Maëlle en interview : “Calogero m’a accompagnée sur ce disque comme l’aurait fait un père”

À l’occasion de la sortie de son premier album éponyme, nous avons longtemps discuté musique avec la jeune Maëlle. Un petit bout de femme qu’on a eu beaucoup de plaisir à recevoir sur aficia…

Elle nous a époustouflée dans la saison 7 de ‘The Voice’ qu’elle a remportée haut la main. Un an plus tard et le BAC en poche, Maëlle dévoile un premier album éponyme, qui se veut authentique et en collaboration très intime avec son désormais ami, Calogero, qu’elle appellera sans gène “Calo” tout au long de l’interview. Son premier single résonne déjà encore dans nos têtes, “Toutes les machines ont un coeur”, écrit par Zazie. Un album éponyme arrive dans les bacs ce 22 novembre… Maëlle a beaucoup de chance. C’est ce qu’elle nous a confirmé en interview…

Une belle interview où Maëlle revient sur son étonnant parcours dans ‘The Voice’, mais aussi sur sa collaboration avec Zazie et Calogero qui font qu’elle se retrouve là aujourd’hui. On parlera également de sa timidité et de la compétitivité qu’il peut y avoir sur le marché du disque.

Maëlle : l’interview…

On participe rarement à un télé crochet par hasard. Au fond de toi, savais-tu que tu avais un talent particulier ?

Pour te dire la vérité, j’ai tout simplement posté mon inscription sur MYTF1 pour m’inscrire pour ‘The Voice’. Ça s’est fait sur un coup de tête. J’aimais bien chanter, j’aimais bien jouer du piano. Un matin, ma famille et moi nous sommes dit ‘et si je tentais‘. J’ai tenté ma chance mais je n’étais pas là à me dire que j’allais gagner. Je ne pensais pas accéder aux auditions à l’aveugle car le temps de faire les castings en amont, c’est très long ! Aujourd’hui, de me dire que de fil en aiguille j’ai réussi à me faire un chemin et remporter l’émission… je ne m’étais pas dit que j’avais un talent particulier, il y a tellement de gens qui ont beaucoup de talents. Je ne m’attendais pas à tout ça.

Comment aurais-tu fait pour avoir de la visibilité si tu n’avais pas fait ‘The Voice’ ?

Je pense que je ne serais pas là actuellement. Je n’aurais sans doute pas fait de musique. Je n’aurais pas eu la confiance de me lancer là-dedans, seule, sans connaître personne. Même avec ‘The Voice’, j’ai attendue près d’un an et demi avant de sortir quelque chose. Ce que j’aurais fait, c’est une faculté à Dijon comme des milliers d’étudiants, tout simplement (Rires). Non vraiment, ‘The Voice’ m’a apportée une expérience, j’ai rencontré un tas de gens, j’ai désormais mieux confiance en moi pour chanter devant un public. 

Toutes les machines ont un coeur

À ton âge, qu’est-ce qu’on se dit quand est sur le point de devenir un nouveau talent en France ? A-t-on une intention de révolutionner le paysage musical, ou du moins apporter quelque chose en plus ?

J’ai l’impression de connaître Calogero comme personne

Maëlle

Rien qu’en France, il y a tellement de chanteurs qui font des choses différentes. On est dans une génération où il y a un panel d’influences et de styles. C’est d’ailleurs trop bien ! C’est difficile de s’implanter avec tous ces artistes. Dans cet album-là qu’on a fait avec Calo, je dirais qu’il y a énormément d’histoires et de thèmes apportés. Je trouve ça d’autant plus intéressant quand il y a un message qui est apporté à la chanson. On comprendra les paroles plus facilement parce qu’il y a une sorte de morale, une histoire. Alors pour répondre à ta question, je dirais qu’il y a la volonté de faire passer des messages. Cela passe également par les sonorités, où l’on retrouve forcément la patte de Calogero derrière mes morceaux. 

À 18 ans, on ne connaît pas forcément la direction dans laquelle on veut aller pour la conception d’un album ? À quel moment l’as-tu eue ?

J’ai tenté de la montrer dans mon parcours dans ‘The Voice’. J’avais quand même un registre à moi. On sait qu’en France c’est difficile de chanter en anglais, donc je voulais me diriger vers la chanson française, forcément. Il y a un deuxième axe, c’est que j’ai énormément écouté Calogero étant plus jeune. Je connaissais ses textes, ses mélodies, j’avais l’impression de connaître sa musicalité. J’ai réussi à m’imposer car il m’a laissé totalement le choix et la direction que je voulais. En amont, je lui avais envoyé une petite liste d’artistes que j’écoutais (Lana Del Rey, France Gall, Coldplay, ndlr), mes influences, mes goûts, rapprochés à sa musicalité que l’on reconnaît forcément, en tant que compositeur. On a travaillé ensemble comme ça. Au fil du temps, j’ai réussi à dire sans problèmes ce que j’aimais, ce que je n’aimais pas. 

Donc si je comprends bien, ‘The Voice’ et Calogero t’ont libéré d’une certaine carapace que tu avais. L’as-tu toujours encore un peu ?  

J’ai peur car le métier d’artiste est éphémère

Maëlle

Oui, j’ai toujours de la non-confiance en moi, mais c’est différent. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir chanter mes propres chansons. Je ressens vraiment une certaine fierté de dévoiler mes chansons, et que les gens les écoutent et les aiment. Mais il y a encore cette question de non-confiance parce que je me demande s’ils vont aimer. Je me pose dix mille questions. Il y a toujours une certaine angoisse, celle que les gens n’aiment pas. C’est étrange. Même si c’est évident qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, le métier d’artiste est devenu très complexe. C’est très éphémère. 

Mais les retours du premier single sont pourtant très positifs, non ? C’est encourageant !

Bien sûr, je suis très contente ! Même les morceaux qui sont sortis un peu après, les gens ont beaucoup apprécié, donc ça fait chaud au cœur. Ça fait toujours peur parce que j’ai mis du temps à sortir quelque chose. J’ai eu beaucoup de messages, d’inquiétude et d’impatience de la part de mon public vis-à-vis de ça. Mais de mon côté, j’ai fait au mieux, en jonglant entre les cours où j’ai passé mon BAC, et la musique. C’était compliqué de tout faire en même temps. C’est pour cela que j’ai pas pu sortir quelque chose avant. Je tenais à avoir le BAC et ne pas faire les deux en même temps. Je voulais me mettre à fond dans les deux côtés, et c’est pas facile. 

Le pianiste des gares

On trouve une forme de confiance en soit quand pour son premier album on collabore avec des personnes comme Zazie et Calogero ?

On ne peut être que fier que des artistes comme eux veulent travailler avec nous. Quand Calogero m’a dit ‘j’aimerais beaucoup travaillé avec toi‘, ça m’a touché. Je venais de ma petite campagne, j’ai remporté ‘The Voice’, j’arrive sur Paris, je vois que ça se passe comme ça… Je trouve ça quand même fou de vivre ça. Je n’en reviens toujours pas. Déjà sur ‘The Voice’, Zazie avait vraiment été proche de moi, elle était tout le temps avec moi, c’est vraiment rassurant. Avec Calo, on s’est tout de suite bien entendue. En fait, il a mis comme une bulle protectrice sur moi. Il m’a pris un peu sous son aile et je le remercierai jamais assez. 

Aurais-tu pu faire un album qui te représente parfaitement sans l’aide de Calogero d’après toi?

Je ne sais pas. Quand on me demande pourquoi j’ai voulu travailler avec quelqu’un, je réponds que je ne voulais pas me lancer seule dans le métier. Je n’ai aucune expériences, je n’ai pas les épaules assez larges. Ça me faisait peur de devoir tout faire toute seule. Je préférais travailler avec quelqu’un pour le premier album, voir ensuite comment ça se passe en studio. Je compose énormément à la maison, j’ai la chance d’avoir un piano et une guitare. Je pense que pour le prochain album je composerai plus facilement seule, oui.

Il y avait comme une sorte d’urgence de collaborer avec quelqu’un donc ?

Oui, j’avais besoin de quelqu’un qui m’explique, qui m’aide, qui m’accompagne. Quand on démarre aussi jeune, ça peut faire peur. Se sentir protégé comme ça, c’est hyper rassurant quand tu démarres de zéro. 

Calogero est devenu comme ton deuxième papa en studio du coup ?

(Rires). Presque ! Deuxième papa, peut-être pas, mais on s’entend très très bien. Je connais bien ses filles, on s’entend tous très très bien. C’était hyper agréable d’aller au lycée le matin et de partir en studio le soir et de revoir Calo. C’était trop cool. J’ai trop aimé cette année !

Sur ton premier single où tu as l’appui et de Zazie et de Calogero, as-tu pu entendre des réflexions du style “Ça fait très Calogero, ou ça fait très Zazie” ?

Je trouve ça bien que des jeunes comme Greta Thunberg prennent la paroles et veuillent faire bouger le monde !

Maëlle

J’ai eu beaucoup de messages de ce style-là oui. C’est vrai qu’on reconnaît pas mal l’empreinte de Calogero, mais en même temps, je ne trouve pas tant que ça. Mais c’est totalement différent. Il n’a jamais travaillé avec une personne de 18 ans. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est différent. Alors, quand je vois ce style de messages, j’ai envie de leur répondre, ‘Bah non, c’est pas vrai !‘ (Rires). Mais j’ai travaillé avec lui, c’était aussi dans le but d’avoir sa musicalité que j’adore, donc c’est normal aussi. 

À l’écoute de cet album, on a l’impression d’entendre toutes tes émotions, tes cris du cœur, des déceptions, tes envies de faire bouger le monde… 

C’est exactement ça. C’est ce que j’ai voulu faire dans cet album-là. Ça fait plaisir que tu l’aies entendu !

Il y a des causes qui te tiennent à cœur particulièrement ? 

Quand on a 18 ans, c’est vrai qu’on ne sait pas toujours tout sur tout. J’ai voulu faire passer des messages dans mes chansons, sans avoir un ton moralisateur. Je ne suis pas du tout là pour dire ‘Fais pas si, fais pas ça‘. J’ai juste envie de faire passer des messages et montrer la vision extérieure de la jeune génération. C’est vrai que quand on est jeune, on se pose toujours un tas de questions. Je parle notamment du harcèlement scolaire qui survient à l’école, dans les collèges et les lycées. Il y a aussi la question de l’écologie. On a pu voir des lycéens marcher dans les rues pour le climat. Il y a beaucoup de jeunes qui commencent à se poser des questions sur le monde qui les entoure. 

Beaucoup de jeunes oui, et de plus en plus tôt !

Oui, même Greta Thunberg, aussi jeune qu’elle soit, tente de faire bouger le monde à travers ses discours. Je trouve ça intéressant qu’on puisse réagir car quand on dit que ‘les jeunes c’est l’avenir‘ c’est un peu vrai. Même au niveau des technologies, quand on voit qu’on utilise tous les ordinateurs et les téléphones… cela a tellement pris une grosse ampleur que tout le monde s’en rend compte ! On est en train de se poser de sérieuses questions. Du haut de mes 18 ans, je ne prétends pas tout savoir, loin de là, et ce serait triste si je savais déjà tout, mais j’apprends plein de choses par ma famille, mes amis, les médias et la télévisions, donc c’est important de comprendre et de défendre des causes. Depuis peu, je suis marraine d’une association, ELA (association européenne contre les leucodystrophies, ndlr). De plus en plus de personnes de mon âge commence à faire ça et je trouve ça vachement bien.