Ycare - Les animaux fragiles - ©Guilhem Canal
Ycare - Les animaux fragiles - ©Guilhem Canal

Le Grand Rendez-Vous avec Ycare !

Ycare est de retour sur le devant de la scène avec “Les animaux fragiles”. Il prépare désormais la sortie d’un album de duos prévu pour la rentrée 2022. Pour aficia, il s’est livré sans filtre sur cette collaboration et sur sa carrière.

C’est notre grand rendez-vous du mois de juin ! Nous avons le plaisir de recevoir l’auteur, compositeur et interprète, Ycare, en interview. Révélé par “Nouvelle Star” en 2008, l’artiste a traversé les époques, écrivant pour lui, mais aussi beaucoup pour les autres (Johnny Hallyday, Zaz…).

Il prépare actuellement le plus bel album de sa vie et en dévoilait récemment le premier extrait “Les animaux fragiles”, un clip en duo avec Zaz. Un rendu extrêmement efficace qui fonctionne, tant dans les mots que dans la mélodie.

Nous avons profité de ce retour pour faire un bilan de carrière afin d’en savoir plus sur ses projets pour cette fin d’année… Une interview sans filtre avec beaucoup de passion et de sincérité !

J’essaye de faire, à chaque fois, en toute humilité, une grande chanson. Une grande chanson, c’est ce qu’il y a de plus dur à faire

Ycare en interview sans filtre… 

Déjà, comment vas-tu ?

Je vais très très bien, dans ma tête et dans mon corps, je vais très bien ! (Sourire)

Avant de revenir sur ta carrière au sens large, j’aimerais évoquer avec toi la sortie de ce nouveau single en duo avec Zaz. Vous connaissiez-vous déjà auparavant ? Comment vous êtes-vous trouvés ?

On se connaissait déjà à l’époque de “Si jamais j’oublie”. Nous nous sommes revus au Casino de Paris où nous étions invités au concert des sœurs Bertholet pour chanter ensemble. Elle m’a demandé si j’allais bien. Je lui ai répondu que oui, que je prenais soin de moi. Je lui ai demandé la même chose et elle m’a répondu “Oui moi aussi j’ai pris soin de moi”. 

À quelle période ces retrouvailles font-elles référence ?

C’était pendant le COVID. On a attendu un peu tous les deux que ce soit la fin du monde pour prendre soin de nous. Il y avait cette chanson que j’avais faite juste avant le confinement avec Axelle Red. Elle était au piano et moi j’ai fait le texte. Cette chanson, c’est ma dernière chanson triste, j’espère. Elle tend vers l’espoir. Quand je l’ai envoyée à Zaz, elle m’a immédiatement dit : “Je sais déjà les harmonies que je pourrais faire dessus !

“J’ai toujours cru aux chansons, en la force d’une chanson, en l’écriture, en la composition”

Cela n’a donc pas été difficile de convaincre une telle artiste à te rejoindre sur ce morceau ? 

Je vais être extrêmement sincère avec toi. Je crois aux chansons. Ça fera 15 ans l’année prochaine que je fais ce métier, si je peux appeler ça un métier, et j’ai toujours cru aux chansons, en la force d’une chanson, en l’écriture, en la composition, au travail. Convaincre une star comme Zaz , si tu n’es pas sincère dans ta démarche, cela ne fonctionne pas. Quelles que soient les personnes avec qui j’ai travaillé dans ma vie, je n’ai pas réfléchi à autre chose qu’à essayer de faire de jolies chansons. Je ne me suis jamais dit : “Je vais appeler cet artiste parce que c’est une star”.

Découvrez le clip “Animaux fragiles” d’Ycare et Zaz :

Tu aurais pu aller chercher les artistes qui vendent par milliers leurs albums… mais ce n’est pas ce que tu as choisi de faire. Pourquoi ?

Single – Animaux fragiles

Là, l’album que je fais, c’est un album de duos et je ne suis pas allé chercher les stars du moment. Par exemple pour Axelle Red, je voulais tout simplement la meilleure personne qui soit par rapport à la chanson. Pour “D’autres que nous”, je voulais que cette histoire soit éternelle, donc j’ai choisi une artiste éternelle, à savoir Axelle Red. Et c’est la même chose pour “Animaux fragiles”. 

“Animaux fragiles”, c’est un très beau titre, pop, frais… Il a beaucoup de qualités. As-tu eu conscience dès le départ que tu avais conçu une petite pépite ? 

Mais je ne sais pas, puisque je ne réfléchis pas en ces termes. Il y a plein de gens qui savent faire de grosses chansons qui sont souvent numéros 1. On connaît la recette pour les faire. J’essaye de faire, à chaque fois, en toute humilité, une grande chanson. Une grande chanson, c’est ce qu’il y a de plus dur à faire. Après, le potentiel, c’est un terme qui n’est pas le mien. Le seul potentiel à mon niveau, c’est l’émotion, le besoin d’émouvoir les autres. C’est ce que j’essaye de faire à travers mes chansons. Après, que la chanson arrive numéro 1 ou numéro 100, ce n’est pas mon cahier des charges. Chacun son métier, il y a les maisons de disques pour ça (sourire).  Moi je ne réfléchis pas à ça.

Est-ce que ta chanson ressemble à une autre ?

Quand tu regardes la chanson, elle ne ressemble à rien qui existe, dans le sens où il y a des accords mineurs sur les couplets et un refrain qui vient rapidement. Certains te diront que “ce sont deux chansons, ce n’est pas un single, ce n’est pas radio”. Ce n’est pas mon problème en fait ! Et quand je vois l’accueil que le morceau reçoit, je suis choqué et agréablement surpris ! Ça veut dire qu’on a compris ce que je voulais faire avec cette chanson. Nous sommes ravis avec Zaz et Axelle Red. 

Le COVID a changé ma perception des choses. Je ne cours pas vers le succès, ni la notoriété. Je fais ce que la vie m’a donné la chance de faire, c’est-à-dire faire des chansons.

Le clip de “Animaux fragiles” vient tout juste de sortir. Tu n’es pas du genre à sortir un clip tous les mois. Est-ce qu’avec ce clip, tu avais envie qu’il soit meilleur qu’un autre ?

Quand on écrit une chanson, on est un peu dans la lecture d’un livre, c’est-à-dire qu’on est un peu un non-voyant d’une scène qu’on nous décrit et chacun s’imagine des choses. Alors qu’un clip, c’est un peu intime, cela indique ce que nous voulions montrer avec un regard sur une chanson. Même si ça réduit une interprétation possible dans le texte et l’histoire, cela indique ce que nous voulions insuffler comme intention dans cette chanson. Le clip est beau, il a été réalisé par HoBo & MoJo, qui avait déjà réalisé “Tatoué”. 

On revient sur le début de ta carrière… Il y a plus de 10 ans tu étais numéro 1 avec “Lapdance”. Depuis tu t’es montré plus discret dans les classements. Faire un tube, est-ce une expérience que tu as envie de renouveler ?

Pas forcément. J’ai envie qu’une chanson reste, j’ai envie d’en faire d’autres. C’est l’éternité une chanson pour moi. Une chanson qui reste, c’est un peu se départir de la mort. “D’autres que nous”  n’a pas été numéro 1 mais c’est une chanson qui reste dans le cœur des gens. La COVID a changé ma perception des choses. Je ne cours pas vers le succès, ni la notoriété. Je fais ce que la vie m’a donné la chance de faire, c’est-à-dire faire des chansons. On m’a tellement privé de ça, que maintenant, le seul objectif que j’ai, c’est de chanter un maximum devant les gens, de faire des concerts, d’aller à la rencontre du public, et d’aller voir les gens car ils me manquent. C’est ça qui m’a manqué le plus, pas le fait d’être numéro 1.

Au fil des années, tu t’es créé un beau carnet d’adresses. Est-ce que c’est aussi ça qui te permet de collaborer avec de tels artistes pour cet album.

Probablement. Peut-être que mes chansons ont parlé pour moi en tant qu’auteur. C’est un honneur qu’ils me font de se pencher sur mon travail, de m’accorder de l’intérêt. Cet album de duos, ça vient comme une évidence. Ce sont des gens pour qui j’ai écrit, des gens que j’admire…

Tu parles d’un projet comme s’il sortait demain… Mais on ne sait pas grand chose à son sujet. Peux-tu m’en dire plus ?

(Rires) Vous verrez le casting de l’album, il est incroyable, ça sort à l’automne ! Ça s’est fait naturellement. Je ne me voyais pas refaire un album seul, nous avons été tellement seuls ces deux dernières années… Je ne veux plus être seul en fait ! 

Tu as beaucoup travaillé dans l’ombre ces dernières années, et ça les gens ne le savent pas forcément. Tes chansons ont-elles toujours trouvé preneurs ? As-tu eu des déceptions lorsque tu les as proposées ?

Je ne suis jamais allé chez les gens taper à leur porte pour savoir s’ils voulaient mes chansons ou non. Je n’ai jamais fait ça. Quand on me demandait d’écrire, j’écrivais. 

Si un jour je m’étais dit que je ferais un Olympia, un Bataclan, une Cigale, que je rencontrerai Axelle Red, que je travaillerai avec Patrick Fiori, c’est n’importe quoi, c’est de la folie !

Ce que tu veux dire, c’est que ce sont donc les artistes qui te font confiance ?

Oui, d’une part. Sinon, par éditeurs intermédiaires, ou lorsque les gens se rencontrent aussi. L’entourage y fait beaucoup. Notre métier est tellement vaste et il y a plein de gens. Ma carrière, si on peut appeler ça une carrière, elle s’est faite finalement assez seule depuis le début. Je n’ai jamais rien cherché. J’ai un peu suivi ma vie en fait (Rires), dans le bon sens. J’étais sur un bateau au gré du courant, sans mettre de voile. Aujourd’hui, j’ai une voile, un mât et un gouvernail ! (Rires)

Dans ta carrière, il y a eu des hauts et des bas, des désillusions parfois j’imagine. As-tu toujours réussi à remonter la pente ? 

Disons que je n’espérais tellement rien… d’où je viens… Aujourd’hui quand je regarde, ma vie est tellement plus grande que ce à quoi je rêvais de vivre. Je viens du Sénégal. C’est sur la plage sur laquelle j’ai grandi que j’ai appris à jouer de la guitare. Si un jour je m’étais dit que je ferais un Olympia, un Bataclan, une Cigale, que je rencontrerais Axelle Red, que je travaillerais avec Patrick Fiori, c’est n’importe quoi, c’est de la folie ! Je suis un enfant de 40 ans à qui on met des étoiles devant moi et je suis en train de les toucher. Il n’y a pas de désillusions, il n’y a que du bonheur.

J’ai l’impression que tu es quelqu’un qui reste émerveillé malgré les années qui passent. Est-ce que je me trompe ?

Si je devais m’en aller maintenant, je ne partirais qu’avec des bons souvenirs. Je ne suis riche que de ça, que de souvenirs que je construis. Il y a quelques jours, j’étais avec Zaz, on chantait pour la première fois « Animaux fragiles”, j’en avais les larmes aux yeux, parce que je me disais : “Ce n’est pas possible”. Je m’étais fait la même réflexion avec Axelle Red. Je m’émeus et je serai toujours ému de la trajectoire que l’univers m’offre ! Il n’y a pas de désillusion, ça ressemble davantage à une illusion justement ! (Rires) 

Si tu devais résumer ta carrière, où en es-tu actuellement ?

Elle en est à perdre ses cheveux et de n’avoir jamais été en aussi bonne santé ! (Rires) J’ai bientôt 40 ans, je perds mes cheveux mais je cours 10km tous les jours, je fais des chansons qui sont plus simples à comprendre, et c’est pour moi la plus grande difficulté : essayer de dire les choses le plus simplement possible avec le plus grand nombre de grilles possibles de lecture. Je laisse les gens libres d’interpréter mes chansons. Voilà où j’en suis dans ma carrière car je ne réfléchis qu’en termes de chansons. 

Et pour conclure tout ça, quelques indices sur ton nouvel album qui sortira à la rentrée ?

C’est un album de chansons françaises, l’album le plus international de chansons françaises et c’est peut-être la seule chose que je peux dire à l’heure actuelle. Il n’y a pas que des français mais tout le monde chante français. C’est ma plus grande fierté sur cet album ! Arriveront ensuite la tournée, et l’Olympia en avril 2023. 

(Re)découvrez le duo entre Axelle Red & Ycare :

Interview Ycare, par Valentin Malfroy.