête est pour toi…
    • Les États-Unis direct !
  • Tu rencontres des Martiens, comment décris-tu ta musique en trois mots ?
    • Mélancolie, danse et puis amour.
  • L’objet que tu ne quittes jamais ?
    • Mon téléphone.
  • Si tu étais une invention ? 
    • Le satellite.
  • Si tu devais conseiller à tes fans un endroit à visiter sur Terre…
    • Je suis allé il y a 15 ans à Ibiza et j’ai pu faire des Calanques. Alors autour de moi, on me dit qu’il faut allé voir les Calanques de Cassis, de Marseille etc. Moi, je leur dis, en mode je me la pète, alors que je ne suis allé qu’une fois dans celles de Cassis, que j’ai découvert un petit morceau de paradis à Ibiza, mais pas du tout le coin branché dans le Nord. Un petit endroit de bonheur.
  • La plus grosse bêtise de ta vie ?
    • Ne pas avoir payer mes impôts dans les temps… et je m’en souviens encore !
  • Le mot de la fin…
    • Je remercie aficia ainsi que tous les fans. Ce que j’essaye de dire c’est que je veux être un artiste proche des gens et surtout, quelqu’un d’ouvert. J’adore les gens. Je vous réponds si vous m’envoyez un message, à tout ce que vous demandez.