Nous accueillons sur aficia deux immenses artistes de la musique électronique française : Kungs et son aîné Martin Solveig. Place à l’interview croisée !
Après The Avener, en début de semaine, c’est au tour de Valentin (aka Kungs) et Martin Solveig de répondre à nos questions. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec eux quelques minutes, juste avant leur passage sur la scène de l’Electroshock, grand concert gratuit sur invitation organisé sur le Cours Mirabeau à Aix-en-Provence par Virgin Radio.
On a parlé voyages, musique, renommée personnelle et entraide mutuelle…
Martin Solveig x Kung : l’interview croisée !
Lorsque vous partez en vacances, arrivez-vous à faire un vide et profiter pleinement ?
Martin Solveig : C’est une très bonne question. J’ai senti que tu étais inspiré Valentin non ?
Kungs : Ouais ! Alors, les vacances, c’est fait pour se reposer, pour décompresser et penser à autre chose, mais avec le métier qu’on fait, c’est relativement compliqué de lâcher prise et d’oublier tout ce qui se passe. C’est un métier qui ne te laisse pas une seconde, qui évolue tous les jours, de nuit comme de jour. Il y a toujours un truc à faire. Il y a toujours un mail important auquel il faut répondre ou un message urgent. C’est assez compliqué de déconnecter, mais c’est important de se faire plaisir aussi ! Les vacances, ce n’est jamais du repos intégralement.
Martin Solveig : Moi j’arrive à couper entièrement. Je n’ai pas forcément de recettes. Quand je pars, je pars !
La musique évolue de jours en jours. Comment l’adaptez-vous à votre propre style ?
Martin Solveig : C’est une sacrée question ! On pourrait parler de ça pendant une heure donc je vais faire une réponse synthétique et journalistique. Presque comme ça, au hasard, je vais tirer une dimension de la question. Moi j’aime bien les évolutions et l’idée de changement. Ce que j’ai toujours plus au moins essayé de faire, c’est une musique de mon temps et d’embrasser les progrès techniques, les nouveaux sons, car dans mon cheminement créatif, c’est ça qui m’intéresse.
Kungs : Alors moi je suis là depuis bien moins longtemps que Martin. J’ai moins vu l’évolution de la musique, ou du moins j’ai moins été acteur de cette évolution. C’est vrai que tout s’accélère aujourd’hui et que tout se périme à la fois, autant dans la musique que dans le reste. Ce qui est sûr, c’est que je veux personnellement rester actuel et faire de la musique qui parle aux gens, tout en restant honnête avec soi-même. C’est ce que j’essaye de faire en ce moment, sur la musique sur laquelle je travaille. Je veux vraiment faire quelque chose de personnel, qui me ressemble, qui n’exclut personne et qui ne rentre pas dans une case fermée à un autre genre de public. Ça, c’est compliqué. Mais le principal c’est d’être honnête avec soi-même.
Vous avez tous les deux de belles carrières à l’international. À quel point avoir un nom facilite les échanges et les collaborations ?
Martin Solveig : Aujourd’hui, les choses sont très structurées dans l’industrie de la musique. Les collaborations naissent quasiment toujours d’un dialogue entre deux artistes. Autour de nous, il y a beaucoup de managers, de maisons de disques qui discutent également pas mal. Mais à l’arrivée, les choses se font assez naturellement. Par exemple, en festival, beaucoup d’artistes écoutent ce que les autres font et se disent « Tiens, lui c’est sympa ce qui fait, on pourrait faire un truc ensemble ! ». Ça peut démarrer comme ça. Je trouve que le contact marche d’ailleurs de mieux en mieux au fil des années entre les artistes. Il y a davantage de respect mutuel.
Kungs : Je suis complètement d’accord avec Martin. Personnellement, la notoriété et les titres que j’ai sortis m’ont permis de collaborer avec Stargate (Sia, Katy Perry… ndlr) par exemple. Ce sont clairement des portes qui s’ouvrent plus facilement et c’est une chance ! Cela permet de travailler avec des gens auxquels on n’aurait pas imaginé avant !
Valentin, collaborer avec des artistes de renommés, c’est comment quand on a que 22 ans ?
Kungs : Comme disait Martin tout à l’heure, les choses sont moins cloisonnées aujourd’hui. Il y a beaucoup moins de barrières, les gens sont beaucoup plus ouverts d’esprit et les choses se font naturellement aujourd’hui.
Quand aura-t-on l’occasion de réentendre un son de Kungs ?
Kungs : Je planche dessus durement depuis quelques mois ! Un nouveau single sortira sans doute à la rentrée. On continue de travailler sur la direction avec laquelle on a commencé depuis le départ. Seulement, au cours de mes voyages, je me suis posé énormément de questions sur moi-même. Je reviens serein et confiant. J’ai envie de montrer qui je suis vraiment et ce que j’ai toujours voulu faire, avec la maturité qui suit aussi. C’est vrai que j’ai vécu trois ans hyper intenses, avec un espèce de tourbillon de sorties de morceaux, de tournées… Je me suis rendu compte il y a un an que j’avais un peu oublié de poser des questions sur moi-même comme « Qu’est-ce que j’avais envie de donner aux gens à travers ma musique ». Ce sont des questions existentielles et hyper importantes si on veut construire un profil d’artiste. Ces derniers mois m’ont beaucoup aidé à trouver ces réponses à ces questions-là. J’ai vraiment trouvé ! Et je suis hyper content de la musique que je suis en train de faire. C’est très personnel. C’est vraiment quelque chose qui parle de moi que je livre aux gens. J’ai hâte de revenir avec ça à la rentrée !
Et toi Martin ? Il y a le projet avec Jax Jones. Mais d’autres choses se profilent à l’horizon ?
Martin Solveig : Le projet ‘Europa’ avec Jax Jones est vraiment un projet hyper kiffant sur lequel on s’amuse vraiment beaucoup. On avait envie de bosser sur ça ensemble. C’est vraiment un projet qui vient s’ajouter à nos carrières respectives. D’autres titres communs arriveront par la suite. Lui est en train de terminer son premier album. Moi je travaille sur ma musique en parallèle et je compte bien sortir un nouveau single cet été avec un artiste français ! [Il paraîtrait qu’il s’agit de David Guetta, sortie prévue courant juillet, ndlr]
Kungs : C’est moi ! (Rires)
Martin Solveig : Et ce n’est pas Valentin. Ça viendra, du moins j’espère !
Je vous vois vous faire des accolades avec The Avener, Petit Biscuit et la plupart des artistes présents ce soir. Entre DJ français, c’est une vraie famille ?
Martin Solveig : Pour moi, c’est important. C’est plus qu’important je dirais. C’est une très grosse spécificité de ce style de musique car dans d’autres genres musicaux, les artistes ont beaucoup de mal à s’entendre. Sincèrement, c’est un des trucs qui fait que je me suis autant épanoui sur cette scène musicale, car c’est une scène musicale où il n’y a aucune agressivité entre les artistes en France. Ce n’est pas faux, ce n’est pas fake. Les gens croient qu’il peut y avoir une certaine concurrence ou de l’animosité entre nous. Pas du tout ! Durant ma carrière, j’ai eu l’occasion de rencontrer énormément de monde. Je suis ravi de pouvoir échanger avec d’autres artistes, des nouveaux comme des anciens. Chacun a son histoire et sa façon de penser. Mais c’est vraiment une bonne ambiance. C’est typiquement français ! Et je précise, car, moi qui vit et travaille beaucoup en Angleterre en ce moment, je dois avouer que c’est quand même un peu plus tendu…
Kungs : Je ne suis pas forcément d’accord avec toi. Quand je suis arrivé sur la scène électronique, j’ai vraiment senti une sorte de malaise. J’ai eu du mal à m’imposer vis-à-vis de ça justement. En même temps, quand j’avais 17 ans et que je jouais au Mistral (célèbre discothèque sur Aix-en-Provence, ndlr) j’avais peut-être du mal à aller vers les DJ. Et je trouve que c’est encore plus ou moins récent. Si l’on compare à l’ambiance aux Pays-Bas, par exemple il n’y a rien à voir. On voit des Tiestö, des Martin Garrix et tout ce genre d’artistes qui ont explosé avec la vague EDM, vraiment très proches, et ça donne envie de faire de la musique !
Martin Solveig : Ne compare pas forcément ces deux pays-là. Je trouve que les Français se débrouillent plutôt bien en termes de musique, j’entends ! Après, c’est normal qu’on n’ait pas la même vision des choses, on pratique et on vit la musique différemment, à plus ou moins grande échelle.
Kungs : Oui, après, c’est vrai qu’au niveau de l’entraide, on est là pour les uns et pour les autres. Ça évolue positivement, et c’est plutôt cool.