Léa Paci en interview : « Il y a une grosse dose d’amour qui se dégage de cet album »

Actuellement en pleine préparation de son second album, Léa Paci s’est confiée à aficia sur son apprentissage de la musique, ses envies et ses projets… Confidences !

Que de chemin parcouru depuis notre premier entretien avec Léa Paci… C’était en 2016 et la jeune chanteuse originaire de Roanne venait tout juste de dévoiler son tout premier single « Pour aller où ? ». Depuis, elle a défendu son Chapitre 1 et prépare le second qui devrait paraître dans les mois à venir…

Léa Paci… l’interview !

Salut Léa, nous savons que tu n’es pas passée par la case solfège et que tu as appris à jouer de la guitare grâce à des tutos sur le web.

Et le piano grâce à des gommettes ! (Rires)

Penses-tu que cela a influencé ta façon de travailler depuis tes débuts ?

Je pense que ça ne m’a pas tant influencée que ça. J’ai parfois été bloquée dans mon apprentissage et c’est pour ça que je me suis mise au piano. En tant qu’autodidacte il m’est arrivée, par moment, d’atteindre des limites dans ce que j’étais capable de faire à la guitare. J’étais capable de plaquer des accords, de faire un peu d’arpèges mais il y avait quand même beaucoup de choses avec lesquelles j’avais des difficultés. Alors à un moment, j’ai eu l’impression de toujours faire tourner les mêmes sons. Et rien que le fait de me mettre au clavier, de faire tourner les quatre mêmes accords et d’avoir un son qui n’était pas identique, ça a ouvert mon champ des possibles.

Je crois surtout que les conservatoires et les professionnels de l’apprentissage de la musique ont compris et se sont inspirés de tout ça. L’apprentissage du solfège n’est pas forcément un apprentissage classique. Évidemment que ça passe par là et par des grands classiques mais je crois que le piano-pop et la guitare-pop ont une vraie place aujourd’hui.

En ce moment nous voyons beaucoup de photos du #TenYearsChallenge apparaître sur les réseaux sociaux. Dans le clip de ton dernier single, « On prend des notes », tu nous présentes la version de toi enfant. Que dirais-tu à cette petite fille qui ne savait pas encore qu’elle aurait ce destin ?

J’étais en avance sur mon temps ! (Rires) Je lui dirais de faire très attention car chaque chose que nous faisons a un impact. Les bonnes comme les mauvaises ! Je lui dirais aussi de s’écouter, de se faire confiance et que si elle doit tomber alors qu’elle tombe, qu’elle se fasse mal. C’est important pour pouvoir se relever. C’est ce que je pensais quand j’ai écrit le synopsis : j’avais juste envie de montrer que ce n’est pas une question de Carpe Diem ou de karma mais bien de ce que nous sommes capables de faire et de se donner. Je lui dirai : « Fais-toi confiance et si les gens ne te font pas confiance donne-toi les moyens de leur prouver qu’ils ont tort ! »

Découvrez le clip du titre « On prend des notes » :

Lors de tes précédentes interviews avec aficia, tu nous avais expliqué avoir travaillé avec les producteurs de Louane et M Pokora, Tristan Salvati et Yohann Malory pour Chapitre 1. As-tu à nouveau travaillé avec eux pour l’album qui va arriver ?

Pas du tout et sans animosité aucune ! La musique reste un art très lié à l’affect et j’avais envie de prendre une direction un peu différente pour mon second album. J’avais envie de tester autre chose et les garçons étaient très occupés sur d’autres projets. Il ne faut pas non plus que ça devienne une obligation. Je serai très heureuse de les retrouver et de travailler à nouveau avec eux.

Plus j’ai fait des plateaux radio et j’ai rencontré des artistes, des compositeurs, des auteurs… et j’ai eu envie d’essayer d’aller ailleurs. Le fait d’avoir commencé à écrire m’a permis de commencer à faire des cessions avec des auteurs. C’est un processus qui s’est fait naturellement. Je n’ai pas décidé d’arrêter de travailler avec les garçons. J’ai fait, assez rapidement, des rencontres qui ont été très déterminantes pour ce nouvel album. Celle avec le duo belge Delta a été la plus importante. Au-delà des belles rencontres comme avec Ben Mazué qui ont été de vrais cadeaux pour moi, celle avec Julien et Benoit a été une grosse prise de confiance en moi en qualité d’auteure-compositrice. Ils m’ont laissé de la place tout en étant très exigeants vocalement. J’avais besoin aussi de travailler avec des gens qui ont mon âge et qui avait cette exigence envers moi. La manière de réceptionner l’information n’est pas du tout la même. Quand nous travaillons avec des personnes plus âgées, il y a toujours cette impression d’une relation patriarcale. Alors que quand c’est des gens de notre âge, qu’ils te regardent et qu’ils te disent « Franchement vas pas mettre de l’autotune, tu vas bosser et tu vas réussir à la toucher cette note parce que le jour où t’arriveras en live, il y aura plus que toi et la note » … Ça a été une très bonne école que je n’avais pas toujours faite. Avec Delta nous sommes passés d’un titre réalisé à huit. Ils ne seront pas tous sur l’album. Mais ça va assez vite parce qu’un album ça reste qu’une douzaine de titres. Ça prend vite de la place alors il faut faire des choix et c’est très compliqué !

Sur Chapitre 1, la plupart de tes chansons étaient destinées à ton ex. L’album qui arrive sera-t-il autant empreint de ton histoire ?

Effectivement, c’est un album qui va continuer à parler de ce que je vis et de la manière dont je le vis. Par contre, c’est un album qui parlera beaucoup moins d’amour. Aussi bizarre que ça puisse paraître ! (Rires) Les chansons qui parlent d’amour dessine un amour heureux. Il y a un grand changement dans ma vie. Le premier était assez accusateur, sans être méchant. Je crois que j’en voulais un peu à la terre entière parce que je devenais une adulte, que j’étais complètement perdue, que quelqu’un m’avait fait du mal, que ça voulait dire que je n’allais plus être heureuse. J’avais une rancœur contre tout ces gens qui avaient été contre moi…

Ma mère m’a toujours répété « Avant de vouloir être aimée des autres, il faut que tu t’aimes toi-même » et j’avais du mal à le comprendre parce qu’il fallait que je grandisse. Cette phrase m’a beaucoup guidée en arrivant dans ce milieu car j’ai eu la chance de toujours être bien entourée et en même temps, c’est un métier où nous nous sentons assez seuls. Il faut être honnête. Il se passe beaucoup de choses autour de nous, beaucoup d’ébullition, des pages fans qui se créent, le nombre de followers augmente… C’est très particulier parce que quand nous rentrons à l’hôtel, nous nous retrouvons tous seuls. Nous sommes rarement chez nous. Ça m’a permis de prendre le temps de m’écouter un peu plus, de me rendre compte de ce que je suis, de me dire que les gens vont voir ce que j’ai décidé de leur montrer et je ne suis pas obligée de tout montrer si ça me fait mal. J’ai le droit de montrer ce que je veux et ce n’est pas mentir que de ne pas tout dévoiler.

C’est un album qui parle d’une femme de 22 ans et qui s’est dit « Mon corps c’est mon corps », c’est qui je suis et je vais rester dedans. Soit je l’aime maintenant, soit je vais me faire subir des choses pas drôles, m’infliger des choses qui vont me rendre malheureuse alors qu’il n’y a que moi qui peux m’infliger ça. Ça fait partie de la thématique de la très belle chanson de Ben Mazué. Il y a aussi les thématiques des gens qui me disaient de ne pas faire de la musique parce que quand tu es bonne à l’école tu dois faire une prépa, la perte d’un être cher… Il est assez diversifié contrairement au premier qui était centré sur l’amour. Je crois qu’il y a une grosse dose d’amour qui se dégage de cet album parce que je me suis sentie bien. C’est un amour positif, vraiment !

Nous avons l’impression que pour ton nouvel album, tu t’es beaucoup plus impliquée dans l’écriture et la composition. Sans parler de « l’album de la maturité », as-tu eu besoin de prendre cette part d’indépendance par rapport à ton premier album ?

J’avais très envie de le faire, malheureusement ça n’a pas toujours été possible à faire parce que je ne suis pas une machine à écrire des textes et je n’arrive pas à le faire comme ça. Il y a des personnes qui sont très douées pour ça, dont c’est le métier même. Personnellement, je n’arrive pas à ne pas mettre d’affect, j’ai besoin de mettre une émotion qui me nourrisse à un moment et qui fasse que j’ai envie d’écrire. C’est pour ça aussi que j’ai pris du temps et qu’il m’a fallu un an et demi. C’est normal. J’ai dû la prendre cette indépendance. Quand je vois à quel point les gens sont capables de faire des remarques assez dures sur des textes qui sont écrits par d’autres comme une personne que j’estime beaucoup qui est Yohann Malory, je me dis qu’avec mes propres textes je me mets complètement à nu. Mais je le fais tellement avec le cœur que je crois que ça m’est égal que certaines personnes ne vont pas aimer parce que je sais que je ne plairai jamais à tout le monde.

Les 12.000 à 16.000 personnes qui me suivent au quotidien sur les réseaux, les plateformes et qui sont très heureux de découvrir ma musique, qui aiment le projet pas seulement pour la musique mais aussi pour qui je suis, je suis sûre que ce sont des gens qui auront compris ma démarche et qui me suivront. Si j’avais voulu être dans une forme de prétention d’être devenue auteure, j’aurais souhaité écrire tous les textes de l’album. Ça n’a pas été le cas, je ne me sentais pas prête et j’ai eu besoin de beaucoup d’aide. C’est important pour moi que je mette ma touche sur chaque titre. Parfois c’est juste dire « Ah ba non je n’aime pas ce fond de guitare », ça paraît bête mais je n’ai jamais osé le faire avant parce que je ne me sentais pas légitime. Puis, le jour où nous osons, nous savons que c’est pour rendre les chansons meilleures. Ça enlève un poids des épaules et en même temps ça donne des responsabilités. C’est très paradoxal.

D’après nos information, tu vas sortir un nouveau single avant la sortie de l’album, peux-tu nous en dire quelques mots ?

J’aimerais beaucoup mais nous ne l’avons pas encore choisi ! (Rires)

Ah ! C’est quand même une information importante ! Ça veut dire qu’il y a beaucoup de bonnes chansons sur l’album !

Nous n’arrivons pas à être d’accord ! J’ai, effectivement, très envie de proposer un deuxième single avant la sortie de l’album mais étant donné qu’il est assez riche et diversifié dans les choix musicaux, j’ai envie d’amener le mieux possible les gens à le découvrir. J’ai le choix entre deux titres qui sont vraiment différents et je ne dis pas qu’il y a un bon ou un mauvais choix mais il y a deux histoires à raconter. Personne n’arrive à être d’accord ! (Rires) Que ce soit des gens au sein du label ou ceux au sein du management, tout le monde est un peu perdu. Comme c’est mon album, tous me disent de choisir mais même moi je n’y arrive pas. Quand ça arrivera, je pourrai très bien me décider le jeudi pour le vendredi. Ça va arriver rapidement mais étant donné qu’il y a deux angles totalement différents, j’ai envie de réfléchir encore un peu. Il ne faut pas réfléchir trop longtemps mais c’est quand même important !

Tu as partagé l’un des succès de l’été dernier avec les garçons de Diva Faune, est-ce une expérience que tu as envie de revivre dans le futur ?

Carrément ! Je ne savais pas trop si j’étais capable de réaliser ce genre d’exercice et je l’ai fait parce que c’était des potes et que ça me tentait bien. Je n’étais pas adepte de ça. Pas que je ne trouve pas ça cool, mais je n’avais jamais essayé. Et puis, je ne chante jamais en anglais donc j’arrivais pour chanter en français sur un titre anglo-saxon de base. Ma question principale c’était « Est-ce que je vais arriver à poser ma voix comme il faut ? » … Les garçons m’ont laissé de la liberté et j’ai pu prendre ma place. C’est une expérience qui m’a vraiment enrichie et qui a permis à plein de personnes de découvrir Léa Paci. Ceux qui me connaissaient déjà m’ont découverte d’une autre manière. J’ai trouvé que c’était une très bonne transition avec « On prend des notes ». Pour être honnête, ça a très bien marché et ça a été une très bonne expérience ! Nous sommes tous gagnants dans l’expérience de vie, dans ce que ça leur a apporté à eux et ce que ça m’a apporté à moi. C’est un exercice que je referai avec grand plaisir !

Découvrez « Get Up » de Diva Faune et Léa Paci :

Lors d’une interview sur Virgin Radio, tu avais déclaré que l’album serait divisé en deux parties ? Peux-tu nous expliquer ça ?

C’est tout le questionnement que je me fais aujourd’hui. Il se passe tellement de choses que je ne suis plus sûre de rien… Bienvenue dans le monde de la névrose artistique ! (Rires) Plus le temps passe, plus je me pose des questions et plus je change d’avis… C’est très mauvais comme processus ! Je voulais faire ça parce que je vois bien la consommation de la musique aujourd’hui qui se fait énormément sur le streaming. Je me suis dit que ce n’était pas grave parce que les titres vont être dispatchés dans des playlists. Et au fur et à mesure, je me dis que les gens vont être perdus si je partage ça en deux parties vraiment trop distinctes. Du coup, je suis retournée en studio ces derniers temps pour essayer de trouver un fil conducteur à tout ça. Plutôt une personne ou plutôt un son ? J’ai besoin de trouver… Je n’y retourne pas dans la précipitation. Je sens juste qu’il me manque quelque chose pour que ça soit complet

Question toujours très difficile pour l’artiste interviewé… Si tu devais choisir un(e) chanteur(se) avec qui partager un duo, qui choisirais-tu ?

Je vais parler de manière très instantanée parce que je change assez souvent. En ce moment, j’aimerais vraiment partager un duo avec Lomepal ! Son album est un album de rap sans être un album de rap.

On sait que tu as une date de prévue au Café de la Danse et que tu participes très souvent à des plateaux radio…

Oui tout à fait le 5 juin ça sera au Café de la Danse !

Y-aura-t-il une tournée organisée pour que tu puisses défendre ton prochain album ?

Complètement ! Nous sommes en train de la monter. Ça, c’est ce qui se passe côté off. Une fois de plus, je crois que je suis la moins pressée de tous ! J’ai tellement envie de faire les choses bien que je prends le temps. C’est vrai que j’ai toujours peur que ça soit trop tard mais pour le moment j’ai envie de construire et que quand j’arrive ça soit solide. Je n’ai jamais fait de scène à proprement parlé avant… L’année dernière, j’ai fait quelques dates, c’était super mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre. Autant j’adore le deuxième album que je vais proposer… mais j’ai envie de proposer un live qui en vaut la peine. Ça arrive, ça arrive !