Degree - © Zoé Cavaro
Degree - © Zoé Cavaro

Degree en interview : “Dans la musique, il n’y a pas de grandes ou de petites collaborations”

Rencontre avec Degree, un jeune artiste Nantais qui nous enchante avec un premier projet très personnel et authentique… Place à l’interview avec aficia !

Vous l’avez peut-être découvert sur aficia avec le titre “Memories” en décembre dernier. Le Nantais Degree, âgé de seulement 21 ans, est un nouveau talent qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Il vient mêler sa vision de la musique électronique à quelque chose de plus folk, plus mélancolique et d’acoustique, un genre bien loin des codes habituels. C’est osé, c’est brut et tranchant… Mais le détour vaut le coup !

À l’occasion de la sortie de son premier EP Draw to an End ce vendredi 28 février, nous avons voulu en connaître davantage sur lui, son parcours, ses inspirations… 

Degree : l’interview…

D’où vient ce pseudonyme anglophone ?

Ce n’est pas allé chercher très loin en réalité, vu que c’est vraiment un projet perso. Je voulais mélanger mon prénom et mon nom de famille. Je m’appelle Grégoire Dugast et par décomposition des lettres, je me suis retrouvé à garder que la première lettre de mon nom, et de garder le “Gré” de Grégoire. Tout simplement ! Je voulais composer un nom à sonorité anglaise dans le sens où le projet est principalement anglophone, d’où le degrés en anglais. Cette idée d’équilibre à trouver les degrés dans les prods’ et les compositions, c’est quelque chose dont je suis sensible et qui m’a touché. C’est pour ça que je suis parti sur ce nom. C’est ouvert à toute sortes d’interprétations, étant donné que le degrés peut renvoyer à plusieurs choses et indirectement à une image pour les personnes. 

À première vue, on peut paraître réfractaire face à un nom de scène qui ne nous parle pas. N’as-tu pas peur de ça ?

La musique m’a permis de transmettre des émotions que je n’arrivais pas à exprimer.

Je comprends ta question. Je n’ai pas peur dans le sens où cela reste une étiquette sur un projet. Au final, à l’ère du numérique, les gens vont plus s’arrêter au son ou à l’image de la personne. On a tendance à ne pas retenir le nom. Ça ne m’a jamais trop fait peur. À côté, je suis des artistes qui ont vraiment des noms très compliqués. Je pense tout de suite à SBTRKT (prononcé Subtract), ou des artistes qui ne vont pas mettre de voyelles dans leur nom. Je ne me suis jamais trop posé la question sur ça. Je me suis simplement dit que je voulais donner ma première image sans avoir d’attente à ce que les personnes allaient en penser.

Tu n’as que 20 ans. Quel a été ton parcours, et scolaire et musical ?

De base, j’ai toujours eu un parcours dit normal, dans le sens où j’ai fait collège – lycée. Rapidement, j’ai senti une attirance vers l’artistique, notamment le graphisme. En parallèle, j’avais toujours la musique dans la tête. J’ai toujours été très timide. De fil en aiguille, j’ai commencé la guitare qui a été comme une sorte d’échappatoire. Elle m’a permis de transmettre des émotions que je n’arrivais pas à exprimer, de part ma timidité.

Au lycée, je me suis dit qu’il fallait que j’aille dans l’artistique. Je n’osais alors pas aller dans la musique car je voyais ça comme quelque chose de très fermé, qui allait jamais fonctionner, qui serait du temps perdu et que ce serait un hobbit à côté. Je suis donc allé en école de design à la sortie de mon BAC Scientifique. Sauf que durant ma dernière année d’école, j’ai compris que ce n’était pas ce qui me correspondait, que je préférais m’exprimer par la musique. Je me suis dit que c’était le moment ou jamais pour se lancer donc autant se lancer dans quelque chose qui me convenait le plus, et c’était la musique !

Tu as donc fait le choix du cœur, plutôt que le choix financier, car on sait pertinemment que de vivre de la musique à ses débuts c’est mission impossible ?

Si je ne ressens rien, si ça me permet pas d’évoluer, c’est que c’est la mauvaise direction. 

Exactement ! C’est par plaisir, mais surtout par besoin car c’est quelque chose qui permet de m’exprimer, et qui permet, surtout, de placer des sentiments dans une boite et de pouvoir un peu les extraire de moi. Ne pas tout garder.

Ton premier EP Draw to an End sort ce vendredi. Ce projet dans sa globalité, c’est une grosse part de risque si je comprends bien ta démarche ?

Oui, carrément, dans le sens où j’espère qu’on ne pourra pas critiquer ce que je transmets, car ce que je transmets, c’est moi. Ce qui est compliqué, c’est que dans la critique, il faut que j’arrive à faire la part des choses entre le personnel et l’artistique. Jusqu’à maintenant, tout était très lié. Aujourd’hui, la majorité de mes compositions se posent sur du vécu, des mélodies qui ont été inspirées par ce que j’ai vécu, par des moments forts. Donc oui, cela peut-être dangereux. Mais il y a tout un travail à faire sur soi-même, savoir ce qu’il faut que je garde ou non. Savoir faire la part des choses en fait ! 

“Memories” : Degree fait couler le sang

Quelle a été ta réflexion lorsque tu as créé le projet DEGREE ?

[Il réfléchit…] Oui, je sais ! Au départ, c’est vraiment bête, mais mon but était de m’exprimer et derrière, j’aurais aimé être écouté. Je m’étais mis un terme à cela, un terme que je rejette absolument aujourd’hui, c’est qu’il fallait pas que je fasse de la musique commerciale. Aujourd’hui, je me rends compte que cela ne veut rien dire car commercial, c’est que de la musique qui est écoutable par le plus grand nombre. C’est donc de la musique par laquelle on arrive à transmettre le plus de choses, entendue par le plus de personnes. Et derrière, le but est de savoir si nos mélodies sont semblables à d’autres ou si elles sont innovantes. Aujourd’hui, je n’ai plus trop de barrières, dans le sens où si ça me fait plaisir, ça me va. Si je ne ressens rien, si ça me permet pas d’évoluer, c’est que c’est la mauvaise direction. 

J’aurais tendance à te comparer à des artistes comme Broken Back et Woodkid de part leurs voix, leur univers, l’ambiance des morceaux. Qu’est-ce que tu en penses ?

Draw to an End j’en suis très fier puisque je vais pouvoir montrer aux gens ce que je suis capable de faire.

Je suis plus sensible à l’univers de Woodkid. Du coup je vais commencer par Broken Back. Je comprends carrément la comparaison. Justement, lui a pris un chemin plus électro, plus joyeux. Si je faisais de la musique joyeuse, j’aurais fait du Broken Back. Son son est très club, et c’est moins ce qui m’intéresse. Mais il y a cet aspect scénique, cette image qu’il a, qui se rejoint à mon projet, le fait de mettre une guitare sur ses prod’ électroniques que je rejoins complètement. J’adore ça, ce mélange des deux, trouver l’équilibre sans aller dans la Summer Vibes du guitariste sur les plages. Je rejoins carrément ! C’est quelque chose que j’essaye d’avoir sur mon projet, mélanger l’acoustique et l’électronique et d’arriver à un point où le but est que finalement, on ne se dise pas que c’est de l’électro. De part la proposition qui se fait à la base au piano ou à la guitare, on développe davantage une chanson qu’une musique électro et ce qu’on a à l’esprit de la musique de club et de cette musique plus banger, que je rejoins moi.

Et concernant Woodkid, cette comparaison me fait plaisir d’autant plus que c’est un proche. J’ai pu le rencontrer il y a quelques années. Il m’a donné beaucoup de conseils, c’est une belle personne. C’est une référence que j’ai depuis le collège. Maintenant, d’avoir son retour c’est juste énorme, en fait ! Ça m’a fait un déclic. Le lien entre les gens, et les artistes est très petit. Il ne faut jamais hésiter à contacter quelqu’un, d’aller voir les autres personnes. Ce n’est pas parce qu’ils sont célèbres qu’ils ne sont pas accessibles. Tout le monde est accessible, il ne faut pas croire l’inverse. On apprend encore plus vite grâce à ces gens. 

Parle-moi de cette collaboration avec Parrad et Nerlov sur “So Cold”. C’est quand même dingue !

J’en suis ultra fier. C’est principalement Atom qui me connaissait. Il a suivi mon projet depuis “Under The Same Flag”. Au moment où il a eu cette composition, il a fait appel à moi pour écrire des paroles dessus et voir ce qu’on pouvait faire. J’avais plein d’idées de refrains différents, de couplets. En parallèle, j’ai rencontré Nerlov qui a bossé sur ce morceau. Je ne le connaissais pas. On a pu développer ensemble ce morceau en très peu de temps finalement. Ça s’est fait naturellement ! 

C’est une petite collaboration en soit, mais déjà énorme quand on a que 20 ans non ?

Pour moi, il n’y a pas de petites ou de grandes collaborations. Je pense que j’apprendrai autant si je travaillais avec Parrad ou avec DJ Snake. Au final, toutes les paroles sont bonnes à prendre. Aujourd’hui j’ai le soutien d’Atom et c’est toujours agréable d’avoir ce genre d’oreilles à ses côtés. 

“So Cold” : Parrad nous captive en compagnie de Nerlov et Degree

J’ai pu l’écouter ton premier EP. Il y en a pour tous les goûts à l’intérieur ! Tu peux m’en parler ?

C’est un peu l’écueil de tout ce que j’ai ressenti au début de mon projet et de toutes mes créations que je n’ai jamais sorties. Au fur et à mesure de mes créations, je me suis rendu compte qu’il y avait tout un fil rouge à savoir la rupture, en plusieurs contextes. C’est pour ça que je vais l’appeler Draw to an End, je voulais vraiment mettre en avant les phases du projet, avec cet acoustique très mis en avant, et ces prod’ ultra bien produites aussi. J’en suis très fier puisque je vais pouvoir montrer aux gens ce que je suis capable de faire. Et ce n’est pas tout ce que je peux faire encore, car ces derniers mois j’ai encore découvert tout un panel de choses.