Dadju - (c) Fifou
Dadju - (c) Fifou

Dadju, les origines d’un phénomène

Le Gentleman de ces dames est de retour ! Dadju brille désormais tel un Cullinan. Fort de son talent et de sa persévérance, l’ancien membre du groupe The Shin Sekai est devenu en quelques années seulement un incontournable de la scène musicale en France, l’un des artistes les plus influents et les plus polyvalents. Retour avec aficia sur un parcours sinueux au départ, au dénouement ô combien glorieux.

C’est un projet que le public fidèle de Dadju attendait avec impatience. Plus d’un an et demi après la sortie de P.O.A. Miel Book – réédition de Poison ou Antidote -, le mélodiste de 31 ans a enfin dévoilé vendredi son troisième album solo Cullinan, composé de 17 morceaux. L’artiste y explore une nouvelle fois les facettes de l’amour sur du R&B et des sonorités majoritairement africaines. Et pour cause, Cullinan demeure la Bande Originale de son tout premier film « Ima » actuellement en salles, réalisé à Kinshasa, au Congo.

Pour lancer cet album, Dadju avait choisi “King” pour signer son grand retour. Le titre clin d’œil à « Reine », son plus grand classique, connaît un succès d’estime. Dévoilé le 17 février dernier, le clip comptabilise aujourd’hui plus de 16 millions de vues. Pour poursuivre sa promo d’album, Dadju a livré une collaboration attendue et annoncée il y a quelques mois entre le rappeur Gazo et lui-même. Sur “Picsou”, les deux interprètes se livrent alors à un passe-passe efficace sur une drill mélodieuse et entraînante.

Enfin, comme troisième extrait, Dadju nous offrait un véritable tube de l’été à en devenir. En collaboration avec Ronisia et réalisé dans les rues de la République Démocratique du Congo, pays d’origine de Dadju, le clip “Toko Toko” nous embarque vers des horizons chaleureux, sur une instrumentale exotique inédite à la fois cubaine et congolaise.

En tournée sur le ‘POA Miel Tour’ (devenu le ‘Cullinan Tour’) dans toute la France depuis début novembre, le natif de Bobigny défendra son nouvel album aux Etats-Unis fin mai et se produira le 18 juin prochain sur la pelouse du mythique Parc des Princes, à Paris.

Mais qui est vraiment Dadju ? Quel est le parcours de cet artiste à la mélodie facile, à la polyvalence artistique époustouflante, à l’humilité débordante et à la générosité sans faille ? Eléments de réponse.

Une jeunesse difficile

Dadju Djuna Nsungula voit le jour le 2 mai 1991 à Melun, en Seine-Saint-Denis. Il grandit néanmoins du côté de Romainville, à quelques kilomètres. Originaires de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, les parents de Dadju se séparent peu après sa naissance. C’est sa mère, Dalida,  qui élève seule une partie de sa fratrie composée de quatorze frères et sœurs. Elle se démène et multiplie alors les petits boulots. Dadju, ses frères et ses sœurs sont alors expulsés, contraints de vagabonder, de dormir à la rue ou dans des foyers. Une période difficile qui lui forge un caractère, un mental à toutes épreuves, des valeurs et une ligne de conduite qu’il n’abandonnera pas.

Calme, réservé et studieux, Dadju n’a qu’un seul objectif : réussir. La CPE de son collège, entre autres, Madame Vieville, va notamment améliorer les conditions de vie du jeune adolescent et venir en aide à la famille N’sungula. Mais il n’est encore pas question de faire carrière dans la musique…et pourtant !

Ses débuts dans la musique

Dadju obtient par la suite un Bac pro Vente afin de devenir concessionnaire automobile. Etudiant, il travaille dans un fast-food pour tenter de placer un maximum d’argent et payer ses études. Mais en étant petit-fils d’un musicien et fils d’un chanteur célèbre en Afrique et d’une fan de Céline Dion, la musique finit logiquement par frapper à sa porte.

C’est lors d’une session studio de son demi-frère Gims, au début des années 2010, que Dadju s’essaie à la musique, avec brio. Poussé par ses proches et son frère principalement, il s’engage à l’âge de 21 ans en faveur du label Wati B et signe ses premières collaborations, dont le très célèbre « Wati Big Ali » qui propulse véritablement sa carrière.


Dans la foulée, le label et son manager lui proposent de former un groupe avec un rappeur parisien charismatique et technique du nom d’Abou Tall. Dadju accepte. The Shin Sekai voit le jour.

L’aventure The Shin Sekai

Le concept de The Shin Sekai est intéressant et assez innovant en France. Le duo rassemble pourtant deux artistes diamétralement opposés musicalement. D’un côté un rappeur en puissance et de l’autre un néo-chanteur inexpérimenté, influencé par Akon, désireux de lui aussi pousser les mélodies. Et de ce contraste, Abou Tall et Dadju en font une véritable force. Ils parviennent à créer une véritable identité grâce à leurs talents respectifs. L’un s’occupe principalement des couplets tandis que le second s’empare des refrains. Mais très rapidement, Dadju va se découvrir une certaine polyvalence musicale et artistique. Sous les conseils et l’expérience de son duo, le natif de Bobigny s’essaie au rap, avec grand succès. Il apparaît notamment excellent sur certains freestyles.

La symbiose et la fluidité de ces deux jeunes artistes parisiens vont permettre la naissance de trois projets : The Shin Sekai, Volume 1 (2013) ; The Shin Sekai, Volume 2 (2014) et Indéfini (2016), le seul album studio du groupe.

Parmi ces projets, de véritables tubes :

Après quelques collaborations de taille, de multiples festivals, une tournée en Afrique, mais aussi une première partie mythique avec Black M, The Shin Sekai appuie sur « pause » en 2016.

Fort de cette expérience, Dadju aura ainsi connu ses premiers pas sur scène, ses premiers succès, les séances studios intenses, les tournages de clips mais aussi les promos, les attentes d’un public exigeant et les difficultés du métier… Multiples éléments qui lui serviront ensuite.

Dadju élevé au rang de Star

Le 6 octobre 2016, Dadju dévoile « Kitoko » sur son Facebook, un morceau inédit qui semble annoncer le début d’une carrière solo. Et en effet, peu de temps après cette capsule, extrêmement relayée par son public, l’artiste alors âgé de 25 ans annonce le lancement de sa carrière solo. De ce pas, Dadju lance les #G20Live sur Instagram, une série de morceaux d’une durée d’une minute, qui sonnent comme les prémices de son futur album Gentleman 2.0.

Il y aura au total neuf épisodes de #G20Live et parmi ces morceaux, certains vont être finalisés et passer la barre des 3 minutes. C’est le cas notamment de « J’ai dit non », « La roue tourne », « Déjà Trouvé » mais surtout de « Reine », la toute première capsule. Un titre que Dadju ne souhaitait guère finaliser.

Aujourd’hui, le morceau reste son plus grand classique. Single de Platine et numéro 1 en France, le clip au décor dépaysant et romantique cumule près de 314 millions de vues. En concert, lorsque les premières notes résonnent, le public illumine la salle pour ainsi chanter à l’unisson. Un véritable carton qui porte le début de carrière du nouvel artiste en solo.

Gentleman au triomphe retentissant

À  la suite du succès de « Reine », Dadju doit confirmer. Nous sommes en 2017 et le franco-congolais quitte WatiB pour rejoindre Universal et le label Polydor. Les « choses sérieuses » débutent, il est grand temps pour le natif de Melun de frapper un grand coup sur l’industrie musicale française. Dadju endosse alors le rôle d’un personnage, celui du « Gentleman 2.0 ». Ce surnom, titre de son projet, fera référence notamment à son attitude envers les femmes mais aussi ses proches. Peu galant, peu démonstratif mais ô combien omniprésent pour elles, pour eux, c’est ainsi que Dadju se caractérise.

Dans cet album intime, personnel et général, principalement composé par Seysey, l’artiste parisien sublime la femme, tente plus que jamais de la comprendre et de la mettre en valeur. Il se livre, raconte ses peines et ses mésaventures à travers des ballades RnB entraînantes mais aussi ses joies et ses fiertés sur des instrumentales afro, notamment. Comme la plupart des artistes RnB qui content l’amour, on lui colle alors l’étiquette de « loveur » après cet album. Une étiquette qu’il assumera facilement.

Le travail et la diversité artistique de ce projet où figurent des grands noms tels que Gims, Niska, Alonzo, S.pri Noir, Franglish, Fally Ipupa, Keblack… porteront leurs fruits.

En seulement deux semaines, l’album Gentleman 2.0 , dévoilé le 24 novembre 2017, devient Disque d’or (50 000 ventes).

Et peu à peu, fort de leur succès, nombreux de ses morceaux obtiendront également leurs certifications : Single d’Or (« Ma Fierté« , « Django« , « Sous contrôle« , « Seconde chance« , « Intuition« …) mais aussi Single de Platine pour « Comme si de rien n’était » et « Lionne » voire même Single de Diamant sur « Reine« , « Bob Marley » et « Django« 

Derrière Johnny Hallyday Mon pays, c’est l’amour et Gims avec sa Ceinture noire, Dadju glisse Gentleman 2.0 à la troisième place des meilleures ventes d’album sur l’année 2018, en France. L’album est élevé au rang de disque de Diamant (500 000 ventes).

Aujourd’hui, Gentleman 2.0 cumule jusqu’à 740 000 équivalents ventes selon la SNEP.

Le succès de Dadju se ressent lors de sa tournée du G20Tour passant par la Belgique, le Canada mais surtout à travers le pays, en France, où l’artiste fait salles combles. La Cigale, L’Olympia et Bercy ont été remplis en un temps record. Un début de carrière en solo qui donne le tournis puisqu’en quelques mois seulement, Dadju est clairement devenu l’un des chanteurs français les plus écoutés.

En octobre 2018, le mélodiste dévoile la réédition de l’album « Gentleman 2.0 ». Celui-ci comporte dix nouvelles chansons avec un nouveau classique : « Jaloux« . Dans ce morceau entraînant, l’artiste évoque l’amitié qu’il juge impossible entre l’homme et la femme. Une prise de position qui va beaucoup faire parler, qui va également diviser mais qui va néanmoins se placer à la première place des classements en France et ajouter une certification au palmarès de Dadju (Single de Diamant).

Au sommet de son art, la nouvelle Révélation Francophone des NRJ Music Awards 2018 va pourtant effectuer une pause, loin des réseaux.

Un double album surprise

En 2019, Dadju revient fort, très fort. L’artiste marque son grand retour le 28 juin 2019 avec la sortie de « Compliqué », son nouveau single. Tiraillé entre plusieurs femmes, il joue le rôle cette fois-ci d’un célibataire en difficulté sur une prouesse vocale à la fin du titre. Ce dernier ne se classe pas premier des ventes mais terminera malgré tout single de Diamant, manifestement une habitude pour Dadju.

En octobre, Dadju dévoile un sublime morceau de soul : « Ma vie ». Excellement produit par Tommy Djibz, ce titre émouvant au texte poignant marque l’arrivée d’un nouvel album : Poison. Dévoilé le vendredi 14 novembre 2019, ce projet aux rythmes RnB et hip/hop, porté par une introduction très personnelle, affiche le visage d’un Dadju souffrant, désireux de se confesser, marqué par la rupture amoureuse et par la trahison.

Deux jours plus tard, l’artiste annonce par surprise la sortie d’une suite à Poison, son Antidote. Un projet cette fois-ci bien plus ensoleillé, aux influences africaines, venu réparer les douleurs du premier. On retrouve notamment « Maamou« , une ode à sa fille ainsi que « Ma Woman« , une ode à sa femme cette fois-ci.

À noter aussi l’ingénieuse transition entre les deux projets sur « Normal« , un morceau où l’artiste fait part de ses indécisions, où il ne sait se placer entre le Poison ou l’Antidote, où il confie finalement avoir une part des deux. En plaçant ce titre au début d’Antidote, il opère à un changement d’album et de mentalité d’une manière subtile et intelligente.

De ces deux EP concept, naîtra Poison ou Antidote, le deuxième album studio de Dadju. Au total, le projet cumulera 31 titres éclectiques, composés en majorité par MKL et Nyadjiko et portés par des collaborations de renom : Burna Boy, Nekfeu, Damso, Tayc, Davido, Ninho, Koba LaD, Soolking, WizKid, Gaz Mawete, Kaly et Aymane Serhani.

L’album Poison Ou Antidote est aujourd’hui Triple Platine, proche du Diamant (500 000). Dadju cumule donc, déjà plus d’un million d’albums vendus sur ses deux projets.

Deux ans après l’immense carton de Gentleman 2.0, Dadju n’a donc pas perdu son endurance. Invité sur de multiples projets, le phénomène est en route vers les sommets et compte bien s’y installer sur la durée. Le frère de Gims annonce même une tournée des plus grandes salles pour son « POA Tour » en France, qu’il terminera en apothéose au mythique Parc des Princes. Un stade où se sont produits Michael Jackson, Prince, les Rolling Stones, Johnny Hallyday, le groupe U2 mais aussi David Bowie et d’autres grands noms.

De la pandémie, une force

Comme pour l’ensemble des artistes, la pandémie mondiale est venue freiner le développement des projets et les objectifs de chacun(e)s. Dadju a évidemment annulé sa tournée et en a profité pour faire preuve, une fois de plus, d’humanité. Durant le premier confinement, l’artiste très engagé en faveur de l’Afrique et notamment du Droit des Femmes, entre autres, œuvre pour récolter un maximum de fonds à reverser à l’UNICEF et aux Hopitaux de Paris. Le désormais père de deux enfants, continue de travailler à distance sur son association Give Back Charity, venant en aide aux femmes victimes d’agressions sexuelles en République Démocratique du Congo.

Ce n’est qu’à la fin de l’année que le chanteur francilien dévoile la réédition de Poison ou Antidote : Miel Book Edition, avec 11 nouveaux titres. Parmi eux, deux succès, à savoir Amour Toxic qu’il défendra sur les différents plateaux de télévision mais aussi Dieu Merci avec Tiakola qu’il qualifiera de « son meilleur featuring » dans une interview accordée récemment à Booska P. Une nouvelle fois décalé, son Parc des Princes est annoncé pour le 18 juin 2022.

« Let’s go, mon soleil ! »

En 2021, après avoir collaboré avec Slimane et Gims sur une sublime reprise du classique « Belle« , Dadju lâche son tube de l’été.

« Mon Soleil », en duo avec Anitta, chanteuse brésilienne, résonne considérablement. Tourné en République Dominicaine, le clip sensuel, dansant et chaleureux cumule plus de 72 millions de vues. En quelques mois, le titre obtient même un Single de Platine et devient l’hymne de sa tournée.

Ce sera la seule actualité musicale de Dadju pour 2021.

Artiste à part entière

Après avoir revêtu le dossard de producteur, en lançant des artistes comme Kaly et Ocevne sous son propre label Amaterasu Prod et après avoir également lancé sa propre marque Username, l’interprète de « Reine » endosse cette fois-ci le rôle d’acteur de cinéma. Ultra-polyvalent, Dadju ne recule devant rien. Cette idée germait dans la tête de l’artiste depuis décembre 2020. Il souhaitait écrire le scénario d’un long-métrage et y participer. Il rencontre alors Nils Tavernier, réalisateur de talent et ce dernier accepte le projet de Dadju. Ils tourneront, en pleine pandémie, à Kinshasa pendant de longs mois aux côtés de Karidja Touré, Djimo mais aussi Nick Mukoko ou encore Joss Stinson.

Ima - film 2022 - AlloCiné

En salles depuis le 11 mai 2022, le film « Ima » conte le coup de foudre entre Dadju, venu à Kinshasa donner un concert dans son pays d’origine et l’envoûtante Ima, sous l’emprise pourtant d’un riche homme d’affaires.

De ce film, naît la bande originale et le troisième album studio de Dadju, Cullinan.

Cullinan, et de 3 !

Le nom de Cullinan fait référence au plus gros diamant jamais découvert. Au-delà de ça, la philosophie du Cullinan parle à Dadju. Formé 600 km sous terre, le diamant est apparu à 9km de la surface, avant de briller. Une histoire qu’il compare à sa vie.

Ce troisième album, développé par le label Capitol, débute une nouvelle fois par une introduction personnelle et marquante sur « Wilow« , en collaboration avec le boxeur camerounais Francis Ngannou. Dans ce troisième opus, Dadju revisite les différentes parties du film. Il dira lui-même avoir écrit et composé cet album en grande partie pendant le film et depuis plus de deux ans.

Fort de sa polyvalence, Dadju nous propose un florilège de mélodies R&B, Afropop voire Drill avec Gazo, et de rythmiques innovantes où l’amour est, une fois de plus, le thème central.

Sur « Ambassadeur« , son nouveau single, le franco-congolais se place, comme son nom l’indique, comme un porte-parole de son pays d’origine. En bon ambassadeur qu’il est, Dadju propage alors le « sébène », ce style musical dansant à la rythmicité endiablée, propre aux Congolais.Pour la confection de ce superbe morceau, il avouera avoir été aidé par Fally Ipupa et d’autres intervenants pour mener à bien cet hymne.

Rema, Hamza, Imen Es, Gazo mais aussi Ronisia et Brigade sont présents sur cet opus de 17 titres seulement, se concluant par « Ima« , la sublime bande originale du film du même nom. Entouré par un chant gospel, l’album se termine d’une manière forte et intense.

Au lendemain de son troisième album, l’aventure est loin d’être terminée pour celui qui prépare un documentaire pour la fin de l’année. Le chanteur désormais tête d’affiche de la musique en France a également sous la main le projet d’un album commun avec son frère Gims et d’autres collaborations internationales à venir après celles de Chris Brown sur Goodbye, d’Anitta sur Mon Soleil ou encore Rema sur One Time….

À suivre….