Tibz - Tout ce qu'on laisse - Ferran L'homond
Tibz - Tout ce qu'on laisse - Ferran L'homond

Le grand rendez-vous avec Tibz : bilan de carrière, collaborations, nouvel album…

À l’occasion de la sortie du deuxième album de Tibz faisant suite à Nation (2017), aficia a rencontré l’artiste à Paris, chez My Major Company pour lui poser quelques questions… C’est le long format du mois de janvier !

Dix ans de carrière, ça s’immortalise ! Tibz est auteur, compositeur et interprète. Thibault de son vrai prénom, a, souvenez-vous, démarré sur YouTube, par de simples reprises, jusqu’à ce qu’il se fasse repérer par Louane. Tout s’enchaîne pour Tibz ensuite, avec la signature d’un premier contrat chez My Major Company après à une campagne de financement qu’il arrive à atteindre (100.000€) pour sortir en 2017 son premier opus porté par le single “Nation”. 

Après avoir signé le titre “À côté de toi” des Enfoirés en 2020 et écrit pour de nombreux artistes (comme Jenifer ou Zaz), il est temps pour l’artiste de dévoiler ce 14 janvier son deuxième album intitulé Tout ce qu’on laisse où l’on retrouve quelques collaborations avec Jérémy Frérot, Sylvain de Boulevard des Airs notamment… Il nous en parle en exclusivité pour aficia au cours d’une longue interview rétrospective.

Je suis compétiteur dans l’âme, je rêve d’une récompense un jour, je ne l’ai toujours pas.

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Pour commencer cette interview, j’aimerais te demander quel regard portes-tu sur l’ensemble de ta carrière ? 

Elle est pas mal. Il y a eu un beau chemin. j’ai rencontré des personnes incroyables, mais je n’ai pas encore atteint mes objectifs j’avais fixés…

Ah oui ? Et quels sont ces objectifs ? 

J’aimerais pouvoir faire une tournée qui soit complètement remplie, un ou plusieurs Olympia, avoir des victoires, des récompenses aussi bien en tant qu’auteur pour les autres, qu’en tant qu’interprète. Je suis compétiteur dans l’âme, je rêve d’une récompense un jour, je ne l’ai toujours pas. Donc pour revenir à ta première question, quand je regarde dans le rétroviseur, je me dis que c’est bien, mais que la route est encore longue… 

Aujourd’hui, on se retrouve chez My Major Company, un label sur lequel tu as signé il y a quasiment dix ans. Tu es fidèle donc ! Qu’est-ce qu’il t’apporte ce label ?

C’est comme une famille, puisque ça va faire dix ans que je suis chez eux. C’est vraiment un travail main dans la main, on se connait par coeur. Ils me font confiance, que ce soit sur l’artwork ou ma musique. Ils connaissent mes goûts, ils connaissent un peu tout ce que j’aime, donc c’est facile de bosser en famille, j’ai toujours aimé ce truc là.

Redécouvrez “Tout au bout du monde” de Tibz :

Tu dévoiles ce 14 janvier ton deuxième album, qui arrive 4 ans après l’album Nation. 4 ans, c’était un temps qu’il t’était nécessaire ? 

Je voulais le sortir avant, mais cela aurait été une bêtise car les chansons que j’avais n’étaient pas les meilleures que je pouvais sortir. Là, ce sont 4 ans de maturation de chansons. Bizarrement, sur les 13 chansons de cet album, la moitié sont des chansons que j’avais écrites pour d’autres personnes, et puis j’ai finalement dit non. Il faut savoir que c’est très très dur d’écrire pour soi. Je mets beaucoup de temps pour écrire des chansons pour… ma tronche (Sourire). C’est un processus assez long. Donc j’ai mis 4 ans. Oui c’est long, mais j’ai fait aussi d’autres choses à côté, et puis il y a eu cette année blanche, le COVID, donc oui 4 ans étaient nécessaires, et puis c’est cool 4 ans. Je ne me mets pas forcément de deadline. 

Pour écrire une chanson à Jenifer, je me déguise en Jenifer. Cela me fait trop marrer. C’est mon jeu vidéo à moi.

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Comme tu le dis si bien, tu as écris pour beaucoup de monde (Jenifer, Slimane, Les Enfoirés…). Est-ce qu’écrire pour les autres est un besoin ? 

C’est un besoin dans la mesure où si je parlais de moi dans mes textes tous les jours, je deviendrai fou. J’ai toujours aimé me déguiser, et au vu de cette chanson, j’étais hyper fier qu’on ne me prenne pas uniquement pour un simple artiste. Je trouve ça génial de m’ouvrir vers les autres et d’écrire pour les autres. C’est comme un jeu en fait. Je me lève le matin, je regarde la biographie d’un artiste, son histoire, sa discographie, et je tente de me mettre à sa place. Pour écrire une chanson pour Jenifer, je me déguise en Jenifer en fait. Cela me fait trop marrer. C’est mon jeu vidéo à moi. 

Tu parlais de récompenses. Est-ce que le fait de pouvoir écrire une chanson pour Les Enfoirés, c’est en soi une récompense ? 

C’était une chance inouïe d’être sélectionné parmi les 50 chansons écrites, mais encore une fois, je l’ai partagée avec Boulevard des Airs, donc c’est une récompense à deux. Quand je te parlais de récompenses, c’est quand quelqu’un récompense ton travail. C’est une ‘Victoire de la Musique’, ou un disque d’or. Que des chansons soient acceptées, ce n’est pas une récompense, c’est un cadeau infime de la vie. Quelqu’un accepte de chanter ta chanson, c’est un cadeau. Puisque tu parles des Enfoirés, quand on a eu la nouvelle, on était comme des fous. 

J’ai sorti « Nation » que tout le monde connaît, mais personne ne connaît ma tronche 90% des gens, c’est comme ça !

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De quelle façon tu arrives à accorder ta confiance envers un artiste à qui tu écris une chanson ? 

Cela s’est toujours fait naturellement. En général, quand un artiste a accepté ma chanson, quand je travaille avec quelqu’un, il y a toujours un lien d’amitié, de confiance et de rigolade qui se tisse. Je suis plutôt déconneur dans la vie de tous les jours. Quand je travaille avec un artiste, il sait ce que j’ai fait avant, il connaît mes chansons, et quand je compose une chanson en général, je suis sûr de moi, je sais qu’elle est faite pour lui. 

Tu penses que le grand public sait qui est Tibz aujourd’hui ?

Je pense que c’est le nerf de la guerre. C’est marrant parce que j’ai sorti une chanson, “Nation” que tout le monde connaît mais personne ne connaît ma tronche. 90% des gens c’est comme ça. Quand la chanson dépasse l’artiste… 

Comment l’expliques-tu ? 

Pour qu’un artiste soit connu du grand public, il faut que les planètes soient alignées, que tout soit vraiment calculé et parfait, ou alors, que tu sois vraiment un phénomène, que tu enchaînes les tubes. Il faut travailler, il faut durer. Je sais que je n’aurais pas une carrière sur le court terme. Je vais travailler très dur pour que ça marche. 

Du moins, c’est ce que tu espères…

Je vais tout faire pour. La musique, pour moi, ce n’est pas juste un amusement, un passe-temps. C’est toute ma vie. Je me lève le matin, je m’appelle Tibz, je me couche le soir, j’en suis toujours Tibz. Dans la vie, je suis chanteur, c’est tout ce que je fais de ma vie ! Et s’il faut 40 ans pour que les gens connaissent ma tronche, et bien ça mettra 40 ans. Après, je ne suis pas pressé non plus. Il y a plein d’artistes qui ont fait des carrières très très longues sans pour autant que leurs chansons soient forcément des tubes. Des Bernard Lavilliers par exemple, on le connaît, mais il est difficile de citer toute sa discographie. J’aurais peut-être une ‘Victoire de la Musique’ comme Alain Bashung à la fin de ma carrière, qui sait ? (Sourire)  

L’album, ‘Tout ce qu’on laisse’…

On va parler de l’album… De quelle façon l’as -tu imaginé ? 

Cet album s’appelle Tout ce qu’on laisse. C’est un album qui est très nostalgique. Il parle de tout ce que j’ai laissé derrière moi en 4 ans, à savoir mes amis, ma famille, ma région natale, les gens qui sont partis, mes relations amoureuses, toutes les petites choses que tu laisses au fur et à mesure que tu grandis. Il y a eu un truc qui a changé en moi il y a un an, où je me suis fait la réflexion comme quoi “Je suis peut-être passé d’adolescent à je me fous de tout, à adulte”. Cet album, c’est ça, j’ai une chanson qui s’appelle “Changer”, une ballade piano-voix. Je veux que ce soit un album qui s’écoute dans la voiture ou dans les transports en commun, que les gens écoutent l’album, qu’ils regardent un peu dans le vide et qui trouvent des émotions un peu nostalgiques. 

« ‘Changer’ est une chanson qui me ressemble terriblement, et qui, sans vouloir me vanter, est peut-être la meilleure chanson que j’ai sorti »

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Sur cet album, tu t’es entouré principalement d’artistes qui sont des amis. Est-ce important de s’entourer avec ces personnes-là ?  

Pour moi, oui. Après, chacun fait ce qu’il veut. Je connais des gens qui n’aiment pas s’entourer de leurs amis parce que c’est très dur de s’entourer avec ses amis. Mais moi j’ai besoin d’eux, même sur scène, en off ou en studio parce que j’ai besoin d’être moi-même tout le temps. Je n’aime pas me travestir, et j’aime bien arriver en studio et leur dire “ce soir je suis pas bien, j’assume pas”, plutôt que d’être en studio avec des gens que tu n’aimes pas, de flipper et de retranscrire quelque chose qui sonne faux. 

Tu as sorti en novembre un single avec Sylvain du groupe Boulevard des Airs. Comment s’est faite cette rencontre ? 

C’était un moment où je faisais beaucoup de plateaux radios et Boulevard des Airs aussi. On s’est beaucoup fréquenté à côté, dans les loges et on s’est lié d’amitié comme ça. C’est un gars qui me faisait beaucoup marrer, j’aimais bien ce type-là. Et un jour, on est en 2017, ils m’ont dit que ce serait cool que tu viennes avec nous sur 3-4 dates, en ouverture de leurs concerts. J’étais avec eux dans le tour bus. Et un jour je l’invite à faire une session studio chez moi, pendant trois jours en Dordogne. De cette session-là sont sortis “Ici ou là-bas”, mon nouveau single et la chanson des Enfoirés. Et après, c’est vrai qu’on ne s’est jamais quitté. On a fait une vraie équipe, on travaille souvent avec Jules Jaconelli (son interview parue en décembre dernier) qui a des studios juste derrière. Sylvain est devenu un grand copain !

Découvrez le dernier single de Tibz avec Sylvain Duthu (Boulevard des Airs) :

Est-ce que tu peux me parler des autres collaborations que l’on retrouve sur cet album. J’ai vu qu’il y avait du beau monde, Joyce Jonathan et Jérémy Frérot notamment ?

Joyce Jonathan est quelqu’un que je connais depuis longtemps, de par le label. On a nos équipes en commun. C’est quelqu’un que je trouve incroyable, elle est à la fois très naturelle et très drôle. J’aime les gens drôles ! Tous les gens autour de moi, j’ai besoin qu’ils soient solaires. Je suis tombé amoureux de cette personne là, et j’ai toujours voulu chanter quelque chose avec elle. Et la chanson en question c’est “Les petites jolies choses”, qu’elle a déjà sorti. C’est son dernier single. À la base, on avait enregistré ça tous les deux, dans le studio de Jules. Finalement, elle a choisi de la chanter seul. Et au final, on l’a ressort en duo sur mon album !

Et cette collaboration avec Jérémy Frérot ?

Jerem’, c’est mon grand pote ! C’est le Sud-Ouest comme je l’aime. Je l’ai rencontré sur des promos pareil, et on a commencé à rire. C’est un des mecs qui me fait le plus rire au monde. Artistiquement, j’ai toujours aimé bosser avec lui.

Un jour, on a fait une studio chez Hugo Lab, et je lui ai fait son dernier single. Je n’avais jamais écrit pour lui. Pourtant, je me suis enfermé dans une pièce et je lui ai écrit une chanson en 15 minutes. Je suis allé le chercher et je lui ai dis “Écoute, j’ai un truc pour toi”. Il a adoré. Donc j’ai fait plusieurs chansons pour sa réédition. C’est un mec avec qui j’ai toujours aimé travailler et faire la fête avec lui. C’est vraiment un super pote ! Et du coup, on a fait une autre chanson qui portera le nom de l’album, écrite par Sylvain, Alban Lico et moi-même. 

C’est une chose de les avoir à mes côtés ces deux-là sur sur mon album !

Il y a déjà eu quelques extraits dévoilés pour annoncer cet album, à savoir “Bye Bye” et “Au revoir”. Ils n’ont pas rencontré leur succès, tu sais pour quelles raisons ?

Déjà, ils ont été beaucoup moins joués en radios que “Nation”, par exemple. Je t’avoue que je ne l’explique pas. Je voulais vraiment marquer une rupture, en disant adieu à tout ce que je laisse derrière moi. Donc j’ai sorti “Au revoir”, et j’ai accentué le truc en sortant “Bye Bye” (sourire). C’est passé au travers complet. J’aurais pu sortir un gros titre, mais il y avait beaucoup de monde qui sortait une nouvelle chanson à ce moment-là juste après la COVID. Il y avait embouteillage. Les radios se sont ruées sur les gros artistes, laissant moins la place aux artistes en développement. 

“Ici ou là-bas” a quelque chose de très efficace. C’est facile de créer ce genre de morceau ? 

Moi j’adore ! Ça me change un peu. C’est un truc qui sonne très Boulevard des Airs, c’est grâce à Sylvain. Tu sais direct qu’il n’est pas très loin. Ce n’est pas une chanson qui fut très longue à s’écrire. C’était du BDA tout craché !

Que peux-tu me dire de plus sur l’album ?

Je suis très content de ces chansons. C’est quelque chose que je ne fais jamais, mais j’ai deux pianos-voix qui sont, je trouve, au dessus de l’album, qui est la chanson avec Jérémy “Tout ce qu’on laisse”, et une autre qui s’appelle “Changer”, qui est sorti pour la précommande l’album. C’est une chanson qui me ressemble terriblement et qui, sans vouloir me vanter, est peut-être la meilleure chanson que j’ai sorti. J’ai trop hâte que les gens écoutent ça, car c’est vraiment d’un autre niveau. 

Découvrez “Changer” de Tibz :

Et pour terminer, aficia étant précurseur des nouveaux talents, est-ce que toi, tu as un nouvel artiste à faire découvrir aux lecteurs d’aficia ?

Ce n’est plus trop une découverte, mais j’ai récemment pris une grosse claque avec Hervé. Je l’ai vu sur scène, il est super ! Sinon il y a une nana qui arrive de Bordeaux… J’adore ce qu’elle dégage. Elle va devenir très grande dans les années à venir si elle continue à bien travailler, ça va devenir une grande chanteuse française. C’est une fille qui s’appelle Naé. Elle a une voix de malade. C’est un mood vraiment très joli, elle est très jolie et tu sens que c’est une belle personne ! 

Découvrez le dernier clip de Naé :

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