Elena Hurstel - DR
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Elena Hurstel : “Je pense que les artistes nous font vibrer quand ils sont dans l’émotion, dans l’interprétation et pas quand ils sont concentrés sur la technique”

Comme vous le savez, aficia aime partager ses petites trouvailles, les artistes de demain, les chansons qui feront l’actualité du moment… Il se peut aussi que nous tombions sur des profils qui nous inspirent et nous interrogent. C’est le cas avec Elena Hurstel, mentor vocale qui comptabilise + 100 000 abonnés sur Youtube ! 

Elena Hurstel est l’une de ses professionnels de la musique qui aide les artistes (mais pas que) à trouver leur voix. Que ce soit des astuces pour améliorer sa technique, son élocution ou bien trouver une signature vocale… Être artiste n’est pas si simple qu’il n’y paraît ! Il y a beaucoup d’étapes avant d’avoir une voix dite “professionnelle” et ce n’est pas la mentor vocal qui dira le contraire. Celle qui excelle dans son domaine depuis + 15 ans produit des mines d’or gratuites et riches en informations à retrouver sur Youtube et Instagram pour les personnes qui veulent faire de leur voix, leur alliée numéro 1 !

Rencontre en 5 questions avec la Mentor Vocal des Stars de Demain… 

L’interview Flash : 

1/ Est ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours professionnel et surtout de l’importance de la musique dans ta vie ?

J’ai commencé à apprendre à chanter très jeune, on m’a dit que je chantais avant même de savoir parler. J’ai ensuite démarré le conservatoire à Strasbourg et j’y suis resté de mes 6 ans à mes 21 ans. Parallèlement à ça, je participais à des spectacles, des comédies musicales. J’ai également été soliste, j’enregistrais des disques et je faisais des tournées. Mon enfance a été rythmée par plein d’activités artistiques. À l’âge de 15 ans, j’ai écrit mon premier album. J’ai eu la chance d’avoir un de mes titres qui a dépassé les 100 000 vues sur Youtube ! C’était un truc de fou pour une chanson. J’étais très fière. 

Elena Hurstel - DR
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J’avais le goût de chanter, mais j’avais aussi le goût d’accompagner les autres. J’ai commencé à faire du coaching notamment au travers d’une petite chorale d’enfants à l’âge de 12 ans. J’ai professionnalisé tout ça après mon bac en ouvrant une association pour rendre le chant accessible à tous. Puis, j’ai continué ma vie d’artiste. J’ai eu la chance de signer dans un label à Londres et je suis devenue meneuse de revue dans un cabaret régional en Alsace.

2/Quel est le premier artiste qui t’a fait vibrer ?

C’est un chanteur de gospel américain qui s’appelle Ron Kenoly. C’est un chanteur incroyable de gospel qui au-delà de me faire vibrer m’a tellement interpellé. Il dirigeait sa chorale avec 400 ou 500 personnes. La musique gospel m’a toujours fait vibrer. J’aime quand la musique a du sens. Je ne me verrais jamais chanter quelque chose pour chanter quelque chose. Le gospel c’est quelque chose qui me touche énormément. Puis, d’avoir en face de moi cet homme tellement humble, qui a une carrière vraiment impressionnante et qui honore les personnes qui sont avec lui, ça m’a, je pense, profondément impacté.

3/ C’est quoi le plus grand changement que tu as eu sur un artiste dernièrement en coaching ? 

J’ai accompagné une chanteuse qui préparait la sortie de son album. On a beaucoup travaillé sur la technique, sur comment ajouter des effets. Elle avait un problème. Le groupe de rock pour lequel elle chantait, aimait sa voix, mais lui disait toujours qu’il lui manquait quelque chose (le grain, la sensibilité rock…). En France, le côté saturation vocale n’est pas très connu. Il n’y a que très peu de coachs qui le proposent. Quand elle est venue travailler avec moi, on s’est vite rendu compte qu’au-delà de la saturation vocale, il y avait plein de choses qui manquaient, notamment les bases. 

Elle a un don naturel pour chanter et c’est un petit peu le problème des artistes en général. Quand ils ont le don naturel de chanter, il y a plein d’étapes qui sont oubliées. C’est comme si au moment d’accrocher des rideaux, tu te dis pourquoi ça ne s’accroche pas ? La réponse est que les fondations ne sont pas là. Avec cette artiste, il a juste fallu réinstaller correctement ses bases. Pour qu’ensuite les effets qu’elle voulait rajouter dans sa voix puissent tenir et fonctionner autant en studio qu’en live. Dès la première séance, son entourage (bookeur, musicien, ingénieur du son…) lui ont dit “mais wow, il y a un truc qui a changé”. Cet accompagnement lui a permis de gagner ce grain rock, cette saturation, cette distorsion. Ce qui fait que du coup, sa voix sonnait encore plus professionnelle. En plus de cela, elle avait gagné confiance en elle. Le simple fait de maîtriser un instrument comme la voix quand elle allait sur scène, lui permettait de lâcher-prise.

4/ Qu’est-ce que les artistes ont tendance à oublier de travailler et qui est pourtant primordial ? 

Ce qui m’intéresse, c’est de travailler les live. Une fois que l’artiste a automatisé sa technique, qu’elle fonctionne, il faut travailler l’interaction avec le public et l’interprétation. C’est toujours le côté un peu qu’on oublie et si je peux donner un conseil à tous les lecteurs artistes : Oui, la technique c’est important mais il ne faut surtout pas oublier l’interprétation parce qu’au final le public vient pour être en connexion avec vous, pour avoir de l’émotion, pour ressentir quelque chose. Je pense que les artistes font vibrer quand ils sont dans l’émotion, dans l’interprétation et pas quand ils ne sont concentrés dans la technique. 

5/ Chez aficia, on est fan de la Star Academy. On entend souvent parler de la “blue note”. Est-ce que tu peux nous en parler ? 

Il y a plusieurs écoles. Je me rappelle sur YouTube avoir fait une React (réaction) entre Lara Fabian et Pascal Obispo à The Voice par rapport à ces “blues notes” (notes bleues). On a la culture anglo-saxonne qui est représentée par Lara Fabian et qui se caractérise par la rigueur. Pour eux, les notes bleues, c’est inacceptable. Si elles y sont, il faut re-travailles sa technique. Pour les corriger, il existe des techniques vocales comme le soutien vocal, le twang et le système de résonance. À partir du moment où on les maîtrise, on peut aisément corriger sa technique vocale pour les éviter. Maintenant, il y a aussi le côté Pascal Obispo, qui lui est beaucoup plus dans le côté francophone, dans le côté interprétation à la française plus théâtral qui est un peu moins technique et performance à l’américaine.  

Quand on écoute par exemple Gainsbourg, ce n’est pas toujours juste, mais on vibre avec lui parce qu’il nous raconte une histoire et qu’il la vit. Je comprends cette volonté de ne pas vouloir aller sur des notes bleues. Maintenant, si vous êtes un artiste, un peu plus sensible comme Julien Doré avec des notes un peu plus lascives, cela fait partie du style. Il ne faut pas oublier que la voix est au service de l’interprétation et donc si l’interprétation demande un côté un peu lascif, un peu plus décontracté et qui entraîne une “blues note”, je pense que c’est ok !

Maintenant, si vous voulez chanter du Céline Dion, du Mariah Carey ou du Whitney Houston, vous ne pouvez pas vous le permettre. Il faut travailler un peu plus votre technique avec les trois paramètres que j’ai évoqué tout à l’heure le soutien, le twang et les paramètres de résonance.

Question Bonus

aficia est suivie par de nombreux artistes et on a la chance d’en écouter des centaines par jour. Si tu avais un conseil vocal pour qu’un artiste se démarque, tu lui dirais quoi ?

Selon moi, se démarquer c’est rester authentique mais pour rester authentique, il faut impérativement aller découvrir les facettes de sa voix, c’est-à-dire ne pas rester uniquement dans ce qu’on pourrait appeler sa voix naturelle. Il faut aller découvrir quelle est sa signature vocale. On naît tous avec une voix naturelle, un timbre de voix unique mais ce n’est pas parce qu’on a une seule couleur de voix que toutes les autres couleurs de voix ne nous sont pas accessibles. Si l’on est dans la reproduction, ce qu’il risque de se passer c’est que vous n’allez pas devenir chanteur mais vous allez devenir imitateur comme Véronique Dicaire.

C’est comme si demain, je suis artiste peintre et que j’ai l’habitude de faire toutes mes peintures avec du bleu puisque j’adore le bleu. Puis, au fur et à mesure, je vais découvrir quelle est ma sensibilité. Du coup, je vais aller utiliser des couleurs qui me sont propres, qui sont liées à mon histoire, qui sont authentiques et ne pas juste utiliser des couleurs pour utiliser des couleurs parce que tout le monde le fait. 

C’est juste agrémenter sa voix, l’emmener ailleurs, sortir de sa zone de confort, créer sa signature vocale tout en restant authentique. Je pense que c’est un match difficile à trouver mais qui est intéressant et qui permet à chacun des artistes de se démarquer.

Retrouvez Elena Hurstel sur Youtube et Instagram