Amir - © Yann Orhan
Amir - © Yann Orhan

Amir en interview : “Je me suis toujours considéré comme tout le monde, sans jamais me sentir au-dessus du lot”

Exclusivité aficia

À l’occasion de la sortie de la réédition de son album Ressources, aficia eu l’occasion de revenir avec Amir sur son duo avec Indila, mais aussi sur le contenu de cette réédition et de sa carrière…

Quelques jours après la sortie du single “Rétine”, premier extrait de la réédition de Ressources, dans les bacs ce 12 novembre, nous avons eu l’occasion d’échanger avec Amir. Nous évoquions dans une première partie d’interview la conception de “Rétine”, l’accueil du public et de bien d’autres sujets.

Dans cette deuxième, et dernière, partie d’interview, il est temps d’évoquer des sujets de fonds : son duo inattendu avec Indila, ses rêves de collaborations et son ancrage dans le paysage français. Amir a répondu à nos questions avec toujours beaucoup  d’authenticité et de modestie…

Amir, l’interview…

Avant d’évoquer la réédition, j’aimerais juste revenir sur ton duo improbable avec Indila. Il fallait oser approcher une artiste aussi discrète qu’elle… Tu n’as pas eu peur qu’elle te dise non ? 

Je n’ai pas souvent peur. Je m’amuse dans ce que je fais. Je propose avec le sourire, si on me refuse je garde le sourire. Si on accepte, c’est encore mieux bien sûr… Indila, je savais qu’il y avait peu de chances qu’elle dise oui. Mais je me suis dit, tentons. La chanson faisait appelle à sa voix, c’était flagrant. Cela aurait été dommage de ne pas tenter.

Une fois qu’elle a validé, non seulement elle s’est montrée volontaire, mais nous sommes également devenus très proches avec ce projet. On s‘est toujours admirés mutuellement. Là, nous nous sommes retrouvés en musique et avons concrétisé un souhait qu’on avait tous les deux dans un coin de notre tête. Cette idée de projet a été très intéressante, agréable, une vraie fierté.

Tout en sachant qu’Indila n’a pas sorti de titre depuis sept ans hormis une parenthèse avec  “Parle à ma tête” en 2020…

Oui, contrairement à moi, elle a choisi de se mettre en retrait. Elle a accepté mon invitation après sept ans de silence, de refaire ce pas vers le public. Cela a été un grand honneur qu’elle me choisisse pour l’accompagner là-dedans. Si elle lit les lignes de cet article, j’aimerais lui envoyer un gros bisou et lui dire à quel point je suis content qu’on soit arrivé au bout avec cette chanson que j’adore, “Carrousel”.

Tu as eu l’occasion de collaborer avec Indila, One Republic et dernièrement Sia sur “1+1”. As-tu d’autres envies, d’autres rêves en termes de collaborations ? 

Oui ! (Rires) J’en ai toujours eu, et j’en aurais aussi demain j’imagine. Pour moi, la musique a une notion de partage, que ce soit avec les miens au début, ma famille, puis mes potes quand ça devient devient plus officiel. Le partage se fait aussi entre artistes. Ce que j’aime en fait, et c’est un peu comme dans la cuisine, tu vas mélanger deux ingrédients, ce sera expérimental, ça marchera, ou pas. Mais quand ça marche, ça amènera une nouvelle saveur. Ça amène souvent des émotions fortes. C’est pour ça que j’aime les collaborations artistiques. C’est pour cela aussi que je reste très ouvert et éclectique dans mes volontés de partenariat. Je pense que ça me permet de rester émerveillé et surpris peu importe depuis quand je fais ce métier. 

C’est avec cet émerveillement et cette envie quotidienne, qu’il faut nourrir la flamme de ce rêve que je me donne, comme au premier jour…

Amir

Si je fais référence à “Mec normal”, l’un des morceaux issus de cette réédition, est-ce qu’un mec normal a cette chance là, celle de collaborer avec tant d’artistes internationaux ? 

(Sourire) C’est une très bonne question. J’aime beaucoup ta question. La chanson est évidemment autobiographique. La preuve en est qu’elle apparaît dans un album où tu as des featurings avec Sia, OneRepublic et Indila… Donc absolument !

Mon approche depuis le début est que je me suis toujours considéré comme tout le monde, sans jamais me sentir au-dessus du lot. Évidemment que quand tes rêves s’exaucent, c’est surtout un signe d’espoir pour tous ceux qui ont des rêves. C’est quelque chose que j’essaye de transmettre dans tous mes projets, à la fois dans la musique ou dans mon autobiographie qui raconte mon parcours professionnel qui est totalement inattendu, même pour moi.

C’est aussi ce qui me rapproche du public, en ayant ces échanges quotidiens avec eux. Je me sens à la fois artiste et spectateur de ce qu’il m’arrive. J’ai envie de dire aux gens, faites de même car on ne sait jamais, sur un malentendu, vous pourrez, vous aussi, être très épanoui, exaucer vos rêves les plus chers. C’est avec cet émerveillement et cette envie quotidienne, qu’il faut nourrir la flamme de ce rêve que je me donne, comme au premier jour. J’ai encore plein de choses à découvrir. 

Si tu devais présenter cette réédition de l’album au public, que dirais-tu ? 

Je dirais que tout ce temps que je n’ai pas passé sur scène à rencontrer le public, je l’ai passé en studio pour le rencontrer plus tard. Ce que je veux dire, c’est que je prépare notre future rencontre, quand il n’y aura plus les contraintes actuelles. Moins de scène veut dire plus de studio, plus de studio veut dire plus d’expériences. On se souviendra longtemps de cette belle claque qu’on s’est tous prise en 2020, cette leçon d’humilité pour tout le monde. 

Mon histoire avec le public est une histoire que je trouve merveilleuse dans laquelle je puise beaucoup de force…

Amir

Ce que tu veux dire, c’est que l’année 2020 t’a fait prendre conscience de certaines choses ?

D’un point de vue artistique et à la fois personnel, oui. Cette année-là m’a permis d’arrêter de me poser trop de questions lorsque j’écris, à chercher à ce que cela corresponde à telle musicalité, à me demander “ça c’est du Amir, ça c’est pas du Amir”. C’est une façon de penser qui n’existe plus et qui me ravie beaucoup parce qu’elle m’a permis de faire des expériences que j’aurais jamais pu faire auparavant.

J’ai pu toucher à des textures musicales et textuelles qui pouvaient me faire peur avant. J’avais une certaine  appréhension puisque j’avais envie de me satisfaire. Je n’ai plus envie de tout ça, et ce n’est plus une considération que je prends en compte.

La vie est courte. On ne sait pas de quoi est fait demain. Cette réédition, c’est moi, mes expériences, mes folies. Là où je peux aller le plus loin possible, et bien j’irai ! Ce que je pense se ressent dans cette réédition et j’espère que cela accompagnera la suite du projet. Je veux continuer à écrire librement et me détacher de toute contrainte. 

La seule chose qui est entre mes mains, c’est d’avoir un moteur quotidien, de continuer à surprendre, continuer à renouveler, écrire, proposer…

Amir

Cela fait bientôt 7 ans que ta carrière a démarré. Est-ce qu’on peut dire que tu es un artiste définitivement ancré dans le paysage musical ? Est-ce que tu as encore peur que tout s’arrête encore ?  

C’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre parce que je te mentirais si je te disais que j’avais pas peur que tout s’arrête. Mon histoire avec le public est une histoire que je trouve merveilleuse dans laquelle je puise beaucoup de force, et qui me donne envie de me donner pour tous ces gens qui m’écoutent. C’est une grande chance que d’en être arrivé là.

Depuis le premier jour, je me suis projeté dans une perspective d’en faire l’histoire de ma vie, et pas l’histoire d’un temps, surtout parce que mon destin a été réécrit. Ce n’est pas une parenthèse que je suis en train de vivre, mais plutôt quelque chose qui devrait devenir ma nouvelle réalité, si tu vois ce que je veux dire.

Evidemment, c’est ce que je me souhaite. Mais de me dire si je suis ancré ou pas dans le paysage musical français, ce n’est pas une question à laquelle je pourrais répondre. C’est aux gens de dire si mes chansons, mon projet, ce que j’ai proposé jusqu’à là, est ancré en eux. C’est un peu eux qui ont ma carrière entre leurs mains. La seule chose qui est entre mes mains, c’est d’avoir un moteur quotidien, de continuer à surprendre, continuer à renouveler, écrire, proposer. C’est ma mission de tous les jours.

Je n’aimerais pas non plus me dire que c’est dans la poche, où je pourrais être plus serein. La sérénité serait synonyme d’ennui mais aussi la perte de l’ambition, et ce n’est pas là où j’aimerais aller. Je suis très content de me considérer comme si j’en étais au premier jour. 

Chez aficia, on est précurseur des nouveaux talents. Est-ce que tu aurais un talent à faire découvrir aux lecteurs d’aficia ?

Je pense que beaucoup la connaissent déjà parce qu’elle a beaucoup de talent. Je la prendrais sûrement pour faire une première partie sur la tournée, si ce n’est pas plus qu’une première partie. Elle s’appelle JadeGMT sur Instagram. C’est une chanteuse extraordinaire et elle danse incroyablement bien.

Au début, c’était l’une de mes danseuses, et quand j’ai eu cette chance d’entendre sa voix par hasard, j’ai tout de suite compris que je devais la prendre sous mon aile, l’aiguiller et la soutenir dans sa carrière musicale. Elle a déjà écrit quelques chansons. Je pense que quand elle sortira ses titres, que je connais déjà, on sera tous très surprises par cette petite.