AaRON éclaire les ombres sur ‘Anatomy Of Light’

Après avoir donné un aperçu de son nouveau projet studio à travers l’EP Odyssée, AaRON présente le lumineux The Anatomy Of Light. Que retenir de ce disque ? Réponse avec aficia !

S’il y a bien une chose que le tandem AaRON n’a pas perdu depuis ses débuts et le succès du titre “U-turn (Lily)”, c’est de la créativité. Olivier Coursier et Simon Buret ne ronronnent pas, désireux de se renouveler en permanence et d’explorer de nouvelles sonorités afin de surprendre l’auditoire, des ballades organiques et émouvantes aux productions synthétiques aussi sombres que captivantes.

Cultivant sa singularité loin du formatage, AaRON opérait un retour remarqué et séduisant à la fin de l’année 2019 avec le très dansant “The Flame”. S’en suivait l’EP Odyssée regroupant quatre pistes qui contribuaient à dessiner les contours d’Anatomy Of Light, le nouveau disque du groupe disponible dans les bacs depuis le 18 septembre. Est-ce que ce quatrième effort confirme bien une direction artistique plus solaire et moins tourmentée ? Voici nos impressions !

Une sensibilité exacerbée

L’opus s’ouvre sur le tonitruant “The Flame”, certainement l’une des pistes les plus dansantes et efficaces du projet mais paradoxalement, l’atmosphère qui se dégage de la chanson se révèle plutôt froide. Sur une production électrique et disco-dance, AaRON évoque le sentiment brûlant de liberté, comme finalement débarrassé de toute contrainte sociale. Le duo extériorise d’anciens démons sur une piste salvatrice où la quête de l’ascension sociale est évoquée. “Ultrarêve” confirme le souhait du duo de présenter un effort pour lequel la langue de Molière est mise à l’honneur, dans le sillage de l’EP Odyssée. Sur ce titre d’une grande intensité electro-pop, la voix de Simon Buret se révèle suave, rêveuse pour inviter tout un chacun à écouter son cœur et à poursuivre ses rêves. Le tout est particulièrement bien construit, léché, un constat qui sera d’ailleurs valable pour l’intégralité de l’opus. Ce mantra positif et pêchu gagne en intensité, jusqu’à l’envolée de notes jouées au piano.

INTERVIEW : ‘On privilégie avant tout la cohérence entre le texte et la musique, plus qu’un format’

Si les intentions d’AaRON transparaissent avec évidence sur certaines pistes, d’autres sont plus oniriques, presque mystiques, notamment en raison de textes à plusieurs lectures. La frénésie des beats et le frissonnement des synthés soulignent à merveille “Odyssée” qui pourrait symboliser un combat intérieur jusqu’à son accomplissement. En mêlant les langues de Shaekspeare et de Molière, le tandem livre un résultat convaincant, les refrains étant planants à souhait. S’en suivent “Reeds” et “Minuit”, deux pistes abordant la thématique de l’amour. Aériennes, elles sont tous deux des points d’orgue du disque, deux grands moments musicaux, la première évoquant des interrogations légitimes liées aux sentiments amoureux tandis que la seconde remémore avec une pointe de nostalgie des doux souvenirs passés à deux. Cette incitation au voyage, à la célébration de la vie à deux est joliment agrémentée par les riffs électrisants d’une basse.

Différentes nuances de lumière

Tantôt haut perché, tantôt plus posé, le timbre singulier de Simon Buret résonne ensuite sur le frénétique et envoûtant “Fastlane” puis sur l’effréné “Keep Walking Love” qui fait grimper les pulsions cardiaques. Le groupe est en errance, comme en quête, d’un amour apaisé qui permettra de panser les peines. Après la succession de pistes jouissant d’un tempo plutôt pêchu, AaRON livre une mise à nue poétique et pleine de justesse avec “Sauvages”, un piano-voix délicat et fragile, agrémenté de touches synthétiques résolument modernes. Enrobée de douceur et de poésie, la piste est l’occasion pour le tandem de conter une relation romanesque.

Les pistes suivantes du disque sont tout aussi prometteuses et saisissantes, Anatomy Of Light profitant d’une grande cohérence et exacerbant l’originalité et l’authenticité du travail d’AaRON. Les comparses éclairent leur voie, offrant dans la dernière partie du projet des pistes empreintes d’émotion. Sur le titre “H.K.”, les crissements fantomatiques des synthés soulignent une production planante aux allures introspectives. Ensuite, c’est un relation épanouissante qui est convoitée sur le très épuré “Apollon”. Hanté par l’esprit de l’être-aimé, Simon Buret chante l’espoir de pouvoir vivre à ses côtés.

Ce bouillonnement atteint son apogée sur “Les Rivières”, une chanson misant sur des couplets qui sonnent comme des uppercuts pour dépeindre une relation amoureuse fusionnelle et charnelle. Voluptueuse, la piste nous enchante de sa mélodie chaloupée, AaRON parvenant à évoquer avec poésie et malicieusement le réchauffement climatique. Une coutume chez les garçons qui éclairent les ombres sur des pistes lumineuses mais dont le ton est certainement plus sombre qu’en apparence. Le disque s’achève en douceur sur une version piano-voix sans fioritures de “The Flame” qui nous permet de revenir à l’essentiel, à l’essence même de la composition du tandem dont le corps des chansons est construit de la sorte. Cette version a le mérite d’appuyer le poids des mots.

Découvrez Anatomy Of Light, le nouvel album de AaRON :

AaRON - Anatomy Of Light
Verdict

AaRON nous avait laissé en 2015 avec We Cut The Night, un projet qualitatif et magnétique duquel se dégageait de la noirceur et de l'introspection. Cinq années sont passées et c'est avec un simulacre de lumière que les garçons ont décidé de revenir. Après l'écoute de l'opus, nous pouvons affirmer qu'il n'y a pas de mensonge à la lecture du nom du projet, AaRON livre bien des pistes aux mélodies plus enjouées et chaloupées et des textes poétiques qui interrogent toujours avec autant de subtilité notre société mais qui s’octroient aussi le droit d'aborder des thématiques plus légères.

Anatomy Of Light est peut-être plus aérien et solaire musicalement que son prédécesseur mais pas plus simple pour autant. Et c'est bien là tout le mérite qu'ont Simon Buret et Olivier Coursier qui parviennent merveilleusement bien à injecter de la positivité et du lyrisme dans des chansons qui ne tombent pas dans la banalité ou dans quelque chose de générique. AaRON signe un quatrième disque résolument électronique et fascinant pour lequel tout un chacun peut aisément s'identifier aux différents textes dont les interprétations peuvent varier en fonction du vécu de chacun. AaRON manie brillamment les mots et les sons, le tout sublimé des délicates modulations de voix de Simon Buret.

4.5