Elle fait son comeback, et cette fois elle ne laissera rien ni personne se mettre en travers de son chemin : Nehuda vient de sortir son nouveau single “Fermer la porte”, composé avec Anabel. Dans cette interview exclusive, elle revient sur ses années d’absence, les polémiques qui ont entaché sa réputation mais aussi la liberté retrouvée grâce à la création indépendante.
Nehuda, l’Interview Sans Filtre :
Salut Nehuda ! Cela fait quelques bonnes années que tu n’as plus sorti de chansons. Comment te sens-tu à l’idée de faire ton retour dans la musique après tout ce temps ?
Alors, déjà, il y a deux choses… Parce que, lorsqu’on fait un retour, c’est qu’on a été absente pendant très longtemps. Moi, pour le coup, je reviens dans la musique, mais j’étais quand même présente.
Oui, tu as continué à pratiquer de ton côté.
Voilà, j’étais quand même là. Donc en soi, mon rapport avec les personnes qui me suivent, mon public entre guillemets, il n’a pas changé. Donc j’avais pas tant de pression par rapport à ça. C’est pas tant ça y est, je reviens sur le devant de la scène etc. Mais je ressens quand même une transition par rapport à ce que je souhaite proposer aujourd’hui. Je veux que ma musique soit de qualité, je me suis mis beaucoup de pression par rapport à la qualité de mon travail. Je voulais qu’on sente que je suis revenue parce que j’ai pris le temps de bien faire les choses. J’ai fait aussi une sorte d’introspection, sur moi-même. C’est surtout ce changement que je voulais faire ressortir, parce que je ne suis plus la même personne. On m’a connue sous différentes facettes.
Comme tu le dis si bien, une carrière d’artiste c’est une constante progression. Tous les artistes connaissent plein de phases, donc évidemment que tu as changé. En quoi consistait cette introspection dont tu parles ?
Pour moi, la musique a toujours été une histoire personnelle. Ce que je chante, c’est ce que j’ai vécu. Donc forcément, une introspection sur le plan personnel, elle va se ressentir dans la musique. Il s’agissait de réfléchir sur les erreurs que j’ai faites, sur la vie en général. On vit quand même dans un monde où il se passe des choses très très très difficiles. Pour être honnête, j’ai été beaucoup de personnes, je suis très aimée et je suis également très détestée. Et il y a beaucoup de personnes qui, je ne sais pas, par rapport à ce que je dégage, ou par rapport à des images qu’on a pu voir de moi, ou des histoires personnelles qui ont été malheureusement révélées sur les réseaux sociaux, etc… qui font que certaines personnes pensent que je suis un monstre, que je suis quelqu’un de mauvais.
Et je voulais vraiment montrer que les blessures d’une personne peuvent changer une personne. On se crée une espèce de carapace, on devient un peu plus dur, plus vigilant etc. Mais il y a toujours une raison derrière quelqu’un qui fait mal les choses, ou qui a fait du mal. Donc l’introspection, c’était plutôt sur ça. Mais bon, c’est pas trop sur ça que je veux m’attarder là. J’ai pris du temps pour moi, pour ne plus faire les mêmes erreurs et surtout revenir à musique. Parce que beaucoup de gens de ma communauté disent “Mais Nehuda, en fait t’avais juste à chanter. Genre, parle pas trop, mais chante.” [rires]
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Et bien justement, en parlant de chanter tu viens de sortir un nouveau single qui s’appelle “Fermer la porte”. Qu’est-ce que tu as voulu exprimer avec ce single au message fort ?
Ça sort de mon histoire personnelle. Cette chanson, quand on l’a écrite, je ne pensais pas forcément la sortir, j’avais surtout besoin d’écrire. J’étais avec Anabel, qui est une chanteuse, auteure et compositrice aussi. C’est vrai que pendant un temps, je voulais chanter en fonction de ce qui se faisait en France. Qu’est-ce que les gens aiment ? Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce qui passe à la radio et tout ? Et là, on s’est dit non, on va arrêter ça. J’étais dans une période très compliquée de ma vie, et on s’est dit qu’on va juste faire une petite thérapie. On va faire du piano, on va faire des mélodies, on va écrire. Et naturellement, en fait, ce que j’avais sur le cœur est sorti.
“Fermer La Porte” raconte une relation toxique et la reconstruction qui vient par la suite. Le message que je veux passer, c’est qu’on pense souvent qu’on n’a pas la force. Et c’est OK de penser qu’on n’a pas la force. Mais en fait, on l’a toujours. C’est juste que c’est tout à fait naturel de ne pas pouvoir s’échapper d’une relation toxique, même si on est totalement conscients qu’elle l’est. Certaines ont conscience que c’est toxique, mais elles y restent. Et c’est OK. Et souvent, on reproche ça aux femmes de rester. On reproche souvent aux femmes de rester dans une relation qui ne leur convient pas. Mais on n’a pas à reprocher ça, parce que c’est très, très, très, très difficile de quitter quelque chose qu’on aime, mais qui nous fait du mal. Le jour où je suis partie, j’ai retrouvé ma liberté. Mais je me suis donné le temps pour.
Était-ce difficile, du coup, de mettre tout ça sur le papier ? Ou au contraire était-ce un gros soulagement ?
Grâce à Anabel, ça n’a pas été si difficile que ça. J’avais juste à parler, parler, parler, puis on m’a petit à petit… trouvé les bons mots (Nehuda a coécrit le titre, NDLR). Anabel m’a beaucoup aidée à mettre tout ça à l’écrit.
J’ai pris du temps pour ne plus faire les mêmes erreurs et surtout revenir à musique.
Comment était l’ambiance en studio avec Anabel et otta ?
Je connaissais déjà Anabel donc ça s’est super bien passé. Elle me connaît, elle sait comment s’y prendre avec moi etc. Et avec otta, le feeling est tout de suite passé. Je pense que c’est ça qui fait qu’on a réussi à faire sortir cette pépite. C’était très fluide, sans jugement. Parce que j’avais très peur que ma réputation fasse qu’ils aient un à priori à mon sujet. Et ils m’ont tous deux fait comprendre que si je ne ramène pas cet handicap, il n’y est pas. Je me l’infligeais à moi-même, cette peur. Si moi, je rentre dans la pièce en tant que Nehuda, la chanteuse qui veut faire de la musique, personne ne va me parler du reste en fait.
Tu as déclaré au sujet de ce nouveau single qu’il représente “un cri de vérité, de douleur assumée, de force retrouvée”. Est-ce que c’est important pour toi, en tant qu’interprète, qu’on retrouve ton vécu dans tes chansons ?
C’est pas obligatoire, mais c’est important. Je pense avoir une petite qualité, c’est que souvent on me dit que dans mes chansons, on ressent vraiment mon interprétation. Voilà, on va dire que j’interprète bien. Et pour bien interpréter, je pense qu’il faut raconter son histoire personnelle. Le fait que ce soit personnel, ça me permet d’interpréter d’une manière où c’est sincère, en fait. Il n’y a pas de filtre, ça sort de mes tripes. Je ne pense pas que j’interpréterais aussi bien si ce n’était pas mes histoires personnelles.
D’accord, donc si un auteur souhaite te contacter afin de te pitcher une chanson qu’il a écrite, tu refuserais ? Si tu ne te retrouvais pas dans le texte.
Oui. Il faut que ça me parle. Quand je chante, c’est instinctif.
Aura-t-on droit à un joli clip pour illustrer cette chanson ?
Alors pour être honnête, je suis en indé. On est très attentifs aux retours des gens mais on est encore dans la phase de prudence, où on ne sait pas encore ce que ça va donner. Donc financièrement et avec le budget qu’on a, on n’avait pas forcément prévu de faire un clip. Mais vu que les choses se passent plutôt bien à présent, la porte n’est pas fermée.
Si jamais tu as l’opportunité de faire un clip, qu’est-ce que t’aimerais que ça raconte ?
J’aimerais ne pas avoir honte de dire et de montrer que même dans les histoires compliquées, il y a de l’amour. Même dans une relation toxique où les choses ne sont pas belles, il y a de l’amour. Et je pense que c’est pour ça qu’on y reste, d’ailleurs.
Mais ce serait aussi un clip dans lequel on verrait la liberté que je retrouve. On verrait forcément la souffrance que j’ai traversée. Mais on y retrouverait aussi l’amour qui m’a fait rester pendant longtemps.
Quels sont les avantages et les désavantages d’être une artiste indépendante ?
Alors, l’avantage d’être une artiste indé, c’est la liberté. Je suis libre de chanter ce que j’ai envie de chanter, de sortir quand j’ai envie de sortir. J’ai pas de pression, parce que ça peut vite être une pression aussi. Quand on est signé, il faut être dans les temps. Et en vrai, en 2025, même les artistes signés ont beaucoup de choses à prendre en charge. Hormis le budget, ça reste quand même à eux de composer une équipe, de trouver un réalisateur pour leur clip etc…
Et sinon, il n’y a pas d’inconvénient à part le budget. Je pense que si tout le monde pouvait être en indé, ils le feraient. Car le plus gros avantage, c’est que tu gardes la quasi-totalité de l’argent que génère ta musique. Donc c’est sûr que, lorsque tu es artiste indépendant, le combat est un peu plus difficile. Mais ce n’est pas grave, je me battrai pour ce que j’aime.
Et admettons que demain, ton single devient méga viral et qu’on te propose de signer en label… Acceptes-tu ou non ?
Tout dépendrait du contrat. Cela devrait être un deal avec mes conditions. Mais signer à 100% dans une maison de disques, c’est non. J’aurais fait tout ce chemin, moi-même, avec toutes les embûches que j’ai surmontées pour avoir un morceau viral, pour ensuite tout donner à une maison de disques ? Pas du tout. Il fallait me rejoindre avant, dans la bataille.
Ce single semble donner le coup d’envoi d’une nouvelle ère, est-ce que du coup on peut s’attendre à la sortie d’un projet entier ? Peut-être un EP ? Es-tu actuellement en studio pour préparer la suite ?
C’est sûr qu’on est partis sur un projet plus large, sûrement un EP. Je n’ai pas forcément envie de faire un album. Ce qui me convient le mieux, c’est un EP. Je suis actuellement en studio, mais je n’ai pas encore trouvé le style vers lequel je souhaite me diriger. J’aime bien prendre l’exemple de Rihanna. Pour moi, son identité musicale, c’est sa voix. Personne ne peut dire qu’elle fait de la variété, ou de la pop, du reggae. Elle fait juste du Rihanna. Elle a fait “Stay” en piano-voix, elle a fait un tube avec David Guetta. De la house, ce que je kifferais faire aussi. Elle a fait du reggae. Tu vois, elle fait tout mais par contre, dans sa voix on retrouve toujours le côté urbain. La signature vocale.
Et moi, c’est pareil, j’aime tout faire. Même si je fais du piano-voix, je pense que dans la voix on entendra toujours ce côté urbain dans sa manière de poser. Donc là je suis encore vraiment dans la phase, je me régale dans la phase création en studio.
Est-ce qu’il y a une sonorité en particulier que tu aimerais experimenter à l’avenir ?
J’aimerais tenter plein de choses franchement, mais quelque chose qui me titille de plus en plus ce serait de faire un son avec un DJ. Ce serait un kiff, ce serait vraiment un délire. Le reggae, l’afro aussi.
Est-ce que tu as une collaboration de rêve dans le paysage français contemporain ?
Plusieurs, même. J’aurais bien aimé… collaborer avec 2-3 rappeurs français que j’aime beaucoup.
Génial, qui ça ?
Mais j’aime pas dire parce que c’est trop haut, c’est pas de mon niveau genre… [rires]
Aucun rêve n’est trop grand, hein.
Oui, bon… Et en tout cas, quelques rappeurs, que je ne vais pas dire… [rires] Et sinon, j’aimerais bien David Guetta.
Tu as deux enfants : Laïa (8 ans) et Laël (3 ans). Comment cela se passe pour toi, de jongler entre la vie de maman et la vie d’artiste ?
Pour l’instant, ça va. Mais là tu vois, j’ai dû mettre mes enfants dans la chambre pour être tranquille pour pouvoir faire l’interview. [rires] Cet été, par exemple, j’ai quelques dates de prévues mais heureusement je suis hyper bien entourée. Après, il y a aussi le père de mes enfants. Autant nous, notre relation, elle est chaotique parce qu’elle a été médiatisée et pas jolie à voir d’ailleurs… Mais pour le coup, par rapport à nos enfants, en tant que parents on s’en sort super bien.
J’ai la garde exclusive de mes enfants. Mais le papa est là, si je lui demande de me les prendre pour m’aider, il le fait avec plaisir. J’ai mon papa à moi, donc le grand-père de mes enfants, qui est présent aussi. Ma maman aussi, d’ailleurs. Donc je suis super bien entourée. Mon rêve… ce serait de faire en sorte que mes enfants soient tout le temps avec moi.
On ne me reproche pas d’avoir fait de la télévision, mais d’avoir trop joué le jeu. Je n’ai pas honte de mes erreurs, qu’à 24 ans j’ai pu être une petite conne, et un peu superficielle.
Tu dis que tu as des concerts de prévus cet été. Comment te sens-tu à l’idée de chanter face à un public après tant d’années d’absence ?
Alors j’ai très très très peur. Je suis très excitée, parce qu’en tant qu’artiste, la scène c’est un kiff. C’est là où on exécute véritablement son talent, si je peux dire. Mais encore une fois, j’ai peur que mon passé médiatique, qui n’est pas forcément joli, vienne me rattraper. Et ça m’a beaucoup fait perdre confiance en moi. Les réseaux sociaux apportent beaucoup d’amour, mais aussi beaucoup de haine. Et je l’ai beaucoup subi. J’ai jamais été du genre à prendre mon téléphone pour me filmer en pleurant, pour dire que c’était trop, pour dire qu’il fallait que ça cesse, parce que je suis quelqu’un qui a beaucoup de fierté.
Mais il faut dire la vérité, quand on se fait insulter tous les jours, que ça soit sur la voix ou sur le physique, ça touche un peu à la confiance. C’est un peu mon cauchemar de monter sur scène et de me prendre une vague de haine dans la vraie vie. Ça ne m’est jamais arrivé, mais ça me fait peur. Je vois les gens différemment parce que la dernière fois que je suis montée sur scène, c’était peut-être il y a cinq ans. Et en cinq ans,la violence sur les réseaux sociaux a beaucoup empiré. Donc je me sens vulnérable.
En tant qu’artiste qui dépend des réseaux sociaux afin de promouvoir son art, as-tu déjà songé à complètement les mettre en pause face à la haine que tu as pu te prendre ?
J’ai jamais pensé à arrêter totalement, non. J’ai jamais fait partie de ceux qui s’exposaient beaucoup sur les réseaux sociaux. Par exemple, mes enfants ne sont pas médiatisés. Ils ne l’ont jamais été, ils ne le seront jamais. Et même si je ne snappais pas tout ce que je pouvais manger et tout, j’étais quand même assez présente. Là, je le suis de moins en moins. Je me suis beaucoup renfermée, je montre beaucoup moins de choses, de moments privés de ma vie qui peuvent être drôles. Je ne les montre plus, je suis devenue un peu plus discrète et je pense que c’est très bien comme ça. Je ne reviens que lorsqu’il y a quelque chose à promouvoir, mais c’est tout.
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Aujourd’hui, cela fait dix ans que tu as tenté l’aventure “The Voice”. Si tu pouvais donner un conseil à la Nehuda de 2015 qui se retrouvait propulsée à la télévision pour la première fois, que lui dirais-tu ?
Je lui rappellerais… Je lui rappellerais la promesse qu’elle s’est faite. Qu’elle a faite à son rêve. C’est-à-dire que lorsque j’ai fait “The Voice”, il n’y avait pas d’argent en jeu. Il n’y avait pas de reconnaissance de la part du public, personne ne me connaissait. Et j’étais vraiment… Quand t’es au début de ton rêve et que t’as encore de l’ambition, tout paraît réalisable. Tu sais que rien ne pourra se mettre en travers de ton chemin. Je veux faire de la musique, je veux être chanteuse et j’y arriverai. J’étais prête à tout. Pour moi, faire de la musique c’était vital, d’accord ? Et puis un moment, c’est moins vital parce que t’as un peu d’argent. T’as fait de l’argent, donc t’es moins dans la galère, donc t’as moins cette hargne. Je suis quand même passionnée, je suis une amoureuse de l’amour. Donc j’ai été en couple, et quand je suis en couple je suis à 100% dans mon histoire. Et ça t’éloigne encore un peu plus de ton projet. Et comme t’as moins besoin de réussir, tu y vas moins fort et puis ton rêve s’éloigne. Tu ne te bats plus trop. T’attends que les choses arrivent et ça, je me le suis beaucoup reprochée.
Et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai repris la musique, c’est parce que j’ai vu mon audition à l’aveugle. J’ai vu cette Nehuda qui chante devant un jury, qui fait des petits pas de danse, je regarde des vidéos de moi et je me dis qu’il y a des choses que je serai incapable de faire aujourd’hui. À cause de la confiance que j’ai perdue. Et donc je dirais à Nehuda, “N’oublie pas quand t’avais rien, la promesse que tu t’es faite. Que tu irais juste qu’au bout, tu ferais tout pour ton rêve. J’avais rien et pourtant je faisais tout pour mon rêve. Et quand j’ai tout eu, ben j’en faisais moins. Si je ne m’étais pas prise en main maintenant, je ne me le serais jamais pardonné.
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Est-ce qu’avec le recul, tu ferais quelque chose différemment aujourd’hui ?
Oui. Alors je ne suis pas une personne qui a beaucoup de regrets parce que c’est beaucoup trop facile de dire “Je regrette”. Oui, il ne fallait pas faire dans ce cas-là. [rires] Mais oui, il y a des choses que je ferais différemment, je pense. Déjà, bon, en ce qui concerne la télé-réalité… Si je n’avais pas fait cette télé-réalité (elle parle de “Les Anges”, NDLR), je n’aurais pas rencontré le père de mes enfants, donc je ne regretterais jamais d’avoir fait ça. Mais dans la musique, ouais, je pense honnêtement que je ne me suis pas suffisamment battue pour réaliser mon rêve.
Après, bien sûr que lorsque tu reviens des années après et que tu dois rendre des comptes au public – oui, parce qu’apparemment aujourd’hui tu dois des comptes à tout le monde ! – ça s’apparente aussi à une bataille. Alors que beaucoup disent qu’ils ne veulent pas ton retour et que tu reviens quand même, c’est se battre. Mais j’aurais aimé être plus rigoureuse, plus persévérante et plus sérieuse.
Tu parles de télévision du coup, et justement est-ce que tu ne trouves pas qu’en France…
Je sais ce que tu vas dire, et je suis d’accord avec toi ! [rires]
En fait, on dirait que c’est très difficile pour quelqu’un ayant fait de la télévision d’être pris au sérieux en tant que musicien en France. Alors qu’aux États-Unis par exemple, c’est très accepté d’avoir plusieurs carrières.
C’est ça ! En France, on aime bien mettre les gens dans des cases. C’est-à-dire que si on t’a connu dans une case, on n’aime pas que tu en sortes. C’est quelque chose qui est très français et ça… ça ne me dérange pas vraiment. Aux États-Unis c’est l’extrême ! Trump a fait de la téléréalité et il se retrouve président des États-Unis, donc la différence est extrême. Mais après, moi je ne pense pas que c’est la télévision qui m’a desservi pour le coup. C’est plus mon histoire personnelle. La preuve, dans les années 2000 certaines faisaient de la téléréalité, puis une fois qu’elles avaient gagné la popularité sortaient des singles et faisaient des tubes.
Ceux qui me suivent et s’intéressent un minimum à moi savent que j’ai toujours fait de la musique, et que j’ai participé à une téléréalité en pensant que ça allait me donner cette carrière musicale dont je rêvais. J’ai pas fait de la téléréalité pour apparaître à la télé. J’ai commencé par “The Voice”, et même dans “Les Anges” j’avais comme projet professionnel de me lancer dans la chanson. Mais mon caractère a fait que finalement… j’étais presque trop douée pour faire de la téléréalité quoi. Je correspondais trop à ce qu’ils cherchaient. Alors que c’est pas tout ce que je voulais faire.
Mais je pense pas que mon problème soit la crédibilité, mais je pense que j’ai été trop présente à la télé. J’aurais dû la jouer petit fantôme, et j’aurais pu continuer mon chemin dans la musique. Là, j’ai été trop dedans. Puis il y a eu mes histoires à l’extérieur, aussi. Il y a eu mon couple qui a été médiatisé et tout. Donc, moi, ce qu’on me reproche, ce n’est pas tant d’avoir fait de la télé. C’est d’avoir été un stéréotype de la téléréalité. Je n’ai pas honte de mes erreurs, je n’ai pas honte de qui je suis, je n’ai pas honte d’être quelqu’un d’imparfait, je n’ai pas honte que… Qu’à 24 ans, certaines fois j’ai pu être une petite conne, et un peu superficielle. Chacun fait des erreurs. Je pense que la seule chose qui fait que ça prend plus de temps que les autres, c’est que j’en faisais beaucoup trop. Parce qu’en vrai, quand tu regardes mon historique je n’ai pas participé à tant de programmes que ça.
Je ne pense pas que mon problème soit la crédibilité, mais que j’ai été trop présente à la télé. J’aurais dû la jouer petit fantôme, et continuer mon chemin dans la musique.
Est-ce que tu aurais un dernier message à adresser à ta communauté qui a porté ton single jusqu’au Top 5 du classement singles sur iTunes ?
Alors, je voudrais leur faire une déclaration d’amour. Je ne sais pas s’ils réalisent à quel point… Je considère que c’est en partie grâce à eux que je suis revenue. Quand même, à mon petit niveau, je crois que toutes plateformes confondues, je dois être à un petit peu plus de 200 000 streams. C’est pas énorme mais à mon petit niveau en quelques jours, sans promo, sans rien du tout, je trouve que c’est bien. Avant, je me focalisais beaucoup sur ce que je n’avais pas : “Mais moi je n’ai pas ça, moi je n’ai pas les radios, moi je n’ai pas d’articles, moi c’est plus difficile que les autres et je fais pas le million etc.”. Mais j’ai appris à être beaucoup plus clémente avec moi-même, en me répétant que c’est quand même très bien ce que je fais en étant seule.
Puis en même temps, je pense que mes followers savent que lorsque je fais des sons, c’est pas juste pour percer, je fais des sons pour les faire kiffer. Pour les faire pleurer, j’ai un rapport vachement proche de ma communauté. Quand j’écris un son, je leur parle, je leur demande de me raconter leurs histoires. J’ai reçu plein de témoignages de femmes aussi, parce que je leur avais demandé. Et quand je chante, j’ai envie de leur faire du bien, en fait. Du bien aux femmes qui m’écoutent, aux hommes qui m’écoutent. Je veux faire du bien aux gens, je veux que ma musique, elle serve. Qu’elle guérisse, je veux qu’elle libère. Donc je les remercie et je pense que j’ai une bête de communauté en vrai.
Découvrez le nouveau single de Nehuda – “Fermer la porte” :
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