Victoria Sio - © Elliot Aubin
Victoria Sio - © Elliot Aubin

Victoria Sio en interview : “Là, c’est la première fois que je suis aux manettes de mon propre projet”

Exclusivité aficia

C’est le vendredi 23 avril que Victoria Sio décidait de marquer son retour avec “FMLP”, le premier single extrait de son futur EP. Pour l’occasion, aficia a posé quelques questions à l’artiste afin d’en connaitre un peu plus sur son nouveau projet…

Depuis le début de sa carrière, Victoria Sio a été, et continue d’être, à l’affiche de nombreux projets artistiques. En effet, sa voix puissante l’a plusieurs fois emmené au cœur de comédies musicales telles que ‘Le Roi Soleil’ ayant connu un réel succès entre 2005 et 2007, ou encore ‘Les Trois Mousquetaires’ aux côtés d’Olivier Dion et David Bán notamment. Entre-temps, nous avons également retrouvé cette artiste sur TF1 lors de la deuxième saison de ‘The Voice’.

Enrichie de ces nombreuses expériences, Victoria Sio décide ensuite de se concentrer sur sa carrière personnelle et dévoile alors en novembre 2019, “Plus peur”, un premier single solo. Mais c’est très récemment qu’elle a marqué son retour avec “FMLP”, un premier extrait de son futur EP travaillé avec Mosimann. aficia a souhaité en savoir plus sur ce nouveau projet ambitieux que Victoria Sio réalise en auto-production…

Victoria Sio : l’interview…

Tout d’abord, c’est avec le titre “FMLP” que tu as marqué ton retour le vendredi 23 avril. Es-tu satisfaite de l’accueil qui lui a été réservé ?

Victoria Sio - FMLP

Oui très ! Je suis très contente parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas sorti de titre. Avec toute cette histoire de covid, confinements, couvre-feu, c’était toujours délicat de sortir un disque pendant cette période. Il a fallu déconstruire pour reconstruire, bouger des dates pour en remettre, et là, c’est concret, ça a vu le jour.

Je suis contente de la mobilisation qu’il y a eu autour du titre parce que je crois qu’en un week-end, il est entré sur iTunes dans les top, sur Amazon et les streams ça se passe plutôt bien donc c’est toujours hyper plaisant et réconfortant de savoir que la team est toujours là.

Ce titre sonne comme un réel cri du cœur, une envie de vivre en paix… Est-ce que cette période instable que nous traversons a été l’élément déclencheur pour que tu dévoiles “FMLP” en premier plutôt qu’un autre morceau de ton futur EP ?

On aurait pu le penser, mais ça s’est fait comme ça. Ce n’est pas forcément lié à la période même si c’est vrai que cette période accompagne bien ce projet, je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont envie de dire “foutez-moi la paix” et qui se reconnaissent dans la chanson.

Mais ce morceau est plutôt né un soir. Je suis rentrée chez moi, je venais de vivre plein d’agressions extérieures de la part des gens, de circonstances de famille, de la profession, c’était vraiment une accumulation de toute cette pression et j’ai appelé mon auteure, Dobriski avec qui je converse souvent. Et en fait, elle venait de vivre la même journée pourrie que moi. Alors on s’est dit ‘pourquoi ne pas écrire un titre sur ça‘, sur le fait que l’on est tous un peu forcé d’être des soldats dans la vie, à essayer de passer entre les balles pour essayer de ne pas sombrer, de rester positif, parce qu’aujourd’hui rester positif c’est très difficile avec ce que l’on vit.

Moi je suis plutôt quelqu’un qui prône le smile, la bonne humer, je suis quelqu’un de positif, donc quand j’ai affaire à ces pressions là et que je suis une éponge je le vis super mal et j’ai du mal à sortir de cette vibes. Alors on s’est dit que ce serait cool d’écrire ce texte parce que pour le coup, c’est un vrai sujet universel, on a tous envie à un moment donné de dire “foutez-moi la paix”, on a le droit de le ressentir aussi. Ce titre est clair, sans édulcorent et c’est un vrai cri du cœur.

“FMLP” ainsi que le reste des titres de l’EP oscillent entre variété française et sonorités éléctro, deux styles finalement opposés. Comment fais-tu pour doser justement les deux univers et parvenir à ce résultat ?

Déjà, quand je compose, c’est souvent en guitare ou piano-voix ou alors je suis derrière mon ordinateur à essayer des sons. Généralement, quand un titre fonctionne de cette façon, c’est que tout est possible pour l’habillage. Je ne voulais pas faire trop variété française, trop urbain, trop éléctro. Je voulais vraiment combiner ce mix là.

Même si c’est bizarre que ce soit moi qui en parle mais en France, en fille, je ne sais pas si il y a ce mix là avec une envolée vocale ainsi qu’une manière de chanter plus personnelle… Alors je me suis dit “pourquoi ça, ça ne serait pas mon univers ?!”.

Mon projet prône justement d’assumer ça, d’assumer le côté envolée vocale plus moderne tout comme assumer le côté chanson française que je revendique et le côté plus catchy des petites pointes d’éléctro et d’urbain qu’il peut y avoir.

Pour “FMLP”, ainsi que d’autres chansons qui composent ton futur EP, tu t’es d’ailleurs entourée de Mosimann. Comment est née cette collaboration ?

Elle est née pendant le confinement, l’été dernier. J’avais déjà repéré Mosimann et j’aimais beaucoup ce qu’il faisait. Vu que j’étais dans ce travail à me demander comment j’allais pouvoir incarner mes chansons, comment j’allais pouvoir les habiller, car en fait ces chansons existaient déjà en maquette, j’avais déjà composé des bribes chez moi mais il fallait les pimper, alors j’ai rencontré Mosimann un jour chez lui dans son studio.

Je lui ai fait écouter toutes les chansons, compo, maquettes que j’avais et, ensemble, on a établi un top 5 pour savoir vers lesquelles on allait se tourner. La première chanson sur laquelle il a tilté c’est “FMLP”. Ça a matché tout de suite et en une journée on a fait le titre que vous connaissez. Pour moi ça a été une évidence, ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre que lui, pareil pour le reste du projet, c’est pour ça que l’on a continué pour les autres chansons.

Ma structure à moi, je l’ai choisie. C’est des gens qui sont professionnels dans ces compétences-là et du coup c’est pareil. La seule chose qui est différente, c’est que la liberté à un prix.

Victoria Sio

Tu dis avoir réalisé un top 5 mais avant cette sélection, combien de titre avais-tu ?

C’est inclassable, j’ai beaucoup de compo commencées, il y a des bribes, des fois ce n’est que des refrains, ou alors tout une structure. On a fait un top 5 parce qu’on ne pouvait pas partir sur toutes les chansons, il fallait que ce soit évident. D’ailleurs, dès le début, j’avais mon propre top 5 des chansons que je voulais incarner et Mosimann est repassé dessus et m’ai aidé à créer cet univers.

En fait quand on sort un EP, vu qu’il y a peu de chansons et que ce n’est pas comme un album où il y a 12, 13 même 16 titres, il faut que ce soit évident dès le début, il faut que l’univers soit lisible. Tu ne peux pas faire une première chanson variété française et que la deuxième soit du hard rock, c’est possible mais ça ne serait pas trop cohérent me concernant, il fallait donc trouver cette cohérence. Ce qui est certain, c’est que les chansons que l’on a déjà travaillé sont déjà posées. J’ai de la matière pour la suite aussi, un EP c’est déjà offrir aux gens un bout de travail. Aujourd’hui, un EP ce n’est plus comme avant, c’est comme un album mais juste réduit, c’est un moyen de montrer aux gens ce que j’aime faire, comment j’aime le faire, ce qui m’anime, quel est l’univers de Victoria…

Cette chanson est donc le premier extrait de ton futur EP, ce qui signifie que “Plus peur”, le premier titre que tu dévoilais en novembre 2019 n’apparaitra pas sur ton EP, pourquoi ce choix ?

“Plus peur”, c’était à l’époque où j’étais sous label donc c’est un renouveau. “FMLP” c’est quand même la suite de “Plus peur” parce que je ne vais pas non plus dans quelque chose de complètement différent, simplement ce n’est pas la même équipe. Là c’est vraiment une team que j’ai choisi et ça me parait assez logique que ce soit comme ça.

Aussi, “Plus peur” est sorti à une époque où c’était compliqué, il y a eu le confinement et tout ça qui a suivi, donc on a pas pu vraiment l’exploiter. En fait, les dates ont été changées, “FMLP” et tout ça sont des chansons que j’aurais pu sortir plus tôt mais que je n’ai pas eu l’occasion de faire à cause de la période, de ce que l’on est en train de vivre. Déjà que sans la covid, nos métiers sont difficiles, c’est jamais vraiment la bonne période parce que c’est un peu du hasard, alors là avec cette période c’est encore plus flou. On sort quelque chose mais on ne sait pas si on va pouvoir le défendre sur scène, si on va pouvoir faire des promo, rencontrer le public. Mais là, je ne pouvais plus attendre. Quand on a décidé avec mon équipe qu’il fallait le sortir à ce moment là, j’étais vraiment arrivée au bout, il fallait que ça voit le jour, j’en avais trop besoin !

C’est donc en tant qu’artiste indépendante que tu dévoileras ce projet. Est-ce que tu penses que même sans tes précédents projets et tout ce qu’ils ont pu t’apporter, tu aurais pris cette même décision de l’indépendance ?

Il faut du courage et les épaules solides. Il y a une forme de liberté forcément puisqu’on choisit nos équipes, on a plus de pression d’une structure qui te dit de sortir quelque chose en temps et en heure, de travailler avec untel… C’est génial quand on est dans une structure parce que, forcément, on a moins de travail à faire, on est chanteur, on compose, on donne son avis sur les images et tout mais ce qui est travail digital, marketing, promotionnel, attaché de presse, enfin tout ce qui accompagne un artiste et un projet, forcément on ne s’en occupe pas.

Ma structure à moi, je l’ai choisie. C’est des gens qui sont professionnels dans ces compétences-là et du coup c’est pareil. La seule chose qui est différente, c’est que la liberté à un prix. Sans label, sans financement, c’est mes tripes que je mets sur la table pour que ce projet fonctionne. Je n’ai pas fait de crownfunding, je n’ai pas demandé à mes fans de participer à quelque chose, c’est mes sous, mon financement. C’est pour ça que ce projet me tient à cœur parce que c’est la première fois. Déjà j’ai toujours chanté les mots des autres ou eu affaire à des projets conceptuels qui n’étaient pas les miens. Là, c’est la première fois que je suis aux manettes de mon propre projet, il y a un clip qui va arriver et c’est la première fois que je clippe sur une de mes chansons… Je contribue vraiment à mon projet, corps et âme !

Peu importe où on me retrouve, je prône la musique, l’art.

Victoria Sio

Après de nombreux projets tels que les comédies musicales où tu interprétais un rôle, c’était une nécessité pour toi de créer ton propre projet ? Peut-être pour te retrouver toi, Victoria Sio ?

Disons que oui, les gens m’assimilent à ces projets-là mais c’est délicat pour eux parce qu’ils m’ont aimé dans un registre musical et vocal qui n’est pas forcément intégralement celui que je prône dans mon projet soliste. Après, c’est pas vraiment une difficulté parce que je ne pense pas me travestir dans ce projet, mais j’ai essayé de jongler avec ce grand écart, de mes envolées vocales que l’on connait de moi, je sais que j’ai un public qui aime ça de moi, et le phrasé peut-être un peu plus personnel, un peu plus raconteuse d’histoire parce que je ne me revendique pas rappeuse ou slameuse. Ce n’est pas parce que dans un couplet on va raconter quelque chose en étant plus grave, avec des notes plus graves que l’on est forcément rappeuse. Le rap c’est pas de mélodie, pas de musicalité et dans mes chansons, il y a une mélodie dans le couplet, c’est juste une façon de raconter une histoire différemment sans forcément taper des grosses notes.

Tout mon projet c’est vraiment ça, ce grand écart entre ce qui fait partie de moi, la variété française, et ce qui fait aussi partie de moi : le côté plus punchy, plus personnel, moderne dans la façon de raconter quelque chose.

Tu as commencé la musique très tôt et depuis le début de ta carrière, tu as participé à de nombreux projets musicaux. Est-ce que c’est cette diversité de projet, la diversité des personnes avec qui tu travailles qui t’aident à faire perdurer cette passion pour la musique ?

J’essaye de ne pas trop m’enfermer dans des cases justement, même si en France j’ai l’impression que des fois c’est difficile, enfin c’est souvent mal perçu que l’on puisse faire beaucoup de choses. Avoir un CV avec beaucoup d’expériences en France ça veut dire pour certains, pas pour tous, “waouh, elle a fait beaucoup de choses, comment ça se fait qu’elle ne soit pas connue”, c’est bizarre et mal perçu. Aux États-Unis, plus tu fais de choses, plus tu es expérimenté. Un mec comme Hugh Jackman que l’on connait dans ‘X-Men’, ça ne l’empêche pas de faire un film comédie musicale, de sortir un album où il chante de la country guitare-voix. Là-bas, c’est une autre mentalité. En France, je ne veux pas faire une généralité parce que je ne veux pas heurter les gens, mais certaines personnes mettent les gens dans des cases.

“FMLP”, c’est aussi ça, revendiquer que, pour mon cas, faire de la musique c’est aussi faire de la musique dans un spectacle musical entourée d’autres artistes, c’est aussi écrire pour des gens, c’est aussi pour faire de la musique en étant soliste, c’est aussi pour faire de la musique si je me retrouve dans un projet comme celui de Céline Dion avec le film car pour moi, ça reste de la musique. Peu importe où on me retrouve, je prône la musique, l’art. Après c’est certain qu’il ne faut pas que l’on soit perdu : il y a mon projet solo que je mets là en place et puis toutes ces petites choses à côté qui sont aussi de la musique, qui font partie de moi et que j’ai envie de défendre. Parce que encore une fois, ça reste de belles expériences et de la musique tout simplement.

Je savais que je partais en studio pour bien deux mois, et m’attaquer à des chansons de Céline Dion, c’est quelque chose de costaud.

Victoria Sio

En parallèle à ton EP, tu as été choisie par Valérie Lemercier pour être la voix chantée de son film ‘Aline’, une fiction qui s’inspire de la vie de Céline Dion. Comment as-tu réagi lorsque tu as su que tu étais choisie ?

J’étais super contente évidemment parce que je sais le travail qui a été fait derrière, le nombre de casting, le nombre de personnes qu’ils ont écouté et tout ça. Donc, forcément, j’étais super honorée d’être choisie. Après, grosse pression aussi parce qu’on s’attaque à un monument mondial qu’est Céline Dion, les chansons c’est aussi des monuments. Il fallait faire ça bien sans dénaturer l’artiste, les chansons et surtout ne pas froisser les fans parce qu’elle en a beaucoup.

Ce film n’est pas un biopic, ce que peuvent penser certaines personnes et c’est pour ça qu’elles ne comprenaient pas que ça s’appelle ‘Aline’. C’est une fiction, même si ça reste relativement proche de la vie et du parcours de Céline Dion. Vocalement, il fallait que ça reste une fiction aussi, que l’on comprenne que c’est Céline Dion que j’imitais. Tout le processus du studio et de la préparation de ce projet a été de trouver une voix pour l’héroïne Aline. Il y a quand même des marqueurs clé qui font bien penser que c’est Céline Dion que je chante et pas Yvette Horner. Avec Valérie Lemercier, on a vraiment fait en sorte de trouver une voix pour l’héroïne.

Dès que j’ai appris cette nouvelle, j’ai appelé mon phoniatre, un médecin pour les cordes vocales, pour lui demander quelques combines parce que je savais que je partais en studio pour bien deux mois, et m’attaquer à des chansons de Céline, c’est quelque chose de costaud. C’est un entrainement physique comme les grands sportifs mais pour mes cordes vocales.

La sortie de ton single, celle du film prévue pour le 10 novembre 2021, ton EP… On peut dire que 2021 sera ton années finalement ?

Si tout se passe bien, si toutes les planètes s’alignent, ça devrait le faire. Mais je n’ai pas à me plaindre, j’ai la chance d’avoir une jolie actualité, de jolis projets. Avec la période que l’on vit actuellement, c’est difficile de pouvoir juste rêver, s’imaginer. C’est ce que j’essaye de faire à chaque fois que j’ai un nouveau projet, c’est de le visualiser en me couchant pour le rêver parce qu’on m’a toujours dit qu’en le rêvant, ça se produit. Alors j’essaye toujours de me projeter pour attirer le positif.