©Marie Perennès

Lucien Kimono en interview ‘Flash’ : ”C’est quand on va chercher loin en soi qu’on peut parler aux autres”

À l’occasion de la sortie de 1000 Vies, son nouvel album, aficia s’est entretenu avec Lucien Kimono (anciennement Lucien & The Kimono Orchestra). Un projet plus personnel et plus intime qui marque le début d’une renaissance artistique.

Après 3 EP et un album en piano solo signés chez Cracki records, Lucien Kimono présente1000 Vies, dans lequel figurent 9 morceaux aux influences vastes et riches. Radicalement plus intime que ses précédents projets, cet opus, entièrement chanté en français, marque un tournant dans la carrière de l’artiste. Sincérité, nostalgie et authenticité sont au rendez-vous.

Lucien Kimono, l’interview !

1 Hello Lucien, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Lucien Kimono, c’est mon nom d’artiste. Jusqu’ici, le projet que je défendais s’appelait Lucien & the Kimono Orchestra. Pour accompagner mon évolution musicale, j’ai choisi de raccourcir le nom en Lucien Kimono, pour que cela reflète vraiment l’endroit où je suis et ce que j’ai envie de proposer, c’est-à-dire une musique plus intimiste, plus chanson française, plus personnalisée. Je trouvais que c’était important. Dans les faits, ça a toujours été un projet un peu solo, Lucien & the Kimono Orchestra, mais il y avait une certaine confusion, notamment avec le groupe qui m’accompagnait sur scène mais qui n’était pas forcément présent dans le processus créatif. Ça ne change pas grand chose pour moi en interne mais c’était important de clarifier cette confusion qu’il pouvait y avoir chez les gens, étant donné le projet que je propose maintenant.

2 Quel a été l’élément déclencheur, et à quel moment, de cette renaissance artistique ?

C’était lors d’un concert à la Maroquinerie, en 2020, juste avant le confinement, avec le groupe. Salle comble, c’était génial ! Mais j’ai eu l’impression, qu’aussi bien que cela puisse être, c’était le maximum qu’on pouvait atteindre dans cette configuration, en termes d’ambitions musicales. C’est à ce moment là que j’ai réalisé que je voulais proposer quelque chose d’autre, de plus intime.

Avec Lucien & The Kimono Orchestra, je faisais de la musique instrumentale sur scène. C’est difficile de toucher les gens, tu as l’impression qu’il manque une dimension entre toi et le public. Cette dimension, c’est la voix, c’est le chant, c’est ce que tu as envie de raconter. J’ai démarré ce processus en me disant je veux faire un album dans lequel je chante. Puis, l’idée s’est affinée. Je savais déjà que je voulais aller vers la chanson française, avec des productions puissantes. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait appel à des producteurs et ingénieurs du son comme Keight ((Elyon, Bu$hi, Hyacinthe), ou Clément Caritg (Jazzy Bazz, Lala&Ce, S-Crew, Prince Waly). Petit à petit, tout s’est mis en place. Il fallait que cela soit cohérent, sans céder à certaines modes.

L’idée c’était de toujours être sincère et de choisir parmi toutes les inspirations que j’avais, celles qui me correspondaient le plus. Bien sûr, accompagné par l’équipe que j’ai constituée autour de moi, des gens de confiances, les producteurs, les musiciens, les paroliers, qui m’ont aidé à affiner ce que j’avais envie de dire. Je suis allé assez loin dans l’exploration de l’écriture et du chant notamment, dans la lecture de poèmes, avec des stages d’écriture, dans ce que j’avais envie de dire. J’ai écris des textes très crus avant d’arriver à la version finale, j’avais des choses à sortir. Peu à peu, cet album a commencé à exister et collectivement, avec toute l’équipe, on s’est dit que ça n’avait plus de sens de garder le nom Lucien & the Kimono Orchestra.

C’est un album de chanson française, soutenu par une personne, qui raconte des choses intimes de sa vie. Le groupe, c’était une façon de distancier, même si dès le début c’était en réalité un projet solo. Avec 1000 vies, l’idée était de me confronter au regard du public, d’oser montrer ma vulnérabilité. Il n’y a plus de paravent ! Autant prendre un nom qui me désigne directement.

L’Hiver au Nord – Lucien Kimono

Je voulais quelque chose d’assez sombre et sincère

3 Comment décrirais- tu l’univers de cet album ?

Ce que je voulais depuis le début, c’est quelque chose d’assez sombre, d’assez “profond”, notamment dans les arrangements, avec des basses qui vont chercher loin, des accords un peu mélancoliques, des paroles assez percutantes et assez intimes. C’est ça dont j’avais envie, parce que c’est ce que j’aime. Quelque chose, qui je suis sûr, ne plaira pas à tout le monde. Et ça c’est important pour moi.

Ce qui à un moment m’a dérangé dans l’évolution de mon ancien projet, c’est que c’était devenu un peu trop consensuel. Personne n’aimait pas, car c’était bien sous tous rapports, mais personne n’allait non plus se rouler par terre pour ça. Je ne renie pas du tout ce que j’ai fait, j’en suis fier ! Mais je crois que je ne me mouillais pas totalement. Et quand tu ne te mouilles pas totalement, les avis ne sont pas tranchés. Alors que là, les réactions sont bien plus opposées, et c’est ce que je voulais. Il y a des gens qui détestent, ils ne me le disent pas comme ça, mais ça ne les touche pas du tout. Ce que je propose les dérangent peut-être même. Et d’autres qui pour le coup, adorent. L’album a remué quelque chose de profond chez eux.

Je dirais donc pour résumé, un album sombre et sincère. J’assume et j’y vais.

Lucien Kimono - 1000 Vies
1000 VIES ©Augustin JSM

4 Tu as dit être inspiré par plusieurs genres et différents artistes. Peux-tu m’en citer quelques-uns et me dire pourquoi ?

La chanson française avant tout, parce que c’est vraiment la famille dans laquelle j’ai envie de m’inscrire, j’en écoute depuis toujours. Au risque de paraitre assez basique, il y a Gainsbourg, Michel Berger, qui a toujours été une référence pour moi d’ailleurs, depuis le premier disque que j’ai sorti, il est toujours là. Et ça va jusqu’a Christophe, Benjamin Biolay, Juliette Armanet, et d’autres un peu plus hip-hop dans l’approche, par exemple Eddy de Pretto, (on a d’ailleurs travaillé avec le même parolier). Il y a aussi Disiz, et son dernier album, L’Amour, qui me touche beaucoup. Il propose un vrai album de chansons françaises, pur jus, il se mouille, et cet album-là était dans la filiation de ce que je souhaite proposer. J’ai été le voir à Pleyel, et ça m’a mis une claque, je me suis dit “c’est là que je veux être”. 

Il y a mille autres artistes aussi, je suis extrêmement éclectique, parfois j’ai envie de mettre beaucoup de choses dans ma musique, et il faut choisir.

5 Qu’espères-tu de ce premier album sous le nom Lucien Kimono ?

Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre ! J’ai l’impression qu’il y a un potentiel pour toucher les gens, j’y ai mis tout mon coeur, mais est-ce que les gens l’adopteront ou pas ? Je ne sais pas ! Quand on propose quelque chose de personnel, on a toujours tendance à se dire “peut être qu’en réalité, ça ne parle qu’à moi”. C’est quand on va chercher loin en soi qu’on peut parler aux autres, à travers nos histoires. Ça fait trois ans que je bosse dessus, j’y ai mis énormément de coeur, et comme tous les artistes, ce que j’aimerais c’est que ça touche le maximum de personnes, que ça me permette de chanter ces chansons devant le plus grand nombre possible, mais on verra où ça va.

En parallèle, j’ai créé Avancée, mon label, autour de cet album. Une nouvelle aventure ! En tant qu’artiste, je me sens soulagé, je vais enfin sortir ce projet que je retiens depuis des années. Les gens vont pouvoir se l’approprier et le juger comme ils veulent, mais au moins il sera sorti ! D’un point de vue de patron de label, puisque j’ai aussi cette casquette, évidemment j’espère que cela nous mettra en position de pouvoir refaire autre chose après, que ce premier opus aura intéressé les gens, et convaincu de nouveaux partenaires. C’est aussi ça que j’attends de cet album, qu’il me permette de rebondir encore plus loin après. On verra où il me mène !

Découvrez 1000 vies, le nouvel album de Lucien Kimono