Hyphen Hyphen en interview ‘Sans Filtre’ : “On est de plus en plus libres d’être qui on est”

Hyphen Hyphen revient avec C’est la Vie, un troisième album retentissant. À l’occasion de cette sortie, aficia s’est entretenu avec le groupe.

C’est la Vie est le nom que porte, parfaitement d’ailleurs, le nouvel album du groupe pop-rock Hyphen Hyphen, attendu dans les bacs le 20 janvier. Après plusieurs singles au succès immédiat et à la fraicheur addictive, dont les puissants “Don’t Wait For Me” et “Too Young”, Santa, Line et Adam, songwriters, producteurs et musiciens de talent, à la gentillesse et à la bonne humeur communicatives, nous présentent leur troisième disque. Conçu autour de valeurs fondamentales de la musique, l’universalisme par le partage d’émotions, C’est la Vie marque le grand retour de ce trio inimitable.

Découvrez C’est la Vie, le nouvel album d’Hyphen Hyphen :

Hyphen Hyphen, l’interview !

Interview réalisée le 12 janvier

Le 20 janvier sort votre nouvel album, C’est la Vie, quatre ans après votre deuxième album sobrement intitulé HH. Comment est-ce que vous vous sentez à quelques jours de la sortie de ce projet ? 

Line : On est excités, On est stressés !  C’est la même sensation, fois 100 000, que celle juste avant d’aller voir son date ! 

Santa : Exactement ! Mais ça va !

Adam : On a hâte ! 

Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce disque, vous êtes-vous organisés différemment pour celui-là que pour les précédents ?

Santa :  Oui, complètement ! Pour commencer, on nous a toujours dit qu’en live, c’était mieux que sur le CD. Et ce CD est une revanche.

Line : Oui, on s’est dit ça suffit.

Santa : Ça suffit, ça va être aussi bien sur le CD !

Line : On a tout enregistré en live à Bruxelles, au studio ICP, ensemble et en même temps. C’était super parce que ça laissait aussi beaucoup de place à l’improvisation.

Santa : Et puis les chansons étaient composées au début en piano voix, on avait cette volonté de raconter des histoires, et ça laissait de la place pour ça justement.

Adam :  On voulait que la voix soit vraiment le vecteur de l’émotion en tout cas, et que rien ne parle au-dessus de ça.

Line : Et puis la voix de Santa est allée dans des recoins qu’on ne connaissait pas vraiment, notamment dans les graves, et je trouve ça très beau.

Adam : C’est vrai ! Il y a aussi beaucoup moins d’effets sur les voix qu’avant, c’est plus brut à ce niveau-là.

D’ailleurs, est ce que vous travaillez d’abord les mélodies puis les textes ou inversement ?

Line :  Ce sont les mélodies avant les textes.

Adam :  Oui, mais souvent il y a des idées au départ, un début de texte. Quand Santa chante et qu’elle trouve des toplines, des mélodies, il y a toujours une histoire qui commence à se dessiner. Ensuite, on précise cette histoire tous ensemble.

On a eu l’occasion de pouvoir découvrir plusieurs singles de ce nouvel album et notamment “Too Young” qui a été sélectionné comme hymne de l’Euro féminin de football. Comment s’est effectué le choix de ce single ?

Santa : En fait, ça s’est fait à l’envers. C’est à dire que c’est eux qui ont choisi le titre et on s’est dit que ça allait être le single. On savait qu’il avait un gros potentiel sur ce titre et qu’il fallait qu’on le sorte d’une certaine manière. 

Line : Oui et ça a même précipité sa sortie ! 

Quelle a été votre réaction quand il a été sélectionné comme l’hymne de l’Euro féminin ?

Santa : On était fiers et heureux !  Je pense que l’avenir du football est féminin, je l’espère en tout cas. Et ça correspondait bien à nos valeurs. On avait envie de faire partie de ce renouveau-là.

Visionnez le clip de “Too Young” d’Hyphen Hyphen :

”Il y a une forme d’équilibre dans le chaos”

Vous nous avez habitués à trouver dans vos chansons des thèmes et des messages forts comme la liberté, l’espoir ou la tolérance. Est-ce que ce sont des choses que l’on va retrouver dans votre nouvel album et est-ce que c’est important pour vous d’être engagés en tant qu’artistes et en tant que personnes ?

Santa : Oui, à tout ! C’est à dire que c’est même plus. Je pense que plus ça ira mal, plus il va falloir faire en sorte que ça aille mieux. Il y a une forme d’équilibre qu’on essaie de trouver dans les paradoxes et dans le chaos. C’est comme ça que nous-mêmes nous nous sommes trouvés. Nous étions un petit peu perdus dans nos propres chaos et on a essayé de trouver un équilibre à trois. Et ça nous a donné aussi la force de s’assumer ensemble et en tant qu’individu, de ne pas avoir peur de s’affirmer. Quand en face on devient de plus en plus radical, je pense qu’on a besoin de cette radicalité positive, d’aller dans le bon sens.

Nous, on s’affirme en tant que queer, on fait partie de la communauté LGBT. Je pense que sur cet album, ça s’entend. On ne le dit pas comme ça, mais on le le dit sans le dire.

Line : En fait, on parle normalement.

Santa : C’est politique parce que faire partie d’une minorité sexuelle est politique. Mais sinon, on est juste de plus en plus libres d’être qui on est. Et je pense que ça s’entend parce qu’il y a une forme de liberté dans cet album aussi.

Adam :  C’est vrai que ça s’entend dans la musique.

Vous êtes des songwriters, des producteurs mais aussi des musiciens. Et ça s’entend beaucoup sur cet album, il y a quelque chose de très organique, de moins surproduit que ce qu’on peut entendre dans beaucoup d’autres chansons contemporaines. Est-ce que ça représentait un objectif en particulier pour vous ? 

Santa :  C’était l’objectif principal. 

Line : On tenait vraiment à simplifier la copie, à aller directement aux émotions sans se cacher derrière une grande production. On voulait que le message soit transmis très clairement et rapidement.

Santa :  Adam est un grand guitariste, Line est une grande bassiste. On a cette qualité de producteurs, mais à l’heure où tout le monde peut être producteur avec un ordinateur, j’avais envie qu’on les entendent. 

Adam : On en avait marre d’écouter des prods. Aujourd’hui, quand tu écoutes la radio, les trois quarts du temps, tu écoutes des prods qui ressemblent à mille autres productions que n’importe qui peut faire en 30 secondes ou qu’ils n’ont même pas faites d’ailleurs, qu’ils prennent juste sur internet. Et nous on a envie d’humain, juste d’humain. Ça passait par le jeu et par les instruments.

 Appréhendez-vous la réception de ces chansons par le public ? 

Adam : Oui bien sûr !

Santa : Clairement, c’est toujours une appréhension. Mais quoi qu’il arrive, je suis heureuse de ce résultat.

Line : C’est ce qu’on s’est dit !

Adam : On n’a jamais fait la musique pour suivre un mouvement.

Santa : C’est même tout à fait l’inverse. On aime cette position d’outsider, on ne la cultive pas, mais je pense que ça m’ennuierait terriblement de ressembler à tout le monde. Ce que l’on a cultivé par contre, ce sont nos différences. Parfois, selon les endroits, on se demande ce qu’on fait là, et en même temps on se dit que c’est géant d’avoir l’opportunité d’atteindre des émissions ultra mainstream, parce que justement, c’est aussi un moyen de proposer le côté alternatif et tout ce qui va avec.  On est de plus en plus fiers.

Sur cet album, vous avez collaboré, entre autres, avec Glen Ballard, producteur américain qui a notamment travaillé avec Michael Jackson. Est ce que cette rencontre vous a encouragé dans cette direction plus organique, plus proche des émotions ?

Santa : Oui, parce qu’il nous a dit ”c’est ça qu’il faut montrer ! Il faut que les gens vous voient, il faut que les gens vous entendent”. Et ça a donc était un vrai déclic chez nous. Par exemple, avant, on utilisait cinq phrases pour dire je t’aime, maintenant on dit I love you. C’est en ce sens que cette rencontre a été une vraie révélation. Depuis, il est comme un mentor pour nous. Il nous a libérés à sa manière.

Est ce qu’il y a pu avoir des changements dans vos vies qui ont eu une influence dans le travail de composition de ce disque ? 

Line : Oui bien sûr !

Santa : Oui ! Mais nous ne sommes que changement et nous embrassons ces changements comme on peut.

Line : Ensemble !

Santa : Moi j’ai la chance d ‘avoir Line et Adam et faire ce disque nous a aussi aidé à guérir ensemble. 

Adam : Oui, totalement !

Santa : Je pense que la musique a le pouvoir de combler les silences et les malaises. Au-delà de nos drames personnels, on était, et d’ailleurs on est toujours, dans une folie contemporaine qui nous dépasse tous et qui crée énormément d’anxiété et de tristesse. Le fait d’être ensemble, de se dire on va aller bien, on va aller mieux, c’est comme un mantra. C’est notre moto ! C’est la vie ! D’où le titre de cet album.

Line : Oui, puis faire de la musique, ça nous fait du bien. C’est comme ça qu’on parle entre nous aussi.

Adam : On espère que ça résonnera de la même manière pour les gens, que ça leur fera aussi beaucoup de bien.

© Kimdary

Un album éclectique qui mêle mélancolie et grande fête

C’est amusant que le nom de l’album soit en français, alors que vous chantez en anglais. Est-ce qu’écrire en français pourrait être une envie pour la suite ? 

Line : Non, pas dans le cadre d’Hyphen Hyphen.

Adam : Santa le fait, dans son projet solo !

Santa : Ça ne nous correspondrait pas. C’est la forme de langage qu’on a trouvé et c’est aussi le langage le plus universel. Notre rêve de lycéens, c’est de partir faire une tournée mondiale. La langue anglaise a ce pouvoir d’être universel. Et toutes nos influences sont depuis toujours anglo-saxonnes.

Sur cet album, il y a des titres dansants, d’autres plus mélancoliques, il y a de l’éclectisme.  Est ce qu’on pourrait dire tout de même que ce disque est plus personnel que les deux précédents ? 

Line :  Tout à fait, il l’est.

Santa : Les autres étaient personnels, mais beaucoup plus pudiques. Celui-ci est personnel dans le sens où c’est un moment de vie qui a été capturé et effectivement, chaque chanson est une petite pépite qui mêle mélancolie et grande fête.

On a l’impression, à l’écoute de vos chansons, qu’il y a plusieurs lectures possibles des textes. C’est à la fois très personnel et vraiment universel. C’est un aspect que vous travaillez particulièrement pour que chacun. e puisse y trouver un écho ?

Santa : Oui ! C’est ce dont on rêve quand on est honnête ! En tant qu’artiste, on espère toujours que ça résonne pour les gens. J’espère que ça va résonner.

Line : Avoir l’impression de pouvoir s’approprier des morceaux, c’est hyper important, j’adore ça. On écrit des choses qui nous touchent nous, mais les gens vont les comprendre aussi différemment, par rapport à leur propre histoire. C’est ça qui est super dans la musique, c’est qu’on peut s’approprier les mots des autres, on peut y mettre notre propre sens.

Santa : Et dans l’ambiance aussi !

Un retour sur scène très attendu

Vous avez fait plus de 500 concerts, vous avez été la Révélation Scène des Victoires de la Musique en 2016, quand on est un groupe qui s’est créé une très forte réputation notamment sur scène, comment fait-on quand le Covid et les confinements successifs arrivent ?

Santa : On écrit dans l’espoir que ça s’arrête.

Adam :   Oui c’est ça.

Santa :  Et on écrit pour que, quand ça reprenne, ça soit le feu. Et là on a un show ! Je pense que ce qui va se passer va être génial. 

Line : C’est vrai, on pensait beaucoup à la scène !

Adam : On a prévu pas mal de choses d’ailleurs, on a une grosse sono qui arrive, tous les morceaux sont totalement réarrangés et rallongés pour la scène justement.

Votre nouvelle tournée débute très bientôt, vous avez maintenant trois albums, il faut donc faire des choix. Comment faites-vous pour mettre en place une setlist ?

Line : On a fait un sondage avec nos fans. On leur a demandé quels étaient leurs morceaux préférés des tournées précédentes, après, nous avons sélectionné ceux suggérés en plus de ceux de l’album. On a fait notre petite tambouille et on va la tester ! Mais je pense que c’est bien !

Santa :  Je n’aime pas quand je vais voir un concert ne pas entendre les anciens morceaux.

Adam : C’est vrai, notamment les morceaux qui t’ont fait aimer le groupe !

Santa :  On est du côté du public, on essaye de leur faire passer un bon moment !

Est-ce qu’il y a aussi parfois une ou plusieurs chansons que vous avez tellement jouées sur scène qu’il faut maintenant les customiser complétement ?

Line : Justement, là on est parti sur de la customisation !

Adam : Oui, c’est ça !

Santa : Oui, clairement. 

Line : Ça sera un beau cadeau pour les fans qui aiment ces morceaux parce qu’on les revisitent complètement et je pense que ça en vaut la peine. 

© Kimdary

Si nous devions ajouter une seule chanson de votre nouvel album dans nos playlists, laquelle serait-ce ?

Santa, Line et Adam : “C’est La Vie” !

Et pour quelles raisons ?

Santa :  Déjà, c’est la dernière du projet qui a été composée et en plus, c’est notre préférée. Et puis c’est aussi assez signature de cet album.

Adam :  Et elle est très représentative de la globalité.

Santa : C’est d’ailleurs pour ça que l’album s’appelle ainsi ! Cette chanson représente notre état d’esprit à l’aube de la tournée et à l’aube des grands changements, je l’espère.

Quand on a fait des collaborations comme celle avec Glen Mallard, qu’on a fait des synchros avec Armani et Saint Laurent, qu’on a fait le show aux Victoires de la musique, qu’est-ce qu’on peut souhaiter pour la suite ?

Santa : De remplir toutes les salles, que l’album marche, qu’il soit écouté !

Line : Qu’il soit le plus écouté possible !

Santa : Des rêves, il y en a beaucoup.

Adam : Il y en a tellement !

Line :  C’est ça qui est super, c’est qu’on ne peut pas arrêter d’avoir des rêves, et nous, on en aura toujours ensemble. 

Chez aficia on aime beaucoup faire découvrir des nouveautés aux lecteurs. Qu’est-ce que vous pourriez nous recommander d’écouter en ce moment ?

Line :  Avec Adam, on adore Wolf Alice en ce moment, nous sommes allés les applaudir au Trianon. J’adore leur morceau “How can I Make It OK”, je l’écoute tout le temps, écoutez-le aussi !

Santa :  Récemment, j’ai réécouté le dernier album de Mark Ronson, Late Night Feelings.

Adam : Moi je vais faire un peu de pub pour mon petit frère qui va sortir un nouveau morceau, le même jour que la sortie de notre album d’ailleurs ! Allez écouter son groupe, Ninety’s story !

Découvrez le clip de “Don’t Wait For Me” d’Hyphen Hyphen :