Hoshi - DR

Hoshi en interview : “L’homophobie, c’est quelque chose qui commence à me dépasser”

Le morceau “Amour censure” d’Hoshi caracole en tête des titres les plus diffusés en radios. Un message fort que l’artiste a souhaité évoquer pour aficia…

Après un premier album Il suffit d’y croire couronné de succès et porté par les singles et “Comment je vais faire”, ou encore “Je vous trouve un charme fou”, Hoshi reviendra au mois de mars avec Sommeil levant, son deuxième album. Celui-ci est d’ores et déjà très attendu compte tenu de l’engouement du premier single “Amour censure” où elle parle ouvertement de l’homophobie, un combat personnel et universel.

C’est d’ailleurs à propos de ce sujet qu’Hoshi a souhaité s’exprimer. L’occasion pour elle d’en dire un peu plus sur son deuxième album qui se fait attendre. On a enfin un nom et une période de sortie !

Hoshi : l’interview…

Quand tu regardes derrière toi, que retiens-tu de ton parcours ?

Je retiens l‘Olympia (Rires) ! C’est un truc qui me colle dans la tête. Et je retiens le premier album qui a marché bien plus qu’espéré. Beaucoup de très bons souvenirs !

Avec du recul, est-ce que devenir une artiste est difficile aujourd’hui ?

Oui puisque c’est un rythme effréné. Mais comme dans tous les métiers finalement. Je pense que le plus difficile est de rester qui on est et ne pas se forcer à devenir quelqu’un qu’on n’est pas dans le but que tout se passe bien.

Quand on vend 180.000 exemplaire de son premier album et qu’on veut revenir avec un deuxième album, qu’est-ce qu’il se passe dans la tête d’un artiste ?

Parler d’homophobie, c’était au delà d’un simple besoin

Pour cet album, je me sens libéré. J’ai zéro pression. Je me suis sentie plutôt libérée de tout ce que je voulais. Le premier album était une sorte de “Bonjour, j’existe”. Ce deuxième album est plutôt “Bonjour, je vais continuer à exister”. Je vais vraiment dire qui je suis. Cet album était davantage une libération plutôt qu’un stress. J’ai vraiment hâte qu’il sorte cet album, mais vraiment (Sourire) !

Tu reviens avec un nouveau single “Amour censure”. Était-il prévu comme premier extrait à la base ce titre ?

Alors, pas du tout ! C’est le dernier titre que j’ai fait avec mon ami Marc. L’album était fini dans ma tête mais on avait prévu de partir tous les deux en week-end et écrire pour d’autres artistes. Je n’ai quasiment pas dormi de la nuit car il y a quelque chose qui me faisait mal au cœur, c’est de ne pas parler de ce thème-là dans cet album. L’homophobie, c’est quelque chose qui commence à me dépasser. Je repensais à des choses du passé qui me faisait mal, donc j’avais envie de parler de ce thème.

C’était au delà d’un simple besoin. On avait strictement rien prévu de ce qu’il se passe actuellement pour ce morceau. C’est vraiment quand j’ai commencé à combattre pour la PMA et voir toutes ces insultes homophobes gonfler que je me suis dis qu’il fallait que je la sorte maintenant. Aucune stratégie, rien. D’ailleurs, on en a toujours pas avec ce titre. On vit au jour le jour. Je m’exprime comme je peux à travers ce titre-là. On espère avoir le plus de visibilité possible avec ce titre-là car je tiens à en parler.

Tu dis l’avoir écrit très tard, mais ce titre possède une mélodie très forte et avait tout d’un single pourtant… C’était presque une évidence pourtant non ?

C’est marrant car ce n’est pas réfléchi ‘single’. Ce n’est pas mon habitude, déjà, et là encore moins ! Le texte est né, on a fait la musique avec Marc. Le titre est naît dans un petit chalet à Cabourg tout simplement. C’était un soir où est resté éveillé tard à parler de la vie et certaines choses sont remontées, un peu trop même, et j’avais envie d’en parler.

Découvrez “Amour censure”, le nouveau single d’Hoshi :

“Amour censure”, c’est même plus que ça, c’est un combat personnel et universel si je comprends bien ?

Aujourd’hui, je n’ai plus peur.

Là j’en fais mon combat mais c’est aussi le combat de plein de gens et c’est aussi pour ça que je m’engage vraiment.

Autour de ce titre, tu as certainement eu une vague de messages positifs, mais sans doute d’autres plus négatifs ?

C’est toujours pareil, tu as des messages attendrissants et d’autres plus virulents. Mais là, étant donné que c’est un message engagé, qui peut diviser parfois, malheureusement, j’ai eu deux trois commentaires assez durs. C’est pas tant les commentaires en réalité, mais plutôt les menaces que j’ai reçues par messages, des messages homophobes en fait. Aujourd’hui, je n’ai plus peur. C’est pour cela que j’ai fait cette chanson. C’est pour ouvrir les yeux à ces gens-là, même si je pense que leurs yeux seront toujours fermés et que c’est difficile…

N’as-tu pas peur de salir ton image à travers ce combat ?

Je n’ai absolument pas peur car c’est un sujet que je connais. J’ai été victime de l’homophobie. Je ne peux pas mentir aux gens. J’ai reçu des messages du style : “Maintenant que tu parles de ces sujets-là, on n’a plus envie de t’écouter”. J’ai en eu peu, mais j’en ai eu. Je leur remercie presque de me l’avoir signalé car je ne veux pas d’homophobe dans mon public. 

Donc d’après toi, c’est tout à fait possible d’être une artiste et à la fois s’engager ?

Cet album va parler de la vie, mais de façon plus profonde que le premier album.

C’est totalement compatible ! Ici on parle l’homophobie, mais ça concerne tous les sujets, il faut s’engager ! Beaucoup d’artistes le font, notamment pour le climat, l’égalité des femmes, les violences faites aux femmes. Nous sommes des messagers aujourd’hui en quelque sorte.

C’est vrai que je suis très à l’aise avec ça aujourd’hui car c’est quelque chose que j’ai vécu. C’est sans doute quelque chose que j’arrive mieux à défendre que d’autres. Je pense que c’est important pour un artiste de s’engager de toute façon car je pense qu’on peut sauver certaines vies parfois.

Recentrons-nous sur la musique. Tu es actuellement en studio pour terminer ton album. Que contiendra t-il ?

Je suis actuellement en studio pour finaliser l’album qui devrait sortir fin mars. Il s’appelle Sommeil levant, déjà parce qu’il a beaucoup été créé la nuit, entre deux concerts. Et puis il y a évidemment un jeu de mot avec le soleil levant car j’aime toujours autant le Japon.

Cet album va parler de la vie, mais de façon plus profonde que le premier album. Je vais peut-être un peu plus loin. Je fais une sorte de rétrospective et psychanalyse de moi-même. 

Tu es allée plus loin au niveau des textes également ?

Oui. Sur le premier album, je me suis entouré de pas mal de monde. Le deuxième, je l’ai quasiment fait toute seule, hormis “Amour censure” et une autre avec Gia. Sinon j’ai tout fait toute seule !

Musicalement, qu’as-tu apporté de nouveau ?

Musicalement j’ai beaucoup réfléchi à comment le faire évoluer. J’ai ajouté pas mal de synthés et pas mal d’électro sur cet album parce que j’écoute beaucoup de techno, même si ça en a pas l’air comme ça (Rires). Alors même si ce sera pas de la techno proprement dite, je me suis autorisée à pas mal de choses.

J’ai beaucoup écouté le dernier album d’Indochine aussi qui m’a beaucoup influencé. Ce n’est pas du tout acoustique. Il y a des chansons au piano mais ce sera un album mieux produit. Ce sera un album moins variété entre guillemets et un peu plus rock.

Tu as été nominée pour la première fois aux Victoires de la Musique. Comment as-tu appris la nouvelle ? 

En fait, c’est mon producteur qui m’a appelé pour m’annoncer soit disant une nouvelle horrible, sauf que quand il l’a dit, j’entendais au téléphone son sourire donc je n’ai absolument pas cru à ce qu’il me disait. C’est un très mauvais acteur (Rires), mais c’était trop mignon ! Je m’y attendais absolument pas du tout !

Découvrez “À qui la faute”, le duo entre Ycare et Hoshi :

Dans ton cas, encore moins, car le premier album est paru en 2017 et ta tournée a pris fin en 2019…

Oui c ‘est vrai, je n’ai pas été nominée l’année dernière donc je ne vois pas pourquoi j’aurais été nominée cette année. C’était une belle surprise ! Mais finalement, c’est une belle récompense car on a fait une centaine de dates, on a vraiment beaucoup tourné et je suis en quelque sorte la révélation du public. Je trouve ça juste dingue. C’est une belle récompense pour moi, mon équipe qui se démonte pour trouver des dates chaque jour et pour m’accompagner. Rien que d’être nommée c’est une chouette récompense. 

On a eu Ycare il y a quelques jours en interview qui t’a complimenté sur la personne que tu étais. Aurais-tu un message à lui adressé à ton tour ?

Ycare, c’est comme mon frère. Franchement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, si des planètes se sont alignés le jour de notre naissance, dommage qu’on soit pas né la même année, mais on est identiques. On regarde des mangas, on écoute la même musique, on a beaucoup de points communs. Au fond de nous, on a une forte envie de se révolter pour un peu trop de choses.

Ycare, c’est quelqu’un que je défendrai jusqu’au bout de ma carrière. C’est une des rares personnes vraies que je connaisse dans le milieu. Je n’ai pas beaucoup d’amis dans le milieu car je me protège un peu, mais lui c’est au delà de la musique. Même si nos carrières s’arrêtent demain, je serai toujours là pour lui.

Pour terminer, aficia est précurseur des nouveaux talents. Aurais-tu un nouveau talent à faire découvrir à notre lectorat ?

Octavio Mai.