Mylène Farmer dark, sexy et audacieuse avec ‘Désobéissance’

Mylène Farmer marque son retour dans les bacs avec Désobéissance, onzième album de sa carrière. Faut-il écouter l’opus ? Réponse avec aficia.

Un nouvel album de Mylène Farmer est toujours un événement. Depuis 1986 et la publication de Cendres de lune, l’icone musicale française est incontournable de notre paysage musical. Et pour cause…

Elle a le plus grand nombre de single N°1 des ventes en France (18), elle a rempli deux fois le Stade de France en vendant plus de 160.000 places en moins de trois heures. 8 des ses albums dépassent le million d’exemplaires vendus… C’est aussi elle qui a révolutionné le clip dans l’Hexagone avec Laurent Boutonnat. Avec parfois des budgets vertigineux (« L’Âme-Stram-Gram » coutera 900.000 euros)… Sans oublier ses tournées toujours sold-out et offrant à voir un véritable show, unique dans le paysage français.

Mylène Farmer est la femme des superlatifs, celle qui traverse le temps sans faiblir. Pourtant la route est parfois difficile, les critiques acides. Mais le public est souvent au rendez-vous et sa communauté de fans toujours aussi fidèle.

Mylène Farmer x Feder

Si Mylène Farmer a longuement collaboré avec Laurent Boutonnat pour ses opus, le duo terrible se délaisse depuis quelques années maintenant. Mylène Farmer partant à la découverte, ayant soif de rencontres, de collaborations.

Sur Bleu Noir (2010) on découvre sa collaboration avec RedOne, Moby, Archive. Sur Interstellaires (2015) elle confie la réalisation à Martin Kierszenbaum et invite The Avener. Pour Désobéissance elle fait cette fois confiance à Feder, un DJ et producteur français connu pour des titres comme « Keep Us Apart », « Private Dancer » ou encore « Back for More ».

Sur les douze titres qui composent cet opus, Feder en produit sept dont le titre « Rolling Stone », lead-single de cet opus. Une collaboration largement salué par le DJ Niçois tout au long de ses nombreuses interviews. On retrouve également aux crédits la chanteuse américaine LP, auteure du tube « Lost On You ». Elle s’affiche sur le duo « N’oublie pas » mais également sur le titre « Des larmes ».

Sensuelle et moderne

Il est parfois difficile de rester dans le mouvement, surtout avec un marché de la musique en pleine mutation, ou l’urbain squatte les sites de streaming. Et pourtant… à 57 ans Mylène Farmer semble avoir, une fois de plus, trouver la recette pour durer. Une recette qu’elle doit à Feder et LP, mais aussi par son audace et sa plume.

Si la mélancolie est toujours présente dans l’univers Farmer, elle semble aujourd’hui plus optimiste que jamais. Même quand elle nous chante du Baudelaire (encore) avec « Au lecteur ». L’optimisme se traduit par le simple titre des chansons : « Parler d’avenir », « On a besoin d’y croire », « Get Up Girl »… des cris d’une femme moderne qui semble avoir encore bien des choses à dire.

Résolument moderne, délicieusement electro, Désobéissance est comme Feder l’avait indiqué : « Ça passe ou ça casse ». Mais c’est un pari gagnant dès la première écoute, comme avec le titre éponyme pourvu d’un refrain aérien et de longues pauses musicales. Le très bref « Histoire de fesses » surprend avec une Mylène qui use d’un phrasé saccadé sur une production minimaliste.

D’autres pistes mêlent parfaitement les sonorités à la voix de l’interprète de « City of Love » comme avec « Get Up Girl » ou « Des larmes » qui impose son mid-tempo avec un refrain répétitif et addictif. C’est avant de se faire tribal dans l’intention, sensuelle dans la présentation avec « Prière » et de revenir à son amour de Baudelaire sur « Au lecteur » trente ans après « L’Horloge ».

Et comme toujours Mylène Farmer propose une ballade, puissante, déchirante… C‘est ce qu’elle fait avec « Retenir l’eau », piste qui vient clore cette nouvelle exploration musicale. Une piste que l’on doit, comme « Désobéissance » et « Parler d’avenir », à Léon Deutschmann, un jeune compositeur prodige français de vingt ans.

Découvrez Désobéissance, le nouvel album de Mylène Farmer :

Mylène Farmer - Désobéissance

Désobéissance aura l’avantage de marquer un virage dans la carrière de Mylène Farmer qui signe ici, avec Feder, un opus moderne et dans l’air du temps. Il impose ainsi la capacité de l’interprète d’être toujours dans la mouvance et de suivre les modes. Qu’on se le dise, Mylène est intemporelle.

Si la première écoute déroute, on commence à réellement apprécier l’ensemble à la seconde, à comprendre les subtilités. On regrette juste le manque de ballades fortes et entêtantes, devant se contenter de « Retenir l’eau » qui ferme de manière magistrale l’opus.

En bref : Mylène Farmer fait une mue sans pour autant se trahir. C’est moderne, sexy, efficace et parfaitement taillé pour la scène. De bon augure pour sa résidence à La Défense Arena de Nanterre.

4.5