Hervé - Printemps de Bourges 2021 - © Valentin Malfroy - aficia
Hervé - Printemps de Bourges 2021 - © Valentin Malfroy - aficia

Une semaine au Printemps de Bourges : c’était comment ?

C’est le début de l’été, et malgré la COVID, certains festivals ont revu leurs plans… C’est le cas du Printemps de Bourges qui a finalement eu l’honneur de démarrer le marathon des festivals avec une programmation audacieuse ! aficia y était et vous raconte… 

Face à une année particulière l’adaptativité était de mise du côté du Printemps de Bourges qui tenait à présenter une nouvelle édition plus estivale que jamais. Initialement prévu au mois d’avril, c’est finalement du 22 au 27 juin que le festival a eu lieu.

La probabilité de pouvoir profiter du festival avec des températures plus clémentes était donc forcément plus élevée. Et heureusement, le temps était avec nous ! Alors même si la jauge était amoindrie et que les concerts se tenaient assis (sauf un !), le retour en festival fait un bien fou… on vous explique pourquoi !

Gaël Faye, Pomme…

Feu Chatterton - Printemps de Bourges 2021 - © Valentin Malfroy - aficia
Feu Chatterton – Printemps de Bourges 2021 – © Valentin Malfroy – aficia

L’équipe d’aficia s’est rendue sur place dès le mercredi 23 juin. On a volontairement fait l’impasse sur Noé Preszow et Jean Louis Aubert pour attaquer dans le vif du sujet dès le lendemain. Au programme de ces quelques jours, la crème de la crème côtés scène émergente avec Hervé qui n’a pas traîné à faire lever le foule (malgré le fait qu’on est pas tout à fait l’autorisation), Clou (son interview ici) qui a fait preuve d’une belle assurance ou Gaël Faye qui, non seulement a fait un beau discours de tolérance, mais a eu la possibilité d’inviter quelques amis sur la scène, comme OBI, et la délicieuse Pomme.

Cette dernière était d’ailleurs très attendue du côté du Palais d’Auron. Toujours aussi naturelle et proche de son public, elle raconte l’après-midi qu’elle est passé à la fête foraine, chose qu’elle n’avait pas forcément pris le temps de faire lors de ses deux premières fois au Printemps de Bourges. Elle fait rire le public lorsqu’elle raconte qu’elle a remporté une chicha à un tir à la carabine et se fait un petit plaisir de plaisanter sur son addiction aux churros. Cela n’a ni queue ni tête, mais c’est aussi ça qu’on adore chez Pomme ! Elle se perd, et revient à l’essentiel en interprétant ses derniers succès comme “Les cours d’eau” ou “Grandiose”. November Ultra et Flavien Berger la rejoignent sur scène pour deux petits morceaux. Et comment ne pas parler de la tornade Suzane (son interview ici), de la nu-disco de L’impératrice ou encore du maestro Georgio qui ont fait sourire des visages pourtant masqués.

Un choc des générations

Comme nous le confiait La Grande Sophie en interview, le Printemps de Bourges, c’est surtout un équilibre parfaitement dosé entre artistes confirmés et la toute nouvelle scène musicale. C’est pourquoi se succèdent le déjanté Philippe Katherine et la fraîcheur de Silly Boy Blue, presque gênée d’être sur scène, alors qu’elle vient tout juste de publier son premier album. Autre exemple frappant : le paradoxe entre un Petit Prince qui cherche à se faire connaître et une grande Catherine Ringer qui désire simplement faire chanter le public sur ses chansons cultes. C’est ça aussi le Printemps de Bourges. 

De belles surprises au rendez-vous… 

Et puis il y a des claques que l’on prend. Olivia, la moitié du groupe The Dø se lance désormais avec Prudence. Lors de notre rencontre, juste avant de monter sur scène, c’est le trac qui s’empare de la chanteuse. Normal, il s’agissait d’une première fois… Elle n’était pas remontée sur scène depuis la fin de The Dø. On constate quelques petites faiblesses de coordination entre les trois musiciennes que nos oreilles ont su capter et, un manque de lâcher prise évident… Mais rien de grave, au contraire ! On a complètement été charmé par l’univers captivant. Prudence, un girls band que l’on a hâte de (re)découvrir.

Autre claque, autre ambiance : S+C+A+R+R. Étrangement, il s’agit de l’autre moitié de The Dø! Dan Levy l’avait déjà annoncé via son EP et les différents clips dévoilés jusqu’ici. Lui et son band, composé d’un batteur torse nu et d’un autre performeur, nous font entrer dans un drôle d’univers, aussi énigmatiques qu’ingénieux. Du début à la fin, S+C+A+R+R ne cesse de nous interroger et joue avec nos nerfs. Un trio qui sort des codes, et ce à tous les niveaux ! Et malgré la panne technique du début, ce show inédit et joué pour la première fois a été assuré haut la main.

Achile - Printemps de Bourges 2021 - © Valentin Malfroy - aficia
Achile – Printemps de Bourges 2021 – © Valentin Malfroy – aficia

Enfin, le phénomène Achile… Pourtant sur la scène des Inouïs, à seulement 20 ans, ce jeune artiste originaire de Tours a pu démontrer qu’il était avant tout chanteur avant d’être rappeur. Multi-instrumentiste, Achile dégomme tout, aussi bien aux percus qu’au piano pour un moment suspendu avec “Vie normale”. Pourtant c’est seulement l’une de ses premières scènes ! Par moment, il fait penser à Slimane. Il se murmure même qu’en coulisses, il a (presque) fondu en larme après cette belle et riche expérience !

Autre surprise, c’est Yseult en piano-voix. Quand on écoute ses deux derniers EPs, on peut se demander comment il est possible de transformer un projet urbain en quelque chose de voluptueux et de classe en piano-voix. Mais quand on connaît son talent et ses chansons comme “Indélébile” ou” Corps”, ou se dit que finalement, il n’y a pas à trop réfléchir. Complètement aux antipodes de l’image qu’elle peut renvoyer sur les réseaux sociaux, la nouvelle ambassadrice de L’Oréal débarque sur la scène, vêtue d’une longue robe noir. C’est sobre. C’est simple. Mais qu’est-ce que c’est efficace. Nous aurions souhaité vous mettre quelques images, mais nous n’avions exceptionnellement pas eu le droit de prendre des photos de ce show. Sur scène, elle s’accompagne de Nino Vella au piano ,et d’un micro. Pas plus, pas moins. Entre deux chansons, quelques mots qui rappellent pourquoi elle est ici : “Le plus important pour moi dans la musique, ce n’est pas de taper un sprint, ce n’est pas de briller sur un titre, c’est de perdurer afin de pouvoir raconter mon histoire et de faire rêver les gens. J’ai envie de le faire jusqu’à mon dernier souffle”. Heureuse d’être présente ce soir, Yseult a brillé de mille feux.

Et enfin, Ben Mazué, ce beau conteur d’histoire qui nous a invité à prendre place devant son “spectacle” et non pas un “concert”. Car en, effet, le chanteur de retour de la Réunion allie textes, poèmes, anecdotes sur sa vie sentimentale, chansons et une scénographie très bien pensée, avec la présence  en distanciel de Pomme pour interpréter “J’attends” ou bien d’un orchestre de violonistes. Chapeau à l’artiste !

…Et des moins bonnes

Mais s’il y a bien eu des bonne surprises, il y en a eu des moins bonnes. À commencer par TerreNoire, unique concert que nous n’aurons pas eu le droit de voir. Pourquoi ? Nous n’avons jamais trop su ! Difficile de vous donner un aperçu du show. En revanche, nous avons bien vu celui de Jeanne Added qui rendait hommage à Prince avec une création spécialement concoctée pour le festival. Alors forcément, cela attirait notre curiosité. L’artiste dégage beaucoup de classe et d’élégance dans le costume rouge qu’elle a choisi de porter. Nous qui étions habitués à un univers pop-électro, nous sommes scotchés par tant de maîtrise vocale et de virtuosité. Seulement, la magie n’opère pas. En cause, sans doute, une multitude de variations qui nous font perdre totalement le fil.

Sébastien Tellier, lui, la légende mais aussi l’ovni de cette programmation n’a fait que confirmer son statut. Sous sa casquette, ses lunettes noires et son costume à paillettes, un humour décapant : “Ici, au cœur du cœur de la Terre, à Bourges, nous jouerons tous ensemble ce soir au petit jeu du plaisir. Alors bisous !” clame-t-il avec une voix chaude. À part quelques moments d’humour, l’artiste reste de marbre, n’occupant que très peu l’espace. Mais, ce qui est sûr, c’est que le patron, c’est bien lui !

Ce qui est tout l’inverse de PLK qui clôturait la soirée du samedi soir. Véritable sensation sur les plateformes de streaming chez les jeunes, l’artiste a invité quelques-uns de ses amis et commis l’impensable. Alors qu’une fosse avec des sièges était installée pour l’artiste précédent (à savoir Georgio), nous nous sommes retrouvés avec une fosse debout remplie de jeunes (moyenne d’âge 20 ans). Oui, l’ambiance était bouillante. Oui, le public connaissait par cœur les morceaux interprétés et PLK et ses invités étaient de vrais chauffeurs de salles. Oui, on a quelque peu retrouvé l’ambiance des concerts d’il y a deux ans en arrière, loin de la COVID. Mais au-delà de ça, l’insécurité planait… 

Conclusion…

ENFIN ! Retrouvailles, générosité, passion et éclectisme étaient les maîtres mots de cette nouvelle édition du Printemps de Bourges. Beaucoup de temps forts ont été offerts au public. Beaucoup de styles musicaux aussi ! Pop, chanson, rock, rap et musiques électroniques se sont retrouvés pour ne former qu’un seul et même genre, celui de la musique au sens large. Malgré la situation sanitaire actuelle, le Printemps de Bourges a tenu toutes ses promesses et a eu l’occasion d’afficher ses convictions : celles d’un festival de découvertes, de créations et d’émergence artistique.