Petit Biscuit - © Jonathan Bertin
Petit Biscuit - © Jonathan Bertin

Petit Biscuit en interview : “Je n’ai pas une énorme science sur l’écologie, j’essaye simplement de m’inspirer de ce que je vis”

On poursuit notre format ‘Une semaine avec… » en compagnie de Petit Biscuit. Aujourd’hui, il nous parle d’éco-responsabilité et de comment, à son niveau, il souhaite faire avancer les choses. Entretien… 

Il a connu un succès incroyable avec “Sunset Lover” et avec son premier album qui lui ont ouvert les portes à l’international. Quatre ans plus tard, il revient avec Parachute porté par des titres comme “I Leave Again” et “Drivin Thru The Night”. Nous passons ‘Une semaine avec…‘ Petit Biscuit pour qu’il nous parle de thèmes très variés comme l’Islande, l’éco-responsabilité et de son nouvel album !

Petit Biscuit, un artiste eco-responsable 

Nouvelle journée que nous passons aux côtés de Petit Biscuit. Aujourd’hui, nous nous sommes intéressés à son côté éco-responsable sur deux axes, professionnel et personnel. Et vous allez voir que Petit Biscuit a des envies de changements et des épaules solides pour arriver à ses fins ! Place à l’interview.

Petit Biscuit : l’interview… 

Quand on parle d’environnement, c’est large. Par quoi te sens-tu concerné en 2020 ?

Il y a deux axes. Il y a Mehdi qui a ses habitudes personnelles et Petit Biscuit avec ses habitudes de travail et de tournée notamment. Sur le plan personnel, je suis arrivé à faire tout ce que je pouvais en fait. Je suis devenu vegan, je ne consomme plus lorsque j’en ai pas le besoin et j’essaye d’adopter des habitudes locales au maximum. Je ne dis pas ça pour me dresser un beau portrait.

Cela a forcément des conséquences au niveau professionnel j’imagine ? 

Jusqu’à là, je n’avais pas fait grand chose, et je commence petit à petit, à me faire les mêmes réflexions : “qu’est-ce que tu as besoin de faire et qu’est-ce qui peut être une aberration, et qu’est-ce qui est de l’ordre de l’inutile que tu peux éliminer ?” J’en suis arrivé à ne plus faire de merchandising, car je me suis dit que ce n’était pas ma source de revenus principales, que l’industrie du textile était l’unes des cinq matières les plus polluantes au monde, que des vêtements, tout le monde en a suffisamment et que de toute façon, cela n’allait pas participer au développement du projet. Des fois, je me pose un lot de questions qui me font arriver à une conclusion. Par contre, les seules choses que je vais faire, ce sera assumé. Par exemple, je voulais faire du print, autrement dit des affiches de ma discographie. Mais je voulais vraiment bien faire les choses bien. On en a discuté avec mon équipe afin de faire ça de la meilleure des façons. Pour chaque destination, on essaye d’avoir un imprimeur local pour que ce soit pas un envoi d’un bout du monde à l’autre, ce genre de choses.

Aujourd’hui, on investit dans des projets écologiques juste parce qu’ils sont rentables à terme.

Petit Biscuit

On te sent très concerné. Pour autant, as-tu été confronté à des limites à ton niveau ?

À terme, la plus grosse chose qui me saoule et que, malheureusement, je ne peux pas éliminé dans le cadre d’une tournée, car on est pas tout seul, on est dépendant de toute une équipe de tournée… d’ailleurs, je ne comprends pas que ces gens ne se posent pas ce genre de questions qui sont une réalité. Cette chose-là, c’est l’avion. Au travers de mes voyages personnels, surtout depuis les États-Unis, je me suis dit que je les limiterai pour faire davantage de “transports plus lents” pour découvrir d’autres lieux entre la destination de départ et celle d’arrivée. Essayer de voir d’autres choses. Mais tout ça pour dire que sur une tournée, c’est très compliqué d’enlever l’avion, mais je ferais le maximum pour ne pas faire d’aberration. Quand je pars jouer à l’autre bout du monde, idéalement, il ne faudrait pas que je joue que dans un seul lieu, il faudrait que je vois si d’autres salles peuvent m’accueillir aux alentours pour éviter un simple aller-retour. Je n’ai pas une énorme science sur l’écologie, j’essaye simplement de m’inspirer de ce que je vis, de ce que je vois et d’avoir un œil critique de ce que je vis pour en tirer des conclusions. J’espère avoir été clair dans ma façon d’expliquer pour que tu comprennes mon fonctionnement (sourire). 

Parfaitement clairSi tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais ou instaurerait en priorité ? 

Il y a aurait plein de choses, comme par exemple la gestion de nos déchets. Mais il y a une chose que je changerais et cette chose-là ferait l’effet boule de neige et changerait énormément de choses autour. Si l’avancée écologique n’était pas corrompue par l’argent, on ne serait pas du tout freiné. Aujourd’hui, on investit dans des projets écologiques juste parce qu’ils sont rentables à terme. C’est ultra corrompu. Si on supprimait cette logique-là, si on investissait dans quelque chose de simplement d’efficace, écologiquement parlant j’entends, sans avoir la vision financière derrière, je pense que ça changerait beaucoup de choses. 

Je fais une transition avec l’Islande puisqu’on en parlait lors de cette première partie d’interview, le Français lambda se comporte-t-il différemment vis-à-vis de l’éco-responsabilité par rapport à un Islandais ?

Tu sais, lorsque tu vis en Islande, tout le monde ne le sait pas, mais bon, tu signes une charte de respect de l’environnement. J’avais fait des vidéos YouTube pour parler de l’Islande justement, on avait parlé d’écologie et j’avais rencontré un homme du coin qui a une association d’écologie et qui fait plein de choses. Je voulais parler avec lui de la situation de l’Islande et il me disait que c’est un enfer car il y a énormément de trafic de bateaux dans la mer d’Islande. C’est-à-dire que tous les bateaux commerciaux larguent beaucoup de déchets à la mer, et que, via le courant, cela arrive sur le littoral Islandais. Et en effet, on avait ramassé des déchets avec lui et on s’est rendu directement aux endroits où les déchets sont déposés.

Je me demande quand même si l’écologie n’est pas une forme d’empathie quelque part, où tu te projettes à travers quelqu’un d’autre, à travers un autre être… À méditer !

Petit Biscuit

Et quel était le constat ?

C’était catastrophique. Mais en même temps, je pense qu’ils ne sont pas très avantagés au niveau géographique. Ils ne profitent pas de la tranquillité du fait des bateaux commerciaux qui passent. Après, au niveau de la population, j’ai l’impression qu’il y a une sorte de conscience. Peut-être que l’école leur enseigne ça ? J’ai envie de te dire que c’est peut-être comme partout, dans n’importe quel pays, c’est en fonction de l’éducation que tu as… Naturellement, je viens à parler de l’écologie, des causes animales avec les gens et je me demande quand même si l’écologie n’est pas une forme d’empathie quelque part, où tu te projettes à travers quelqu’un d’autre, à travers un autre être… À méditer !