Suzane en interview : “Autrefois, les femmes se taisaient. Aujourd’hui, elles ne se taisent plus !”

Rencontre avec Suzane à l’occasion de la publication de son premier album Toï Toï. Pour aficia elle porte son regard sur la conditions des femmes et sur l’industrie musicale.

Suzane dévoilait ce vendredi 24 janvier son premier album Toï Toï (expression allemande voulant dire ‘Bonne chance’ ). Cette jeune artiste originaire du Sud de la France a affolé les compteurs YouTube avec le titre “L’insatisfait” sorti il y a bientôt deux ans déjà (mars 2018). Depuis, la demoiselle a eu l’occasion de multiplier les titres, d’une efficacité rare comme “La flemme”, “Suzane” et plus dernièrement “Il est où le SAV ?” où elle nous alerte sur les bouleversements climatiques.

À cette occasion, nous avons fait le choix de consacrer la semaine entière à Suzane. Hier, nous parlions de l’environnement, aujourd’hui nous allons parler de la femme dans notre société et de l’industrie du disque au sens large, et jeudi sera consacré entièrement à son album et sa musique…

Suzane, les femmes, la musique…

Dans ton album, tu dresses différents portraits. Comment tu vois-tu la femme aujourd’hui au sein de la société actuelle ?

On est dans l’urgence de la recherche de parité.

J’ai l’impression qu’il y a une évolution. J’ai l’impression que la parole de la femme se libère. Malgré ça, je pense qu’il y a encore du travail mine de rien. Je vois encore beaucoup de choses autour de moi sur l’association ‘Nous Toutes’. Je vois descendre ces femmes dans la rue pour manifester. Mais on a toujours dans les faits des femmes qui meurent sous les coups de leur conjoint. Donc il y a de l’évolution mais on y est pas encore ! De plus en plus d’artistes féminines prennent la parole et je trouve ça bien. Mais il y a encore du chemin !

La femme n’a jamais été autant au cœur de l’actualité et des informations. Pourquoi d’après toi ?

Je pense que c’est notamment grâce au mouvement ‘Mee Too’. Je ne sais pas d’où vient ce changement mais on entend beaucoup dire que le féminisme est à l’extrême et je ne suis pas forcément d’accord. Je pense simplement qu’autrefois, les femmes se taisaient. Aujourd’hui, elles ne se taisent plus. Aujourd’hui, on est dans l’urgence de la recherche de parité, ne serait-ce qu’au travail. Encore aujourd’hui, j’ai des amies qui sont moins payés que des garçons alors qu’elles font le même boulot. Il y a encore beaucoup de choses à revoir. 

En tant qu’artiste et en tant que femme, ton chemin a-t-il été semé d’embûches ?

Trouver sa place, c’est quelque chose qui met du temps.

Je ne sais pas vu que je n’ai jamais eu l’occasion de vivre en tant qu’homme (Rires). Je n’ai pas l’impression que le fait d’être une femme m’ai ralenti, mais il y a toujours ce côté où, quand tu es une fille, tu ne sais soit disant pas appuyer sur un bouton. On te demande toujours si tu n’as pas eu le temps de trouver un garçon pour mener à bien ton projet jusqu’au bout… C’est vrai qu’on est toujours obligée de se justifier de faire ça, et pourquoi, et surtout comment ! On peut le ressentir de temps en temps, mais j’ai la chance d’être entourée d’une équipe plutôt mixte. On va dans ce sens en tout cas.

Devenir une artiste aujourd’hui, c’est compliqué ? 

Oui, je pense, ce n’est pas évidemment car il y a beaucoup d’artistes, il y a YouTube et il y a beaucoup de biais qui font que les artistes naissent. Pour trouver sa place, c’est quelque chose qui met du temps. Il faut avoir un bon développement, être capable de défendre de bonnes chansons qu’on a écrites. C’est tout un chemin qui est long, qui est beau, mais long !

Découvrez “L’insatisfait” de Suzane :

Toujours avec ton regard d’artiste émergent, que penses-tu de la gestion de la musique en France ?

La musique vient appuyer les mots.

Je pense que c’est un peu à chacun, selon la musique et l’univers, de trouver sa place. Admettons, un rappeur va beaucoup plus être écouté sur le streaming et peut-être un peu moins médiatisé en radios parce que c’est Skyrock qui a l’emprise sur les rappeurs. Mais tous les médias sont intéressants car le but étant qu’on partage notre musique à fond.

Ce que j’aime, c’est que la musique soit consommée par plusieurs générations et de façon différentes. Les jeunes vont forcément aller plus sur Spotify mais quelqu’un d’une génération différente va me découvrir à la radio et va ensuite aller acheter le CD. Je pense que c’est important d’avoir les deux canaux.

Que privilégies-tu toi aujourd’hui ?

Je ne suis pas fermée ! Je ne demande que les portes s’ouvrent ! Le mieux est évidemment d’avoir le tout, c’est-à-dire que quelqu’un puisse pouvoir m’écouter sur scène et lorsqu’il retourne dans sa voiture qu’il puisse éventuellement ré-entendre l’une de mes chansons. Ça fait un lien, c’est cool ! C’est ça qui est bien !

Comment arrives-tu à mettre en musique ces portraits dont tu parles dans chacune de tes chansons ?

J’aime beaucoup écrire le texte d’abord. Quand je commence à avoir un texte bien fluide, un peu comme une pièce de théâtre, je me la répète et la mélodie arrive ensuite. La musique vient appuyer les mots. Chaque message est différent et la musique vient se broder différemment selon l’histoire que je veux raconter. 

UNE SEMAINE AVEC…
SUZANE !