Ehla
©Valentin Fabre

Ehla en interview ‘sans filtre’ : “Cet album c’est du nineties façon 2023”

Elle vient tout juste de dévoiler son premier album studio baptisé Pause. Ehla signe son grand retour en proposant un nouvel opus sincère. L’artiste se confie dans une interview ‘sans filtre’ pour aficia.

Après deux ans de travail acharné, Ehla a offert son tout premier disque Pause, le 2 juin dernier. Auteure, compositrice et interprète, la jeune artiste a dévoilé un peu plus de son univers singulier avec ce nouveau projet.

Inspirée par des sonorités pop, soul et R’n’B, l’album est teinté de référence nineties sur certains titres. Dans “Mortel” par exemple, l’interprète se raconte avec autant de pudeur que de sincérité. Cet opus est un véritable petit cocon de douceur et d’amour dans lequel se réfugier. Avec les 11 titres que composent ce disque, la jeune femme propose un album longuement mûri et d’une grande qualité. Pour cette interview ‘sans filtre’, Ehla se confie sur le processus de création de Pause et fait un point avec nous sur sa carrière aujourd’hui.

L’interview ‘sans filtre’ de Ehla :

Bonjour Ehla. On t’as eu en interview il y a 2/3 ans maintenant. Qu’est-ce qu’il s’est passé pour toi depuis ? Quels ont été les grands événements ?

Il s’est passé beaucoup de choses. J’ai beaucoup travaillé. Le centre de ces 3 ans était de faire plein de chansons. Mais aussi, de trouver vraiment ma place artistique. J’ai d’abord travaillé toute seule à la maison en créant des chansons. Ensuite, en studio où j’ai rencontré des producteurs, ce qui m’a permis d’avancer. J’ai volontairement pris mon temps, c’est vraiment un choix de ma part. J’ai signé dans un label, il y a 2 ans maintenant. On aurait pu très rapidement sortir l’album mais on avait tous la volonté de faire quelque chose d’un petit peu à part, de spécial. Du coup, ça a pris du temps de trouver les bons réalisateurs, les bons collaborateurs etc… Donc, pendant 2 ans j’ai bien travaillé ! 

On avait tous la volonté de faire quelque chose d’un petit peu à part, de spécial

Ehla – aficia

Depuis quand avais tu le projet de faire cet album ?

Le format album m’a toujours un petit peu, presque fait peur. Parce que ça cristallise un moment, une période de ta vie. Ce n’est pas quelque chose dont j’ai vraiment fantasmé. Par contre, quand j’ai commencé à le faire, c’est devenu quelque chose d’excitant. Je dirais que j’ai toujours rêvé de faire de la musique. L’album est venu en le faisant et plus ça a avancé plus je me disais ‘olala j’ai hâte d’avoir le vinyle posé sur ma cheminée chez moi’. C’est vraiment venu en le créant. Mais aussi, quand je me suis rendue compte que je commençais à être très fière de ce qu’il se passait. Là je me suis dis ok, ça valait le coup et c’est devenu hyper exaltant en fait. 

Donc c’est vraiment un album qui s’est fait au fur et à mesure de tes créations ? 

Oui, mais aussi parce que je pense que j’avais besoin de me prouver des choses. J’avais besoin de me démontrer que j’étais capable de faire 11 titres. Je voulais absolument un album qui ne soit pas trop linéaire où tu passes d’un morceau à l’autre, d’un thème à l’autre, où tu es un peu surpris par les sonorités. Quand ça a commencé à être l’album tel qu’il est sorti aujourd’hui, je me suis dit ‘ok je suis assez fière et du coup j’ai hâte de le défendre‘. 

Quelles ont été les difficultés auxquelles tu as été confrontée pour faire cet album ?

La principale difficulté est que j’avais une certaine ambition. J’écoute énormément de musique anglo-saxonne, américaine et l’obstacle c’était la projection que j’en avais dans ma tête au niveau des sonorités. Ensuite, c’était compliqué de trouver les bons réalisateurs, ceux qui vont vraiment mettre la patte et le son sur cet album. Je voulais avoir un peu la sonorité Ehla, que les gens se disent ‘ok là c’est elle’. D’ailleurs il y a ces inspirations-là et on sent le côté un peu vintage nineties mais à la fois très moderne.

La phase d’écriture, tu es à l’aise ?

Ecrire des textes, c’est très difficile ! Pour moi, c’est soit ça vient tout de suite et c’est génial comme “Angle Mort” par exemple que j’ai écrit d’une traite, ou “Pluie d’amour”. Cependant, il y a certains titres où ça a été plus long, où je me suis acharnée parce que c’est très important pour moi de faire attention aux mots, à la façon dont je les articule. L’élaboration des textes n’a donc pas été toujours facile notamment parce que je me suis mis une rigueur et parce que je voulais vraiment être fière de moi sur ce sujet là.

Il y a quelque chose à laquelle tu tenais absolument ?

Je voulais qu’il y ait une sorte de poésie, même si c’est la mienne et que je ne suis pas Baudelaire, je voulais qu’il y ait toujours quelque chose de poétique et que ça groove. C’est difficile avec la langue française, qui n’est pas faite pour ça. Je voulais que l’on garde le sens du rythme mais à la fois, que ça signifie quelque chose. Donc je dirais que ce sont les deux points les plus complexes de cet album.

©Valentin Fabre

Qu’as-tu voulu dire et transmettre dans cet album Pause ?

Il y a plein de choses mais à la fois ce sont des choses très simples. C’est un album que j’ai commencé à faire juste après la période Covid, où j’ai perdu mon grand-père. Cet évènement a été un élément déclencheur, un élan de vie, de liberté, de croquer la vie ! Cet album est extrêmement libre, assez frais. J’avais envie d’un album qui fasse du bien, que tu écoutes dans le métro, en heure de pointe quand c’est l’enfer, tu mets ton petit casque, tu écoutes Pause et tu es content ou alors juste marcher dans la rue avec, le matin quand tu te lèves tôt et qu’il fait moche. J’avais besoin et envie d’essayer de faire du bien pour apporter plein de choses. C’est un album qui, je crois, est franchement positif, je voulais donner un peu de douceur. 

Est-ce que le retour du public est quelque chose d’important pour toi ?

Bien sûr, c’est le truc le plus important car une fois que tu finis ton album, il n’est plus à toi et il ne t’appartient plus. Quand tu le fais, tu n’espères que ça, que tu ne sois pas seule à aimer ton album donc oui ça commence à être très cool. Je reçois énormément de messages. Ce qui me fait super plaisir c’est que je voulais que cet album réunisse un peu les gens et les générations et c’est ce qu’il se passe aujourd’hui.

J’ai des jeunes personnes de la vingtaine qui m’écrivent et qui s’y retrouvent, j’ai des personnes de mon âge voire plus vieux, de 40 ans qui me disent :”Je retrouve des sonorités qui me plaisaient”. Je suis très contente en ce moment et je pense que c’est ça qui me rend aussi heureuse, c’est que cet album est pour tout le monde. Je sens que c’est ce qu’il se passe, j’ai réussi ce défi et ça me réjouie. 

Tu as indiqué que tu étais en apnée pendant 15 ans, est-ce que aujourd’hui tu as pu réellement retrouver ton souffle ?

Oui, oui oui je respire bien là ! C’est comme si j’avais pris un peu de Ventoline et que ça repartait. Je suis extrêmement apaisée, épanouie, très heureuse, à ma place, je suis entourée des bonnes personnes. J’ai des amis incroyables, j’ai une équipe de travail fabuleuse. Vraiment, tu vois, presque, je fais ma petite prière tous les matins pour que ça dure parce que là tout de suite j’ai des poumons bien oxygénés.  

Découvrez le clip de “L’autorisation” :

Je pense par exemple à ton titre “L’autorisation”, c’est un titre qui est vraiment symbolique je trouve dans ton album et qui reflète bien ça non ? 

Totalement ! D’ailleurs, ça a été le premier ou l’un des premiers que j’ai fait avant même de savoir que j’allais faire un album et que j’aurais la chance de pouvoir signer quelque part. C’était un peu un cri, j’ai changé aujourd’hui ! J’ai passé la trentaine, je suis quelqu’un de libérée, de mieux dans mes baskets même si ce n’est pas encore totalement guérie, qui avance seule, qui sais faire des choses, qui est solide. C’était un peu pour me prouver à moi-même que j’avais passé un step puis que j’étais passée à autre chose et devenue quelqu’un de plus fort. 

Dans plusieurs de tes titres (Magique, 1000 ans…) on retrouve des sonorités des années 90. Cette période t’inspire ?

Oui beaucoup, j’ai l’impression que les musiques qui nous marquent le plus sont celles qu’on écoute quand on est adolescents. On est tellement torturés, à chercher du réconfort un peu partout. Il se trouve que j’ai grandi dans cette période où c’était vraiment l’effervescence du R’n’B et de ses sonorités là. Donc je pense que ça sera toujours extrêmement ancré en moi. Effectivement, il y a cette petite touche mais après je ne veux absolument pas être cette personne qui dit que c’était mieux avant. Je suis très à l’écoute de ce qu’il se fait aujourd’hui, il y a plein de choses que j’écoute et que j’adore donc je voulais que ça soit des ponctuations et des clins d’œil à ces années-là mais pas une copie de ce qu’il se faisait à cette époque. C’est du nineties façon 2023 ! 

Avec cet album dans le paysage musical, que penses tu apporter avec ce nouveau projet ? Penses tu pouvoir te faire entendre distinctement ?

Cover de l’album Pause d’Ehla

Ça on le sait jamais, comme je disais par rapport aux retours que j’ai eu, je sais que je suis déjà entendue et je suis contente parce que ce que je voulais c’était toucher des gens comme moi, des gens sensibles, qui me ressemblent un peu et j’ai l’impression que j’ai une communauté qui rassemblent tout ça. J’ai le sentiment que c’est une grande famille quelque part et c’est déjà hyper satisfaisant.

Cela me nourrit déjà beaucoup après tu sais jamais ce que devient une carrière, il y a plein de bonnes nouvelles qui arrivent chaque jour, ça n’arrête pas et honnêtement c’est fou ce qu’il se passe, je suis sur un nuage. Mais tu sais la musique c’est tellement particulier, il y a tellement de facteurs qui jouent que je ne sais pas quand ça s’arrêtera ni jusqu’où ça va aller. En tout cas, là aujourd’hui, je suis déjà comblée !

Tu as fait La Maroquinerie la semaine dernière comment cela s’est passé ? 

C’était fabuleux, c’est un moment que j’attendais depuis des années. Ce qui est fou c’est que c’était quand même 500 places, on a réussi à remplir alors que l’album, quand on a annoncé La Maroquinerie, n’était même pas encore sorti ! Je suis quand même assez fière que l’on ait réussi à remplir cette salle et surtout il y avait une dose d’amour qui était incroyable. C’était comme un boomerang que tu jettes avec des petits cœurs et qui te revient avec encore une plus de cœur.

C’était fou et c’était dingue parce que c’était représentatif de ce que je te disais, il y avait des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes et tout le monde avait le smile et chantait les chansons à tue-tête alors que y’en a certaines qui étaient sorties que depuis quelques jours. C’est très réconfortant et c’est très rassurant pour la suite. Je me dis que si aujourd’hui c’est ça, peut-être que dans un an ça sera la même chose avec une capacité encore plus grande mais en tout cas je suis très fière et heureuse. 

La scène est très important pour moi mais mon moment préféré c’est celui de la création

ehla – aficia

Est-ce que la scène est quelque chose d’important pour toi et pour défendre ton projet ? 

Oui vraiment. C’est très important pour moi mais mon moment préféré c’est le moment de la création où tu fais tes morceaux, chez toi ou en studio, c’est jouissif mais d’une façon immense. La scène, je ne peux pas vivre sans ça. Si je fais un album et que derrière je ne tourne pas, je suis la plus malheureuse de la terre. Donc vraiment, j’ai besoin de monter, j’adore ça ! J’ai commencé par la danse, j’ai fait 10 ans de danse où je faisais des spectacles à la fin de l’année et ça me rappelle un peu ce truc ! En plus, la scène c’est une autre découverte des titres, on a un batteur génial qui nous accompagne maintenant. Les gens peuvent danser ! C’est top la scène ! 

La musique te permet elle de combattre ta timidité ? 

Oui, c’est vraiment grâce à la musique que je ne suis plus la Ehla d’il y a 10 ans. Quand on m’a proposé des premières parties à Bercy, la vérité c’était que j’étais tétanisée mais à chaque fois, depuis 10 ans que je fais ce métier, j’ai jamais dit non, quitte à me planter, à être moyenne, à être géniale. C’est ça qui m’a fait évoluer et grandir, j’ai beaucoup de chance d’avoir cet art dans ma vie !

Découvrez le nouvel album de Ehla Pause :