Navii en interview : « Sur ce prochain album, je suis sorti de ma zone de confort »

Un nouvel album pour Navii est dans les tuyaux. Nous sommes allés à sa rencontre chez Warner Music pour qu’il nous en parle…

Trois ans après notre première rencontre à l’occasion de la sortie de son album Tout se donner dont était extrait le succès « J’écoute du Miles Davis », Navii a bel et bien l’intention de nous donner un nouveau rendez-vous d’ici la fin de l’année avec un nouvel album très bien pensé, garni de chouettes collaborations et de sonorités très actuelles.

On connait d’ailleurs les premiers extraits « New York 90 » et « En attendant mon heure ». Concernant le reste et toujours dans une bonne humeur, nous lui avons directement demandé de nous en dire un peu plus sur ce qu’il prépare secrètement…

Navii…

Beaucoup de choses se sont passées ces trois dernières années. Qu’est-ce que tu en retiens ?

Wow, tu commences fort ! C’est une très bonne question. Ça va être compliqué de tout synthétiser, je vais essayé de faire ça rapidement (sourire). Alors, il y a beaucoup de concerts, beaucoup de rencontres musicales, beaucoup de remises en questions en studio, une grosse période de doute. J’ai appris de nouveaux instruments. J’ai une maison avec mes copains qui me permet de faire la musique sans emmerder les voisins et d’avoir un rythme de création plus intense puisque je peux travailler jour et nuit, sans ennuyer personne, et à plusieurs endroits différents. Alors voilà, il n’y a eu que de la musique. J’ai également beaucoup marché pour aller à la rencontre des gens et faire vivre mes chansons qui arrivent.

Tu as donc beaucoup voyagé pour t’enrichir ? Je t’ai suivi un peu sur le réseaux sociaux…

Ha ! Tu me suis partout, c’est cool (rires) ! Je suis en effet allé pas mal en France. Je suis parti tout seul avec ma guitare. J’ai fait un petit road trip. On en a besoin souvent lorsque tu habites dans une grande ville et que tu ne peux pratiquement plus respirer. Il ne faut pas râler, il faut juste aller à côté. Du coup, qu’est-ce que j’ai fait ? Je suis parti faire de la musique au Maroc, tout seul et avec des inconnus.

C’est forcément source d’inspirations ?

Je ne sais pas si c’est une source d’inspirations mais en tout cas, je comprends que c’est une manière d’avoir des choses à raconter. J’ai eu pas mal de blocages et de petits problèmes dans l’écriture, dû à mon jeune âge d’auteur. J’ai sans doute compris que pour aller de l’avant, il fallait vivre des expériences. Je m’inspire encore beaucoup de grands chanteurs mais pour le coup, j’essaye de vivre d’autres histoires et de les mettre en musique.


Lors de notre première rencontre, tu me citais déjà des artistes comme Nougaro, Brel… Tes inspirations sont toujours les mêmes aujourd’hui ?

Je pense que ce qui fait que ta voix évolue ce sont les personnes qui t’amènent à la faire grandir.

Elles n’ont pas changé. Je dirais qu’elles ont évoluées. J’ai toujours ces artistes dans mon cœur, mais il y a cette vague de rap qui déboule depuis pas longtemps, qui m’inspire également beaucoup, surtout dans la composition en fait. Toutes les chansons de l’album, je les ai écrites en les rappant, bizarrement. Il n’y aura pas de rap dans l’album, mais on va pouvoir ressentir un petit mouvement rythmique différent comparé au premier album. J’ai fait beaucoup de découvertes de musiques inconnues aussi. Je crois que pour écrire les chansons, il faut lire les auteurs et pour composer de la musique, il faut écouter les compositeurs. J’ai donc découvert des musiques complètement bizarres. Je pense à de la musique traditionnelle croate. Je ne vous la conseille pas parce que cela peut rendre un petit peu fou. On n’a pas les oreilles habituées. Je me suis permis d’aller voir des genres que je connaissais pas pour revenir à ce que je préférais.

Ta phase de création a évolué également j’imagine ?

Bien sûr. C’est encore dur à définir, je pense que c’est le temps qui décidera de cela, de figer le moment où tu as vraiment avancé dans ma manière de faire. Alors je ne sais pas si j’ai vraiment changé de manière de créer, mais je pense prendre nettement plus le temps, alors qu’avant j’essayais vite de finir mes chansons, de vite les mettre dans une boîte pour enchaîner avec une autre. Aujourd’hui je prends le temps de remplir un peu tous mes carnets un peu en vrac et, tel un enquêteur, de chercher les phrases qui vont ensemble, en faire des chansons, d’en faire juste des instrumentaux, pour en faire juste des notes.

On retrouvera de belles collaborations sur ton album. Comment est née celle avec Ofenbach ?

On a eu l’occasion de se croiser sur plusieurs plateaux radios, notamment il y a trois ans, en même temps que nous deux finalement (sourire) ! Puis, on s’est revu ici, chez Warner Music, dans ce beau jardin. C’était très naturel. On a commencé à travailler sur le projet il y a maintenant un ans en studio. La première personne avec qui on a travaillé est Stone Van Brooken qui est un DJ français qui joue beaucoup en Belgique. C’est aussi un grand ami d’Ofenbach. Et finalement, c’est allé très naturellement vers des couleurs plus électro, comparé au premier album qui était beaucoup plus acoustiques avec des brins de reggae. Là, il y a eu peu moins de guitares et pour autant, une manière d’écrire un peu plus urbaine. Cela sera à toi de juger si tu le ressens ! Je suis très fier de cet album !

Et concernant Møme et Hyphen Hyphen ?

La musique est un vrai travail et un vrai partage.

Un peu de la même manière. Pour les Hyphen, c’était un peu différent. Avec mon directeur artistique, on voulait m’imaginer dans une ville qui mélange un peu les temps (présent / passé / futur) et d’un autre côté on a demandé à beaucoup de producteurs s’ils n’avaient pas des chansons dans ce genre-là. Et là, Hyphen Hyphen nous a concocté une prod’ sur mesure et après ce sont les allés retours en studio… On m’a souvent reproché un peu ma voix qui reste trop linéaire, et bien là, ça me fait sortir de cette zone de confort. Pour rebondir avec ce qu’on disait tout à l’heure, c’est aussi ça l’évolution. Je suis allé un petit peu plus haut, découvrir d’autres choses… Samanta (la chanteuse d’Hyphen Hyphen, ndlr) m’a vraiment aidé à passer les aiguës du refrain de « New York 90 ». Il y a deux ans, je n’aurais jamais pu faire ça en termes d’assurances et de bonnes connections.

Tu as également pris des cours de chant ?

Non, non ! La voix c’est toi, c’est ton premier instrument. Tu peux la travailler, chose que je n’ai jamais réellement fait. C’est mal, très mal même ! Mais c’est ma méthode. Je pense que ce qui fait que ta voix évolue ce sont les personnes qui t’amènent à la faire grandir, qui te donne confiance et qui te dises « Allez, tu peux le faire ! »

As-tu peur de tomber dans une masse d’artistes qui font de la pop-électro ?

Je comprends vraiment ta question, c’est vrai qu’on est nombreux. Je pense qu’on a chacun nos places. Après, je ne cherche pas à prendre la place de l’un ou de l’autre. La musique est un vrai travail et un vrai partage. Je ne me sens pas non plus que dans un projet de couleur pop. J’ai envie de montrer qu’on peut défendre autrement les chansons en live, trouver d’autres angles, plus rigolos, en essayant de se démarquer en invitant des gens dans mon jardin par exemple, pour faire de la musique, détonner avec toute ce monde qui va si vite.

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