Léa Paci - DR

Léa Paci en interview : “L’enregistrement de “Sombres rêves” était très fort”

Exclusivité aficia

C’est avec “Sombres rêves” que Léa Paci revenait dans le paysage musical français début octobre. Pour l’occasion, aficia lui a posé quelques questions à ce sujet…

Dans la partie initiale de son interview pour aficia, Léa Paci évoquait son arrivée dans le monde de l’indépendance artistique. À travers cette deuxième partie, l’artiste nous parle ce fois en détail de Sombres rêves, le single qui marque son retour. De l’écriture à l’enregistrement, Léa Paci explique le processus de création de ce morceau à la fois mélancolique mais dansant et rempli d’espoir, elle aborde aussi les thématiques de son futur EP…

Léa Paci : l’interview…

“Sombres rêves”, ton nouveau single, raconte justement cette période délicate que tu as traversé mais se termine avec une note d’espoir. Finalement, ce titre semble être une transition vers cette nouvelle aventure qui s’ouvre à toi. C’était indispensable pour toi de poser des mots sur ces moments avant de pouvoir passer sereinement à la suite ?

Oui parce qu’il allait falloir que je m’explique. On est personne en tant qu’artiste si on n’a pas un public. Aujourd’hui, si j’existe, c’est qu’il y a des gens qui y ont cru, qui ont voulu me soutenir et un public qui est présent. Mais ce public, j’ai eu l’impression de lui mentir parfois en disant ‘oui ça va sortir’ mais c’est ce que l’on me disait à moi et donc évidemment, j’y croyais. Je ne pouvais pas revenir comme une fleur sans m’expliquer. J’avais besoin d’expliquer ce qu’il s’est passé ces derniers mois mais en même temps je ne suis pas là pour faire de la politique, pour expliquer tout ça. Ce communiqué que j’ai posté était primordial, mais ce qui était le plus important encore, c’était qu’avec ça, il y ait de la musique. Surtout, quel est le meilleur moyen pour moi de raconter des choses, c’est en musique…

J’avais besoin de sortir cette chanson en me disant qu’elle résonnera peut-être plus que les mots que j’ai écrit sur le papier et que j’ai posté. Cette musique, c’est exactement ce que j’ai vécu. Quand j’ai utilisé cet oxymore de sombres rêves, c’est simplement parce que ça a vraiment été ça. Je l’avais déjà dit à l’époque, mais c’est quelque chose d’aussi dur que merveilleux. Lorsque l’on est passionné, il n’y a pas de demi-mesure, on fait tout avec notre coeur donc j’avais besoin de sortir ça pour me livrer, pour que les gens m’entendent. C’est reparti avec tellement plus d’engouement de ma part en plus, il y a ce côté nouveauté, de repartir à 0…

Est-ce que l’écriture de “Sombres rêves” a été fluide directement ou tu as mis du temps avant de trouver les bons mots ?

Oui, j’avais vraiment envie que ça sorte. J’étais avec Jean Castel en studio et il y a eu ce truc où pour la première fois, je n’ai pas réfléchi à ce que j’allais écrire, j’ai juste écrit.

C’est un cri du cœur quelque part ?

Oui vraiment. Comment ne pas dire ça avec ces mots-là. Je n’avais pas envie que ce soit beau, j’en ai parlé avec des gens et quand je dis ‘j’ai passé la journée en pyjama’, tout le monde dit ‘ce n’est pas très beau dit comme ça’ mais en fait, c’est ça la vérité. À ce moment-là, il faut faire un choix, et mon choix, c’était de me mettre à nu, de dire la vérité, d’expliquer que pendant tous ces mois-là, j’ai essayé de faire semblant, de poster des choses sur les réseaux sociaux, de dire que ça allait, que je préparais des choses mais en fait, ce n’était vraiment pas mon état d’esprit, je n’allais pas bien, je n’avais plus envie. Il fallait le dire. L’honnêteté finit toujours par payer et les gens qui me suivent méritent ça aussi, que je leur dise la vérité, qu’ils n’aient pas l’impression que je les ai pris pour des idiots parce que ce n’est pas le cas, juste je n’avais pas la force de dire la vérité.

Quand on dit que ça ne va pas, il faut expliquer pourquoi, c’est plus dur. Il y a quelques mois, je n’avais pas les mots, pas l’envie d’être aussi franche et transparente. Quand j’ai écrit “Sombres rêves”, je ne me suis même pas dit que c’était un titre qui allait sortir, je me suis simplement dit qu’il fallait que je refasse de la musique, et sans réfléchir. Laetitia, ma manageuse m’a regardé et m’a dit ‘mais c’est ça, toi !’, il ne fallait pas aller chercher plus loin, voilà, c’est ça !

Je me suis redonnée envie et je me suis rendu compte que je suis capable !

Léa Paci

Tu n’as plus d’équipe mais Laetitia reste toujours ton pilier. Au final, j’ai l’impression que ça reste primordial de compter ce genre de personne dans son entourage, notamment pour avoir un autre regard sur ton travail et t’aider à te lancer ?

Oui complètement, il y a vraiment un accompagnement. Quand je dis que je n’en parlais pas sur les réseaux sociaux, c’est même à mes proches. C’est une longue période où je ne mettais pas trop en avant le fait que ça n’aille pas. Pour être assez franche, quand on fait un métier comme ça et que l’on a de la chance, c’est difficile pour les gens d’entendre que l’on puisse être malheureux en exerçant un métier comme ça, où on imagine une certaine liberté, on fait partie de ce peu de personne qui vit de sa passion. Du coup, il y a un côté où tu as un peu honte de le dire parce qu’on va penser que je ne suis qu’une capricieuse, comme j’ai de la chance, je n’ai pas le droit de me plaindre. Sauf qu’il y a un moment où c’est la santé mentale qui prend le dessus. Heureusement que Laetitia qui m’accompagne depuis longtemps, le début même, est là pour me dire, ‘écoute-toi, fais-le et on se posera les questions après’

J’imaginais un contexte d’enregistrement assez difficile pour toi, notamment pour poser des mots sur ce sujet, mais d’après ce que tu me dis, c’était vraiment une libération. Peux-tu nous raconter comment s’est passée la séance d’enregistrement de “Sombres rêves” ?

C’était vraiment très libérateur, et la preuve en est, je n’aurais jamais fais un outro comme j’ai fait sur “Sombres rêves”. Jamais auparavant ça ne me serait passé par la tête de parler comme ça dans mon morceau. Alors après, on ne va pas se mentir, j’ai pleuré un bon coup en studio et puis après ça allait mieux. En fait, ça faisait longtemps que je n’avais pas été fière de moi. C’est bête mais quand j’ai terminé ce morceau, je me suis dis que je n’avais pas menti, j’ai dit ce qu’il fallait et ce que j’avais besoin de dire.

Et puis Jean, c’est un ami, il a un regard hyper bienveillant envers moi, il a été capable de m’accompagner sur ces moments où j’ai eu besoin de craquer. C’est aussi important d’avoir des gens qui nous écoutent et qui nous disent ‘pourquoi tu n’écris pas la dessus, pourquoi tu veux écrire sur autre chose, c’est ça que tu as au fond de toi alors raconte-le, tu ne vas pas t’inventer une vie’.

L’enregistrement de “Sombres rêves” était très fort parce que pour la première fois, je faisais un titre presque plus dansant que ce que j’avais pu faire avant. J’aurais pu faire une énorme ballade et raconter cette histoire, mais ce n’est pas ce que j’avais en moi. On parle d’une renaissance, d’un cri du cœur comme tu disais, donc c’est quelque chose de génial, où ta seule barrière, c’est toi parce que plus personne ne va te dire non. Je suis enfin heureuse parce que je me dis “mais c’est génial, on peut raconter des trucs tristes et danser, c’est ma passion (rire)”. Et puis il ne fallait pas que ce soit triste parce que c’est le début d’une nouvelle histoire. Et comme tous les débuts d’histoire d’amour, ça fait peur mais c’est tellement enivrant et fait tellement de bien. Je me suis souvenue pourquoi je faisais ce métier. Je me suis redonnée envie et je me suis rendu compte que je suis capable !

Comme on vient de l’évoquer, l’espoir arrive à la fin du morceau. Cette nuance entre les sombres rêves et l’espoir, tu l’exprimes aussi à travers une production pop composée avec Jean Castel que l’on retrouvait aussi sur tes précédents projets. Cette collaboration semble durer dans le temps… C’était évident de l’intégrer à ce nouveau projet ?

Carrément. Quand j’ai rencontré Jean en novembre 2019 à l’époque où il était encore à Los Angeles, j’étais partie le rejoindre sur un coup de tête parce que ça n’allait déjà pas trop. Du coup il m’a déjà connu dans un état de questionnement. Il y a des rencontres artistiques qui ne se contrôlent pas et qui fonctionnent d’un coup, et ça serait trop bête de ne pas les laisser fonctionner. Avec Jean on travaille hyper vite, bien je crois. On est complémentaires. Il y a vraiment une facilité quand on est en studio, on fait un titre en une journée et ça ne m’était pas arrivé jusqu’à ce que je le rencontre. À chaque fois que l’on a fini une session, on s’appelle et on se dit ‘c’était cool, on recommence quand ?’. Je suis super heureuse de bosser avec lui, il est capable de retranscrire ce que moi je lui dis. C’est une amitié, un “collaborateur” de ouf, vraiment un binôme artistique.

“Sombres rêves”, le premier fragment d’un EP à venir en fin d’année…

Sombres rêves annonce l’arrivée de ton premier EP… Peux-tu nous en dire un peu plus quant aux thèmes que tu abordes à travers ce projet ?

Oui bien-sur. C’est un EP qui parle de toute cette période. Quand j’ai recommencé à retourner en studio, “Sombres rêves” a été le premier titre que j’ai fait et derrière, j’ai eu besoin d’évacuer. Il y a un morceau qui parle de moi à moi petite et à ce que je pourrais dire à cette petite gamine qui est complètement paumée. C’était intéressant de me replonger là dedans et de réfléchir, avec le recul et tout ce qu’il s’est passé ces 5 dernières années, de ce que je dirais à cette petite qui rêve de faire ce métier, comment je lui expliquerais que ça ne va pas être facile… Il y un morceau qui parle d’une histoire d’amour mais qui n’est pas la mienne, c’est la première fois que j’ai écrit sur quelque chose que l’on me raconte. J’ai adoré le faire, et je crois que j’ai même fait quelque chose de plus fort que ce que j’aurais osé écrire pour moi, j’avais l’impression de rendre hommage à quelqu’un. Il y a également un titre qui parle de cette renaissance. Un peu dans la continuité de “Sombres rêves”, qui évoque ce moment où j’ai tellement à dire, à offrir, où j’ai envie de danser, de célébrer mon retour. Pas mon retour dans la musique mais moi avec moi-même. C’est des thèmes plus généraux mais toujours en rapport avec cette période et tout ce chamboulement.

Il y a des titres plus second degré aussi. J’ai un peu embrassé de nouveau ma carrière de comédienne et de théâtre quand j’ai écrit cet EP. Tu vois, on parlait tout à l’heure de se mettre dans une case, et au final, j’ai fait absolument tout l’inverse. Tout comme dans l’image, dans la musique je n’ai pas envie de choisir et ce n’est pas grave. C’était ça qu’il fallait que j’entende ‘ce n’est pas grave’. Ce n’est pas grave de ne pas avoir une tenue que tu vas devoir mettre et qui sera toujours la même, ce n’est pas grave de ne pas avoir une coupe de cheveux qui ne doit jamais bouger, si j’ai envie d’avoir les cheveux longs, j’aurais les cheveux longs. On parle de détails mais tous mis bout à bout parfois, ça vient vraiment impacter ce que tu es capable de faire artistiquement.

J’ai fait cet EP sans le réfléchir comme un EP, j’ai juste fait de la musique en studio. Il y a plus que 5 titres en stock mais pour le moment j’en visualise 5 qui pour moi tiennent la route. C’est ça que j’ai envie de montrer de moi.