aficia a eu la chance de pouvoir discuter avec Julien Granel à l’occasion de son passage à l’édition 2024 du festival Garorock. Retour sur son parcours et ses prises de position à la veille des élections législatives. Découvrez son interview ‘Sans Filtre’ :
Hello Julien, comment vas-tu ?
Ça va super, merci beaucoup ! Très content de revenir parler sur aficia !
Tu nous as dit lors d’une précédente interview que l’été dernier tu as été l’artiste le plus programmé de l’été. C’est aussi le cas cette année. Est-ce que tu arrives à tenir la cadence ?
Honnêtement, c’est bien sportif, mais franchement c’est chouette aussi. Moi je trouve que le live c’est une belle histoire quoi qu’il arrive. C’est sur scène qu’en tant qu’artiste, on arrive à se construire. On a commencé l’été dernier avec des petites scènes. Aujourd’hui on joue sur des scènes plus imposantes avec d’autant plus de public. C’est tellement agréable que ça le fait, mais c’est sûr que physiquement c’est intense !
Cette année on fait une quarantaine de dates sur l’été mais j’ai la chance d’avoir une superbe équipe. Puis on a plus de confort cette année aussi. Maintenant on a un tour bus et ça change vraiment tout. Tous les gros artistes que je croise me demandent comment j’arrive à tenir avec une si grosse tournée. Je leur dis que je pense que c’est les 8 ou 9 années de concerts qu’on a fait avant qui n’étaient pas folles qui me permettent de tenir. J’essaie en quelque sorte de rattraper ces années.
On a pu constater sur la publication ou tu as annoncé les différentes dates de festivals sur lesquels tu es programmé qu’il y avait une nuance entre tes prestations dites « concert » et les dates plutôt « DJ Set ». Pourquoi avoir fait ce choix ?
J’ai toujours adoré faire des DJ sets, mais c’est sur que ce qu’on essaie principalement de défendre ce sont les concerts avec toute la scénographie. Mais j’aime tellement les DJ sets que je ne me ferme pas la porte au fait de passer dans des festivals avec une programmation plus électro. Ces shows ça me permet d’éviter de me lasser et de retrouver une certaine fraicheur avec un aspect bien différent. Après, je fais toujours un passage DJ set pendant les sets dit « concert » parce que j’aime trop ça pour ne pas en profiter à chacun de mes passages sur scène. Puis ça donne un côté unique à chaque show. J’en profite à chaque fois pour jouer des morceaux électro que je viens de découvrir et qui me plaisent.
Ton album Cooleur a fêté ses deux ans au début de l’été. On se demandait si c’était une volonté pour toi de garder une sorte d’indépendance depuis sa création. Car c’est vrai qu’on a très peu vu de collaborations avec d’autres artistes ?
Sur mon premier album, c’est vrai que je ne voulais pas qu’il y ait beaucoup de feats. Même si c’est quelque chose que les gens attendaient car on peut souvent me voir avec d’autres artistes. Mais cet album est très personnel et raconte énormément sur ma personne donc je voulais le faire par mes propres moyens. Mais je suis trop content parce que l’histoire de cet album est magnifique. Aujourd’hui, deux ans après sa sortie, on se retrouve à jouer dans les plus gros festivals de France. C’est rare d’avoir une histoire comme ça dès le premier disque !
Mais moi je me suis toujours senti en marge de la scène française. Puis j’ai pas forcément été invité à faire des feats donc je ne me suis jamais vraiment posé la question. Après, il se trouve que maintenant, c’est plus la même chose et j’ai beaucoup de propositions *rires*. C’est sûr qu’il va y en avoir bientôt. Je prend mon temps et je préfère choisir les projets qui me stimulent le plus artistiquement et humainement.
L’interview a été réalisée quelques jours après le premier tour des élections législatives. Julien avait pris position comme de nombreux artistes sur ses réseaux sociaux.
On a pu voir sur ton compte Instagram que tu avais pris position quant à la politique qui se joue actuellement dans le pays. Selon toi, quel impact peut avoir la politique sur le milieu de la musique et des festivals ?
Je suis très content de pouvoir en parler ! Je suis parti d’un constat simple, je me suis exprimé en tant que citoyen lambda. J’ai trouvé ça important de le faire car une ascension au pouvoir de l’extrême droite c’est quelque chose qui, historiquement, a toujours été rejeté. Et personnellement, j’étais hyper inquiet par cette montée d’acceptation d’idées comme celles-ci et de tout ce qu’elles peuvent représenter. La culture est menacée par des mesures très nettes. Moi j’ai beaucoup d’amis qui se sentent inquiets par rapport à tout ça donc je pensais que c’était une bonne idée de rappeler à tout le monde que l’extrême droite, ce n’est pas quelque chose de beau et d’idyllique.
Moi j’ai beaucoup de mal à réaliser les résultats qu’on a eu au premier tour. Je fais 4 festivals par semaine, je vois des milliers de personnes danser ensemble chaque soir sans regarder d’où ils viennent. Les festivals aux programmations multiculturelles peuvent disparaitre avec un parti comme celui-ci à la tête du gouvernement.
Les inspirations musicales viennent de partout et on ne peut pas se permettre de faire disparaitre cette diversité.
Julien Granel pour aficia
Moi, ma musique, elle prend ses bases dans le groove, dans la funk, et dans plein d’autres genres. Donc après avoir vu toutes ces personnes en festival, j’ai du mal à comprendre des résultats comme ceux qu’on a eu … Au final, les gens qui me suivent ont vraiment bien reçu ma prise de position. J’ai la chance d’avoir un public ouvert d’esprit !
Après, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui ne sont pas ouvertes d’esprit qui peuvent apprécier ma musique après avoir écouté les paroles *rires*. Je trouvais ça important de le rappeler par le prisme des festival en disant « on ne peut pas danser et faire la fête avec tout le monde, puis le lendemain, mettre dans une urne un bulletin qui peut mettre en péril notre voisin ». Je suis content qu’on m’en parle en interview, ça veut dire que ça a été pris en compte et que ça a eu de belles répercutions.
On change complètement de sujet avec une question beaucoup plus légère. Selon toi, qu’est ce qui fait un bon artiste en festival ?
Alors en festival, ça change vraiment l’angle de réponse à la question car c’est un exercice vraiment particulier. Pour moi, un bon artiste de festival c’est un artiste qui accepte de s’adresser aux gens qui ne le connaissent pas. Il ne faut pas oublier que peut importe l’artiste que l’on est, qu’on soit la tête d’affiche ou un tout petit artiste, dans 100% des cas, il y aura des gens qui ne nous connaîtront pas. Pour moi, en tant qu’artiste, il faut savoir donner les clés aux gens pour qu’ils puissent découvrir et apprécier ta musique. Et je pense aussi que dans le cas de la découverte par le public, étant donné l’ambiance festive d’un festival, avoir un projet qui est entrainant et fédérateur c’est un vrai avantage.
Tu nous as annoncé un Olympia il y a peu, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir désormais ?
En terme de tournée, j’ai du mal à me projeter car ça fait des années que j’ai commencé sans jamais arrêter. J’ai commencé à tourner en faisant la première partie d’Angèle pendant 1 an et demi. Etant donné que j’ai jamais arrêté depuis et que ça va très très vite, je prend les choses au jour le jour maintenant. Je prend plus le temps que l’année dernière de profiter de chaque instant en festival. L’été dernier, ça a vraiment été une bombe dans ma vie. J’ai réussi à gérer physiquement mais c’était quand même dur. Cette année je comprend d’autant plus la chance qu’on à de faire des festivals encore plus gros.
Je suis aussi en train de préparer la suite à côté des différentes dates. Je ne sais pas dans combien de temps ça arrivera mais je travaille beaucoup dessus. On prépare énormément de choses pour l’Olympia aussi car c’est emblématique et j’ai envie de mettre le paquet là-dessus. Je suis hyper touché car le remplissage est extraordinaire alors que le concert est dans très longtemps. Après, c’est évident que mes ambitions vont encore plus loin mais ça doit rester confidentiel *rires*.