Lea Castel - © Julian Torres
Lea Castel - © Julian Torres

Léa Castel en interview : “J’ai vraiment créé toute seule le projet”

Janvier 2021 marque le grand retour de Léa Castel avec Amour à la haine après plusieurs années d’absence. Désormais, elle présente un nouveau titre, “Pas tout compris” en duo avec Gringe. L’occasion pour aficia de s’entretenir avec la chanteuse et d’en savoir davantage sur cette collaboration ainsi que sur son album à venir…

Révélée en 2007 grâce à ‘Popstars’, Léa Castel s’est rapidement imposée dans l’industrie musicale. C’est d’ailleurs l’année suivante qu’elle dévoile son premier opus, Pressée de vivre. On la connaît aussi pour ses collaborations avec des rappeurs tels que Soprano, Gringe ou encore Lacrim. Léa Castel, c’est aussi cette même artiste qui signe “À cause de toi”, la bande originale de ‘Pattaya’…

Avant son retrait médiatique, la chanteuse marseillaise offre à son public le titre “Abimée” avant de partager une autre version, cette fois en duo avec Slimane. Un duo qui rencontrera un réel succès avec plus de 9 millions de streams sur Spotify.

Quatre années plus tard, Léa Castel est enfin de retour. Dans un premier temps avec “Amour à la haine” qu’elle présente au public fin janvier. Aujourd’hui c’est un beau retour en compagnie de Gringe pour le titre “Pas tout compris” ou elle dévoile un peu plus les couleurs de son deuxième album à venir. C’est à découvrir sur aficia…

Léa Castel : l’interview…

Tout d’abord, évoquons ton absence. Depuis 2017, tu t’es écartée du paysage médiatique. Qu’est-ce que cette période t’a appris ? Était-elle nécessaire pour mieux revenir ?

Complètement. J’avais sorti “Abimée” et Slimane m’avait ensuite rejoint dans l’aventure de ce morceau et, en fait, j’étais en pleine préparation de l’album. Je venais de signer avec mes producteurs avec qui je suis encore. J’avais envie de sortir quelque chose pour montrer qu’un projet se préparait mais, au final, je n’étais pas prête à sortir un album. J’avais aussi cette volonté de sortir un morceau, comme la bande originale de ‘Pattaya’ qui était une opportunité que j’ai saisi. Ce qui était cool pour moi parce, qu’au moins, ça donnait un peu d’actu, un peu de visibilité. Je pouvais continuer à travailler au calme et savoir aussi où je voulais aller parce que, ça, c’est vraiment la question que je me suis posée. Disons que j’ai assez travaillé aussi psychologiquement pour trouver ce que je voulais dire et comment je voulais le dire.

Après, au-delà du temps qui passe vite, j’ai eu aussi pas mal de contrainte, mais de très bonnes contraintes puisque j’ai fait de la direction artistique. Notamment pour Gringe ou Lisandro Cuxi. Ce qui m’a pris, on va dire, des moitiés d’années. En réalité, mon album est un peu prêt depuis fin 2019 et peaufiné toute l’année 2020, mais bon, l’année 2020 on ne va pas rappeler pourquoi rien ne s’est fait… Au final, j’ai vraiment pris une à deux années entières pour le travailler.

Quel a été le déclic qui t’a fait dire que le bon moment pour revenir, c’était maintenant ?

Quand je me suis sentie un peu plus en paix avec ce que je voulais offrir. J’ai senti qu’il n’y avait plus de pression, que c’était juste un kiffe. Je me suis rendu compte que les morceaux étaient cool et qu’il y avait une bonne énergie. Mais surtout une énergie qui me ressemblait vraiment, parce que ça, ça met du temps. Faire des musiques, c’est hyper facile dans l’absolu : on prend un ordinateur et un micro. Mais faire quelque chose qui nous ressemble vraiment, c’est une réelle recherche et là, disons que je suis arrivée au bout de cette recherche.

Sur l’album, tout se rejoint par le piano, mais il y a quand même pas mal de couleurs.

Léa Castel

C’est donc avec “Amour à la haine” que tu as marqué ton grand retour le 22 janvier. Tu y évoques ton amour pour la musique mais certains ont plutôt compris le texte dans le sens d’une relation amoureuse. C’était volontaire de ta part de laisser le public interpréter le texte à sa façon ?

Oui totalement. J’ai toujours fait ça dans mes musiques. C’est un peu ce que j’aime, c’est-à-dire que je vais essayer de retranscrire avec des mots qui peuvent se lire de plusieurs manières, je pars du principe que lorsque l’on crée une chanson, elle ne nous appartient plus une fois sortie. “Amour à la haine”, je l’ai quittée en janvier, quand elle est sortie et en fait. C’est un peu ma volonté de réussir à trouver de multiples interprétations pour que tout le monde s’y retrouve.

C’est comme à l’époque avec “Dernière chance”, le morceau que j’avais fait avec Soprano, j’avais ce thème qui était “si il me reste trois mois à vivre”. Je me suis rendu compte qu’il y avait plein de gens qui se sont retrouvés en disant “moi j’ai eu un cancer”, “j’ai vécu une séparation douloureuse”, ça a vraiment été interprété de toutes les façons et c’est ça que j’aime : rester évasive pour que tout le monde puisse s’identifier.

Pour “Amour à la haine”, c’est une vraie histoire d’amour. J’ai une réelle histoire d’amour avec mon piano, avec la musique. Et lorsqu’on décide d’en faire son métier, on part du principe que c’est un peu comme une histoire d’amour : il va falloir se battre, il va y avoir des moments où ça va être très difficile et donc, pour moi, il n’y avait rien de plus clair que de faire une histoire d’amour là-dessus.

Ce single est annonciateur d’un nouvel opus qui, comme tu le disais, est déjà prêt. Alors pourquoi avoir fait le choix de dévoiler en premier “Amour à la haine” ?

Je trouvais que c’était le plus représentatif de ce qui allait venir. Sur l’album, tout se rejoint par le piano, mais il y a quand même pas mal de couleurs. Je trouvais que textuellement parlant, vocalement et même en terme de technique de piano, ça annonçait bien ce qui allait suivre. D’ailleurs, on en a beaucoup parlé avec mon label qui n’était pas forcément d’accord avec moi en terme de stratégie. Mais moi j’avais cette volonté de sortir ce titre et c’est là où c’est trop cool parce qu’on se comprend et c’est pour ça qu’on est content de tous travailler ensemble car on s’est finalement compris dans l’objectif. L’idée c’était vraiment de faire comme un présentoir, présenter une bribe de projet parce que l’industrie fait qu’on est obligé de sortir des extraits et c’est comme ça pour les médias… On est dans quelque chose qu’il faut respecter et donc, forcément, essayer de trouver le morceau adéquat qui représente l’album, ça reste quand même un challenge !

Désormais, tu partages “Pas tout compris” en duo avec Gringe. Peux-tu nous parler de l’histoire de ce titre ?

J’ai écrit ce morceau à l’époque où je travaillais avec Gringe et disons que c’est un peu une histoire d’amour qui se termine sans trop comprendre la raison. C’est une romance d’aujourd’hui, de la nouvelle génération. On est assez craintif et on préfère plutôt quitter que soit d’assumer, soit de se faire quitter parce que c’est trop facile de retrouver quelqu’un d’autre… Il suffit de mettre une application, de regarder sur Instagram… Du coup, quand on y réfléchit, on passe à côté de gens formidables avec qui on a vécu une histoire un peu incroyable et on se dit ‘pourquoi ? pourquoi c’est fini ?‘ C’est ce qui s’est passé avec lui, on est pas resté très longtemps ensemble et on est très vite devenu ami. Je me suis inspirée de nous, mais de nous, j’en suis justement venue à cette question là, je ne sais pas si c’est la nouvelle génération, si c’est la surconsommation qui fait que du coup on consume l’amour, mais j’avais vraiment envie de montrer au combien on a l’air bête en se disant “mais pourquoi c’est fini ?”. Donc c’est un peu un hommage à l’amour d’aujourd’hui.

Pour ce qui est des collaborations, Jenifer c’était vraiment une volonté de ma part parce que je la kiffe et je trouve que c’est une meuf trop cool.

Léa Castel

Ce n’est pas la première fois que tu travailles avec Gringe puisque tu avais pu collaborer avec lui sur son album Enfant lune. En plus de votre duo, a-t-il collaboré sur d’autres titres de ton album à son tour ?

Non, en revanche il a vraiment un oeil hyper bienveillant sur le projet. J’ai tendance à lui envoyer des titres, des idées. On débat parfois sur des thèmes, il aiguise quelques fois mes pensées et donc il y a un lien qui est évident entre nous musicalement aujourd’hui et amicalement.

Il y a aussi une petite anecdote sur ce titre… En fait Gringe est invité dans le morceau parce que je me suis inspirée de notre histoire, il m’a aidé à écrire le refrain aussi mais je l’ai invité à soutenir mes voix sur le refrain, c’est un peu un clin d’œil à tous les featuring que j’ai pu faire avec des rappeurs où je me retrouvais à faire des chœurs ou des refrains et là, j’ai pris un rappeur pour faire mes chœurs, donc c’était un peu la petite blague. D’ailleurs, c’est l’un des rares qui a accepté sans se poser de questions. Parce que la plupart peut avoir un égo aussi et se dire “c’est soit un feat soit pas un feat” et là, la question ne s’est même pas posée, c’est à dire que de cette collaboration en est venu finalement juste un soutien au refrain.

D’ailleurs, comment fais-tu le choix des personnes que tu impliques sur ce projet d’album ?

Le choix s’est fait un peu tout seul. En terme d’écriture, je tourne autour de 4 personnes, j’ai vraiment créé toute seule le projet, écrit et composé à partir de moi, et après j’ai travaillé avec les autres qui sont des gens que je connais et avec qui j’ai l’habitude de bosser.

Pour ce qui est des collaborations, Jenifer c’était vraiment une volonté de ma part parce que je la kiffe et que je trouve que c’est une meuf trop cool. J’aime bien ce qu’elle représente, elle surfe sur le temps, elle est toujours là, toujours aussi bienveillante, pétillante. C’est quelqu’un qui m’inspire beaucoup et donc j’y suis allée au culot : je lui ai envoyé un message sur Instagram en mode “bon je finis mon album, est-ce que ça te dirait un morceau ensemble ?” et elle a accepté, c’était trop cool.

Avec Jul, ça a été pareil, on s’est suivi sur Instagram, on s’est envoyé de l’amour et on s’est dit pourquoi ne pas faire un truc ensemble. Sur cet album, je ne me suis pas posée de question, j’ai profité !

Finalement avec ces deux singles, tu montres que l’amour est l’un des thèmes, si ce n’est le thème qui t’inspires le plus. Néanmoins, aborderas-tu d’autres sujets dans ton album à venir ?

Pour moi, l’amour découle de plein de chose. Ça peut être l’amour d’une mère, d’un père, l’amour de la musique, l’amour avec quelqu’un… Donc oui, en vrai tous mes morceaux parlent d’amour mais de différentes manières. Après, sur cet album je me suis un peu confiée aussi donc c’est des bribes d’histoire des autres.