Noé Preszow - © Pierre Cattoni
Noé Preszow - © Pierre Cattoni

Noé Preszow en interview : “Il n’y a pas 36 occasions d’être nommé dans cette catégorie aux Victoires de la Musique”

Le 12 février prochain, Noé Preszow sera en direct de la Seine Musicale à l’occasion de la trente-sixième cérémonie des ‘Victoires de la Musique’. Pour l’occasion, aficia a pu s’entretenir avec l’artiste à quelques jours de la grande soirée…

C’est depuis son plus jeune âge que Noé Preszow est pris de passion pour la musique. Il démarre d’ailleurs l’apprentissage du violon à seulement 3 ans. Très jeune, Noé Preszow commence également à écrire ses propres textes ainsi qu’à s’enregistrer. Mais c’est seulement en mars dernier que nous avons découvert ce talent tout droit venu de Bruxelles avec son premier single “À nous” qui cumule, presque un an après sa sortie, près de 2,5 millions d’écoutes sur Spotify. S’en suivra quelques mois plus tard Ça ne saurait tarder, un EP riche de 4 pistes aux textes tous aussi forts et puissants.

Pour entamer cette nouvelle année, l’artiste décide de partager “Le monde à l’envers”, un titre qui sera à retrouver dans son premier album dont la sortie était prévue le 12 février mais finalement reportée au mois d’avril prochain. Mais ce début d’année a aussi été marqué par un évènement significatif dans la carrière d’un artiste : sa nomination aux Victoires de la Musique, dans la catégorie Révélation Masculine de l’Année.

De l’annonce de cette grande nouvelle à sa préparation pour la cérémonie en passant par la création de son album et de sa musique en général, Noé Preszow a pu se confier à aficia…

Noé Preszow : l’interview…

Comment te présenterais-tu à quelqu’un qui te découvre seulement aujourd’hui ?

Je ne présenterais pas, je lui ferais écouter “À nous”. Je ne lui parlerais pas tellement de moi mais je lui dirais que je fais de la chanson française mais bricolée avec des éléments pop et folk.

En septembre dernier, tu as dévoilé ton premier EP Ça ne saurait tarder. Dernièrement, c’est le single “Le monde à l’envers” que tu partageais. On remarque que ce sont des titres très percutants, puissants. Que cherches-tu avec ces textes ? Te libérer toi-même ? Faire passer un message ?

Je trouve que l’expression est très juste, c’est en effet de me libérer de quelque chose. C’est vrai que le lieu commun est de dire que l’on écrit pour se souvenir, alors c’est vrai, mais moi, je dirais plutôt que j’écris pour oublier. Enfin c’est le double rôle : oublier en tant qu’être humain et en même temps laisser une trace.

Alors oui, c’est me libérer d’une forme de fièvre. C’est toujours ça le lien entre chaque chanson, c’est qu’il y a toujours une fièvre, une angoisse, une rage. Effectivement, “Le monde à l’envers”, c’était une colère qui devait sortir, ça dépend vraiment des chansons.

Au mois d’avril, tu dévoileras À nous, ton premier album. Comment as-tu travaillé pour la création de celui-ci ?

Déjà, les titres qui sont sur l’EP seront sur l’album. La plupart des chansons ont été écrites pendant la même période, c’est à dire pendant ces 4 dernières années, pour qu’il y ait une cohérence. Je n’ai pas essayé de faire un best-of de ce que je fais depuis longtemps. Je suis reparti de là où j’en étais, c’est à dire de “À nous” il y a 4 ans et des chansons qui ont suivies, sauf une qui date de l’adolescence, qui est une chanson un peu particulière.

J’ai travaillé, depuis le début de l’EP, avec Romain et Didi, deux producteurs qui travaillent notamment avec Yseult. En fait, pour cet album c’est un mélange. Il faut qu’il y ait à la fois des éléments qui viennent de ma chambre, donc ça c’est toujours le cas : il y a des guitares qui viennent de ma chambre, il y a des choeurs, des claviers et pour moi c’est ça qui fait le lien entre chaque chanson au niveau du son. C’est qu’il y a des éléments venant de la même période et du même lieu. Et puis en même temps, il y a le côté studio, mais studio assez intimiste avec eux, Romain et Didi et là, il y a un peu quelque chose de l’ordre du jeu.

Les choses techniques font que tout ça forme un album : le son de la guitare, le son du micro pour les voix, toutes ces choses qui font que c’est un seul et même album et je ne me suis pas vraiment mis de limite. Si ce n’est de garder quand même une forme d’intimité et de ne pas partir dans un album où il y a trop de chose.

Destination les Victoires de la Musique pour Noé Preszow !

Parlons maintenant des ‘Victoires de la Musique’ où tu es nommé en tant que Révélation Masculine de l’Année. Comment as-tu appris ta nomination et comment l’as-tu vécu ?

J’étais en train de terminer l’album à ce moment-là, on était à l’étape du mixage, du mastering, qui sont des étapes que je suis attentivement. C’était hyper joyeux, ça a donné une énergie nouvelle. Pour cette année assez chaotique, c’était assez inattendu.

Inattendu parce que c’est le début, enfin ça fait longtemps que je fais des chansons, mais là, publiquement, c’est le début. C’est aussi inattendu parce que je suis bruxellois, donc ce n’est pas directement un réflexe de penser à ce genre de chose. J’étais hyper content parce que j’ai des souvenirs des Victoires, je n’étais pas un grand fan de télévision mais ça faisait partie des choses que je regardais.

En quoi te sens-tu révélation ? Que penses-tu avoir apporté de différent ?

Franchement, je ne peux pas trop répondre à cette question mais je dirais quand même que les points communs qu’ont tous les nommés, c’est que chacun à son univers, donc j’imagine que j’ai le mien, on fait tous des choses assez différentes les uns des autres. Et puis on a tous plus ou moins 25 ans, ça veut dire que l’on est encore jeune mais que l’on ne sort pas de l’école, on a fait des choses avant, on a des kilomètres dans les pattes.

Par rapport à ce que je fais moi, je ne saurais pas vraiment dire, simplement oui, le mélange, l’importance rythmique et l’importance du texte. Je crois qu’aujourd’hui, car les années 2000 ont été un peu plus compliquées en chansons françaises, il y a de nouveau de la place pour des textes intimes, brut et qui ont à la fois une forme d’engagement et une prise de position.

C’est surtout une énergie pour la suite, ça donne envie de continuer, de se dire que c’est une étape, une étape assez agréable à vivre.

Noé Preszow

Comment te prépares-tu à cet évènement qu’est la cérémonie des ‘Victoires de la Musique’ ?

Je m’y prépare assez calmement, avec mes musiciens. Je sais ce que je vais chanter, je sais ce que je vais faire. Je veux quelque chose d’assez simple, non pas que je sois quelqu’un de simple, je ne me considère pas comme ça, mais disons que je crois que pour cette année, enfin de toute façon et de manière plus large, les gens et moi-même en avons marre des artifices. Je pense que cette année est tellement chaotique que ce qui compte c’est de chanter sa chanson et de la jouer avec des musiciennes et musiciens en live, tout simplement.

Clou, une artiste avec qui tu partageras certaines scènes prochainement, on l’espère, est elle aussi nommée en tant que révélation. Pouvez-vous échanger à ce sujet, vous donner mutuellement des conseils ?

On peut. Après, je suis très solitaire dans ce que je fais. Je ne suis pas mauvaise ambiance ou quelqu’un de sinistre et je ne suis pas du tout branché compétition, ce n’est pas du tout mon monde et mon vocabulaire. Mais dans le travail, je n’ai pas de conseil à donner à qui que ce soit. Je ne vais pas à la pêche aux conseils et aux échanges, si ce n’est que c’est agréable quand on se croise, même si on parle pas énormément c’est agréable. Il y a une solidarité implicite du fait qu’on est dans le même label, qui est un gros label mais indépendant, ce qui veut dire quelque chose. Ça serait mentir de dire que l’on débrief à la virgule près de ce que l’on va faire.

La cérémonie des Victoires, la sortie de l’album… Ce n’est pas trop difficile de gérer ces deux expériences en même temps ?

Justement, ça me permet de ne pas trop penser à cette sortie d’album, je suis très heureux mais le fait qu’il y ait plein de chose en même temps fait que je ne serai pas, dans les heures qui précèdent, à attendre que cet album sorte. Je suis impatient mais il y a d’autres choses, la vie continue.

D’ailleurs, est-ce que, pour toi, être nommé aux Victoires est un tremplin pour la suite de ta carrière ?

D’abord le fait que ce soit dans la catégorie révélation, ça veut dire quelque chose : c’est une seule fois dans la vie. C’est comme le meilleur espoir aux Césars, c’est une fois dans la vie. Ce n’est pas du tout un but dans la vie, mais dès lors que l’on est un peu dans cette histoire là, il n’y a pas 36 occasions d’être nommé dans cette catégorie, c’est quelque chose d’unique.

Et c’est surtout une énergie pour la suite, ça donne envie de continuer, de se dire que c’est une étape, une étape assez agréable à vivre.

Enfin, que peut-on te souhaiter pour cette nouvelle année ?

Plein de nouvelles chansons, c’est ça qui m’intéresse, de continuer à battre le fer et de garder l’énergie.