Christophe Willem - Panorama - DR

Christophe Willem en interview sans filtre : “J’ai réussi à me dissocier de l’échec !”

Christophe Willem vient de publier son cinquième album studio baptisé Panorama. L’artiste, de retour avec “PS : je t’aime”, inaugure notre nouveau format, dans lequel il se confie sans filtre en interview pour aficia ! 

C’est un artiste revigoré à bloc qui vient d’effectuer son retour dans les bacs. Après l’échec commercial de son album Rio qu’il avoue lui-même, Christophe Willem vient de publier l’album Panorama, une sorte de vue 360° de ce qu’il a envie de montrer en 2022, un artiste qui a des choses à dire. Entouré d’une pléiade d’artistes dont Slimane qui lui a écrit PS : je t’aime, l’artiste dévoile un album pop, empli de nostalgie où je-m’en-foutisme est de mise. Entretien avec un artiste qui n’a plus peur du jugement.

Christophe Willem est ‘Sans filtre’… 

J’aimerais tout d’abord  revenir sur la déception que tu as eu autour de ton dernier album, Rio. Comment as -tu rebondis suite à ta déception ? 

En vrai, rien de mieux que le temps. Je crois que le temps était nécessaire pour panser les plaies qui étaient là. C’est vrai que l’album Rio est un album que j’avais à bout de bras, et le contexte dans lequel s’est déroulé toute la promo de l’album a été très compliqué. À la fin de la tournée, qui elle, s’est bien passée et ça a d’ailleurs été très réconfortant, j’avais vraiment besoin de me poser et me reconnecter un petit peu à l’essentiel, de mettre de côté mon métier et de remettre au centre la passion pure en fait.

Finalement le confinement a-t-il été bénéfique pour toi ?

Quelque part, le confinement est tombé à pic, oui. Je me suis retrouvé chez mes parents en plein travaux. Je me suis connecté complètement au petit garçon dans sa chambre d’ado. J’ai retrouvé cette adrénaline-là, de la musique et le métier, pour le coup, s’est retrouvé complètement de côté, et ça m’a fait un grand bien. 

Hormis le paramètre temps, est-ce qu’il y a eu des artistes ou des rencontres qui sont venus te prêter main forte ? 

Slimane ! Il fait partie des artistes avec qui j’ai beaucoup échangé pendant cette période-là. Il m’a proposé de travailler avec lui et m’a soufflé qu’il aimerait beaucoup m’écrire une chanson. On s‘est dit qu’on testerait et qu’on verrait ce qui en ressortirait. Est ressorti “Ps: je t’aime” alors qu’il m’avait fait une proposition à la volée sur le plateau des Enfoirés. Slimane a vraiment considéré ça. Mais bien entendu que tous les artistes de cet album étaient présents pour moi. 

Je voulais vraiment faire table rase des choses. Je voulais me représenter à nouveau aux gens.

Christophe Willem pour aficia.

Est-ce un gage de confiance d’avoir autant d’artistes qui souhaitent écrire pour toi ?

En tout cas, c’est quelque chose de très réconfortant. En dehors de tout contexte commercial, il y a une vraie fibre artistique qui nous lie, entre artistes. Que ces artistes, très talentueux, veulent collaborer avec moi, c’est quelque chose de très salutaire qui m’a fait remettre les pieds à l’étrier, me remettre au travail, activement. Ça m’a aidé à reprendre confiance en moi. 

J’ai l’impression que chacun des artistes a réussi à te cerner, en la personne que tu es, c’est exact ?

Le choix a été fait dès le début. Je ne voulais pas travailler avec des équipes avec qui j’avais déjà travaillé par le passé. Je voulais vraiment faire table rase des choses et me représenter à nouveau. Et pour me représenter à nouveau, il fallait que je raconte mon histoire à de nouvelles personnes afin qu’elles aient une nouvelle lecture de moi-même. Chacun d’entre eux a vraiment été très touché par l’histoire que j’ai raconté, que ce soit, mon enfance, mon adolescence, mon succès, de la difficulté à surmonter les critiques. Chacun a développé, d’une certaine manière, un versant de mon histoire, avec sa propre sensibilité. Ça donne quelque chose d’assez personnel, car chacun des artistes a été à fleur de peau lorsqu’on a évoqué ces sujets-là. 

Qu’est-ce que tu as changé dans Panorama, par rapport aux précédents ? 

Sur cet album, j’ai vraiment fait le choix de ne pas écrire ni composer. Je voulais aller plus loin dans les textes. Je me suis rendu compte que si j’écrivais, je m’auto-censure. Toutes ces personnes que j’ai rencontrées ont toutes répondu présentes, que ce soit Cocoon, Naya, Slimane, Laurent Lamarca… cela a été un pur plaisir d’échanger avec eux !

Découvrez le clip de “Ps: je t’aime” de Christophe Willem :

Du coup, revenir en 2022 avec de nouvelles chansons, qu’est-ce que ça représente pour toi ? N’est-ce pas une façon de prouver que tu es toujours debout ?

Il n’y a pas de côté revanche. C’est plus dans le côté où je peux aborder tous les sujets librement. Je peux en parler sans problème de l’insuccès de l’album précédent, sans fausse pudeur. Tout simplement parce que ces sujets sont digérés, évacués. Peut-être que la sensibilité qu’il y a dans cet album pourra aider certaines personnes à traverser des moments douloureux de leur vie. Pour moi, cet album est plus une ode à la résilience.

Dans la vie, on peut avoir des coups durs. Il peut y avoir de la peine, de la tristesse. Mais peu importe, ce qu’on traverse, le changement profond peut venir de nous-mêmes, intérieurement. Il ne faut pas être dépendant de l’extérieur, ni du regard positif ni négatif. Il faut réussir à tracer son chemin tout en étant fidèle à ce qu’on est. C’est pour ça que c’est un album qui n’est pas revendicatif, mais qui est vraiment une affirmation de ce que je suis dans son entièreté, et non avec les étiquettes qu’on a voulu me coller dessus. 

Il y a eu le premier single “PS : Je t’aime” qui est très fort musicalement. Tu as annoncé une grande tournée. J’ai l’impression que ton label croit beaucoup en toi. As-tu le même écho ?

C’est vrai qu’il y a un environnement qui est très positif. Je le vois même en interview car il y a un intérêt autour de l’album. Donc je suis très heureux. Après je me dis, je ne mets pas d’enjeux derrière tout ça. Je veux vivre ça le plus simplement possible, dans le partage. Une fois que l’album sera dans la nature, à partir du 16 septembre, il va vivre son histoire. J’ai réussi à me dissocier de l’échec. Je ne veux pas tomber dans les mêmes travers.

Si jamais il y a un succès avec cet album, je ne le prendrai pas comme un succès, ou pour un culte de ma personne. Il ne faut pas se trouver dans le même excès mais de l’autre côté. Donc je me dis juste que si cet album marche, je serai hyper heureux par rapport à tous ces artistes qui m’ont fait confiance, de célébrer cela ensemble, et surtout, de pouvoir toucher un maximum de gens.

Il faut arriver à prendre une certaine indépendance, en arrivant à s’affirmer comme on est, sans avoir peur du jugement ou correspondre à ce que l’on aimerait qu’on soit. Cet album, c’est un peu ça…

Christophe Willem pour aficia

Et justement, pouvoir développer, accentuer les thèmes de ton album, est-ce un exercice que tu apprécies de faire en interview ? 

Oui, ça me plaît, car comme c’est un album très personnel, j’ai énormément de choses à expliquer, à étayer lorsqu’on me pose des questions plus précises. C’est vraiment un album qui n’est pas formaté. Chaque morceau a son histoire et permet d’avoir une vue d’ensemble de ce qu’est Panorama. Pour moi, expliquer les choses, c’est un peu comme si j’expliquais une notice d’utilisation. Je ne veux pas qu’il y ait de mauvaises interprétations des choses, du moins le moins possible. Je laisse après à chacun le juge arbitre de recevoir les titres comme ils sont, mon but étant d’expliquer la genèse derrière. 

J’ai trouvé un point commun à toutes tes chansons. Il y a un genre de je-m’en-foutisme du regard des gens,  mais avec beaucoup d’optimisme ? Vrai ou faux ? 

C’est complètement ça. J’ai vraiment construit, et ce depuis le début de ma carrière à “Nouvelle IStar”, un amour des gens, du public et des médias. Il y a avait donc une effervescence. Cet amour-là m’a comblé, et a presque remplacé l’amour propre que j’avais qui a été égratigné par l’adolescence, le harcèlement subi. Si tu veux, l’échec de l’album Rio a révélé les blessures plus anciennes que je pensais avoir comblé, et en fait pas du tout. Quand tu reçois l’amour du public, que tu prends comme substitut par rapport à ton amour propre, et bien le jour où la lumière brille un peu moins, tu redescends encore plus bas que ce que tu étais au début.

Cet échec m’a permis de travailler sur toutes ces plaies qui étaient en fait complètement ouvertes, pour mieux avancer et me détacher une bonne fois pour toute du regard négatif, ou de l’effet trop positif, et de le prendre comme une attaque personnelle. Il faut arriver à prendre une certaine indépendance, en arrivant à s’affirmer comme on est, sans avoir peur du jugement ou correspondre à ce que l’on aimerait qu’on soit. Cet album, c’est un peu ça…  

C’est le cas dans “J’avance” notamment où tu dis : “On m’a dit que tu feras pas long feu, on m’a dit tu n’as aucune chance / je n’ai pas envie de me taire / si je les avais laissé faire”. C’est cru comme paroles, non ?

Mais c’est du vécu ! C’est Laurent Lamarca qui a écrit le texte. On échangeait, comme ça, sur nos parcours respectifs. Il me disait : “Tu as un côté très sympathique pour le public, pour les médias, mais en même temps, on ne connaît pas trop ta vie privée. On sait que tu te préserves beaucoup car tu ne veux pas être atteint. Mais d’un autre côté, on a l’impression que tu traces confortablement ta vie, tu avances. Quand on se penche sur ta carrière, on a l’impression que tu ne fais pas de vague”. C’était vraiment le début de notre conversation.

Et là, je lui réponds : “Si tu savais le nombre de choses que j’ai encaissé. Souvent, j’ai eu l’impression de devoir fermer ma gueule. En interview, on me prenait toujours pour le mec qui faisait rigoler tout le monde. On ne m’a jamais demandé ce qu’il s’est passé dans ma tête lorsque j’ai gagné l’émission, comment ai-je perçu les critiques, parfois virulentes”. Je lui ai expliqué tout ça et je lui ai dis demandé de m’écrire une chanson là-dessus.

De quelle façon cela s’est construit du coup ?

Il m’a demandé de lui mettre sur papier tout ce que j’avais pu entendre. J’ai énuméré tout ça, et il en a fait une chanson. Ces paroles ne sont pas violentes, elles sont crues, mais véridiques. C’est tout ce que j’ai pu supporter et pu entendre. Beaucoup de gens ont du entendre des choses similaires je pense, peu importe leur travail. Dans la vie, il faut être imperméable, arriver à se détacher de tout ça, sinon on vit dans la peur permanente. On n’a pas à avoir peur de vivre ou d’exister pour ce que l’on est. Personne d’autre ne peut nous dicter notre conduite ou nos rêves auxquels on peut accéder.  

Découvrez “J’avance” de Christophe Willem :

As-tu osé sur certains titres plus que d’autres ?

Musicalement parlant, je dirais que je me suis beaucoup amusé. J’ai toujours été relativement libre. Après, cela a été un choix de chanter plus grave dans ce disque.  Aussi, les paroles ont d’abord été écrites, puis la musique a été construite autour. Ça change complètement la perception des titres, et de la production après. La musique accompagne la voix, alors que par le passé, c’était la voix qui accompagnait la musique qui était très présente. 

La chanson “J’tomberai pas” donnait un élan de force, et j’avais vraiment besoin de cette force-là pour me sentir solide.

Christophe Willem pour aficia

Est-ce qu’il y a des chansons que tu as hésité à sélectionner ? Je pense notamment à “J’tomberai pas”. 

J’étais très décidé lorsque j’ai entendu la chanson pour la toute première fois. Mais ce sont les artistes qui l’ont écrite qui étaient un peu frileux, car il y avait une touche un peu urbaine et que ça collait pas au reste de l’album. Tandis que pour moi, elle correspondait à fond au style que je voulais et à ce que j’avais envie de dire. Elle représentait une sorte de colère saine par rapport à ce que j’avais ressenti. Elle donnait ainsi un élan de force, et j’avais vraiment besoin de cette force-là pour me sentir solide.

“J’tomberai pas”, c’est vraiment une chanson hyper importante car elle fait le constat d’un monde qui bouge. Elle dit que dans la vie, on peut être montré du doigt, mais qu’à un moment donné, il faut dépasser tout ça. C’est un titre qui dénonce sans jamais être revendicatif. Cette chanson, c’est être conscient des choses sans forcément utiliser son temps à les combattre. 

Dernière question qui servira de conclusion, quels arguments donnerais-tu pour que les gens écoutent ton nouvel album ?

Je dirais que c’est un album dans lequel le chanteur et l’homme derrière le chanteur se réunissent complètement. C’est un album sans artifices, sans vernis. C’était mon envie première. On se connaît tous, en tout cas de près, ou de loin, depuis pas mal d’années, et en même temps cette intimité on ne l’a jamais eu, parce que j’avais besoin d’être au clair dans ma vie. Aujourd’hui, j’ai envie de partager cette vulnérabilité avec le plus grand nombre. C’est en prenant conscience de cette vulnérabilité que je me rends compte que c’est une force. J’ai envie de communiquer cette force-là aux gens. C’est vraiment ça le but premier de cet album, l’envie de leur dire d’accepter leurs faiblesses, leurs différences. Ce sera fondamentalement une force et vous devenez intouchables. Pour moi c’est ça le sens de cet album !

Découvrez l’album Panorama de Christophe Willem :