Le grand rendez-vous avec Franglish : son nouvel EP, son ascension, le RnB…

Franglish marque son grand retour, après une année 2021 couronnée de succès. Depuis le 25 mars, son nouvel EP Mood 2 résonne et ses hits enchaînent les récompenses, comme récemment “Trucs de choses” avec Gradur certifié platine ou encore « Sans moi » en duo avec Aya Nakamura certifié Or. Pour l’occasion, aficia lui a posé quelques questions à propos de son ascension fulgurante, de son nouveau statut, de ses doutes mais aussi du contenu de son nouvel opus, une nouvelle fois, très éclectique.

L’un des artistes urbains les plus polyvalents est de retour ! Quelques semaines après la sortie de « Wifey », une ballade RnB mielleuse à l’ancienne, Franglish a dévoilé Mood 2. aficia a donc profité de l’occasion pour connaître le regard que porte l’artiste sur sa musique, sur ses collaborations mais aussi sur ses dix ans de carrière et son évolution musicale : du rap au RnB en passant par la drill et la pop.

Dans la deuxième et dernière partie d’interview, le natif du 20e arrondissement de Paris revient largement sur son EP de 8 titres, sur ses influences R&B de plus en plus marquées et sur les difficultés de s’étaler sur certains sujets en musique.

Franglish : l’interview…

Salut Franglish ! On s’entretient pour la sortie de ton EP qui s’intitule “Mood 2”, la première question est simple : dans quel “mood” te sens-tu en ce début d’année après la sortie de cet EP, les featurings qui s’enchaînent et la tournée qui t’attend ?

Très fatigué déjà mais dans un très bon “mood”, toujours prêt, avec la même détermination années après années. Dans l’ensemble je suis très content de la sortie de cet EP. Je suis également très soulagé, plus la peine de se retenir de snapper les sons (rires). Non franchement ça fait du bien, le projet est maintenant dans les mains du public.

Après la sortie de ce fameux projet Mood et juste avant de dévoiler ton deuxième album – bientôt Disque d’Or – Vibe l’été dernier, tu confiais avoir du mal à retourner en studio. Aujourd’hui je te sens soulagé et heureux de faire simplement de la musique. A quoi était liée cette période ? 

Oui c’est vrai, j’avais pas mal de doutes et de remises en question sur ma musique. Je venais de sortir Monsieur, un album aujourd’hui certifié Disque de Platine, avec pleins de gros sons dedans. Après ça, j’envoie Mood, avec notamment “My Salsa” en featuring avec Tory Lanez qui cartonne (Single de platine, ndlr). Donc pour la suite j’avais mes doutes, c’est normal.

Après c’est toujours ça, quand tu te remets dans le studio, la reprise est toujours très compliquée parce-que tu es toujours un peu dans le flou, tu ne sais pas dans quoi tu pars, dans quel style tu dois démarrer, surtout moi qui touche un peu à tout… Mais j’ai rapidement retrouvé la route, aujourd’hui on est “ok” sur ça, c’est du passé. Ces doutes-là, je ne les ai plus.

Avec mon équipe on a jamais arrêté de travailler, malgré nos moments de doutes, et on en a eu pourtant…

– Franglish

Tu avais peur d’être l’artiste d’un seul “gros” hit avec “My Salsa” ?

Déjà je ne suis pas l’artiste d’un seul tube car je n’en ai pas qu’un, j’en avais avant « My Salsa » mais c’est vrai que c’est l’un des plus gros de ma carrière. Et j’arrive quand même à ne pas me dire “je dois absolument faire un hit encore plus gros que ce morceau-là”.  Si je commence à me dire ça après c’est mort. On verra avec le temps si, un jour, un hit parvient à dépasser « My Salsa » ou pas. 

Mais sinon bien évidemment, surtout aujourd’hui, un artiste qui fait un seul et unique hit tombe facilement dans l’oubli. Il faut que cet artiste-là en fasse un autre, voire plusieurs, le plus rapidement possible, et c’est ça le plus compliqué.

Mais chaque été tu parviens tout de même à inscrire ton nom sur les différentes playlists, à faire tourner tes hits en radio…

Oui, Dieu merci… Avec mon équipe on a jamais arrêté de travailler, malgré nos moments de doutes, et on en a eu pourtant, comme je te disais. Mais on a rien lâché et on a réussi à avoir des hits pour l’été 2021, il y en aura encore pour l’été 2022 et même au cours de l’année, pas seulement l’été.

Tu fais de la scène un véritable show à l’américaine avec notamment la danse que tu y incorpores et une scénographie millimétrée de qualité. Toi qui n’a pas pu défendre tes multiples morceaux à succès depuis le début de la pandémie, j’imagine que c’est un grand soulagement et une grande hâte pour toi de partir en tournée à la fin de l’année ?

Ah franchement oui, surtout avec des nouvelles dates, cette tournée dont tu viens de parler et le Zénith de Paris prévu en novembre, je suis extrêmement pressé de retrouver mon public, de danser sur scène avec mon équipe et de faire ce que j’aime.

Tu parles du Zénith de Paris justement, tu étais passé par l’Olympia aussi, j’imagine que pour un parisien comme toi ça a une saveur particulière de jouer chez toi, dans les plus grandes salles de ta ville…

Je marque encore plus l’Histoire, c’est une étape de plus dans ma carrière surtout. “Faire un Zénith” pour moi c’était presque impossible, même récemment encore.  Le fait de l’annoncer puis de voir immédiatement des places qui se vendent en masse, puis me dire que des personnes vont se déplacer de je ne sais où juste pour voir Franglish au mythique Zénith de Paris franchement c’est quelque chose. De la même manière que pour l’Olympia. Ce concert va être historique et aura une saveur particulière pour moi.

Je suis fier de moi. J’ai continué de monter les escaliers, je suis vraiment très fier de moi.

– Franglish

Tu n’es pas arrivé là par hasard du jour au lendemain, tu as commencé la musique il y a dix ans, en 2012, sous le nom de Mr Franglish. Tes premiers hits datent de 2016 déjà avec notamment “C’est plus l’heure” en collaboration avec Vegedream et ton ami Dadju. Aujourd’hui tu es un artiste installé, régulier, qui dure dans le temps. Quel regard portes-tu sur ces dix ans de carrière ?

Je suis fier de moi. J’ai continué de monter les escaliers, je suis vraiment très fier de moi. J’ai eu mes petits coups de mou, c’est sûr c’était pas simple, mais je n’ai pas lâché pour autant, j’ai su être patient. Dans la vie je suis quelqu’un de têtu et de déterminé à la fois, c’était clair que je voulais y arriver. Mais je suis fier de moi mais aussi très fier de mon équipe, il faut le dire.

C’est important de garder cet entourage solide selon toi pour réussir dans la musique ?

Me concernant il a été très important, oui. C’est un aspect qui a beaucoup joué dans cette réussite. Je serais ingrat de dire que j’ai construit tout ça tout seul. Ce n’est pas le cas. Depuis le début je suis très bien entouré, c’est toujours mieux. J’ai l’un de mes managers, Joss Stinson, qui est mon frère, l’un de mes compositeurs, Takeshi-San, qui est un autre frère à moi et quand ça devient une affaire de famille tu es moins sur tes gardes. Donc franchement pour moi c’est très important de garder cet entourage-là pour avancer.

Tu marques enfin ton retour donc sur ce nouvel EP Mood 2. Un projet dans la continuité du premier, avec un florilège de thèmes, de sujets et de styles variés, on retrouve du rap, de l’afro-drill, de l’égotrip mais aussi du RnB. C’est ça pour toi la “recette Franglish” s’il fallait la définir ? Un mélange de plusieurs styles, de plusieurs influences ?

C’est exactement ça oui. En fait, je ne peux pas me contenter d’un seul style car depuis toujours j’écoute trop de musiques différentes, j’écoute vraiment de tout.

Il y en a un en particulier où tu te sens le plus à l’aise ? Celui que tu préfères exploiter ?

En ce moment je te dirais la drill, j’aime vraiment beaucoup ce style et je l’écoute aussi beaucoup. On a d’ailleurs de très bons artistes en France. Mais je te dirais aussi les sons style “West Coast” que j’aime beaucoup… Un petit peu de RnB de temps en temps c’est pas mal. Honnêtement je n’arrive pas à choisir, je prends la musique comme du plaisir, je fais ce que j’aime et ma musique est le reflet de ce que j’écoute. C’est aussi la raison pour laquelle j’aime beaucoup faire des sons “à l’ancienne” ces derniers temps.

Un peu comme le featuring avec L’Algérino, qui reprend le sample mythique de P.Diddy “I Need a Girl Part.2” ?

Exactement, ou même sur “Bonnie And Clyde” (morceau qui utilise le sample du célèbre classique  “Who Do You Love” de Bernard Wright sorti en 1985 ).

Il y a un style sur lequel j’aimerais que l’on revienne, dans lequel tu excelles et fait partie incontestablement des grosses affiches en France, c’est le RnB. Tu l’exploites de plus en plus puisque dans cet EP on retrouve du RnB classique sur le single “Wifey” et du RnB plus moderne avec  “Dis-le moi”. J’aimerais savoir quels étaient et quels sont les artistes RnB que tu écoutais et qui t’ont inspiré par la suite ?

Ah ! Franchement, pour tout te dire, il y en a eu pas mal. Celui qui m’a vraiment marqué restera Usher, évidemment. Mais il y a aussi eu du Chris Brown, des groupes à l’ancienne tels que Boyz II Men… Il y en a eu tellement que j’en oublie carrément.

Il y a certains morceaux dans lesquels je sens une influence de Bryson Tiller, que ce soit dans tes productions, dans ta voix, dans ton flow… C’est un artiste que tu écoutes aussi ?

Ah oui bien sûr, toujours. J’écoute toujours du Bryson Tiller, il fait partie des artistes que j’ai oublié de citer mais oui, sa musique m’influence pas mal.

Dans l’EP il y a un morceau sur lequel j’aimerais revenir c’est “Trophée”. Peux-tu nous raconter la conception de cette déclaration d’amour excellemment produite par StillNas ?

“Trophée” c’est un morceau qui a été écrit comme ça. J’avais seulement l’esprit, le “mood” je dirais même, de chanter l’amour de cette manière. Au total la conception de ce morceau nous a pris une heure et demie seulement entre l’écriture, la “prod” etc…

Il est assez personnel et intime ce morceau…

Alors non, cette fois ce n’est pas un son personnel. Je ne vise personne dedans, je ne parle de personne. Je me suis mis dans la peau de quelqu’un qui parle de quelqu’un, tout simplement.

Sur le projet Mood 2 on retrouve deux invités : Koba La D et Gazo. Comment s’est faite cette toute première connexion avec Koba sur “La Calle » ?

Dans un premier temps, Koba La D et Gazo, comme la totalité de mes collaborations d’ailleurs, ce sont avant-tout des artistes que j’écoute, que je suis tout particulièrement. 

Ensuite, on se connaissait déjà bien Koba et moi, on se parlait sur les réseaux depuis un petit moment maintenant, on s’était notamment rencontré sur la série Or Noir (dans laquelle Franglish joue, nldr) et j’avais à coeur de faire un morceau avec lui.

Et Gazo, avec qui c’est ta deuxième collaboration ?

Gazo m’avait effectivement invité sur son projet Drill FR avec Leto sur le son “Go” et cette fois je voulais qu’on essaie un son lui et moi sur de l’afro-drill comme on aime. “Big Drip” est un son dont je suis très fier.

Pour en revenir au featuring avec Koba, le morceau parle de “La Calle”, en d’autres termes de la rue et vous avez clippé  dans le 20e arrondissement de Paris, là où tu as grandi. C’était un clin d’œil, une sorte de “retour aux sources” pour toi ?

Oui c’est un peu ça, mais c’est surtout que ça collait parfaitement avec le mood et le délire du morceau, c’était facile à faire.

On sent que dans la musique tu continues de faire ce que tu aimes, malgré le succès et la pression, tu fonctionnes aussi beaucoup dans le partage, c’est comme ça que tu vois la musique ? 

Exactement, c’est trop important. Moi je ne suis pas dans les clash, les guerres etc, ça reste du plaisir la musique avant tout, c’est ma passion, notre passion à nous les artistes.

J’aimerais conclure l’entretien en parlant de “Outro”, le morceau le plus personnel et touchant de l’album, dans lequel tu te livres sur tes peines, tes trahisons, tes déboires. En général tu ne le fais pas beaucoup, tu l’as notamment fait sur “Mama” ou encore “Mérité” il y a quelques années mais de moins en moins, c’est lié à de la pudeur ?

Entres autres oui, on peut dire que c’est de la pudeur mais je me dis aussi que ce n’est pas forcément ce que mon public a envie d’entendre de moi, même si parfois ça peut leur faire plaisir en se sentant compris et concerné par ce que je raconte. Je n’aime pas trop me confier en chanson parce-que je passe une majeure partie de mon temps à être de bonne humeur. 

Mais le jour où j’ai écris l’ “Outro” de Mood 2, par exemple, j’étais pas dans le meilleur des mood. C’est aussi la raison pour laquelle il ne dure qu’une minute et quelques et pas plus de trois minutes. Je préférais m’arrêter parce que j’ai tendance à partir trop loin dans ce que je vais dire. 

Et c’est des moments difficiles pour toi ?

Difficiles non, pas vraiment mais ce sont tout bêtement des sons que je ne pourrai pas faire sur scène, devant mon public alors je me dis que c’est pas forcément utile. Je préfère les faire sur le moment, je vide mon sac, ça me fait du bien mais pas plus. Je vais avoir tendance plutôt à parler d’un sujet davantage général que personnel, comme je te l’ai dit plus tôt, des thèmes qui vont davantage parler à mon public plutôt qu’à moi personnellement, où pas grand monde ne pourra s’identifier à part moi.

Découvrez l’EP Mood 2 de Franglish :

Enfin, chez aficia, on est précurseur de nouveaux talents. Est-ce que tu aurais un talent à faire découvrir aux lecteurs d’aficia ?

Alors oui, j’en ai même deux. Il y a déjà Kaly dans un premier temps, qui ne va pas tarder à faire son boucan. Arrivé dans la musique il y a peu de temps, il est signé chez Dadju (dans le label Amaterasu Prod, ndlr).

Ensuite, je te dirais Rsko, qui fait son boucan aussi et que j’aime vraiment beaucoup.

Deux artistes très talentueux avec des voix très singulières et mélodieuses. Tu envisages de collaborer avec l’un d’eux dans les mois à venir ?

Peut-être, on en a pas encore parlé, je connais un petit peu plus Kaly que Rsko mais peut-être, qui sait ?