À l’occasion de la sortie de son premier EP éponyme et de sa troisième place au concours ‘The Artist’ diffusée sur France 2, aficia a souhaité en savoir plus sur le début de carrière de Joseph Kamel. Rencontre avec un grand artiste en devenir !
Un raconteur d’histoire sur fond acoustique. Voilà comment on définirait Joseph Kamel. Découvert par nos radars en juillet 2021 avec son titre “Dis-Moi”, le chanteur a littéralement vu son année s’accélérer entre la sortie de son premier opus et sa participation à l’émission ‘The Artist’. Une succession d’événements qui lui ont permis de construire l’artiste authentique et plein de valeurs.
Touché par la vulnérabilité que dégage son grain de voix et les histoires qu’il raconte dans chacun de ses morceaux, aficia a tenu à rencontrer Joseph Kamel. Entre la passion “dévorante” pour la musique, la préparation à cette année intensive, la perception de sa musique ou encore les projets à venir… l’artiste nous a parlé à cœur ouvert.
Joseph Kamel : l’interview…
Joseph Kamel, tu as sorti un titre en juillet, un EP en septembre et tu as terminé 3ème de l’émission ‘The Artist’ sur France 2. Comment tu t’es préparé à cette année si intensive ?
J’avoue que je ne me suis pas préparé en mode sportif. Je ne savais pas que les choses allaient s’enchaîner avec cette intensité-là. Au moment où j’ai sorti “Dis-Moi” je n’étais pas sûr du moment où l’EP allait sortir. Les choses ont évolué en ce sens, doucement. Ça a été du repos, de la concentration et un entourage qui m’a aidé à vivre tout ça au mieux.
Peux-tu nous parler de ton année 2020 en termes de création artistique ?
J’ai surtout passé l’année 2020 à commencer à faire des rencontres qui étaient capitales pour les événements qui sont arrivés cette année. Ça m’a aussi permis de me remettre en question. J’étais arrivé au bout d’un processus artistique qui était en anglais jusqu’à présent.
Il y a eu un morceau qui est arrivé de nul part, qui s’appelle “La Voix”, qui n’est pas encore disponible pour le moment. Ce titre a tout révolutionné pour moi parce que ça a été le deuxième morceau que je faisais en français. Il y avait le titre “Café” que je traînais depuis un moment. À ce moment-là, j’ai décidé de faire tout mon projet en français et je me suis rapproché des musiciens avec qui je travaillais déjà depuis un moment. Ensuite, tout s’est enchaîné assez vite sur l’année 2021.
Tu as sorti un EP en septembre qui porte ton nom. Depuis combien de temps le prépares-tu ?
“Café” a été le premier titre. Il a énormément évolué. De base, il était en guitare voix, avec un refrain en anglais puis il a changé pour devenir la version qu’on connaît aujourd’hui. Cet EP s’est fait progressivement. J’ai mis environ six mois à faire le reste des morceaux. À partir du moment où j’ai pris la décision de faire mon projet en français, ça a débloqué énormément de trucs. Il y a énormément de mélodies qui sont arrivées, de nouvelles façons de voir la musique.
Justement, ton rapport à la musique, il est en toi depuis que tu es enfant, où c’est une passion qui est arrivée en grandissant ?
Je pense qu’il y a un peu des deux. Je suis passionné de musique depuis que je suis enfant. J’ai toujours eu un rapport très fort avec les morceaux que j’écoutais. Ça a toujours été central dans ma vie.
Arrivé à l’adolescence, quand je suis arrivé en France, vers 13, 14 ans j’ai ressorti une guitare qui traînait dans le sous-sol de chez mes parents. C’est là que j’ai commencé à expérimenter un petit peu, en regardant sur 2, 3 sites comment faire les principaux accords, faire mes premiers covers. C’est devenu une passion dévorante. J’y passais 2h à 4h par jour. C’était au point où les autres enfants on leur retirait les consoles, et moi on me retirait ma guitare.
Tu as sorti “Dis-Moi” en juillet. C’est le premier titre de ton projet à avoir été exploité. Pourquoi l’avoir choisi comme porte d’entrée ?
Dans mon projet, c’était un peu comme une pieuvre où il y avait des tentacules qui allaient grappiller dans plusieurs univers différents. Au moment où je me suis dit à quoi ressemblerait la tête de la pieuvre, j’ai pensé à “Dis-Moi”.
C’était un morceau que je trouvais fédérateur où je me disais que moi je m’identifiais beaucoup et que des personnes pouvaient s’identifier aussi. Justement, plus qu’une notion de meilleur morceau où de morceau phare, je considère un single comme une porte d’entrée vers un projet. Je pense que “Dis-Moi” était la meilleure porte d’entrée possible, la plus accueillante, sur laquelle on a envie de toquer pour voir ce qu’il y a derrière.
Quand on toque à la porte et qu’on rentre, on découvre un univers assez mélancolique. Est-ce que c’est une période de ta vie que tu as voulu faire ressortir dans l’EP ou au contraire, c’est un condensé de ta tristesse jusqu’à présent ?
Au-delà de ça, un EP ne se veut pas forcément autobiographique. Je me considère plus tôt comme un raconteur d’histoire. Il y a des histoires qui me sont arrivé et d’autres qui ne sont juste que le fruit de mon imagination. Tout n’est pas à prendre littéralement. J’aime bien imaginer des situations et que ce soit moi le personnage quand je parle à la première personne ou quand je me mets à la place d’une personne.
C’est vrai que là-dedans, dans cet EP, il y avait de la mélancolie. C’est quelque chose que je ne trouve pas forcément sombre mais plutôt où j’avais envie de parler sous cet angle-là. La jeunesse est assez mélancolique en ce moment. On est dans une époque où on est tous très connecté les uns aux autres. On a l’occasion de se comparer avec le monde entier. Quand on voit des milliers de personnes qui font les choses, plus hautes, plus fortes que nous, mieux que nous, avec plus d’énergies ça procure une certaine forme de mélancolie. C’est un peu de ça que j’avais envie de parler dans ce projet. On peut faire de la beauté avec du simple, de l’ennui, de la peur et pas forcément avec des sentiments grandioses comme d’autres peuvent le faire.
Dans le titre “Café’, on te découvre avec du slam. Est-ce que c’est un style qui a été présent dans la construction de ta musique avant le côté “chanter”?
Oui et non. Le côté “slam” c’est plus ma façon à moi de voir le rap. Je suis un très gros consommateur de rap depuis mon plus jeune âge. Ça a commencé avec IAM quand j’avais 7, 8 ans et depuis je dévore le rap français et américain. Il y a dans cette manière de manier les mots quelque chose d’assez magique. Il n’y a pas de triche, il n’y a que des mots qui peuvent te sauver. J’avais envie de m’essayer à l’exercice et surtout plus qu’une véritable volonté artistique de tester quelque chose, c’était que cette chanson existait comme ça.
Dans “Café”, il y avait cette notion de mec qui lâche l’affaire, qui passe une mauvaise journée. Pour moi, ce mec qui passe une journée pas terrible, il ne le fait pas en chantant. Il le fait juste en parlant et en disant qu’aujourd’hui ce n’est pas une cool journée. Il y a une question nonchalante dans la façon de parler.
Presque 100.000 écoutes sur Spotify, des millions de vues sur YouTube, que veux tu que les gens qui t’écoutent retiennent ?
Que ça va aller ! J’essaye de ne pas vraiment penser à ça quand je prépare la musique ou quand je la sors. Quand je reçois des messages de gens qui me disent que “Dis-moi” leur a fait du bien parce qu’ils se sont sentis moins seuls dans le chemin de rupture qu’ils pouvaient avoir. Que “Pardon” leur a fait du bien parce que ça leur a montré que ça arrive de mettre des gens de côté.
Pour moi, c’est surtout montrer que ce sentiment qu’on a parfois de ne pas être à sa place, de ne pas être bien, on peut en faire du beau et on n’est pas tout seul. Il y a plein de gens qui pensent que tout le monde est meilleur qu’eux et que ce sont eux le problème. Plus on pense ça, plus on se rend compte que ce n’est pas nous le problème mais le système, la manière dont les choses sont faites.
Tu as participé à la première saison de l’émission ‘The Artist’. Tu as pu profiter des masterclass organisées avec quelques grands noms de la chanson française comme Suzane, Mc Solar, Louis Bertignac… Quel conseil d’artiste a eu le plus d’impact sur toi et ta musique ?
Il y en a eu plusieurs. La première masterclass avec Clara Luciani a été assez intense parce qu’on était encore beaucoup à ce moment-là. Il y avait 24 projets. À ce moment-là, elle nous a dit d’être doux avec nous-même et qu’évidemment, on allait regarder les replays en se disant qu’on s’était foiré et qu’il y avait des choses qu’on avait moins bien faites… Et qu’en soi, ce n’est pas grave. Il fallait être plein de douceur et accepter que ce que l’on fait ne soit pas normal. On est dans une position d’artiste qui n’est pas normal, de se retrouver comme ça, à la télévision à une heure pareille, un samedi soir avec une notion de concours. Évidemment, qu’il y a des choses qu’on peut bien faire mais déjà le fait d’être là, c’est déjà un exploit en soi. Ça m’a fait beaucoup de bien !
Ensuite, il y a eu Oxmo Puccino, sur la notion d’écrire à la troisième personne. Ça a encore renforcé cette conviction que j’avais qu’on était qu’un chanteur, auteur, compositeur et interprète. On est avant tout des auteurs qui racontent des histoires, et qu’un auteur qui faisait de toute sa carrière une autobiographie devenait assez chiant. C’est cool d’avoir 1, 2 chansons qui parlent de soi parce qu’on a besoin d’extérioriser des choses mais on peut le faire avec des histoires à la troisième personne en nous mettant à la place de quelqu’un d’autres. Ça m’a permis de conscientiser quelque chose que je je faisais déjà de manière inconsciente avant et où je m’excuserais un peu parfois. Quand j’écrivais des chansons, je me disais “Ah, elle est sympa cette phrase mais ce n’est pas vrai”.
Maintenant, je me dis que ce n’est absolument pas grave si je raconte l’histoire d’un astronaute à la troisième personne alors que j’ai peur du vide. Au-delà de ça, toutes les masterclass nous ont énormément appris. J’aurais du mal à en ressortir plus comme ça car on a eu je crois six semaines d’émissions donc 24 masterclass en tout avec 24 artistes de renoms. À chaque fois, on est ressorti de là on ayant pris une claque. Ça m’a construit en tant qu’artiste, énormément. Je ne pourrais jamais assez remercier Nagui et toute l’équipe de nous avoir offert cette possibilité-là à ce stade de ma carrière.
J’ai entendu qu’une tournée allait se préparer. Quel titre as-tu le plus hâte de performer ?
J’ai de l’affection avec tous les titres. Je sais qu’il y a un morceau “Ne reste pas là” sur mon EP avec un drop complètement fou. Les quelques fois où j’ai pu la jouer sur scène, c’était génial ! Je débranche mon cerveau et je pars en cacahuète totale. C’est une espèce de moment de thérapie accéléré. Si je devais en garder un, je prendrais celui-là.
aficia est précurseur de nouveaux talents, est ce que tu aurais un artiste à nous faire découvrir ?
J’ai envie de renvoyer la balle à JYEUHAIR, qui m’avait cité la dernière fois ! C’est un rappeur extraordinaire qui est sur le point de sortir son deuxième EP. Il fait tout, tout seul : de l’écriture, à la production, en passant par le mix, la réalisation des clips… Puis c’est un mec en or qui a toujours été présent pour moi à chaque étape de ma courte carrière.