Pierre de Maere- Regarde-moi (c) Marcin Kempski
Pierre de Maere- Regarde-moi (c) Marcin Kempski

Pierre de Maere en interview ‘sans filtre’ : “Oui, j’ai peur d’être l’homme que d’un succès !”

Une année 2022 couronnée de succès et une année 2023 qui démarre sur les chapeaux de roues avec deux nominations aux Victoires de la Musique et un 1er album tout juste dans les bacs. Pierre de Maere se réjouit de ce succès soudain et nous en parle ‘sans filtre’ pour aficia. Place à l’interview !

Depuis son tout premier single signé chez Wagram Music, nous croyons en Pierre de Maere. Il y a tout d’abord eu les titres “Regrets” ou encore “Menteur” extrait d’un premier EP, puis des confirmations avec “Roméo”, “Un jour je marierai un ange” et dernièrement “Enfant de…”, tous extraits du premier album du Belge intitulé Regarde-moi.

Succès après succès, l’artiste fera sa toute première tournée des festivals cet été : Europavox, les Vieilles Charrues, Les Francofolies de Spa… Il sera partout ! Ce samedi, l’artiste sera également présent aux Victoires de la Musique où il est nommé en tant que ‘Chanson Originale’ et ‘Révélation Masculine’. Entretien avec l’artiste phare de 2023 !

Pierre de Maere est ‘Sans filtre’ :

Depuis notre dernier entretien (2021), tu es clairement passé d’amateur à professionnel. Tu bossais seul dans ta chambre avec ton frère, et maintenant, tu bosses comment ? 

En vérité, ça n’a pas beaucoup changé. C’est marrant parce que les enjeux ne sont plus les mêmes aujourd’hui. En réalité, la façon dont je commence les morceaux, c’est toujours tout seul, parfois derrière un piano, parfois sur mon PC ou un clavier d’ordinateur. J’écris sur la route, pendant la tournée où il y a eu 40 dates, dans ma chambre, ou à Paris désormais. Ce premier album a pas mal voyagé, mais le processus est resté le même. J’ai fait les textes, les mélodies de voix, les toplines…

Tu travailles toujours avec ton frère ?

Exactement, et après tout ça, je vais chez mon frère qui a fait une formation d’ingé-son. Il est très fort. On a toujours fait ça à deux, et là encore plus ! Il me donne tout un tas de conseils, on peaufine, on achève les titres ensemble, on les mixe ensemble. D’ailleurs, il y a eu 40 versions de chaque titre, il n’en pouvait plus le pauvre (Sourire). Mais ça y est, il est sorti !

Revenons un peu en arrière… qu’est-ce qui a fait décoller “Un Jour je marierai un ange” du jour au lendemain ?

Le morceau sort en novembre 2021 mais sa vie commence en janvier 2022, lors de la sortie de l’EP, mais surtout lorsqu’il entre en radios nationales au printemps, RTL2, NRJ etc… tout un tas de radios merveilleuses qui lui permettent de vivre ! Un beau jour, et ça c’est ma chance, un jeune homme, Nardo, a repris mon titre en piano-voix sur TikTok. Il le chante avec beaucoup de tendresse. Il rend un peu les lettres de noblesse à cette tendresse. Les paroles sont d’autant plus mises en avant. La France se réapproprie le morceau. Les gens ont redécouvert les paroles et en sont tombées fans je crois. C’est vraiment comme ça que ça part. Le morceau devient tendance, la reprise d’abord, puis les gens se mettent à écouter l’original.

Moi je vais sur TikTok et je dis aux gens “Écoutez l’original !” (Rires). L’opération marketing / récupération des droits s’est bien passée ! (Sourire) Les radios se sont mises à le rejouer entre temps, et là, en six mois, c’est passé de 7 à 40 millions de streams. C’est assez magique  !

Découvrez la version de Nardo : 

Est-ce que tu t’es dis un jour, qu’un de tes titres pourrait exploser grâce à une application, telle que TikTok ? 

Ça fait peur ! Ca me fait un peu peur parce que c’est tellement aléatoire que ça peut ne jamais arriver. TikTok, c’est un peu la loterie. Tandis qu’à l’époque, tout était question de radio, d’attaché de presse, etc.. ça existe encore, mais elles n’ont plus le même impact qu’avant. J’aimerais bien que oui, car elle m’aiment bien (Sourire).

Aujourd’hui, il faut matraquer ses titres sur Tiktok, dans l’espoir d’en faire une tendance sur TikTok. Ce que j’aime pas dans la surpuissance de TikTok, ce n’est pas le cas pour moi, mais beaucoup d’artistes commencent à faire des versions courtes, raccourcis de 1:40 min. C’est vraiment affreux. Quand Netflix propose une version accélérée de “Bloody Mary” de Lady Gaga, ça me fout la gerbe ! C’est horrible.

TikTok, est-ce une stratégie à laquelle tu penses en tant qu’artiste à chaque sortie ?

Non, on n’en fait pas une stratégie en soi, tout ne tourne pas autour de ça. Je ne travaille pas pour l’application, mais je pourrais, car je sors pas mal de contenus quand même. C’est la musique avant toute chose. Les algorithmes semblent bien m’apprécier, j’ai la chance qu’ils me suivent et ça marche bien.

Tu es quasiment passé de rien, à tout, d’un artiste qui sortait des chansons comme ça, à en faire 40 millions de streams. Comment le vis-tu au quotidien ce “bouleversement” ?

Oh tu sais, il n’y a pas de paparazzis, tu sais Valentin (Rires). J’aimerais beaucoup qu’il y en ait, mais il n’y en a pas ! Je fais régulièrement des interviews. L’exercice de la promotion, j’aime assez bien. C’est repoussant pour certain mais moi j’aime bien. Je me sens reconnaissant de pouvoir défendre mon projet. J’ai l’impression que la presse est curieuse et c’est touchant. 

Mais qu’est-ce ce qui a réellement changé alors ?

Pas grand chose a changé. Mes plannings sont bien chargés mais ce sont des choses que j’aime faire : ce sont des défilés, des répétitions, des avant-premières. Le cap qu’il faut franchir, c’est qu’aujourd’hui, toute la France connaît un titre (“Un jour je marierai un ange”, ndlr). Tout le monde l’a entendu au moins une fois. Maintenant, mon but c’est que les gens mettent un visage, un nom et un prénom sur l’interprète. Ça va être ma mission avec cet album, confirmer qui je suis, d’acclamer qui je suis et faire en sorte que les gens sachent qui est derrière ces chansons. 

Tu rêvais d’être une superstar il y a deux ans en arrière… je crois que tu t’y es approché, non ? 

Pas du tout encore (Rires) ! Il m’en faut encore bien plus ! Tu sais, on ne me reconnaît pas encore dans la rue. Il n’y a pas encore assez d’argent sur mon compte en banque (Rires). Non, le step n’est pas encore atteint. Je ne sais pas si je m’en rendrai compte un jour, mais je me suis toujours dit que lorsque je remplirai un Accor Hotel Arena, l’objectif sera atteint. J’espère que ce sera pour bientôt, mais on n’y est pas encore. Mais je pense que la direction est la bonne. Tout se passe bien. Il y a quelques avantages à tout ça. Je vis des choses dont j’ai toujours rêvé. 

Par exemple ? 

Dernièrement j’étais au défilé de Saint Laurent, c’est juste merveilleux. Ça fait 10 ans que j’en rêve ! Je mens, ça fait 5 ans, avant je ne connaissais pas ! (Sourire). Il y a plein de belles choses qui se mettent en place. Je sens que le vent souffle dans la bonne direction, mais il doit encore souffler un petit peu ! 

Découvrez l’album Regarde-moi de Pierre de Maere :

Est-ce que tu as peur que les gens s’arrêtent à “Un Jour je marierai un ange” et ne s’intéressent pas au reste ?

Je ne peux pas dire que j’ai peur, et je n’ai pas l’impression que ce soit le cas. Déjà la presse, qui s’y intéresse, c’est bon signe. Il y a eu pas mal de pré-commandes (+ de 2000 je crois !). J’ai une communauté qui s’établit peu à peu, qui est hyper cool. Après oui, je pourrais avoir peur d’être l’homme que d’un succès comme on dit, évidemment, j’y pense quelquefois. Ce qui est plutôt chiant, c’est que j’ai écrit mon album en juillet/août, lorsque le titre n’était pas encore connu et ne tournait pas encore sur les ondes. Le morceau est passé de 7 à 40 millions de streams en 4 mois quasiment. J’ai fait mes morceaux à un moment où je n’avais aucune attente et aucune pression. Il est très personnel, j’en suis fier. Je ne suis pas très inquiet, mais c’est sûr que tout peut arriver.

Je suis plus fier de produire mes chansons, que de les écrire et de les chanter !

Pierre de Maere – aficia

 Ton titre “Un jour je marierai un ange” a été certifié disque de platine et a été écouté 40 millions de fois sur Spotify. Tu t’en remets aujourd’hui ? 

Je n’espérais pas autant, honnêtement hein ! On imagine toujours plus mais je n’imaginais pas ça. De faire 40 millions de streams avec de la chanson, c’est rare en France. Ça parait un peu irréel. Même aujourd’hui, j’ai du mal à me dire que certains écoutent encore mon morceau, Après, est-ce que je m’y attendais ? C’était quand même le morceau le plus fort de l’EP, celui qui me ressemble le plus aussi. L’accroche était forte. Cette phrase : “Un jour je marierai un ange”, même si ce n’est pas français, c’est vraiment accrocheur. J’étais persuadé qu’un destin l’attendait, mais celui-ci je ne pensais pas.

Si on te disait d’écrire et de composer 12 titres aussi forts et aussi conceptuels que “Un jour je marierai un ange”, tu y arriverais ? 

(c) Marcin Kempski

Non, et je pense que sur un album, il faut qu’il y ait des titres plus forts que d’autres. Un album doit être une sorte de montagnes russes, cela ne peut pas être que des sommets, il n’y a que Stromae qui fait ça ! (Sourire) J’aime bien me dire qu’il faut des chansons en retrait pour laisser place aux meilleures. 

Est-ce qu’il y a néanmoins des chansons plus fortes que d’autres que tu conseilles d’écouter ?

J’ai quand même la sensation que sur l’album, il y a des chansons plus fortes que d’autres : “Enfant de”, “Bel ami” ou “Mercredi” pour des raisons très différentes. Toutes ont une approche différente des choses. Ce n’est pas une histoire qui se répète, mais il y a néanmoins un thème central, c’est l’amour.

Comment le définis-tu cet album de façon globale ?

J’en suis très fier. On a toujours cette petite frustration d’achèvement mais bon ! Il y a beaucoup de titres que j’aime bien, comme “Enfant de”,  “Bel-ami” et “J’aime ta violence” car j’ai la sensation d’avoir créé des ambiances, des atmosphères. Mes prods sont plus fortes, il  y a un cachet supplémentaire et un grain plus puissant aussi. Je suis très content !

Peux-tu me parler d’un morceau, celui de “Regarde-moi” ?

Ce titre, ce n’est pas un titre narcissique, c’est plutôt un ‘Regarde moi’ romantique, c’est un regard amoureux qui serait séduit, c’est un peu un cri du coeur, un appel à l’aide de l’artiste qui mérite d’être vu et reconnu. C’est de ça que ça parle, surtout sur le titre “Regarde moi” où j’endosse le rôle de cet artiste un peu snobé, que personne ne reconnaît, dont la foule n’en a rien à faire. Il ferait n’importe quoi pour être vu et pour choper, ne serait-ce qu’un regard. J’ai vu cette histoire de mes propres yeux, ça m’a inspiré, je trouvais ça chantant. 

Il y a une vraie histoire avec ton label, qui t’a très bien accompagné. Compte tenu du succès, il t’a demandé d’écrire un album rapidement. As-tu été à l’aise avec cette demande précipitée ?

Le label nous met toujours une certaine pression pour que j’aie toujours un temps d’avance, enchaîner au moment venu. J’ai la chance d’avoir un label très humain (Wagram Music, ndlr) qui accepte que je recule les échéances. Ils ne m’imposent rien. Ils m’ont mis une pression, mais c’est normal, c‘est leur rôle. Sans cela, on ne rendrait rien du tout.

Quelles étaient les échéances de départ ?

 L’album devait paraître en juin dernier, et j’avais dit non. Puis, ça a été juillet, août, septembre, j’ai toujours réussi à décaler. J’ai repoussé jusqu’à ce que j’en sois fier ! Après, il faut savoir dire que c’est fini, tirer un trait final sinon, tu ne le rends jamais. Tu ne peux pas sortir indemne de cette pression, mais il y en a très peu. J’arrive avec un projet avec lequel je suis très fier, bien plus que l’EP, au final. Mais c’est normal, c’est le premier il était maladroit, je ne peux pas m’en vouloir. Là, j’arrive avec quelque chose de plus consistant, et fort !

Aux Victoires, j’aimerais revenir avec au moins une récompense !

Pierre de Maere – aficia

Qu’est-ce que tu as envie de dire aux gens pour qu’ils écoutent ton album ?

Cet album, c’est une leçon d’amour en 12 titres (Rires). C’est un album très théâtral, très dramatique, très drama queen, tu me connais ! Quand je raconte des histoires, j’exagère, 1/3 de ce que je raconte est faux. Dans mes chansons c’est pareil ! Je pense que c’est un album généreux, riche en sentiments. Et puis, une dernière chose, on passe du rire aux larmes, on passe de la balade amoureuse au gros titre club. Il est assez varié, je n’ai pas l’impression qu’on s’ennuie une minute. 

Est-ce qu’il y a une question que l’on ne t’a jamais posée en interview et que tu aimerais qu’on te pose?

C’est gentil ça. Une question pour flatter mon égo, peut-être ? Je ne sais pas si elle est pertinente, mais ce serait “Est-ce que tu produis tes titres ?”. Souvent, les chanteurs chantent simplement, mais on ne pense pas aux prod’s. Moi, je suis très fier de mes prod’s. Je suis d’ailleurs plus fier de produire que d’écrire et de chanter. J’aimerais bien mettre l’accent sur le fait que ce soit moi qui produis mes titres, c’est vrai. Je me fait aider de mon frère, mais cela permettrait à certaines personnes encore réticentes au projet de l’apprécier un peu mieux peut-être (Sourire). 

Qu’est-ce qu’on te souhaite pour 2023 ?

Déjà aux Victoires, j’aimerais bien revenir avec l’une d’entre elle. ‘Artiste de l’année’, j’y crois assez peu avec les mastodontes que j’ai en face de moi, c‘est très compliqué. Je suis très flatté d’être nommé face à des Stromae Orelsan ou Juliette Armanet, il faut le dire ! (Rires). Par contre la ‘Révélation masculine’, tout le monde le mérite, je pourrais le ramener à la maison.

Sinon, j’ai surtout envie de monter en grade, j’espère proposer un beau spectacle pour l’année 2023. Je me fait accompagner d’un bassiste depuis peu et cela donnera un show encore plus ambitieux j’espère. Et sinon, amour gloire et beauté, bien entendu. Amour, je ne sais pas, j’ai encore envie d’expérimenter, donc je ne sais pas s’il faut que je m’enferme tout de suite (Rires). 

Découvrez le dernier clip de Pierre de Maere :