Michael Canitrot
© Geoffrey Hubbel

Michael Canitrot en interview Flash : “Il y a beaucoup d’à priori par rapport à la musique électronique”

Nous avons rencontré Michael Canitrot pour discuter de son amour pour le patrimoine, son show à Notre-Dame de Paris ou encore le “Monumental Tour” qui illumine les plus beaux monuments du monde.

Michael Canitrot est un artiste qui aime le défi ! Non content d’avoir marqué la scène électronique parisienne avec ses soirées “So Happy In Paris”, le DJ s’est lancé un nouveau défi en alliant ses deux plus grandes passions : la musique et le patrimoine. C’est ainsi qu’est né le “Monumental Tour”, une tournée lors de laquelle chaque représentation est inédite, et pour cause : elles prennent place à des endroits marquants du patrimoine français.

Quelques jours après avoir mixé lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris (cinq ans après l’incendie qui l’a détériorée), Michael Canitrot a répondu à 5 questions d’aficia. C’est notre interview flash !

Michael Canitrot en interview flash :

1 Tu es actuellement en tournée avec le “Monumental Tour”. Peux-tu nous expliquer le concept de ce spectacle unique et de comment ça t’est venu ?

Le concept est très simple. C’est la rencontre entre la musique électronique et le patrimoine, mes deux passions. Depuis tout petit, j’adore tout ce qui est monuments et avec mes équipes on organise un peu partout en France et en Europe de grands shows au pied des monuments. Pour l’instant on en est à une vingtaine de dates.

La préparation d’un de ces spectacles prend entre six mois et un an, en fonction des dates. Mais c’est vrai que des fois il y a des moments un peu plus exceptionnels, comme Notre-Dame. Tout s’est accéléré en un mois, ça a été confirmé très tardivement donc on a eu à peine un mois pour préparer la séquence de clôture de cette cérémonie.

2 En ce qui est de la France, tu as pu te produire à plusieurs endroits marquants comme le Mont Saint-Michel et le Château de Chantilly – ce dernier ayant été retransmis devant plus de 6 Millions de personnes. Est-ce qu’on ressent de la pression à l’idée de jouer dans des endroits si appréciés par les Français ?

De la pression, non pas forcément… mais plus de l’honneur, parce que depuis tout petit, j’adore le patrimoine. Et puis les lieux dans lesquels je mixe, c’est parce que je les apprécie particulièrement, je le fais vraiment parce que c’est un coup de coeur et que j’ai envie de les mettre en lumière. C’est surtout un honneur et puis ensuite, forcément, il y a une partie d’excitation à l’idée de réaliser cet événement et de vouloir y être mais pas vraiment de pression. Ah, et puis bien évidemment beaucoup de concentration jusqu’au Jour J ! Il faut être à la hauteur du monument, j’ai conscience que le monument porte ma musique et lui donne une autre dimension.

Jusqu’à présent, ma date favorite était celle du Mont-Saint-Michel parce qu’il y a une dimension particulière. C’est un monument pour lequel j’avais un lien particulier depuis l’enfance, je me souviens de visites là-bas avec mes parents… C’est un lieu avec une dimension, on va dire, autre que les autres, mais aussi spirituelle. Il y a vraiment une puissance sur cet endroit-là ! C’était un site qui m’a marqué particulièrement. Et puis là, forcément, Notre-Dame de Paris, pour la réouverture, c’est quelque chose d’extrêmement symbolique.

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3 Aussitôt que ta présence à la cérémonie a été annoncée, tu as affirmé dans les colonnes du Parisien que c’était le diocèse qui avait validé ta participation à la cérémonie. Que réponds-tu aux critiques des internautes qui affirment que la musique électronique n’a rien à faire dans un lieu de culte ? Penses-tu que ces deux univers peuvent cohabiter ?

Alors, c’était pas forcément des critiques de la communauté religieuse… puisque le diocèse de Paris m’a choisi et tout s’est fait de façon concertée. Des représentants sont venus me voir jouer à la cathédrale de Laon, et ont pu voir ce que je proposais en grandeur nature. Et puis forcément, le fait d’avoir déjà joué devant des lieux comme l’Abbaye du Mont-Saint-Michel ou la Basilique du Pilar à Saragosse, ça a aussi rassuré sur le fait que ça pouvait totalement fonctionner.

Bien évidemment que je ne suis pas arrivé comme ça du jour au lendemain, mais en effet ça peut surprendre certaines personnes qui ne prennent pas forcément le temps de comprendre ou de lire que ma performance ne se passe pas à l’intérieur de la cathédrale mais à l’extérieur. Moi, mon rôle c’est de mettre en avant l’architecture, la dimension patrimoniale et la beauté du monument à l’extérieur. Après l’intérieur c’est effectivement un endroit qui est réservé pour le culte, et ça je le respecte totalement. Je me refuse moi-même de faire des performances à l’intérieur.

Je pense qu’il y a beaucoup d’à priori par rapport à la musique électronique. Bien évidemment si j’étais un musicien de jazz, on m’aurait jamais dit pourquoi tu joues devant la cathédrale. C’est juste parce que c’est de la musique électronique. Et c’est mon rôle, justement, avec ce projet, de faire évoluer les mentalités et de faire comprendre aux gens que c’est une musique qui est comme une autre. En même temps, mon objectif, c’est aussi de ramener des jeunes qui aiment cette musique vers le patrimoine. Donc, pour moi, c’est que du positif.

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4 On pouvait également lire dans les pages de 20 Minutes que ce show est “le couronnement de ta carrière”. Alors, quelle est la suite pour Michael Canitrot ?

C’est sûr que le projet “Monumental Tour” et la réouverture de Notre-Dame, c’est une apogée symbolique. Par rapport au monument, déjà, et puis par rapport à l’événement de la réouverture, c’est quelque chose qui arrive une fois tous les 500 ans. Ce n’est même pas une fois dans une vie ! On me pose souvent la question de ce que je vais bien pouvoir faire après. Par exemple, l’année dernière, après la Tour Eiffel on m’a demandé qu’est-ce que je pourrais faire de plus symbolique que ce monument. Et un an après, il y a eu Notre-Dame ! Donc finalement la vie est pleine de surprises, il y a toujours des gros challenges. C’est vrai que le terrain d’expression pour Monumental, soit en France, soit à l’étranger, est tellement large.

J’aime particulièrement le Château de Chambord. J’ai pas encore eu la possibilité de le mettre en lumière et en musique donc pourquoi pas un jour. Ce serait une très belle date, et en plus par rapport à ses dimensions c’est absolument incroyable ! Je crois que la façade fait près de 150 mètres de large, donc c’est sûr qu’en termes de défis techniques et artistiques ça m’intéresse de le relever aussi.

5 Tu as récemment amené pour la première fois le “Monumental Tour” à l’étranger, à Saragosse en Espagne. Plus de 45 000 spectateurs étaient présents. Dans quels autres pays du monde aimerais-tu te produire avec ce show ? Et à quels monuments ?

Je m’étais déjà produit à l’étranger auparavant mais il est vrai que cette date était énorme en termes de public car il y avait 45 000 personnes. C’est même plus que je n’ai jamais eu en France !

Après dans les prochaines destinations… Forcément, j’ai un lien particulier avec le Brésil. C’est un pays que j’affectionne particulièrement, j’ai beaucoup d’amis là-bas, donc pourquoi pas une date à Rio au Corcovado un jour…? Ça serait incroyable !

Découvrez le show de Michael Canitrot pour la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris :