Marvin Dupré en interview : « Je suis resté le même et je suis fier de ce que je fais »

[dropcap]R[/dropcap]epéré sur YouTube, puis propulsé sous les feux des projecteurs l’an dernier avec « The Voice » 6, Marvin Dupré est à présent en première ligne avec le single « Le jour où tout a changé », extrait d’un premier album à venir. Il se confie pour aficia.

Marvin Dupré a commencé par publier des reprises de titres phares sous forme de mashup sur Internet, avant de participer au télé-crochet « The Voice » en 2017. S’il avait enthousiasmé les quatre coachs, il a décidé de faire équipe avec Mika mais s’est incliné durant l’Épreuve ultime. Signé chez Capitol (Florent Pagny, MHD, Booba…), il prépare son premier album aux influences pop dont il a extrait les singles « Promets-le moi » et « Le jour où tout à changer ».

L’interview

Comme beaucoup d’artistes, tu t’es fait remarquer sur la toile par le biais d’une chaîne YouTube sur laquelle tu as posté différentes reprises. Que traduit ce mouvement d’après toi, au niveau du rapport des auditeurs à la musique et aux artistes ?

Dans l’air actuel, associé aux réseaux sociaux, c’est le moyen pour les amateurs de partager la musique qu’ils aiment. C’est un luxe énorme pour notre génération ! Ça me paraît logique aujourd’hui que beaucoup d’artistes démarrent en se faisant connaître via YouTube. Je l’ai fait par plaisir, par passion, pour le fun et pour essayer de proposer quelque chose de différent.

Ce qui revient à poser la question de la part de talent et de chance…

Forcément qu’il y a une grande part de chance ! Si tu sors la bonne vidéo, au bon moment, et qu’elle est relayée par la bonne personne… C’est une sorte d’effet papillon, un effet buzz comme a pu le connaître le groupe L.E.J. Mais je ne pense pas qu’on relaye une chanson si elle n’est pas un minimum qualitative. Si les internautes partagent une vidéo sur Facebook ou Twitter, qu’ils la font écouter à leur entourage, c’est qu’ils ont aimé le contenu. Donc oui, je pense qu’il y a effectivement un instant clef.

Et le fait d’être bien entouré, de connaître des personnalités dans le milieu, est-ce une chance ou est-ce que ça ne peut pas devenir un handicap aussi ? Je pense notamment à Kev Adams en ce qui te concerne.

J’adorerais collaborer avec Vanessa Paradis ! Marvin Dupré

Pour le coup, j’aurais aimé te dire que c’est une chance. Pour signer dans une maison de disques ou passer en radio, ça ne sert absolument à rien. Mais Kev, qui est devenu un vrai ami, m’a donné l’opportunité de faire une vingtaine de premières parties de ses shows. C’est une chance unique, ça m’a donné un goût de la scène que je n’avais pas. Autant te dire que ça a été un coup de projecteur énorme car j’ai pu rencontrer un public, tester mes chansons sur scène devant des auditeurs… J’ai finalement un avis assez contrasté. Parce que ça a été une chance dans le cadre du live, dans le fait de pouvoir acquérir une certaine notoriété. Mais pas suffisant pour m’ouvrir toutes les portes…

Le vrai tremplin, c’est « The Voice ». Qu’est-ce que tu as appris grâce à cette émission ?

C’est évident que l’émission m’a apporté une réelle exposition. Certains connaissaient peut-être déjà quelques-unes de mes chansons, mais ils n’avaient sans doute jamais mis un visage dessus. Aujourd’hui le public est un peu plus renseigné sur ce que je fais et qui je suis. Mais je n’ai pas changé ma manière de créer ma musique pour autant, je compose toujours de la même façon. Je suis resté le même et je suis fier de ce que je fais.

Tu as d’ailleurs écrit pour le gagnant de l’année dernière, Lisandro, qui a publié le disque Ma bonne étoile au mois de septembre. D’autres projets sont-ils en cours ? As-tu d’autres envies ?

J’ai toujours écrit des chansons, avant même de chanter. C’est ce que j’aime faire avant tout. Quand j’ai eu cette possibilité de travailler avec Lisandro, j’ai tout de suite accepté car c’est un artiste vraiment extraordinaire, avec une voix de dingue. J’adorerais collaborer avec beaucoup d’autres, pour entrer dans leur univers même s’il est très éloigné du mien. Je pourrais te citer Louane et Kendji pour rester dans la famille « The Voice ». Mais aussi Vanessa Paradis par exemple. Ce serait un vrai challenge.

As-tu été sollicité pour l’écriture du nouvel album de Zazie, coach qui s’était retournée sur toi lors des auditions à l’aveugle ? On sait qu’elle est actuellement en studio d’enregistrement.

Pas du tout, je n’avais même pas eu écho de cette nouvelle. J’aimerais collaborer avec elle, c’est une reine de la chanson française. Zazie a mon numéro, elle sait comment me joindre si elle le souhaite.

Est-ce que tu as regardé les premiers épisodes de la saison 7 ?

Je veux prendre le temps d’installer une image. Marvin Dupré

Je dois t’avouer que non, et heureusement qu’il y a le replay. (Sourire) Ce n’est pas une question d’envie, mais de temps. Je suis actuellement très concentré sur mon premier album. J’aimerais voir Pascal Obispo dans son rôle de coach. C’est quand même l’un des plus grands compositeurs français ! Et puis, le lancement de la nouvelle saison avait lieu en même temps que la finale de « Destination Eurovision ». Et comme j’ai des potes qui y étaient, j’ai préféré suivre ce programme-là.

Il y avait plusieurs talents repérés dans « The Voice » qui ont tenté leur chance à « Destination Eurovision ». Pourquoi pas toi ?

Encore une fois, je bosse énormément en ce moment. Je ne me voyais pas participer à nouveau à un concours… Et puis il aurait fallu que je présente un titre original, que je crée un titre pour l’Eurovision. J’aurais trouvé déplacé de prendre une des chansons sur lesquelles je travaille pour mon premier album pour l’émission, alors qu’à l’origine elle n’y était pas destinée. Peut-être une prochaine fois !

Tu as publié l’an dernier le single « Promets-le moi », une carte de visite. Est-ce qu’il s’inspire de ta propre expérience ?

J’écris toujours par rapport à mon expérience, dans le sens où c’est forcément relié d’une manière ou d’une autre à ma vie. Mais je ne colle pas non plus avec exactitude à ce que j’ai vécu… Je pense que tout le monde à pu vivre une rupture amoureuse comme celle-là. Ce qui est important pour moi, c’est davantage la sincérité du propos plutôt que sa teneur. Je pense que l’auditeur est plus focalisé sur l’intensité que l’artiste met dans son discours qu’il ne se compare à lui, à son histoire. Je n’ai pas envie d’écrire des chansons sur des sujets que je ne maîtrise pas.

Écoutez le titre « Promets-le moi » :

Qu’est-ce qu’il montre des rapports amoureux aujourd’hui ?

On a accès à beaucoup d’applications, aux réseaux sociaux, ce qui nous permet de nouer des contacts avec beaucoup plus de monde aujourd’hui. C’est quelque chose qu’on n’a pas toujours eu. Mais pour autant, l’amour reste intact. Le sentiment en lui-même n’a pas changé. Les palpitations sont toujours là, les blessures qui découlent de la rupture sont toujours présentes. Je crois qu’on aurait pu écrire cette chanson-là au siècle dernier.

Voilà maintenant le single « Le jour où tout a changé ». Qu’est-ce que tu peux nous en dire ?

C’est un titre qui est plus dans l’espoir… J’ai toujours pris l’habitude de chanter la mélancolie. Ça me fait plaisir de présenter quelque chose de différent, de plus jovial. C’est une grosse chanson pop que j’ai envie de défendre en live.

Quel serait ce fameux jour où tout a changé, celui qui change le cours de l’existence ?

Ce jour, c’est plutôt une compréhension en fait… Je m’explique. (Sourire) Pour moi, c’est admettre que j’évolue dans un milieu, la musique, qui est très compliqué. J’ai compris que ça allait peut-être prendre plus de temps que prévu pour réussir, pour arriver au bout du chemin que j’ai décidé d’emprunter. Mais j’y prends quoi qu’il en soit beaucoup de plaisir, au-delà du succès que je pourrais avoir ou non. C’est la passion qui me permet d’avancer. Il faut être patient !

Découvrez le nouveau single de Marvin Dupré :

Est-ce ces deux singles sont représentatifs de la couleur de ton premier album à venir ?

Je me dirige dans la pop française, avec des influences anglo-saxonnes dans les mélodies et les arrangements. C’est ce que j’aime ! Il n’y aura pas de gros décalage entre ce titre-là et le reste de l’album, même s’il y aura quand même d’autres choses… J’ai envie de parler de sentiments, d’amour, mais de revanche aussi. Dans le sens positif du terme, c’est à dire « revanche sur la vie ».

Avec qui travailles-tu sur ce disque et quand penses-tu qu’il sortira ?

Je me suis entouré de producteurs et de bitmakers, qui sont beaucoup plus dans les machines. Alors que moi je suis sur mon piano, à tenter d’extérioriser ce que je ressens. Il y a Felipe Saldivia, Nico Loconte, Fred Savio… Une team que je connais bien ! Là, je suis en studio quasiment tous les jours, je ne vois d’ailleurs pas beaucoup le soleil ! (Rire) J’approche de la fin, j’ai finalisé pas mal de morceaux. J’espère une sortie en milieu d’année. Mais avant tout, je veux prendre le temps d’installer une image, de construire le projet.