Après plus d’un an et demi d’absence, Léa Paci marquait son grand retour le 1er octobre dernier avec “Sombres rêves”. aficia s’est entretenu avec l’artiste pour en savoir plus…
“Renaissance”, c’est comme cela que Léa Paci qualifie son retour marqué avec “Sombres rêves”. Un retour qui est synonyme d’un grand changement dans sa carrière : après plusieurs années sous contrat, Léa Paci choisit de reprendre toute sa liberté et ouvre une nouvelle page de son parcours artistique, en totale indépendance. Un choix réfléchi, pleinement assumé qui devenait indispensable pour l’artiste.
La rédaction d’aficia a pu échanger avec Léa Paci, une discussion portée autour de son nouveau single mais aussi de ce retour et de tous les changements qu’il implique.
À travers cette première partie d’interview, la principale concernée évoque tout ce qui a déclenché cette volonté de revenir en tant qu’artiste indépendante, la passion qui perdure malgré tout, son état d’esprit actuel…
Léa Paci : l’interview…
Pour commencer, petite question simple mais pourtant essentielle, comment vas-tu depuis tout ce temps et ces changements ?
La réponse est mieux. Mieux parce que j’ai fini ces longs mois où j’ai eu l’impression d’être dans un tunnel, où je ne voyais pas trop la lumière au bout. Ces longs mois où je me suis beaucoup perdue, remise en question, demandée si ce qu’il se passait était de ma faute et en fait non, ce n’est pas de ma faute.
J’ai passé une petite année où tout a été mis sur pause, et si on se parle très franchement, il faut admettre que le contexte n’a pas aidé. Mais quand on se rend compte que cette pause ne nous aide pas à avancer alors que ça aurait du être une période fructueuse, parce qu’on avait le temps, et qu’il n’y a rien qui ressort de tout ça, je pense qu’il y a une grosse remise en question. Là je vais mieux parce que j’ai repris en main mon projet, j’ai embrassé complètement la personne que je suis et ce que j’avais envie de défendre. C’est la plus belle des libertés. Je l’appelle une renaissance parce que je le vis comme ça, comme un moment où enfin je me sens en accord avec moi même.
C’était justement le sujet de ma prochaine question ! Après un an et demi d’absence, c’est en tant qu’artiste indépendante que tu fais le choix de revenir avec ton titre “Sombres rêves”. Est-ce que, désormais, tu te sens réellement Léa Paci ?
Complètement, et il a fallu que ça passe par l’indépendance parce que je n’arrivais pas à défendre cette musique avec les gens qui m’entouraient à l’époque. Je crois surtout que c’est ce que je fais qui me rend complètement heureuse et qui fait que je me sens complètement moi.
L’indépendance quand on n’a pas ça connu dès le départ, ce qui est mon cas, c’est un monde très particulier : on est libre mais seul, ça a ses bons et mauvais côtés. C’était une étape nécessaire dans mon processus de création et si je suis très honnête, je pense que “Sombres rêves” ne serait pas sorti de cette manière là si je n’avais pas été en indépendante. C’est un morceau qui ne correspond pas aux formats, je sais que j’aurais eu beaucoup plus de mal à sortir un titre comme ça avant. Maintenant, je suis heureuse d’être en indépendance et de choisir ce que j’ai vraiment envie de défendre.
L’indépendance artistique : une liberté retrouvée !
Finalement, c’est un peu comme une totale liberté qui s’offre à toi, tu n’as plus à apparaître dans telle ou telle case…
Oui complètement, il y a quelque chose comme ça. J’ai adoré faire Chapitre 1 mais en fait je ne savais pas qui j’étais. Ça fait partie du jeu d’être un peu modelé, je sais qu’il y a ce côté où on est des produits, sauf qu’à un moment, quand on s’en rend compte, on se dit ‘mince ce n’est pas cette personne que j’ai envie d’être’. Je pense que ce qui est compliqué aussi, c’est que souvent on nous demande de choisir ce que l’on va représenter. Et je n’avais pas envie de trouver cette case là parce que je ne sais pas quelle est la bonne pour moi. Je suis plein de personnes à la fois et c’est ça aussi qui peut créer de l’intérêt et faire que les gens adhèrent à ce que je propose.
La dernière fois que l’on s’est entretenues lors d’une interview, c’était en juillet 2020. À ce moment, tu me disais être assez libre, ‘d’être au coeur de tous les processus de création’, qu’on te laissait beaucoup la parole et qu’on t’écoutait réellement concernant tes choix, envies et ressentis. Alors à quel moment tu as vraiment ressenti ne plus être maître de tes choix et envies artistiques ?
Si je suis tout à fait transparente avec toi, je me mentais un peu à cette époque là. Je faisais beaucoup de choses mais elles n’étaient pas forcément écoutées : j’ai toujours fait beaucoup plus que ce qu’un artiste signé en major fait. À la base, je suis censée faire uniquement de la musique mais j’ai toujours aimé travailler sur l’image, les moodboards, les idées de clip, la stratégie marketing… J’ai eu l’impression que je le faisais bien et que c’était développé comme ça derrière et en fait, je crois que je me suis un peu menti.
Après l’été, on s’est retrouvé à se dire ‘et cet album qui depuis 2017 ne sort pas’ et ça a remanié plein de chose, je me suis rendu compte qu’il y avait une espèce d’urgence en moi, j’avais foncièrement envie de faire de la musique. J’avais l’impression qu’on me freinait dans mon ambition, pas forcément dans la création parce que les titres existaient, alors pas celui qui vient de sortir ni ceux qui sortiront mais à cette époque là des titres existaient mais ça n’avançait pas. Ça m’a beaucoup frustré et c’est à ce moment là que je me suis dit que ce n’était plus possible. C’est mon histoire, c’est ce que j’ai sur le cœur, et je ne pouvais pas attendre, je n’avais plus envie d’attendre pour la défendre. C’est cette urgence en moi qui a tout déclenché.
Je n’avais plus envie qu’on me dise si c’est le bon moment ou non. Ce n’est pas vrai, il y a juste un moment où tu es prêt à le défendre et moi, ça faisait un moment que j’étais prête mais je n’ai pas trouvé en face de moi des gens qui avaient envie d’y aller autant que j’avais envie.
Est-ce que la crise sanitaire et le fait de rester chez soi, de se retrouver avec soi-même a accéléré cette prise de conscience, cette décision ?
Complètement. Le fait d’être chez soi et d’observer les autres, malheureusement le mauvais côté des réseaux sociaux, on se sent parfois en décalage, on se dit ‘mais mince je suis au point mort entre guillemet, pourquoi moi je n’avance pas, est-ce que c’est ce que je fais qui n’est pas bien ?’ et ça amène un tas de questionnement. Évidemment ça laisse le temps de s’imaginer d’autres situations, dont celle de l’indépendance que je n’aurais peut-être pas osé imaginer avant. Et finalement je me suis rendu compte que la vie est courte, que tout ne tient pas à grand-chose et qu’il faut juste un peu de courage et y aller parce que plus on s’écoute, moins on avance.
“Ne reste pas de glace”, c’était un peu les prémices de ça, dans les paroles et dans ce que je racontais, on était finalement pas si loin de ce que je pensais. Je crois foncièrement que c’était quelque chose de latent en moi, mais juste je n’avais pas osé regarder droit dans les yeux ce truc là. Les confinements à répétition et la période m’ont fait me rendre compte à quel point j’aspirais à autre chose, qu’il fallait que je m’écoute, qu’il n’y avait pas de mauvaises décisions, juste une décision en laquelle moi je crois et qu’à partir du moment où j’enclenchais ça, il allait falloir que je sois prête. Ça a mis du temps avant que je le sois, mais maintenant, je le suis.
Durant ce temps d’absence, comme tu l’as expliqué brièvement à travers les réseaux sociaux et dans ton nouveau single dont on parlera plus en détail dans une seconde partie, tu es passée par plusieurs moments de doutes, de désillusion… Malgré tout, la passion semble rester intacte. Qu’est-ce qui fait qu’elle perdure malgré ces moments où tout semble être négatif ?
Ce qui a fait perdurer cette passion, c’est ce truc de dire ‘personne ne va m’enlever ça’. Personne ne m’enlèvera ce que j’aime faire et ce qui me rend foncièrement heureuse. La manière dont c’est fait, dont ça se déroule, ce n’est pas toujours comme on le veut mais ça, c’est inhérent à n’importe quel boulot, on a beau exercer un métier qu’on aime et avoir de la chance, on est jamais complètement satisfait.
On peut ne pas être d’accord mais je n’ai pas envie qu’on m’enlève cette passion. Et il y a un moment, j’ai cru que ça allait arriver. C’est pour ça aussi qu’il était temps de prendre cette indépendance parce que je ne savais pas à quel point j’allais être capable d’accepter ça et à quel point ça allait prendre le pas sur ce que je sais faire. Mon métier c’est de faire de la musique, de me libérer de tout ça et personne n’a le droit de me l’enlever.
Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Maude, également devenue indépendante. Lors de notre échange au sujet de cette indépendance, elle me disait qu’au final, pour un jeune artiste c’était comme le graal d’être signer en major…
C’est ça en fait, évidemment que ça sonne comme le graal, et moi la première, c’est comme ça que ça a résonné chez moi. Mais du coup je pense que l’on se sent un peu désapproprié de qui on est parce qu’on à l’impression de devoir beaucoup. Ça met une pression qui n’est pas une pression positive. Tu vois tu parles de Maude mais on était pas du tout signées au même endroit. Ce n’est pas une question de major en particulier, c’est une question de fonctionnement. On est tellement d’artistes à raconter ce que je raconte, ce que Maude a dû raconter, tellement à être dans cette machine où ça va à 100 à l’heure. Puis c’est aussi une histoire de typologie de contrat, j’avais un contrat d’artiste, maintenant il y a quand même moins de contrat de ce type là. Beaucoup d’artistes signent en licence pour avoir un “poids” de parole, de décision. Les artistes sont de plus en plus au cœur de leur projet et je crois que c’est ça le meilleur équilibre.
Je ne sais pas si je resterais indépendante longtemps, je n’en sais rien. En tout cas, je vais prendre le temps de faire ce que j’ai envie, de rencontrer des potentiels collaborateurs, de discuter et d’aller chercher des gens qui vont vouloir m’accompagner pour qui je suis et qui ne vont pas vouloir changer ça. Je veux garder la propriété de ce que je fais
Rendez-vous prochainement pour découvrir la suite de l’interview dans laquelle nous évoquerons “Sombres rêves”, l’enregistrement studio du titre, l’EP prévu pour la fin d’année…